Château Sociando-Mallet

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Château Sociando-Mallet
Production
Appellations haut-médoc
Divers
Site web Sote officiel

Le château Sociando-Mallet, est un domaine viticole situé dans le village de Saint-Seurin-de-Cadourne et produisant son vin sous l’AOC haut-médoc. Sociando-Mallet est l'archétype du vin de grande qualité ne figurant ni dans le classement des grands crus de 1855, ni dans celui des crus bourgeois.

Histoire[modifier | modifier le code]

Le premier propriétaire de Sociando-Mallet est un certain Sieur Sociondo (ou Sossiando[1]), aristocrate basque[2] et acquéreur de terrains viticoles près de Saint-Seurin-de-Cadourne en 1633. Le domaine prit son nom actuel avec Madame veuve Mallet, qui en fit l'acquisition en 1850.

En 1855, le vin Sociando-Mallet n'est pas autorisé à figurer dans la classification officielle des vins de Bordeaux car le domaine se situe à plus d'un jour de voyage de Bordeaux[3].

En 1969, Jean Gautreau, ancien joueur de tennis puis courtier et négociant, rachète la propriété qui appartenait à l'ancien président du syndicat viticole de Marrakech[4] pour 250 000 francs. Il fait construire les caves et étend le terrain agricole[2],[5] où seuls 6 des 30 hectares de la propriété étaient plantés[4]. Pour la première cuvée de 1970, il construit à la hâte deux cuves en ciment. Il s'entoure d'une équipe de professionnels mais choisit de ne pas faire figurer la mention « cru bourgeois » sur l'étiquette de ses bouteilles[6].

En 1995, il crée le label Cuvée Jean Gautreau qui contient plus de Cabernet Sauvignon que le Sociando-Mallet[2]. En 2003, il refuse de participer au classement des crus bourgeois[6].

En 2019, le domaine compte 83 hectares de vignes et produit 450 000 bouteilles par an. Jean Gautreau décède en 2019 et sa fille Sylvie reprend la gestion du domaine[5].

Terroir[modifier | modifier le code]

Le vignoble du château est situé à Saint-Seurin-de-Cadourne en Gironde, dans l'AOC haut-médoc. Sur un sol fait de croupes de graves sur un socle argilo-calcaire, il est planté en cabernet sauvignon à 55 %, merlot à 40 %, et cabernet franc à 5 %. La densité est d'environ 8 333 pieds par hectare.

Vins[modifier | modifier le code]

Le grand vin est d'un profil typiquement médocain, dont l'assemblage n'a pas varié entre les millésimes 2002 et 2012 : 55 % cabernet-sauvignon, 40 % merlot et 5 % cabernet franc. Il est élevé douze mois en barriques 100 % neuves pour lui apporter une volupté qu'il ne possède pas à l'origine[7].

Le millésime 2013 marque une inflexion majeure : pour la première fois, le grand vin a un assemblage à majorité de merlot (53 %, contre 47 % de cabernet-sauvignon). Le millésime, difficile dans le bordelais, l'est particulièrement pour ce cépage (rendement de 45 hl/ha), avec un faible pourcentage de jus et des peaux épaisses. En 2014, deux parcelles de vieilles vignes de cabernet-sauvignon ont été arrachées, l'assemblage est donc à nouveau à majorité de merlot (60 %)[8]. La proportion de fûts neufs a été réduite à 85 % pour tenir compte de cette évolution.

Le château produit également un second vin, sous l'étiquette « La Demoiselle de Sociando-Mallet », élaboré à partir d'environ 20 hectares de parcelles les plus jeunes et celles situées sur les terroirs les plus argileux[9]. Son nom fait allusion à une espèce de libellule du Médoc.

Millésimes[modifier | modifier le code]

À la suite de sa reprise par Jean Gautreau, le château fait parler de lui dès le millésime 1975. Son millésime 1982, noté en primeur par Robert Parker, tire Sociando-Mallet de l'anonymat.

En 1996 il défraye la chronique lorsque le Grand Jury européen (GJE) classe son millésime 1990 devant tous les premiers crus[10]. À Las Vegas en 2001, dans une dégustation rassemblant une centaine de bordeaux 1982, Sociando-Mallet a été classé second par le jury européen après Château Pichon-Lalande et troisième par le jury américain après Château Figeac et Château Lynch-Bages. À l'occasion de la dégustation à l'aveugle organisée en 1999 à Merano, le GJE place le Sociando-Mallet 1996 en tête d'une liste de 132 bordeaux du même millésime[11].

Comme dans le reste du bordelais, les millésimes 2005, 2009 et 2010 obtiennent les meilleurs notes sur la décennie passée.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Henri Beulay, « Sociando-Mallet : l'inclassable du Haut-Médoc », sur ladepeche.fr, (consulté le )
  2. a b et c (en) Suzanne Mustacich, « Jean Gautreau, Visionary Behind Bordeaux's Sociando-Mallet, Dies at 92 », Wine Spectator,‎ (lire en ligne)
  3. (en-US) Colin Hay, « St Estephe & Haut-Medoc: left-bank Merlot 'a tough and tricky proposition' in 2021 », sur The Drinks Business, (consulté le )
  4. a et b Jacques Dupont, « Sociando-Mallet perd son créateur », sur Le Point, (consulté le )
  5. a et b (en) Georgie Hindle, « Sociando-Mallet founder Jean Gautreau dies aged 92 », sur Decanter, (consulté le )
  6. a et b Stéphane Gautreau, « Jean Gautreau », sur Association des Gautreau de France, (consulté le )
  7. Sociando-Mallet, un bourgeois très « classe », Revue du vin de France, février 2012
  8. « Château Sociando-Mallet 2014 vin rouge Haut-Médoc », sur avis-vin.lefigaro.fr (consulté le )
  9. Fiche du vin sur le site officiel de Château Sociando-Mallet
  10. Sociando-Mallet : propriétaire génial pour terroir d’exception, Le Figaro, Bernard Butschy, 27 janvier 2013
  11. Sociando-Mallet at 40, jancisrobinson.com, Jancis Robinson, 26 septembre 2009

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Saisons du Médoc : Une année à Sociando-Mallet, Jean-Luc Chapin, Editions Confluences (2010) (ISBN 978-2355270345)
  • Autour d'une bouteille avec Jean Gautreau : Dans les vignes du Médoc, Gilles Berdin, Elytis (2015) (ISBN 978-2356391476)

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]