Utilisateur:VicenteLasCasas/Brouillon

Une page de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Le terme « zapatisme » peut être pris en deux sens. Il renvoie d'abord à la lutte d'Emiliano Zapata et de l'Ejercito libertador del Sur, dans les années 1910-1919. Mais il est également devenu d'un usage courant pour désigner le mouvement impulsé par l'EZLN (Ejército Zapatista de Liberación Nacional) à partir du 1er janvier 1994. C'est à ce dernier sens que l'on se réfère exclusivement dans le présent article.

Les zapatistes de l'EZLN sont parfois appelés « néo-zapatistes », pour les distinguer des partisans de Zapata, mais eux-mêmes préfèrent se nommer tout simplement « zapatistes », afin de souligner la continuité entre les luttes de l'époque de la Révolution mexicaine et celles de la période actuelle. Cette terminologie est plus simple, plus directe et moins alambiquée que l'expression « néo-zapatiste ».

Le « zapatisme » n'est pas une idéologie ni un dogme, ni non plus un modèle[1] On peut considérer le mouvement zapatiste comme une expérience de transformation sociale et politique radicale. Il englobe la construction de l'autonomie dans les territoires du Chiapas où est implantée l'EZLN, des perspectives à l'échelle du Mexique et une dimension internationale. Ces trois niveaux sont fortement entrelacés, mais on les présentera ici de manière dissociée.

La récente célébration du vingtième anniversaire du soulèvement zapatiste a été l'occasion pour de nombreux auteurs d'en souligner l'importance, nationale et internationale [2]. « Des penseurs comme Noam Chomsky, Immanuel Wallerstein ou Pablo Gonzalez Casanova continuent de soutenir que le zapatisme est l'initiative politique la plus radicale du monde, et probablement la plus importante. Des millions de personnes trouvent auprès des zapatistes inspiration et espérance au milieu d'une crise profonde »[3].

Une brève chronologie est d'abord nécessaire.


Chronologie[modifier | modifier le code]

