Jacques Lasfargues

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Jacques Lasfargues
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Fonctions
Directeur des Antiquités historiques (d)
Rhône-Alpes
-
Jean-Paul Boucher (d)
Gérard Aubin (d)
Directeur de musée
Lugdunum
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 77 ans)
GourdonVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Jacques Noël LasfarguesVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activité
Autres informations
A travaillé pour
Distinctions

Jacques Lasfargues est un archéologue français né le dans le 4e arrondissement de Lyon et mort le à Gourdon (Lot). Personnalité emblématique de l'archéologie lyonnaise, il est connu pour avoir forgé en France l'expression « archéologie préventive », en 1979[1].

Carrière[modifier | modifier le code]

Après des études d'histoire[2], Jacques Lasfargues participe à plusieurs fouilles lyonnaises et étudie notamment le mobilier issu de l'atelier de potiers de la Muette qu'il a fouillé avec Maurice Picon[3]. Il est recruté au musée de la civilisation gallo-romaine en 1966 [2] où il a construit et nourri tout son parcours[4]. Il a piloté au début des années 1970 la réinstallation des collections dans le bâtiment conçu par Bernard Zehrfuss.

Céramologue, il est membre fondateur de la Société Française d’Étude de la Céramique Antique en Gaule (SFECAG) en 1973 et en devient le secrétaire général tandis que Jean-Jacques Hatt en assure la présidence ; tous deux formeront le tandem dirigeant l'association jusqu'à leur démission en 1978[5]. La SFECAG est alors domiciliée au musée archéologique de Lyon dont il assure la direction. Jacques Lasfargues organise les premiers colloques (1974-1978[6]) ainsi que le congrès 1979 à Lyon et co-organise avec Odile Leblanc celui de 2003 à Saint-Romain-en-Gal[5].

Jacques Lasfargues est nommé en 1979 directeur des Antiquités historiques de la circonscription Rhône-Alpes[7] en remplacement de Jean-Paul Boucher[8]. Il occupe ce poste jusqu’en 1989, lors de la fusion des antiquités préhistoriques et historiques[9] et la nomination de Gérard Aubin en tant que conservateur régional de l'archéologie de la région Rhône-Alpes[8]. En France, il milite alors pour que les grands projets d'aménagement du territoire soient précédés de campagnes de fouilles archéologiques planifiées[10],[11]. On pratique jusqu'alors plutôt une « archéologie de sauvetage », qui consiste en des fouilles rapides avant les grands travaux[1] excepté pour le clos du Verbe Incarné qualifié alors de fouille de sauvetage programmé dès 1979 et pour le site de Saint-Romain en Gal, une fouille programmée avec une équipe départementale dès 1980.

Il a construit, dans les années 1980, en profitant du développement des Directions régionales des affaires culturelles, le modèle de ce que pouvait être un service régional de l'archéologie. Il invente la systématisation de la carte archéologique nationale du Ministère de la Culture, s'appuyant sur des inventaires micro-régionaux de sites archéologiques souvent distribués dans le cadre de mémoires de maîtrise, grâce à sa parfaite implication dans le réseau universitaire. Conscient très vite de l'importance des « bases de données » et de ce qui ne s’appelait pas encore un système d'informations géographiques, il contribue à l'élaboration de la base de données archéologique nationale Sigal, devenue ensuite Dracar puis Patriarche[12].

Confronté aux grands travaux des années 1980, en milieu urbain (Vienne et Saint-Romain en Gal[13]) comme rural (autoroutes du nord est de Lyon, Alba la romaine[14]), il fait financer les fouilles par les aménageurs en utilisant tous les outils de la réglementation alors à sa disposition[9] (notamment le classement d'office, en s'appuyant sur de jeunes archéologues auxquels il propose une professionnalisation par le biais d'associations locales puis nationales (AFAN). Il s'entoure de brillants archéologues, obtient leur intégration dans le corps des ingénieurs, techniciens et administratifs (ITA) alors en création, ou les pousse à s'inscrire à la toute nouvelle École nationale du patrimoine qui forme les conservateurs. Il a ainsi inspiré une très grande partie des archéologues qui, aujourd'hui en fin de carrière, ont construit l'archéologie nationale contemporaine[réf. nécessaire].

Il est le commissaire de l'exposition collective réalisée à l'occasion du IIe congrès d'archéologie méridionale en 1983-1984, « Archéologie en Rhône-Alpes, dix ans de recherche »[15],[16]

Chargé d'inspection générale de l'archéologie entre 1988 et 1995[2], il est également, de 1989 au début des années 2000, directeur du Musée de la civilisation gallo-romaine de Lyon. Il prend ensuite la direction du pôle archéologique du Rhône jusqu'à sa retraite en décembre 2009[17].

Il est l'auteur de plusieurs publications consacrées principalement à la période gallo-romaine dans la région lyonnaise.

Il meurt le à Gourdon dans le département du Lot[18], la veille de ses 78 ans[19],[9].

