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=== Langue anglaise ===
=== Langue anglaise ===
La langue anglaise lui doit des expressions devenues courantes encore aujourd'hui comme ... « the salt of the earth [le sel de la terre] »(Matthieu 5:13) et « no man can serve two masters  [nul ne peut servir deux maîtres]»(Matthieu 6:24). Il a également introduit des mots comme ''Jehovah, Passover [Pâques],'' et ''scapegoat [bouc émissaire].'' Dans l'introduction de son livre ''William Tyndale : a biography,'' David Daniell écrit de Tyndale :" Son art sans égal de jouer sur les sons et les rythmes aussi bien que les sens de l'anglais, pour créer des mots, des expressions, des paragraphes ou des chapitres entiers inoubliables et de le faire d'une façon... qui reste directe et vivante aujourd'hui encore : les titres des journaux citent encore Tyndale, sans toutefois s'en rendre compte, et il a touché plus de monde que Shakespeare lui-même."<ref name=":3" /> et David Norton renchérit : "... davantage de notre langue anglaise est finalement appris de Tyndale que de n'importe quel autre écrivain de prose anglaise, et bien des gens illettrés jusqu'alors ont eu Tyndale et ses successeurs pour maîtres<ref>{{Ouvrage|langue=anglais|auteur1=David Norton|titre=A History of the English Bible as Literature|lieu=Cambridge|éditeur=Cambridge University Press|année=2004|pages totales=|isbn=0-521-77807-7|lire en ligne=|passage=}}</ref>."
La langue anglaise lui doit des expressions devenues courantes encore aujourd'hui comme ... « the salt of the earth [le sel de la terre] »(Matthieu 5:13) et « no man can serve two masters  [nul ne peut servir deux maîtres]»(Matthieu 6:24). Il a également introduit des mots comme ''Jehovah, Passover [Pâques],'' et ''scapegoat [bouc émissaire].'' Dans l'introduction de son livre ''William Tyndale : a biography,'' David Daniell écrit de Tyndale :" Son art sans égal de jouer sur les sons et les rythmes aussi bien que les sens de l'anglais, pour créer des mots, des expressions, des paragraphes ou des chapitres entiers inoubliables et de le faire d'une façon... qui reste directe et vivante aujourd'hui encore : les titres des journaux citent encore Tyndale, sans toutefois s'en rendre compte, et il a touché plus de monde que Shakespeare lui-même."<ref name=":3" /> et David Norton renchérit : "... davantage de notre langue anglaise est finalement appris de Tyndale que de n'importe quel autre écrivain de prose anglaise, et bien des gens illettrés jusqu'alors ont eu Tyndale et ses successeurs pour maîtres<ref>{{Ouvrage|langue=anglais|auteur1=David Norton|titre=A History of the English Bible as Literature|lieu=Cambridge|éditeur=Cambridge University Press|année=2004|pages totales=|isbn=0-521-77807-7|lire en ligne=|passage=}}</ref><nowiki>." Enfin, Vivienne Westbrook à propos de Tyndale emploie l'expression :"that unsung hero of the English language William Tyndale. [Ce héros trop peu célébré de la langue anglaise]</nowiki><ref>{{Ouvrage|langue=anglais|auteur1=Vivienne Westbrook|titre=Long Travail and Paynes : A Politics of Reformation Revision|lieu=Dordrecht|éditeur=Springer Science+Business Media|année=2001|pages totales=|isbn=978-90-481-5699-3|lire en ligne=|passage=}}</ref>"


== Sources primaires ==
== Sources primaires ==

Version du 16 mars 2016 à 11:00


Bible de Tyndale

Première page de l'Evangile selon Saint Jean, édition de 1526 de la traduction en anglais Nouveau Testament par William Tyndale.

La Bible de Tyndale (appelée "Tyndale Bible" en anglais) est la première traduction en langue anglaise du Nouveau Testament à partir du texte grec et de plusieurs livres de l'Ancien Testament à partir du texte hébreu. Imprimées et diffusées clandestinement à partir de 1525, ces traductions valent à leur auteur William Tyndale (1494-1536) de mourir sur le bûcher en 1536. Elles ont cependant eu un retentissement considérable aussi bien dans la diffusion du protestantisme que pour la langue anglaise elle-même. Marque de l'importance de ces traductions : en 1994 la British Library (Londres, Angleterre) achète, pour un peu plus d'un million de livres sterling, le Nouveau Testament de 1525 de Tyndale, auquel elle attribue le titre de "livre imprimé le plus important de la langue anglaise"[1].