  • 1er janvier 1994: L'EZLN occupe militairement plusieurs villes du Chiapas, dont San Cristóbal de Las Casas et rend publique la première Déclaration de la Selva Lacandona.
  • 12 janvier 1994 : l'EZLN accepte le cessez-le-feu décrété par le président Salinas de Gortari.
  • 21 février-2 mars 1994: Dialogue de paix dans la cathédrale de San Cristóbal entre le sous-commandant Marcos et 18 commandant(e)s indigènes, le commissaire pour la paix du gouvernement fédéral, Manuel Camacho Solis, et le médiateur, Samuel Ruiz, évêque de San Cristóbal.
  • 6-9 août 1994: 6000 représentants d’organisations populaires de tout le Mexique se réunissent dans la Selva lacandona, à Guadalupe Tepeyac, pour prendre part à la Convention Nationale Démocratique.
  • 9 février 1995: le gouvernement révèle l’identité supposé du sous-commandant Marcos et ordonne l’arrestation des dirigeants zapatistes. L'offensive de l'armée fédérale échoue.
  • 11 mars 1995: le Parlement approuve la Loi pour le Dialogue, la Conciliation et la Paix Digne au Chiapas et crée la Commission pour la Concorde et la Pacification (COCOPA), composée de législateurs de tous les partis, afin de faciliter le dialogue entre l'EZLN et le gouvernement.
  • avril 1995: début des discussions entre l'Ezln et le gouvernement fédéral, à San Andrés Sakam'chen de los Pobres, avec la participation de nombreux conseillers et invités des deux parties.
  • 27 août-3 septembre 1995: Consultation nationale et internationale lancée par l'EZLN. Environ un million de personnes y prennent part, appuyant majoritairement la conversion de l’EZLN en une force politique civile.
  • 1er janvier 1996: La Quatrième Déclaration de la Selva lacandona annonce la création du Front Zapatiste de Libération Nationale (FZLN), force politique civile non-électorale.
  • 4-8 janvier 1996: le Forum National Indigène, convoqué par l’Ezln, réunit les représentants de 35 peuples indiens du Mexique et décide de former le Congrès National Indigène (CNI).
  • 16 février 1996: le gouvernement et l’EZLN signent à San Andrés des Accords concluant le premier volet des discussions et portant sur « Droits et culture indigènes ».
  • 27 juillet-3 août 1996: Rencontre Intercontinentale pour l’Humanité et contre le Néolibéralisme qui réunit près de 5000 personnes de 42 pays, dans les cinq « Aguascalientes » zapatistes.
  • 29 novembre 1996: la COCOPA présente aux deux parties le projet de réforme constitutionnelle qu'elle a rédigé sur la base des Accords de San Andrés. Il doit être accepté sans modification ou récusé.
  • décembre 1996: l'EZLN l'accepte. Le président Zedillo frécuse le texte de la COCOPA.
  • septembre 1997: 1.111 délégués zapatistes se rendent à Mexico et assistent au second Congrès National Indigène.
  • 22 décembre 1997: massacre de 45 indigènes dans le campement d'Acteal (commune de Chenalhó), perpétré par des paramilitaires. Les victimes appartiennent à l'organisation Las Abejas.
  • avril-juin 1998: des opérations policières et militaires démantèlent plusieurs communes autonomes (Ricardo Flores Magón, Tierra y Libertad, San Juan de la Libertad).
  • Mars 1999: 5000 délégués zapatistes (2500 hommes et 2500 femmes) se rendent dans toutes les communes du Mexique pour promouvoir la Consultation Nationale pour la Reconnaissance des Peuples Indigènes et la Fin de la Guerre d’Extermination. Le 21 mars, deux millions et demi de personnes y prennent part, demandant à une très large majorité le respect des Accords de San Andrès.
  • 2 décembre 2000: l'EZLN demande au nouveau président, Vicente Fox, dont la victoire met fin au long « règne » du PRI, trois signes pour reprendre le dialogue : approbation du projet de loi de la COCOPA, libération de tous les prisonniers politiques zapatistes, fermeture de sept campements militaires.
  • 24 février-11 mars 2001: 23 commandant(e)s et le sous-commandant Marcos entreprennent la Marche de la Couleur de la Terre. Reçus avec enthousiasme dans 12 États du Mexique, ils sont accueillis finalement par la foule qui remplit la place centrale de Mexico.
  • 28 mars 2001: la délégation zapatiste est reçue au Congrès et plaide pour la reconnaissance des Accords de San Andrés.
  • 25 avril 2001: le Sénat approuve une réforme constitutionnelle en matière indigène, radicalement distincte du texte de la COCOPA. Le 27 avril, la Chambre des députés en fait de même. L'EZLN rejette cette réforme, qui trahit les Accords de San Andrés. La possibilité du dialogue avec le gouvernement se referme.
  • 8-10 août 2003: l’EZLN annonce la création de cinq Conseils de bon gouvernement, pour conforter l’autonomie prévue dans les Accords de San Andrés.
  • juin-juillet 2005: la Sixième Déclaration de la Selva lacandona propose d'allier la lutte indigène à un vaste mouvement national, rassemblant toutes les organisations, collectifs et individus désireux d'élaborer un plan national de lutte, « en bas et à gauche », et d'aboutir à une nouvelle Constituante.
  • 1er janvier 2006: le sous-commandant Marcos entame la première tournée de « l'Autre Campagne » à travers le Mexique.
  • 3-4 mai 2006: Dans l'État de Mexico, une intervention de la police contre des vendeurs de fleurs ambulants, qui reçoivent le soutien du Front des Peuples en Défense de la Terre d'Atenco dégénère. Le bilan est de 2 morts, 200 arrestations et une vingtaine de viols commis par les policiers. Le sous-commandant Marcos suspend sa tournée nationale et décide de rester à Mexico jusqu’à ce que toutes les personnes arrêtées soient libérées.
  • 8 octobre-30 novembre 2006: seconde étape de la tournée du sous-commandant Marcos, qui parcourt onze États.
  • 30 décembre 2006-2 janvier 2007: première Rencontre des Peuples zapatistes avec les Peuples du Monde, dans le Caracol[4] d'Oventik.
  • 21-30 juillet 2007: Seconde Rencontre des Peuples Zapatistes avec les Peuples du Monde, dans trois des cinq Caracoles.
  • 24 septembre 2007: l'EZLN dénonce une nouvelle offensive du gouvernement contre les communautés zapatistes et suspend la tournée des commandants dans le sud et le centre du pays.
  • 11-14 octobre 2007: la Rencontre des Peuples Autochtones d’Amérique a lieu dans la communauté Yaqui de Vícam (Sonora), avec des délégués représentant 66 peuples de 12 pays.
  • 13-17 décembre 2007: A l'initiative de l'EZLN, Premier colloque international In memoriam Andrés Aubry « ...Planète Terre : mouvements antisystémiques... ».
  • 28 décembre-2 janvier : troisième Rencontre des Peuples Zapatistes avec les Peuples du Monde (rencontre des femmes zapatistes avec les femmes des peuples du monde), dans le Caracol de La Garrucha.
  • 26 décembre 2008-5 janvier 2009: Premier Festival Mondial de la Rage Digne, à Mexico, dans le Caracol d'Oventik et à San Cristobal de Las Casas.
  • 21 décembre 2012: 40.000 zapatiste occupent pacifiquement et en silence cinq villes du Chiapas (presque les mêmes qu'en 1994).
  • février-mars 2013: la série de communiqués intitulés Eux et nous annonce une nouvelle étape de la lutte zapatiste, la fin de « l'Autre Campagne » et la mise en place d'un réseau planétaire de luttes, « la Sexta ».
  • 8 août 2013: 10e anniversaire de la création des Conseils de bon gouvernement.
  • 12-16 août 2013: première session de « l'Escuelita zapatista », qui permet à près de 1500 personnes de partager la vie des familles zapatistes et de découvrir le fonctionnement de l'autonomie.
  • 17 novembre 2013: 30e anniversaire de la fondation de l'EZLN.
  • 1er janvier 2014: célébration du 20e anniversaire du soulèvement zapatiste.
  • 25-29 décembre 2013 et 3-7 janvier: deuxième et troisième session de « l'Escuelita zapatista » (4500 participants).