Distinctions[modifier | modifier le code]

Publications[modifier | modifier le code]

  • Hugues Vertet, André Lasfargues et Jacques Lasfargues, « Observations sur les gobelets d'Aco de l'atelier de la Muette (Lyon) », Revue archéologique du Centre, t. 7/1,‎ , p. 35-44 (lire en ligne, consulté le ).
  • Jacques Lasfargues (dir.), Architectures de terre et de bois. L'habitat privé des provinces occidentales du monde romain. Antécédents et prolongements : Prohistoire, Moyen Âge et quelques expériences contemporaines, Paris, Éditions de la Maison des sciences de l’homme, coll. « Documents d’archéologie française » (no 2), (ISBN 2-7351-0146-0, lire en ligne).
  • Armand Desbat, Martine Genin et Jacques Lasfargues (dir.), « Les productions des ateliers de potiers antiques de Lyon », Gallia, t. 53,‎ (ISSN 0016-4119, lire en ligne, consulté le ).
  • Jacques Lasfargues, « Le financement de l'archéologie de terrain en France », Les Nouvelles de l'archéologie, no 29,‎ , p. 9-23 (ISSN 0242-7702, lire en ligne, consulté le ).
  • Jacques Lasfargues, Lugdunum, Lyon, EMCC, coll. « Des objets qui racontent l'histoire », (BNF 39155984).
  • Jacques Lasfargues, « Naissance de l’archéologie préventive en Rhône-Alpes », dans Jean-Paul Demoule et Christian Landes (dir.), La fabrique de l'archéologie en France, Paris, La Découverte, coll. « Hors collection Sciences Humaines », (ISBN 978-2-7071-5882-6), p. 178-188.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Jean-Paul Demoule, « Jacques Lasfargues et l'invention de l'archéologie préventive », Archéologia, no 617,‎ , p. 10-11 (ISSN 0570-6270).

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Jean-Paul Demoule, « Contribuer à l’histoire de la discipline archéologique en France », dans Jean-Paul Demoule et Christian Landes (dir.), La fabrique de l'archéologie en France, Paris, La Découverte, coll. « Hors collection Sciences Humaines », (ISBN 978-2-7071-5882-6), p. 12.
  2. a b et c Yves Girard (éd.), Nuits de Fourvière 98, du 23 juin au 3 août 1998 - Lyon-Rhône. L'album, Lyon, Conseil général du Rhône, (lire en ligne [PDF]), p. 14.
  3. Desbat, Genin et Lasfargues 1996, p. 5-11.
  4. « Hommage du ministère de la Culture à Jacques Lasfargues »
  5. a et b Lucien Rivet et Sylvie Saulnier, « La Société Française d’Étude de la Céramique Antique en Gaule (SFECAG) à l’aube de 50 ans d’activités », dans D. Bernal, L.C. Juan, M. Bustamante, J.J. Díaz y A.M. Sáez (éd.), Hornos, talleres y focos de producción alfarera en Hispania, t. 1, Servicio de Publicaciones de la Universidad de Cádiz, coll. « Monografías ex officina hispana », (ISBN 978-84-616-3490-3, lire en ligne), p. 91-114.
  6. Lucien Rivet, « Jacques Lasfargues (1944-2022) », sur Sfecag, (consulté le ).
  7. Lasfargues 2009.
  8. a et b Jean-Pierre Daugas, « La circonscription des antiquités de Lyon et l'émergence de l'archéologie préventive », Cahiers scientifiques du Muséum d'histoire naturelle de Lyon, t. Hors-série 3 « 150 ans de Préhistoire autour de Lyon »,‎ , p. 21-31 (ISSN 1762-8024, lire en ligne, consulté le ).
  9. a b et c Étienne Combier, « Jacques Lasfargues, l’un des pères de l’archéologie préventive, est décédé », sur Tribune de Lyon, (consulté le ).
  10. Jean-Pierre Legendre, « 150 ans d'archéologie dans l'Ain - Patrimoine(s) de l'Ain », sur patrimoines.ain.fr (consulté le ).
  11. Jean-Paul Demoule, « “L’archéologie préventive a émergé de l’indignation devant la destruction du patrimoine” », Pour la Science, no 535,‎ , p. 72-78 (ISSN 0153-4092, lire en ligne, consulté le ).
  12. Acronymes des systèmes de gestion archéologiques (SGA)-cartes archéologiques du Ministère de la Culture : Système informatique de Gestion de l'Archéologie localisée (Sigal), Archéologie dans les DRAC (Dracar) et Patrimoine archéologique (Patriarche).
  13. Benoît Helly, « Vienne (38), Saint-Romain-en-Gal, Sainte-Colombe (69). Colonia Iula Vienna », dans Bilan scientifique de la région Rhône-Alpes 2006-2, Lyon, SRA Rhône-Alpes, (ISSN 1240-859X), p. 119
  14. Jean-Pierre Legendre, « L’archéologie préventive dans le département de l’Ain. L’apport du traitement systématique des grandes surfaces », dans Journées régionales Ain - Savoie - Haute-Savoie, Annecy - 2017, Lyon, SRA Auvergne-Rhône-Alpes, (ISSN 2677-514X), p. 27.
  15. Jacques Lasfargues, « Dix ans d'archéologie gallo-romaine en Rhône-Alpes », Les Dossiers Histoire et Archéologie, no 78,‎ , p. 20-22 (ISSN 0299-7339).
  16. « Archéologie en Rhône-Alpes protohistoire et monde gallo-romain 10 ans de recherches », sur Lugdunum. Musée et théâtres romains (consulté le ).
  17. Jacques Legendre, « L'archéologie préventive : compte-rendu de la table ronde organisée le 25 novembre 2009 », sur Sénat, (consulté le ).
  18. État civil sur le fichier des personnes décédées en France depuis 1970
  19. « Lyon : Jacques Lasfargues, ex-directeur du Musée gallo-romain est décédé », sur LyonMag, (consulté le ).
  20. Décret du 13 juillet 2004 portant promotion et nomination.
  21. Décret du 15 mai 2015 portant promotion et nomination.

Liens externes[modifier | modifier le code]