Volvaire gluante

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Volvariella gloiocephala, Volvopluteus gloiocephalus

Volvariella gloiocephala
Description de cette image, également commentée ci-après
Volvaires gluantes photographiées près de Marcoussis, en Île-de-France.
Classification MycoBank
Règne Fungi
Sous-règne Dikarya
Division Basidiomycota
Sous-division Agaricomycotina
Classe Agaricomycetes
Sous-classe Agaricomycetidae
Ordre Agaricales
Famille Pluteaceae
Genre Volvariella

Espèce

Volvariella gloiocephala
(DC.) Boekhout & Enderle, 1986

Synonymes

  • Volvopluteus gloiocephalus (DC.) Vizzini, Contu & Justo, 2011
  • Volvariella speciosa (Fr.) Sing., 1951

La volvaire gluante (Volvariella gloiocephala, syn. Volvopluteus gloiocephalus) est un champignon basidiomycète de la famille des Pluteaceae. Elle se reconnaît facilement par sa taille imposante, son chapeau visqueux, bien que de couleur variable, et la large volve blanche qui enveloppe sa base. Contrairement aux dangereuses amanites blanches avec lesquelles elle peut éventuellement être confondue, elle n'a pas d'anneau et ses lames rosissent avec l'âge. C'est un champignon présent sur tous les continents, qui pousse dans les milieux herbeux, en solitaire ou en groupe. Elle est comestible et même parfois cultivée.

Taxonomie[modifier | modifier le code]

La nomenclature de ce taxon a une histoire longue et complexe. Il est décrit à l'origine sous le nom Agaricus gloiocephalus par le botaniste suisse Augustin Pyrame de Candolle en 1815[1] et plus tard sanctionné sous ce nom par Elias Magnus Fries en 1821[2]. Le mycologue français Claude-Casimir Gillet le transfère en 1878 dans le genre Volvaria[3], érigé en 1871 par Paul Kummer[4]. Or le nom Volvaria avait déjà été utilisé par De Candolle pour un genre de lichens en 1805[5]. Le nom Volvariella, proposé par le mycologue argentin Carlos Luis Spegazzini en 1899[6], est finalement adopté en 1953, après qu'une proposition de conserver la Volvaria de Kummer contre celle de De Candolle ait été rejetée par le Comité de nomenclature des champignons (en), établi conformément aux principes du Code international de nomenclature botanique[7].

L'espèce décrite par De Candolle est longtemps considérée comme une variété d'une espèce initialement décrite comme Amanita speciosa par Fries en 1818[8], et plus tard transférée dans Volvariella : Volvariella speciosa var. gloiocephala. En 1986, Teun Boekhout et Manfred Enderle démontrent qu'il s'agit d'une même espèce, qu'ils nomment Volvariella gloiocephala en vertu du principe d'antériorité[9]. En 1996, ils désignent un néotype pour cette espèce[10]. En 2011, le genre Volvariella est scindé en deux parties, les espèces au chapeau visqueux, dont V. gloiocephala fait partie, étant transférées dans le genre Volvopluteus[11] ; une situation que les références taxonomiques n'ont pas encore toutes assimilées.

Description[modifier | modifier le code]

Le chapeau a un diamètre compris entre 5 et 15 cm. Lorsque le champignon est jeune, il est plus ou moins ovale ou conique, puis se dilate pour devenir convexe ou plat, parfois avec une légère dépression centrale chez les spécimens âgés. La surface est nettement visqueuse et la couleur varie du blanc pur au gris ou au brun grisâtre. Les lames sont serrées, libres et ventrues (renflées au milieu) et mesurent jusqu'à 2 cm de large. Elles sont initialement blanches, puis deviennent roses avec l'âge. Le stipe est cylindrique, s'élargissant vers la base, et mesure entre 8 et 22,5 cm de long pour 0,7 à 1,5 cm de large. La surface est blanche, lisse ou légèrement pruineuse (recouverte de fins granules blancs pulvérulents). La volve est sacciforme (en forme de poche) et mesure 2 à 3 cm de haut. Sa surface est blanche et lisse. La chair est blanche dans le pied et le chapeau, et elle ne change pas lorsqu'elle est meurtrie ou exposée à l'air. L'odeur et la saveur varient d'indistincts à raphanoïdes (ressemblant à des radis), ou encore similaires à ceux des pommes de terre crues pelées. La sporée est brun rosé[12],[11].

Risques de confusion[modifier | modifier le code]

La Volvaire gluante est parfois confondue avec les amanites blanches mortelles, comme l'Amanite vireuse, l'Amanite printanière, ou les formes blanches de l'Amanite phalloïde. Elles se distinguent par un chapeau jamais gluant, un anneau sur le pied et des lames blanches[13].

Écologie, habitat et distribution[modifier | modifier le code]

C'est une espèce saprotrophe qui pousse au sol dans les jardins, les champs, à l'intérieur et à l'extérieur des zones forestières, ainsi que sur la matière végétale en décomposition, comme le compost ou les tas de copeaux de bois[12]. En Chine, elle a été observée dans les fourrés de bambou. Le champignon fructifie généralement en groupes, bien qu'il puisse également montrer une croissance solitaire[11]. Il n'est pas rare qu'une saison de fructification « spectaculaire » soit suivie de plusieurs années sans apparition.