La construction de l'autonomie au Chiapas[modifier | modifier le code]

L'EZLN est implantée dans plusieurs régions du Chiapas  : la « Selva lacandona » et les vallées au sud d'Ocosingo; la zone Nord (proche de Palenque); « Los Altos de Chiapas » (autour de San Cristobal de Las Casas). Elle est également présente, de manière moins dense, dans la zone zoque, la région-frontière avec le Guatemala et la Sierra Madre.

Seule une petite minorité des membres de l'EZLN sont des militaires (« insurgentes » : troupe permanente, ou « milicianos »: réservistes). La très grande majorité d'entre d'eux sont des civils (dénommés « bases de apoyo »). Parfois, des villages entiers peuvent être constitués de « bases de apoyo ». Dans d'autre cas, les plus nombreux, cohabitent dans un même village des « bases de apoyo » zapatistes et des non zapatistes (adhérents du PRI, du PRD ou autres partis).

Histoire de la construction de l'autonomie[modifier | modifier le code]

Le 19 décembre 1994, l'EZLN annonce la création de 38 « communes autonomes rebelles zapatistas » (MAREZ: municipio autónomo rebelde zapatista)[5]. Celles-ci se mettent en place progressivement, en fonction des possibilités de chaque région. L'une des premières communes à élire effectivement ses autorités autonomes a été celle de San Andrés Sakamch'en de los Pobres (qui partage le même territoire que la commune officielle de San Andrés Larrainzar). En août 2013, l'EZLN confirme l'existence de 27 communes autonomes[6].

Le 16 février 1996, la négociation engagée entre l'EZLN et le gouvernement fédéral aboutit à la signature des Accords de San Andrés sur « Droits et Culture indigènes ». La reconnaissance du droit à l'autonomie (fondé sur les documents internationaux comme la Convention 169 de l'OIT) est au cœur de ces accords. Il en résulte des droits précis, notamment en ce qui concerne l'organisation du gouvernement communal selon les traditions indiennes, ainsi que le contrôle du territoire et de ses ressources naturelles.

Toutefois, le projet de réforme constitutionnelle élaboré par la commission parlementaire (COCOPA) pour transcrire ces accords est récusé par le Président Zedillo, en décembre 1996, puis, en avril 2001, par le parlement lui-même, après l'alternance ayant mis fin au pouvoir du Partido Revolucionario Institucional. L'EZLN en conclut que le dialogue avec les pouvoirs institués est vain[7].

