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Utilisateur:Violette Greg/Brouillon

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Exposition Terre-Neuve/ Terre-Neuvas[1][modifier | modifier le code]

Le Musée de Bretagne a organisé l'exposition Terre-Neuve/ Terre-Neuvas du 10 octobre 2013 au 9 novembre 2014, en co-production avec les musées de Saint-Brieuc (Musée d'Art et d'Histoire de Saint-Brieuc), de Saint-Malo (Musée d’Histoire de la Ville et du Pays Malouin) et de Granville (Musée d'Art et d'Histoire de Granville). Cette exposition, qui s'est déplacée dans les quatre villes, était organisée en deux parties, chacune centrée autour d'un groupe en particulier : ceux qui partent en mer, et ceux qui restent à terre. Ainsi, la première partie, intitulée "L'aventure de la pêche morutière", présentée à Rennes et à Saint-Malo, s'est attachée à dépeindre les acteurs de la Grande Pêche, leurs conditions de travail, et a repris l'histoire de ce métier, ainsi que ses caractéristiques. Les commissaires de l'exposition ont également souhaité souligner dans cette première partie l'importance que cette activité de pêche a revêtue pour les territoires au sein desquels elle s'exerçait. Le second volet de l'exposition quant à lui, appelé "Le tems de l'absence", présenté à Saint-Brieuc et à Granville, était consacré à la vie à terre pendant les campagnes de pêche. Il s'est notamment penché sur la place qu'a pu prendre cette activité dans la vie des populations (économie, manifestations populaires, comme le Pardon des Islandais (Paimpol), ainsi que les représentations (littéraires, comme le roman Pêcheur d'Islande de Pierre Loti, picturales, cinématographiques,...) qui ont pu naître en parallèle de cette pêche morutière.

Cette exposition a reçu, début 2014, le label "exposition d'intérêt national". Celui-ci a été "créé par le ministère de la Culture en 1999 pour mettre en valeur et soutenir des expositions remarquables organisées par les musées de France dans les différentes régions. [...] [Il] récompense un discours muséal innovant, une approche thématique inédite, une scénographie et un dispositif de médiation ayant pour objectif de toucher les publics les plus variés [...][2]." L'attribution de ce label à un musée d'histoire et de société est remarquable, comme l'a rappelé l'actuelle directrice du musée de Bretagne, Céline Chanas, dans un article proposant un bilan du projet Terre-Neuve/ Terre-Neuvas, en 2016[3]. Il est du reste intéressant de noter l'attribution d'un tel label à un musée de société, au regard de ses missions d'une part, et de l'ampleur du projet, d'autre part. Selon le Conseil international des musées (ICOM), ce type de musée a pour mission principale de "[...] représenter les sociétés, passées et présentes, à partir de différents points de vue, tout en revendiquant un rôle social et civique au travers de [son] traitement des enjeux contemporains identitaires, culturels, sociaux et environnementaux[4]." L'appellation "musée de société" peut regrouper des institutions diverses, comme les écomusées, ou les musées d'arts et traditions populaires. Ils centrent donc leurs collections et leur réflexion autour de l'Homme, et cela semble être particulièrement sensible dans le cas du Musée de Bretagne et de son exposition Terre-Neuve/ Terre-Neuvas.

En effet, cette exposition, du fait de son ampleur, a eu un impact notable sur le territoire sur lequel elle s'est développée, ainsi que sur la mémoire collective des individus peuplant ce territoire. L'exposition est le fruit d'une collaboration entre quatre institutions culturelles, réparties entre deux régions (Bretagne et Normandie) et trois départements (Ille-et-Vilaine, Côtes d'Armor, Manche). Cette répartition géographique est cohérente avec une partie du territoire sur lequel s'est développée la pêche morutière tout au long des cinq siècles de son existence : "[...] les ports de Saint-Brieuc, Saint-Malo et Granville ont constitué le plus grand bassin d'armement pour la pêche morutière en France[3]." Par ailleurs, l'exposition Terre-Neuve/ Terre-Neuvas a eu un impact fort, notamment sur la mémoire collective. En effet, la pêche morutière représente une part importante de l'histoire de la Bretagne et de la Normandie, et du fait de son arrêt relativement récent, en 1992, beaucoup de ses acteurs sont encore en vie. Il n'est ainsi pas rare de trouver dans les généalogies (plus ou moins récentes) des Bretons et Normands un ou plusieurs Terre-neuvas. Dans cette mesure, l'exposition s'est donc placée à la frontière entre histoire et mémoire : un important travail de collecte a été effectué en amont de l'exposition, puis les objets collectés ont été montrés au sein du parcours. Ce faisant, il est aisé de comprendre comment l'exposition s'inscrit dans la lignée des missions d'un musée d'histoire et de société. Par ailleurs, les quatre institutions partenaires ne sont pas uniquement des musées de société, mais aussi d'art et d'histoire, impliquant une approche pluridisciplinaire et des typologies de publics plus variées. Dans cette mesure, l'association de ces quatre musées est intéressante dans le sens où elle offrait une visibilité accrue à des institutions culturelles d'envergures multiples, tout en tissant le fil d'une mémoire collective vive, qui semble être en cours de construction. C'est d'ailleurs, comme le rappelle Céline Chanas, l'un des objectifs de ce projet :"[...] donner de la visibilité aux quatre musées en invitant les visiteurs à circuler d'une exposition à une autre[3]." En outre, un partenariat avec la SNCF permettait de se rendre dans les différentes villes de l'exposition à un tarif plus avantageux, sur présentation du billet d'entrée. Cela peut notamment expliquer pourquoi c'est un musée situé à l'intérieur des terres qui s'est chargé de chapeauter cette double exposition itinérante.

