Audiométrie

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L'audiométrie est une branche d'activité qui appartient au domaine de l'audiologie. Cette science rassemble toutes les méthodes et techniques instrumentales nécessaires à la mesure de l'état fonctionnel des voies de l’audition, par opposition à l'acoumétrie, qui désigne les méthodes cliniques ayant le même objectif.

La mesure audiométrique, souvent réalisée avec l'aide d'un audiomètre, consiste à quantifier les capacités perceptives d'un individu en mesurant les seuils de perception, discrimination et d'intégration d'une personne soumise à différents types de stimulation acoustique. Ces mesures peuvent être pratiquées avec des sons, audiométrie tonale ou avec des éléments de paroles, audiométrie vocale.

Ces mesures sont réalisées par les audiologistes, les médecins ORL, certains généralistes, les médecins du travail, et enfin les audioprothésistes.

Histoire

Les premiers audiomètres apparaissent à la fin du XIXème siècle, quelques années après l'invention du téléphone, avec l'appareil de Hughes en 1879 et de Hartmann en 1878. Le premier audiomètre français fut mis au point par Jules Ladreit de Lacharrière en 1882 [1]. L'audiométrie vocale arrive plus tardivement. Développé en 1938, elle prend son essor après la seconde guerre mondiale, et se développe en France sous l'impulsion de Jean-Etienne Fournier, qui publia l'Abrégé d'audiométrie en 1948 puis le Précis d'audiométrie vocale en 1951. Ce sont ensuite les importants progrès de l'électronique qui ont profité au développement de l'audiométrie pour aboutir aux dispositifs d'aujourd'hui.

Audiométrie clinique et prothétique

Au plan légal il est primordial de bien différencier, en France, l'audiométrie clinique et l'audiométrie prothétique. Ne peuvent être pratiqués que par les docteurs en médecine, conformément à l'article L. 372 (1°) du code de la santé publique, l'audiométrie tonale et vocale à l'exclusion des mesures pratiquées pour l'appareillage des déficients de l'ouïe, en application des dispositions de l'article L. 510-1 du code de la santé publique. L'audiométrie tonale et vocale est donc qualifiée de clinique et est en conséquence un acte médical lorsque son objet est la mesure de l'audition. L'audiométrie tonale et vocale pratiquée dans le cadre des mesures nécessaires à l'exercice de la profession d'audioprothésiste est qualifiée de prothétique et est elle aussi réservée dans sa pratique aux audioprothésistes.

Différents types d'audiométrie

L'audiométrie tonale

Résultat d'un test d'audiométrie tonale. Dans cette représentation, les ordonnés correspondent aux dB, et les abscisses correspondent aux fréquences (Hz). La courbe rouge correspond à un état pathologique.

L'audiométrie tonale explore l'audition des sons purs. Elle mesure par voie aérienne et par voie osseuse les seuils d'audition pour différentes fréquences, permettant d'explorer l'ensemble des fréquences conversationnelles. Les fréquences testées sont réparties par octaves normalisées, s'étendant de 125 à 8 000 Hz en transmission aérienne et de 250 à 4 000 Hz en transmission osseuse, mais pouvant aller jusqu'à 16 000 Hz, voire au delà, en audiométrie hautes fréquences. Les demi-octaves sont parfois explorées, en audiométrie automatique, ou pour permettre une exploration plus fine de l'audiométrie en fréquences conversationnelles (la fréquence de 3000 Hz est intéressante car elle explore une bande de fréquences qui joue un rôle important dans l'intelligibilité de la voix).

On utilise en conduction aérienne un casque ou encore un haut-parleur (placé à un mètre en position frontale). En conduction osseuse on utilise un vibrateur (ex. : un diapason).

L'audiométrie tonale doit être réalisée dans une cabine insonorisée pour que l'environnement sonore n'altère pas le résultat, et permettre la reproductibilité de l'examen. En France, il existe une réglementation qui fixe les conditions d'aménagement des cabines audiométries [2].

Réalisation d'un test d'audiométrie

Résultat

Le résultat d'une audiométrie tonale est donné sous la forme d'un audiogramme. Depuis plusieurs dizaines d'années, le diagramme universellement accepté est celui de l'audiogramme américain. Il est défini selon une nomenclature spécifique, suivant une nomenclature internationale , et permettant de représenter pour chaque fréquence testée, le seuil d'intensité tonale liminaire, définit en décibels HL. L'oreille droite est représentée en rouge, l'oreille gauche en bleu ; l'audiométrie aérienne est représentée en trait plein, l'audiométrie osseuse en trait pointillé.

L'audiométrie vocale

L'audiométrie vocale (ou test d'intelligibilité) sert à mesurer la compréhension de la personne à différents niveaux d'intensité (niveau de dB) pour différents phonèmes, mots ou phrases. C'est un examen complémentaire de l'audiométrie tonale, qui permet de confirmer les seuils d'audiométrie tonale liminaire, et peut permettre de mettre en évidence des altérations de la discrimination verbale. C'est un examen plus gobal que l'audiométrie tonale, ne testant pas uniquement le système neuro-sensoriel auditif, mais aussi le traitement cognitif du signal auditif. En ce sens, il est peut être altéré en cas de difficultés linguistiques, de retard mental etc.