En conséquence, l'EZLN annonce, en août 2003, la création de cinq "Conseils de bon gouvernement" (Juntas de buen gobierno), siégeant dans chacun de ses 5 centres régionaux baptisés Caracoles (escargot)[8]. Il s'agit de réaliser dans les faits ce qui n'a pas été reconnu dans la Constitution (mais était prévu par les Accords de San Andrés). L'objectif est de mieux coordonner les communes déjà existantes et d'approfondir la mise en œuvre de l'autonomie. Il est clairement souligné que les organes de gouvernement autonome sont indépendants de la structure politico-militaire de l'EZLN: ceux qui occupent des responsabilités au sein de celle-ci ne peuvent être membres des conseils autonomes[9].

A partir de cette date, la construction de l'autonomie devient l'un des axes essentiels du mouvement zapatiste. En août 2013, à l'occasion du dixième anniversaire des Juntas de buen gobierno, l'EZLN organise l'Escuelita zapatista, qui permet à près de 1500 personnes de se rendre dans les villages zapatistes pour partager la vie de ses familles et observer le fonctionnement de l'autonomie. Deux autres sessions de l'Escuelita zapatista doivent avoir lieu en décembre 2013 et janvier 2014. C'est là une sorte de bilan public de près de vingt ans de construction de l'autonomie[10].

Organisation des gouvernements autonomes[modifier | modifier le code]

Au niveau municipal[modifier | modifier le code]

Dans chaque commune autonome, ceux qui occupent des fonctions municipales sont élus par leurs communautés pour des mandats de deux ou trois ans, révocables à tout moment et conçus comme des « charges » (cargos), services rendus ne faisant l’objet d’aucune rémunération ni ne donnant lieu à aucun avantage matériel. Cela crée un contraste flagrant avec le fonctionnement des institutions constitutionnelles mexicaines, dans lequel le caractère fortement rémunérateur des fonctions électives est l'un des ressorts des luttes d'intérêt qui caractérisent la vie politique nationale[11]. Cette conception des charges comme services rendus à la communauté s'inscrit dans une tradition amérindienne largement diffusée à l'échelle du continent.

Au niveau de la zone (Conseil de bon gouvernement)[modifier | modifier le code]

Chaque commune délègue des représentants (entre deux et quatre) au Conseil de bon gouvernement de la zone correspondante. Les délégués au Conseil se relaient par courtes périodes (entre une et deux semaines selon les zones), ce qui leur permet de revenir ensuite dans leurs villages, pour continuer à s’occuper de leurs familles et de leurs terres.

Les Conseils de bon gouvernement assument une fonction d'information en recevant les visiteurs qui souhaitent mieux connaître cette expérience. Ils émettent des communiqués, notamment pour dénoncer les agressions contre les bases d'appui zapatistes[12]. Ils veillent, dans la mesure du possible, aux bonnes relations avec les non zapatistes et avec les autorités municipales officielles qui partagent le même territoire. Enfin, les Conseils de bon gouvernement veillent, en interaction étroite avec les conseils municipaux, au bon fonctionnement du système de santé (avec ses cliniques de zone, ses microcliniques et ses agents communautaires[13]) et de l'éducation autonome.

Mécanismes de prise de décision[modifier | modifier le code]

Sauf pour les décisions très ponctuelles ou urgentes, le Conseil de bon gouvernement consulte l'Assemblée générale de zone (composée de toutes les autorités municipales, des représentants de chaque communauté et des responsables des différents secteurs de travail)[14]. Parfois, cette Assemblée peut d’elle-même indiquer au Conseil la décision à prendre. S’il s’agit de projets plus amples ou si aucun accord clair ne se dégage, il est nécessaire de consulter l’ensemble des communautés. Les représentants de chaque communauté doivent mener la consultation dans leurs villages respectifs et faire part à l’assemblée suivante soit d’un accord, soit d’un refus, soit d’amendements. Ces derniers sont discutés et l’assemblée élabore une proposition rectifiée, qui est à nouveau soumise aux communautés. Plusieurs allers-et-retours entre Conseils, Assemblée générale de zone et communautés peuvent être nécessaires pour qu'une proposition soit acceptée.

