Binjamin Wilkomirski

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Binjamin Wilkomirski
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Biographie
Naissance
Nom dans la langue maternelle
Bruno DössekkerVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Bruno GrosjeanVoir et modifier les données sur Wikidata
Pseudonyme
Binjamin WilkomirskiVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Domicile
Amlikon (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Autres informations
Genre artistique
Œuvres principales
Fragments (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

Binjamin Wilkomirski est un pseudonyme adopté par Bruno Grosjean/Dössekker (né le à Bienne, Suisse), pour signer un livre dans lequel il prétend être un survivant de la Shoah.

Biographie[modifier | modifier le code]

En 1995, Binjamin Wilkomirski, un musicien et fabricant d'instruments de musique suisse, publie un livre de souvenirs, Bruchstücke. Aus einer Kindheit 1939–1948 (Fragments : une enfance 1939-1948). Il y décrit son enfance durant l’occupation nazie en passant par ses cachettes dans la campagne polonaise et son internement dans deux différents camps nazis (Majdanek et Auschwitz). Après la libération, il a été placé dans un orphelinat à Cracovie où sa mère le retrouve et l’amène avec elle en Suisse.

Le livre publié en allemand par Jüdischer Verlag a été très vite traduit dans neuf langues. Il a reçu des critiques admiratives comparant l’auteur à celles d'Elie Wiesel, Primo Levi ou Anne Frank. Le Monde livre la critique suivante : « L’adulte n’a pas comblé artificiellement les lacunes obligées du souvenir de l’enfant. La chronologie, les éléments factuels, les précisions de dates et de lieux manquent. Le « point de fuite » a été barré : il n’y a pas d’au-delà du camp. De l’autre côté des barbelés, le monde a été aboli. Le narrateur n’a pas voulu se faire historien pour donner à son récit une assise, pour rassurer le lecteur et l’instruire d’une autre matière que celle de l’horreur nue. Et il n’y a pas lieu de le regretter. Cet appui absent, ce regard qui est à chaque instant celui de l’enfant et de son intelligence immédiate des choses rendent le livre proprement suffocant. »[1]

Cependant, en 1998, la presse suisse commence à s’interroger sur les incohérences dans le récit de Wilkomirski. Daniel Ganzfried soutient alors dans l'hebdomadaire suisse Weltwoche que Wilkomirski a connu les camps d'extermination allemands « seulement comme touriste » et qu’il n’est pas né en Lettonie mais en Suisse d’une mère célibataire, Yvonne Grosjean. Il a été placé dans un orphelinat non pas à Cracovie mais en Suisse alémanique à Adelboden, où il a été adopté par les Dössekker, un couple sans enfant de Zurich. Grosjean / Dössekker a nié ces accusations. L’éditeur des mémoires a chargé l'historien suisse Stefan Maechler de la vérification des faits. En 1999, l’historien a confirmé entièrement les propos de Ganzfried.

Fin 1999, les éditeurs retirent l'ouvrage de Wilkomirski/Grosjean/Dössekker de la vente[2]. Certains critiques se posent alors la question des motivations de l'auteur qui ont mené à s'inventer un tel passé et à avoir effectué un travail de documentation si important sur le sujet[1].


Publications[modifier | modifier le code]

  • (de) Binjamin Wilkomirski, Bruchstucke: Aus einer Kindheit 1939-1948, Judischer Verlag, 1995 (ISBN 978-3-63354100-3)
  • Binjamin Wilkomirski, Fragments. Une enfance, 1939-1948, traduit de l'allemand par Léa Marcou, Calmann-Lévy, 1997, (ISBN 978-2-7021-2685-1)
  • (en) Binjamin Wilkomirski, Fragments. Memories of a Childhood, 1939–1948, traduit de l'allemand par Carol Brown Janeway, New York : Schocken Books, 1996.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Nicolas Montard, « Les imposteurs de l’Histoire : Binjamin Wilkomirski, faux déporté », Ouest France,‎ (lire en ligne)
  2. L'affaire Wilkomirski, NATALIE LEVISALLES, liberation.fr, 2 mars 2000

Annexes[modifier | modifier le code]

Études sur Binjamin Wilkomirski[modifier | modifier le code]

  • Blake Eskin, Life in Pieces: The Making and Unmaking of Binjamin Wilkomirski, New York et Londres : Norton, 2002 (ISBN 0-393-04871-3)
  • Daniel Ganzfried, Die Holocaust-Travestie. Erzählung in Sebastian Hefti (ed.), ... alias Wilkomirski. Die Holocaust-Travestie, Jüdische Verlagsanstalt, Berlin 2002, p. 17–154 (ISBN 3-934658-29-6)
  • Stefan Maechler, The Wilkomirski Affair: A Study in Biographical Truth, traduit de l'allemand par John E. Woods. Inclus le texte de Fragments, New York : Schocken Books, 2001 (ISBN 0-8052-1135-7)
  • Stefan Maechler, Wilkomirski the Victim. Individual Remembering as Social Interaction and Public Event in History & Memory, vol. 13, n° 2, fall / hiver 2001, p. 59–95
  • Stefan Maechler, Aufregung um Wilkomirski. Genese eines Skandals und seine Bedeutung, in Diekmann / Schoeps (eds.), Das Wilkomirski-Syndrom. Eingebildete Erinnerungen oder Von der Sehnsucht, Opfer zu sein, Pendo : Zurich et Munich, 2002, p. 86–131 (ISBN 3-85842-472-2)
  • David Oels, A real-life Grimm’s fairy tale. Korrekturen, Nachträge, Ergänzungen zum Fall Wilkomirski in Zeitschrift für Germanistik, N.F. 14 (2004) vol. 2, p. 373-390.
  • Elena Lappin, L'Homme qui avait deux têtes, traduit de l'anglais par Pierre-Emmanuel Dauzat, L'Olivier, 128 pp.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]