La Volvaire gluante a une répartition cosmopolite et a été signalée sur tous les continents. Les données moléculaires ont corroboré sa présence en Europe et en Amérique du Nord, mais les enregistrements d'autres continents restent à confirmer[11].

Comestibilité[modifier | modifier le code]

La Volvaire gluante est comestible, jugée bonne[14] à médiocre[13] en fonction des auteurs. Il est conseillé de faire une sporée (qui doit être rose) avant de la consommer, pour s'assurer de ne pas avoir récolté des amanites[14]. Elle est cultivée en Afrique du Nord[13].

Annexes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Augustin-Pyramus de Candolle, Flore Française : Ou Descriptions succinctes de toutes les plantes qui croissent naturellement en France, disposées selon une nouvelle méthode d'analyse, et précédées par un Exposé des Principes élémentaires de la Botanique, vol. 6, , 3e éd., 662 p. (DOI 10.5962/BHL.TITLE.112968), p. 52Voir et modifier les données sur Wikidata.
  2. (la) Elias Magnus Fries, Systema Mycologicum, vol. 1, Lund, et , 520 et 620 p. (DOI 10.5962/BHL.TITLE.5378), p. 278Voir et modifier les données sur Wikidata.
  3. Claude-Casimir Gillet, Les champignons (Fungi, Hyménomycètes) qui croissent en France : Description et iconographie. Propriétés utiles ou vénéneuses, Paris, J.B. Baillière et fils, , 828 p. (DOI 10.5962/BHL.TITLE.4285), p. 387Voir et modifier les données sur Wikidata.
  4. (de) Paul Kummer, Der Führer in die Pilzkunde : Anleitung zum methodischen, leichten und sichern Bestimmen der in Deutschland vorkommenden Pilze : mit Ausnahme der Schimmel- und allzu winzigen Schleim- und Kern-Pilzchen, Zerbst, , 146 p. (DOI 10.5962/BHL.TITLE.50494, lire en ligne), p. 23Voir et modifier les données sur Wikidata.
  5. Jean-Baptiste de Lamarck et Augustin-Pyramus de Candolle, Flore Française : Ou Descriptions succinctes de toutes les plantes qui croissent naturellement en France, disposées selon une nouvelle méthode d'analyse, et précédées par un Exposé des Principes élémentaires de la Botanique, vol. 2, , 600 p., p. 573Voir et modifier les données sur Wikidata.
  6. (es) Carlos Luis Spegazzini, « Fungi Argentini novi vel critici », Anales del Museo Nacional de Buenos Aires, Buenos Aires, Inconnu, vol. 3, no 2,‎ , p. 119 (ISSN 0326-534X, OCLC 6210348)Voir et modifier les données sur Wikidata.
  7. (en) Special Committee for Fungi, « Disposition of nomina generica conservanda for Fungi », Taxon, vol. 2, no 2,‎ , p. 29–32 (JSTOR 1217581).
  8. (la) Elias Magnus Fries, Observationes mycologicae, vol. 1, Copenhague, et , 230 et 376 p. (DOI 10.5962/BHL.TITLE.112534)Voir et modifier les données sur Wikidata.
  9. Teun Boekhout et Manfred Enderle, « Volvariella gloiocepha (DC.: Fr.) Boekhout & Enderle comb. nov. », Beiträge zur Kenntnis der Pilze Mitteleuropas, vol. 2,‎ , p. 77–79.
  10. (en) Teun Boekhout et Manfred Enderle, « Typification of Volvariella gloiocephala (DC: Fr) Boekhout & Enderle », Persoonia, vol. 16, no 2,‎ , p. 249–51.
  11. a b c et d Justo et al. 2011.
  12. a et b Boekhout 1990.
  13. a b et c Guillaume Eyssartier et Pierre Roux, L'indispensable guide du cueilleur de champignons, Belin, , 355 p., p. 160-161.
  14. a et b Roland Labbé, « Volvopluteus gloiocephalus / Volvaire gluante », sur Mycoquébec.org, (consulté le ).

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Alfredo Justo, Andrew M. Minnis, Stefano Ghignone, Nelson Menolli, Marina Capelari, Olivia Rodríguez, Ekaterina Malysheva, Marco Contu et Alfredo Vizzini, « Species recognition in Pluteus and Volvopluteus (Pluteaceae, Agaricales): morphology, geography and phylogeny », Mycological Progress, vol. 10, no 4,‎ , p. 453–479 (ISSN 1617-416X et 1861-8952, DOI 10.1007/s11557-010-0716-z, lire en ligne, consulté le ).
  • (en) Teun Boekhout, « Volvariella », dans Cornelis Bas, Flora agaricina neerlandica : critical mongraphs on families of agarics and boleti occurring in the Netherlands, t. 2, Rotterdam, A.A. Balkema, , 1re éd. (ISBN 9789061919728), p. 56-64.

Liens externes[modifier | modifier le code]

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