Ressources[modifier | modifier le code]

Les Conseils veillent à l'équilibre des ressources entre les différentes communes de la zone, notamment celles qui proviennent de la solidarité nationale et internationale. Un des traits qui définit de manière particulièrement visible le choix de l'autonomie est le refus de toute aide des gouvernements chiapanèque et mexicain.

Une autre source de financement est la perception d'un « impôt » de 10% lorsque des entreprises de travaux publics réalisent des infrastructures (des routes essentiellement) dans les territoires zapatistes.

Il est évident que la base matérielle de l'autonomie reste fragile, malgré l'importance des terres récupérées après le soulèvement de 1994 (en particulier dans certaines zones, comme celle de Morelia) et malgré les efforts des Conseils pour soutenir les projets productifs, particulièrement les coopératives artisanales et la vente de café à travers les réseaux solidaires[15].

Exercice de la justice[modifier | modifier le code]

La résolution des conflits et l’exercice de la justice, qui relèvent principalement des autorités municipales, peuvent remonter jusqu’aux Conseils de bon gouvernement. Compte tenu des coûts élevés qu'implique le recours aux organes de justice de l'État, sans parler de leur profonde corruption, il n'est pas rare que des non zapatistes fassent appel aux Conseils de bon gouvernement et que ceux-ci parviennent à résoudre des cas difficiles, laissés de longue date en suspens par les autorités constitutionnelles[16]. La conception même de la justice est très différente et clairement ancrée dans les pratiques traditionnelles indiennes : il s’agit moins d'infliger une punition qui, selon les autorités autonomes, ajouterait de nouvelles difficultés sans rien résoudre, que de permettre une réconciliation négociée entre les parties, grâce à des formes de réparation au bénéfice des victimes ou de leur famille, ainsi qu'à des travaux d’intérêt général[17].

Éducation autonome[modifier | modifier le code]

L'éducation autonome fait l'objet d'une mobilisation particulièrement intense. On estime que, dans les cinq zones zapatistes, 500 écoles primaires environ fonctionnaient en 2008, dans lesquelles 1300 enseignants (dénommés « promotores de educacion ») accueillaient quelques 16 000 élèves[18]. Ces chiffres ont encore augmentés depuis lors, et dans la seule zone de Los Altos, on compte 158 écoles, 496 enseignants pour 4900 élèves[19]. Les enseignants ne perçoivent pas de rémunération et leur activité est assimilée à une « charge » (cargo)[20]. Elle implique un engagement en temps si fort que la communauté doit, en contrepartie, couvrir les nécessités matérielles des promotores, soit en leur remettant les produits alimentaires de base dont ils ont besoin, soit en assurant le travail nécessaire sur leurs parcelles lorsqu'ils en ont.

Principes de l'autonomie[modifier | modifier le code]

On peut considérer l'autonomie zapatiste comme une forme d'autogouvernement permettant l'exercice d'une démocratie radicale (outout simplement, d'une démocratie au sens plein du terme, dans laquelle le peuple exerce lui-même les tâches de gouvernement). Il ne s'agit donc en aucun cas d'une autonomie entendu au sens d'une simple décentralisation des pouvoirs d’État, comme c'est souvent le cas dans les pays européens. Il s'agit de la construction d'une autre réalité sociale et politique, dans une perspective antisystémique. Comme dit l'un des membres d'un Conseil de bon gouvernement, « l'autonomie est la construction d'une nouvelle vie »[21].

L'autogouvernement implique que, peu à peu et de manière rotative, l'ensemble de la population participe aux tâches d'organisation de la vie collective. La politique cesse alors d'apparaître comme une activité de « spécialistes »[22]; elle est, littéralement, la chose de tous. L'un des principes auxquels se réfèrent les zapatistes est le mandar obedeciendo (gouverner en obéissant). Cet énoncé paradoxal éloigne de la conception habituelle du pouvoir: celui qui exerce une charge de gouvernement doit le faire en obéissant à ceux qu'il doit « diriger ». Pourtant, le mandar obedeciendo n'implique pas une conception strictement horizontale de l'organisation collective (qui supposerait que les assemblées puissent être consultées en permanence et constituent la seule source d'initiative collective). Au contraire, ceux à qui l'on confie des charges éminentes au sein des Conseils de bon gouvernement, s'ils doivent consulter les assemblées autant que possible, jouent néanmoins un rôle particulier, parce qu'ils doivent parfois prendre des décisions urgentes et parce qu'ils ont le devoir de proposer des initiatives pour améliorer en permanence l'organisation de la vie collective. Enfin, lorsque les décisions ont été prises, à travers le mécanisme complexe de consultation déjà indiqué, les autorités ont aussi le devoir de faire respecter ce qui a été collectivement décidé : « l'autorité commande sans donner d'ordre parce qu'elle le fait en obéissant aux citoyens... Celui qui commande doit obéir, mais les citoyens doivent aussi obéir à ce que dit l'autorité », explique un membre des Conseils[23].