Contexte historique

Au début du XVIe siècle en Angleterre, aussi bien le roi (Henry VIII) que la population sont catholiques, la messe est dite en latin et pour beaucoup les rituels de l'église sont incompréhensibles. Dès 1408, l'archevêque Arundel a expressément interdit que quiconque traduise en anglais une partie quelle qu'elle soit des Écritures, ou même lise une telle traduction sans une autorisation expresse de son évêque, sous peine d'être condamné comme hérétique[2]. Ainsi, même la traduction de Wyclif (c. 1320 – 1384) -en vieil anglais, à partir de la Vulgate et en feuillets manuscrits- est inaccessible.

A partir de 1516, on peut lire le texte grec original du Nouveau Testament depuis qu'Érasme fait publier à Bâle (en Suisse) son Nouveau Testament grec/latin (Novum instrumentum) qui remet en cause la traduction en latin de Saint Jérôme (Vulgate), seule version de la Bible reconnue par l’Église catholique depuis plus de mille ans.

En 1522, paraît la Bible de Luther en allemand.

Les étapes

Motivations de William Tyndale

Tyndale, dans la préface à sa traduction du Pentateuque (1530), indique lui-même ce qui l'amène à braver l'interdit pesant sur toute traduction en anglais de la Bible : "C'est là la seule chose qui m'ait amené à traduire le Nouveau Testament. L'expérience m'avait appris combien il était impossible d'asseoir fermement les laïcs dans quelque vérité que ce soit, à moins que l'Écriture ne soit clairement mise sous leurs yeux dans leur langue maternelle, afin qu'ils puissent voir l'enchaînement, l'ordre et le sens du texte. Sans quoi, quelque vérité qu'on leur enseigne, ces ennemis de toute vérité [l’Église catholique] l'étouffent à nouveau… en manipulant le texte, lui donnant un sens qu'il est impossible de tirer du texte lui-même, si l'on en voit l'enchaînement, l'ordre et le sens."[3]

En traduisant la Bible, il ne fait que suivre le plus grand humaniste de l'époque, Érasme, qui dans son Enchiridion déclare que " les meilleures armes du chrétien sont la prière et la connaissance des Écritures, en particulier du Nouveau Testament, et en priorité les Évangiles et les Lettres de Saint Paul aux Romains et aux Corinthiens". (Tyndale traduit ce texte d’Érasme en 1522 pour convaincre son employeur Sir John Walsh et sa femme du bien-fondé de ses idées[4]). Érasme souhaite même que l' Évangile et les Lettres de Saint Paul soient traduites dans toutes les langues imaginables[5].

Mieux encore, Tyndale déclare ne faire que suivre les commandements du Christ lui-même: « Le Christ nous commande de scruter les Écritures (Jean 5), Même si les miracles portent témoignage à son enseignement, cependant il désirait qu'aucune foi ne soit accordée à son enseignement ni à ses miracles, sans référence à l' Écriture. Quand Paul prêchait (Actes 17), les autres scrutaient les Écritures quotidiennement, afin de vérifier si elles étaient bien conformes à ses allégations. Pourquoi ne ferais-je pas de même, afin de vérifier que ce sont bien les Écritures auxquelles vous [l’Église Catholique] vous référez ? Pourquoi donc n'irais-je pas regarder l' Écriture et son contexte et ce qu'il y a avant et après, de façon à vérifier si votre interprétation en est le sens véritable, ou si vous manipulez et déformez violemment l' Écriture pour la plier à vos buts charnels ? » in The Obedience of a Christian Man (1528)[6].

Les traductions

En 1523, Tyndale cherche à obtenir la protection de l'archevêque de Londres, Tunstall. Mais il doit bientôt se résoudre à l'exil s'il veut pouvoir traduire la bible en anglais : "...Je...compris enfin non seulement qu'il n'y avait pas de place pour moi au palais de Monseigneur [Tunstall] à Londres, pour traduire le Nouveau Testament mais aussi qu'il n'y avait nul endroit pour le faire dans toute l'Angleterre[3]."