Ce projet s'est appuyé pour une partie sur la mémoire des individus. Les musées ont ainsi mis à profit leurs collections respectives, mais ils ont également fait appel à des prêts de particuliers, afin d'incarner par l'objet leurs discours scientifique sur l'épopée des Terre-Neuvas. Le recours à des objets issus d'archives privées semble être un ressort de la mémoire collective, surtout lorsque "la moitié des visiteurs indiquent avoir un lien émotionnel ou familial avec le sujet de l'exposition, et plus particulièrement parmi les visiteurs âgés de 60 ans et plus[3]." Ce projet a permis de tisser des liens forts entre l'histoire de la pêche morutière et la mémoire des Terre-Neuvas, qui est récente et entretenue. Ainsi, pendant la durée de l'exposition, de nombreuses soirées-mémoire, organisées en partenariat avec le journal Ouest-France et France Bleu Armorique, ont eu lieu dans plusieurs villes bretonnes, et pas seulement dans les villes des musées partenaires de l'exposition[5]. Par exemple, la ville de Binic proposait, le 23 janvier 2014, une visite guidée des quais de la ville, suivie d'une conférence où d'anciens Terre-Neuvas étaient invités à témoigner[6].

En parallèle de ces soirées-mémoire, des rencontres avec des spécialistes du sujet ont été organisées, à l'instar de la conférence intitulée "Terre-Neuve, le pain était là-bas", où l'historienne Raymonde Litalien et l'archéologue Peter Pope ont pu partager leurs connaissances avec le public, le 26 octobre 2013, aux Champs Libres de Rennes[7]. De plus, certaines associations sont engagées dans la préservation du patrimoine lié à la pêche morutière et à ses acteurs, et entretiennent de manière notable cette mémoire. On peut notamment citer parmi elles l'association Fécamp Terre-Neuve, créée le 19 janvier 1991, qui mène des recherches en histoire maritime, et l'association Mémoire et Patrimoine des Terre-Neuvas, qui, depuis 2003, sauvegarde et promeut le patrimoine lié à la Grande Pêche. Le Musée de Bretagne a par ailleurs fait appel à cette seconde association, dont l'un des fondateurs, Lionel Martin, a accompagné le projet de l'exposition, en prêtant plusieurs objets aux musées partenaires[8]. Ainsi, l'exposition Terre-Neuve/ Terre-Neuvas a été l'occasion de s'inscrire dans la continuité des recherches et travaux scientifiques menés sur le sujet, et de participer à la patrimonialisation de ce sujet. Autre preuve de celle-ci, l'adaptation, du 7 octobre 2015 au 26 juin 2016, de l'exposition, au Musée national de la Marine à Paris, sous le titre "Dans les mailles du filet". Présentée comme une exposition d'un intérêt notable, elle retrace l'histoire de la Grande Pêche, ses acteurs et ses représentations, avant de prolonger le propos en entamant une réflexion sur ses enjeux environnementaux.

  1. (fr-fr) Exposition Terre-Neuve / Terre-Neuvas Consulté le .
  2. « Expositions d'intérêt national », sur www.culture.gouv.fr (consulté le )
  3. a b c et d Céline Chanas, « Terre-Neuve/Terre-Neuvas : retour d'expérience sur une coproduction d'expositions », La Lettre de l’OCIM. Musées, Patrimoine et Culture scientifiques et techniques, no 163,‎ , p. 29–35 (ISSN 0994-1908, DOI 10.4000/ocim.1625, lire en ligne, consulté le )
  4. « Le Musée de société aujourd’hui, héritage et mutation | ICOM France », sur www.icom-musees.fr, (consulté le )
  5. Ouest-France, « Une soirée en hommage et à la mémoire des Terre-Neuvas », sur Ouest-France.fr, (consulté le )
  6. Soirée Mémoire Terre-Neuve / Terre-Neuvas (lire en ligne)
  7. Terre-Neuve, le pain était là-bas (lire en ligne)
  8. « Série : Lionel Martin entretient la mémoire des Terre-Neuvas », sur saint-malo.maville.com (consulté le )