Le « mandar obedeciendo » se décline en plusieurs principes dont le respect contribue à lutter contre la dissociation des gouvernants d'avec le monde des gouvernés (notamment « servir et non se servir », « convaincre et non vaincre », « proposer et non imposer »).

Comme l'expliquent les zapatistes, l'autonomie consiste à « découvrir que nous sommes capables de nous gouverner nous-mêmes »[24]. Ce principe va rigoureusement à l'encontre de la séparation entre gouvernants et gouvernés, qui est au fondement de l'Etat moderne. En ce sens, l'expérience zapatiste suggère la possibilité d'instaurer des formes non étatiques de gouvernement.


Le zapatisme comme lutte nationale[modifier | modifier le code]

Une lutte de tous les peuples indiens du Mexique[modifier | modifier le code]

Comme l'indique le nom même de l'EZLN, sa lutte est avant tout nationale. L'autonomie ne concerne pas seulement les indiens mayas du Chiapas. La négociation de San Andrés avait une portée nationale et les Accords du même nom énoncent des droits qui concernent l'ensemble des peuples indiens du Mexique. Ces Accords auraient dû donner lieu, si le projet préparé par la commission parlementaire (COCOPA) avait abouti, à une modification de la Constitution mexicaine.

En 1996, l'EZLN a grandement contribué à la création du Congrès National Indigène, qui rassemble des organisations et des communautés de presque toutes les ethnies indiennes du pays (plus de cinquante au total). Le CNI se réunit régulièrement, au niveau régional ou national. Sa plus récente réunion nationale s'est tenue à San Cristobal de Las Casas, les 17 et 18 août 2013; elle a pris le nom de « Chaire tata Juan Chavez », en l'honneur de l'un des fondateurs du CNI, décédé un an auparavant (il appartenait à l'ethnie purépecha, dans l'État du Michoacan).

De multiples initiatives nationales[modifier | modifier le code]

La lutte de l'EZLN n'a jamais prétendu s'enfermer dans une dimension chiapanèque. La Première Déclaration de la Selva lacandona, le 1er janvier 1994, était une déclaration de guerre lancée au gouvernement fédéral et appelait à destituer le président Salinas de Gortari[25]. Ensuite, les initiatives nationales n'ont cessé de s'enchaîner. On ne mentionne ici que les principales.

En août 1994, l'EZLN convoque la Convention Nationale Démocratique, qui a lieu dans la Selva lacandona, à Guadalupe Tepeyac. 6000 délégués d’organisations représentant tous les secteurs de la gauche mexicaine y prennent part.

Le 1er janvier 1996, la Quatrième Déclaration de la Selva Lacandona invite à créer le Frente Zapatista de Liberación Nacional (Front Zapatiste de Libération Nationale)[26]. Celui-ci est conçu comme une force politique civile non électorale. Divers secteurs de la gauche convergent dans ce mouvement et plusieurs organisations politiques (notamment trotskistes) décident de s'y intégrer. En raison de problèmes d'organisation, le FZLN se dissout en 2005.