Le "Nouveau Testament" de Cologne (1525)

Sur le continent, dans les pays où la Réforme a réussi à s'établir, bien des imprimeurs sont tout prêts à imprimer une traduction de la Bible. Aux environs de mai 1524, Tyndale s'embarque pour Hambourg (Allemagne), puis il se rend vraisemblablement à Wittemberg où il aurait rencontré Luther. C'est sans doute là qu'il travaille à la traduction du Nouveau Testament pendant un an[7].

Tyndale n'a accès qu'au Nouveau Testament en grec d’Érasme (Ed.1522), au texte latin de la Vulgate et à la version en allemand de Luther (Ed.1522). Un moine défroqué, William Roye, lui sert d'aide. Tyndale sait que sa traduction ne sera pas autorisée en Angleterre, que tout livre imprimé à Wittemberg sera soupçonné d'hérésie et immanquablement voué à être détruit. Il choisit de se rendre à Cologne (bien qu'elle soit encore catholique) et prépare l'impression d'un in-quarto avec l'imprimeur Peter Quentell. Ils s'apprêtent à en imprimer trois mille exemplaires avec prologue, notes marginales et références. Une partie (jusqu'à Matthieu 22, verset 12) est déjà imprimée, quand dénoncés par Jean Cochlaeus, Tyndale et Roye doivent s'enfuir précipitamment, emportant avec eux le plus grand nombre possible de feuillets déjà imprimés. Cochlaeus a même écrit au roi Henry VIII, au cardinal Wolsey et à l'archevêque de Rochester en leur recommandant de faire surveiller les ports pour "prévenir l'importation de la plus pernicieuse des marchandises"[7].

Il ne reste qu'une seule copie de cette première traduction conservée dans la Collection Grenville à la British Library [1]. L'ouvrage s'ouvre sur une gravure en pleine page représentant Saint Matthieu trempant sa plume dans un encrier que lui tend un ange. Chaque chapitre commence par une importante lettre enluminée. Dans la liste des livres du Nouveau Testament, ceux-ci sont numérotés de 1 à 23 (soit de Matthieu à 3 Jean), puis non numérotés, à part, on trouve Hébreux, Jacques, Jude et Révélation.[8]

On a souvent appelé cette œuvre "Le Nouveau Testament de Luther en anglais". En effet, l'apparence même de la page, la disposition du texte, les marges intérieures réservées aux références ainsi que les marges extérieures dédiées aux commentaires et à ce que Henry VIII qualifiera de "pestilent glosses" ("gloses pestilentielles"), tout cela est semblable au Nouveau Testament de Luther. De plus, ces "gloses pestilentielles" sont dans l'ensemble tirées de Luther. La traduction elle-même, bien que tirée du grec original, fait un usage systématique de la traduction en allemand de Luther et même dans le Prologue de nombreux passages sont empruntés directement à Luther[2].

Nouveau Testament de Worms (1526)

Pentateuque (1530)

Nouveau Testament (1534)

Reception

Impact

Bibles qui suivent

Il ressort de l'étude comparée de la Bible du roi Jacques -King James Bible ou King James Version[9]- avec les traductions de Tyndale que « presque 84 % du Nouveau Testament et près de 76 % des parties de l'Ancien Testament traduites par Tyndale ont été repris tels quels dans la Bible du roi Jacques[8].

Parce que ses traductions sont au cœur des traductions de la Bible qui ont suivi, on lui a conféré le titre de « Père de la Bible anglaise ».