L'avantage de cet examen est de pouvoir permettre sous certaines conditions de différencier les distorsions sonores endo-cochléaires des atteintes centrales.

Les sons utilisés diffèrent en fonction de l'indication, et du praticien et de l'objectif recherché. Les tests d'audiométrie vocales classiques utilisent des listes de mots de tonalité proche, comme la liste de sondés de Fournier en français. Il existe aussi des tests phonétiques qui ne font pas intervenir la suppléance mentale et la connaissance linguistique, comme le test phonétique de Lafon en français. Ils sont notamment utilisés pour l'adaptation prothétique, en cas de mauvaise perception de la parole avec une audiométrie tonale préservée, et chez l'enfant sourd. Il existe deux catégories de tests phonétiques : les tests cochléaires (les plus utilisés) et les tests d'intégration (qui compare la compréhension dans le silence et dans le bruit).

L'audiométrie vocale classique se fait dans le silence, mais il existe aussi des tests d'intelligibilité dans le bruit qui permettent de déterminer le rapport entre le niveau de compréhension et le bruit de fond [3]. Ils permettent ainsi d'explorer un phénomène classiquement retrouvé dans la presbyacousie, appelé signe de la cocktail party.

Ces examens permettent d'obtenir une courbe d'intelligibilité, permettant pour chaque intensité sonore, de définir le pourcentage de phonèmes, mots, ou phrases compris. On obtient généralement une courbe en S (Forme). On utilise un casque ou encore un haut-parleur pour réaliser ce test. Une condition pathologique se traduit par un déplacement de la courbe vers la droite (vers les dB croissantes), traduisant une difficulté d'intelligibilité nécessitant une augmentation accrue de l'intensité du son.

Les seuils d'inconfort (LDL)

Elle consiste à faire sur l'audiogramme du patient une mesure conjointe de ses seuils d'audition et de ses niveaux d'inconfort pour chacune des fréquences testées. Il s'agit des niveaux que le patient pourrait écouter sur une assez longue période de temps mais avec un inconfort. Ce test est utilisée pour mettre en évidence une hyperacousie. Il n'est cependant pas possible de corréler les mesures de seuils d'inconfort par audiométrie tonale à une hyperacousie[4].

Evaluation de l'audition

Seuils de surdité

L'audiométrie permet d'évaluer le niveau auditif moyen d'une personne, qui peut alors être classée en une catégorie d'audition. En France, le système le plus souvent utilisé est celle définie par la BIAP [5]. L'audition moyenne est calculée depuis l'audiogramme tonal en faisant la moyenne de la perte en dB aux fréquences 500 Hz, 1000 Hz, 2000 Hz et 4000 Hz. En cas de surdité asymétrique, le niveau moyen de perte en dB est multiplié par 7 pour la meilleure oreille et par 3 pour la plus mauvaise oreille et la somme est divisée par 10.

On obtient ainsi une valeur globale de perte auditive, permettant de classer le patient en :

  • Audition normale ou subnormale : 0 à 20 dB HL. Atteinte tonale légère sans incidence sociale
  • Déficience auditive légère : 21 à 40 dB HL. La parole est perçue à voix normale, elle est difficilement perçue à voix basse ou lointaine. La plupart des bruits familiaux sont perçus.
  • Déficience auditive moyenne : 41 à 70 dB HL. La parole est perçue si on élève la voix. Le sujet comprend mieux en regardant parler. Quelques bruits familiers sont encore perçus.
  • Déficience auditive sévère : 71 à 90 dB HL. La parole est perçue à voix forte près de l'oreille. Les bruits forts sont perçus.
  • Déficience auditive profonde : 91 à 119 dB HL. Aucune perception de la parole. Seuls les bruits très puissants sont perçus.
  • Déficience auditive totale - Cophose : 120 dB HL ou plus. Rien n'est perçu.

Le degré de surdité correspond à la perte auditive définie en décibels par rapport à l'audition humaine (dB HL) et ne constitue pas un pourcentage de perte auditive. La perte mesurée s'étend jusqu'à 120 dB et va en réalité au delà, même si ce seuil correspond cliniquement à la cophose (absence complète d'audition).

Notes et références

  1. « Les soins médicaux aux sourds-muets en France au XIXe siècle : L’éclosion de l’otologie moderne — Medica — BIU Santé, Paris », sur www.biusante.parisdescartes.fr (consulté le )
  2. Thuaire Léa dit, « Le local d’appareillage », sur Audioprothesiste (consulté le )
  3. SFA, « Recommandations SFA - SFORL sur l'Audiométrie Vocale dans le Bruit », sur Sfaudiologie, (consulté le )
  4. (en) Meeus OM, Spaepen M, Ridder DD, Heyning PH, « Correlation between hyperacusis measurements in daily ENT practice », Int J Audiol, vol. 49, no 1,‎ , p. 7-13. (PMID 20053152, DOI 10.3109/14992020903160868) modifier
  5. « BIAP - Bureau International d'Audiophonologie », sur www.biap.org (consulté le )

Bibliographie

Voir aussi

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Liens externes

Articles connexes