Il laisse place à l'Autre Campagne, lancée en 2005. La Sixième Déclaration de la Selva Lacandona propose en effet de créer un réseau de lutte, rassemblant organisations, collectifs et individus de tout le Mexique, sur la base de deux principes : une posture clairement anticapitaliste et un refus de la politique d'en-haut (celle qui est centrée sur l'État et le jeu des partis)[27]. Durant l'été 2005, sept rencontres ont lieu dans la Selva lacandona afin de constituer ce réseau: elles rassemblent des membres de partis non-électoraux, de syndicats, d'ONG, d'organisations paysannes, de collectifs urbains, de groupes libertaires, féministes, etc. Durant l'année 2006, le sous-commandant Marcos parcourt une bonne partie du Mexique, afin d'écouter et d'apprendre des luttes en cours, dans toute la géographie du pays. Sur ce périple et les liens noués alors, on peut voir le très éclairant documentaire du réalisateur français Nicolas Defossé, Viva México! La plus récente initiative de l'EZLN, « l'Escuelita zapatista » (août 2013, décembre 2013 et janvier 2014), qui permet à des milliers de personnes de vivre durant une semaine dans les villages zapatistes et de découvrir en quoi consiste la construction de l'autonomie, est évidemment ouverte à tous les mexicains (et non mexicains) intéressés. Les « élèves » de l'Escuelita viennent pour observer et apprendre[28]. Mais l'intention est claire : il s'agit de suggérer à tous qu'il est possible de s'inspirer de cette expérience, de s'organiser et de commencer à construire, ailleurs, une autre réalité sociale. Les zapatistes posent à tous les mexicains (et non mexicains) venus à l'Escuelita la question suivante  : « et vous, vous sentez-vous libres? »[29]. Eux, se sentent libres, expliquent-ils, car ils décident eux-mêmes de leur forme d'organisation collective et la mettent en œuvre.

Ne pas séparer indiens et non-indiens[modifier | modifier le code]

Le soulèvement zapatiste de 1994 a suscité de très amples sympathies et a eu un impact considérable sur la société mexicaine. Il a contribué à la faire évoluer, notamment en ce qui concerne la question indienne. L'insurrection a fait voler en éclat l'image rassurante d'une nation métis qui aurait su donner sa juste place aux peuples originaires; elle a montré au contraire la situation de marginalité, et plus encore le racisme interne, dont étaient victimes les peuples indiens[30]. Elle a rendu aux indiens, même non zapatistes, un vif sentiment de dignité et a rendu le racisme à leur encontre plus honteux (à défaut d'avoir pu l'éradiquer entièrement). La Marche de la dignité indigène, en février-mars 2001, a certainement constitué le moment le plus fort de l'impact national du zapatisme, après quoi l'échec de la revendication d'une reconnaissance constitutionnelle des droits indigènes et l'abandon de nombreux secteurs ayant jusque-là soutenu la lutte zapatiste ont contraint l'EZLN à se replier momentanément vers la construction de l'autonomie dans les territoires contrôlés par elle, avant de reprendre d'autres initiatives nationales. Il importe de souligner que les zapatistes se sont toujours dissociés d'une perspective strictement ethniciste. Ils manifestent le souci de ne pas ériger de séparation étanche entre indigènes et non indigènes. Par exemple, dans une lettre à une organisation indigène du Guerrero, l'EZLN délivre son message « en notre nom, en votre nom, au nom de tous les indigènes du Mexique, au nom de tous les indigènes et non-indigènes mexicains, au nom de tous les hommes bons et de bon chemin »[31]. Et si la Marche de 2001 était celle de la « dignité indigène », elle a été en même temps définie comme « la marche des indigènes et des non indigènes », « couleur avec toutes les couleurs qui revêtent la terre », « toutes les couleurs qu’en-bas nous sommes »[32]. L’EZLN est donc un mouvement indigène qui refuse de s’enfermer dans une perspective strictement ethnique[33], rejetant toute idéalisation ou essencialisation d’une supposée « identité » indigène, afin de promouvoir une conception ouverte de l’ethnicité, articulée à la dimension sociale et englobée dans une perspective politique plus vaste qui associe indigènes et non indigènes[34].


Zapatisme international et lutte pour l'humanité[modifier | modifier le code]

La Rencontre intercontinentale de 1996[modifier | modifier le code]

Tout en exprimant sa volonté de sauver la nation de la destruction néolibérale[35] et en manifestant une adhésion fervente au sentiment nationaliste si puissant au Mexique, l'EZLN se caractérise aussi par une perspective nettement internationaliste.