Langue anglaise

La langue anglaise lui doit des expressions devenues courantes encore aujourd'hui comme ... « the salt of the earth [le sel de la terre] »(Matthieu 5:13) et « no man can serve two masters  [nul ne peut servir deux maîtres]»(Matthieu 6:24). Il a également introduit des mots comme Jehovah, Passover [Pâques], et scapegoat [bouc émissaire]. Dans l'introduction de son livre William Tyndale : a biography, David Daniell écrit de Tyndale :" Son art sans égal de jouer sur les sons et les rythmes aussi bien que les sens de l'anglais, pour créer des mots, des expressions, des paragraphes ou des chapitres entiers inoubliables et de le faire d'une façon... qui reste directe et vivante aujourd'hui encore : les titres des journaux citent encore Tyndale, sans toutefois s'en rendre compte, et il a touché plus de monde que Shakespeare lui-même."[8] et David Norton renchérit : "... davantage de notre langue anglaise est finalement appris de Tyndale que de n'importe quel autre écrivain de prose anglaise, et bien des gens illettrés jusqu'alors ont eu Tyndale et ses successeurs pour maîtres[10]." Enfin, Vivienne Westbrook à propos de Tyndale emploie l'expression :"that unsung hero of the English language William Tyndale. [Ce héros trop peu célébré de la langue anglaise][11]"

Sources primaires

  • Reproduction litho-photographiée du Nouveau Testament de Cologne : William Tyndale, ed. Edward Arber, The first printed English New Testament, Londres, 1871, lire en ligne.
  • Facsimile du Nouveau Testament de Worms : Francis Fry,The first New Testament printed in the English language, 1525 or 1526, 1862, 741 p., lire en ligne.

Références

  1. a et b (en) « Tyndale's New Testament », sur http://www.bl.uk
  2. a et b (en) William Dallmann, William Tyndale : the translator of the English Bible, Saint Louis, Mo, USA, Concordia Publishing House, [1905 ?], 92 p. (lire en ligne)
  3. a et b (en) Tyndale, William, d. 1536; Mombert, J. I. (Jacob Isidor), 1829-1913, William Tyndale's five books of Moses called the Pentateuch, (lire en ligne)
  4. (en) Brian Moynahan, Book of Fire: William Tyndale, Thomas More and the Bloody Birth of the English Bible, Abacus Software Paperback, , 492 p. (ISBN 0349123225)
  5. (la) Erasme, Paraclesis (lire en ligne), Traduction personnelle :"...Christ désire que ses mystères soient répandus aussi largement que possible. Je souhaiterais que toutes les femmes lisent l'Evangile, qu'elles lisent les Epîtres de Saint Paul. Et fasse le ciel qu'elles soient traduites dans la langue de chacun, de sorte qu'elles puissent être lues et connues non seulement des Ecossais et des Irlandais, mais également des Turcs et des Sarrasins...Plût au ciel que le laboureur à sa charrue en chante quelque morceau, que le tisserand à ses navettes ne sifflote rien d'autre, que de la même façon le voyageur soulage la langueur du trajet par ces récits."
  6. (en) William Tyndale, The Obedience of a Christen Man, (lire en ligne), "Christ commandeth to search the scriptures. John 5. Though that miracles bare record unto his doctrine, yet desired he no faith to be given either to his doctrine, or to his miracles, without record of the scripture. When Paul preached, Acts 17 the other searched the scriptures daily, whether they were as he alleged them. Why shall not I likewise see, whether it be the scripture that thou allegest? Yea, why shall I not see the scripture, and the circumstances, and what goeth before and after; that I may know whether thine interpretation be the right sense, or whether thou jugglest, and drawest the scripture violently unto thy carnal and fleshly purpose; or whether thou be about to teach me, or to deceive me?"
  7. a et b (en) Rev. R. Demaus, William Tyndale. A Biography. A contribution to the history of the English Bible., (lire en ligne)
  8. a b et c (en) David Daniell, William Tyndale : a biography, New Haven & London, Yale University Press, , 429 p. (ISBN 978-0-300-06132-1)
  9. (en) « King James Version », sur en.wikipedia.org
  10. (en) David Norton, A History of the English Bible as Literature, Cambridge, Cambridge University Press, (ISBN 0-521-77807-7)
  11. (en) Vivienne Westbrook, Long Travail and Paynes : A Politics of Reformation Revision, Dordrecht, Springer Science+Business Media, (ISBN 978-90-481-5699-3)

Liens externes

- Rev. R. Demaus, William Tyndale. A Biography. A contribution to the history of the English Bible, 1871, lire en ligne.
- William Dallmann, William Tyndale : the translator of the English Bible, Saint Louis, Mo, USA, Concordia Publishing House, [1905 ?], 92 p.,lire en ligne.