Organisée au Chiapas en juillet-août 1996, la Rencontre Intercontinentale pour l’Humanité et contre le Néolibéralisme (dite, avec humour, « Rencontre Intergalactique »), a réuni près de 5000 personnes venues de 42 pays[36]. A cette occasion, les zapatistes ont lancé une invitation à « construire l’internationale de l’espérance... par-dessus les frontières, les langues, les couleurs, les cultures, les sexes », tout en soulignant que « la dignité est cette patrie sans nationalité, cet arc-en-ciel qui est aussi un pont, ce murmure du cœur qui ne se soucie pas du sang qui le vit, cette irrévérence rebelle qui se moque des frontières, des douanes et des guerres »[37].

On peut affirmer que cette rencontre, ainsi que les rencontres continentales qui avaient contribué à sa préparation (à Berlin, pour l'Europe), a marqué un réveil de l'activité anti-systémique internationale, après plusieurs décennies d'assoupissement. Elle est souvent considérée comme un antécédent et une source d'inspiration pour les mouvements altermondialistes qui ont pris leur essor à partir des mobilisations de Seattle, en 1999. Nombreux sont les participants de cette mouvance qui soulignent l'importance de ce précédent[38].

Autres rencontres internationales[modifier | modifier le code]

Une seconde Rencontre Intercontinentale pour l'Humanité et contre le Néolibéralisme a été organisée en Catalogne durant l'été 1997. Son écho a été moins important. Entre le 30 décembre 2005 et le 2 janvier 2008, l'EZLN a organisé au Chiapas trois Rencontres des peuples zapatistes avec les peuples du monde. En décembre 2008-janvier 2009, l'EZLN a organisé le Festival mondial de la digne rage (México-Oventik-San Cristobal de Las Casas).

Les réseaux internationaux de solidarité[modifier | modifier le code]

A partir de 1994-1996, des comités de solidarité avec la lutte zapatiste se sont créés dans de nombreux pays, principalement en Europe, ainsi que du nord au sud du continent américain. Ce mouvement a été particulièrement fort dans l'État espagnol, en Italie et en Argentine, entre autres[39]. Ces comités et collectifs solidaires ont contribué à faire connaître la lutte zapatiste, à diriger vers le Chiapas des appuis solidaires et à organiser des campagnes internationales pour dénoncer les attaques et agressions contre les communautés rebelles ou réclamer la libération de prisonniers politiques. Ils ont également contribué à orienter des volontaires pour participer aux « campements civils d'observation », mis en place dans les villages zapatistes après l'intervention militaire fédérale de février 1995. Certains d'entre eux ont également développé des formes de distribution solidaire des produits zapatistes, comme le café ou l'artisanat. On a pu parler à propos de ces réseaux d'un « zapatisme international »[40].

Au-delà de ces réseaux organisés, l'influence du zapatisme s'étend loin. La référence au zapatisme est souvent apparu dans le mouvement des indignés espagnol ou lors du mouvement Occupy Wall Street. Pour donner un exemple plus lointain encore, l'ouvrage en quatre volumes coordonné par l'indienne Corinne Kumar, fondatrice du Tribunal mondial des femmes, et consacré au Sud comme nouvel imaginaire politique a pour titre Asking we walk (une traduction du principe zapatiste « caminar preguntando ») et fait une large place à l'expérience zapatiste[41].

« La Sexta », aujourd'hui[modifier | modifier le code]

La Sixième Déclaration de la Selva lacandona, en 2005, avait donné lieu à la création d'un maillage de lutte au Mexique, l'Autre Campagne. Les adhérents non-mexicains à cette Déclaration étaient, quant à eux, rassemblés au sein de la « Zezta Internazional » (dénomination ironique, par la conscience affichée de ne pas respecter la numération des Internationales dûment répertoriées par l'Histoire).

Depuis la marche du 21 décembre 2012, une nouvelle phase de la lutte zapatiste s'est ouverte. Comme il a été annoncé dans la série de communiqués intitulés Eux et nous, il est mis fin à la séparation, établie depuis 2005 entre « l'Autre campagne »  et la « Zezta Internacional »[42]. Cette distinction entre la dimension nationale et la dimension internationale est écartée, pour faire place à un seul ensemble, « La Sexta », définie comme un réseau planétaire de luttes anticapitalistes. « La Sexta » se donne un seul terrain d'action : la planète Terre.

Une lutte pour l'humanité[modifier | modifier le code]

La perspective internationale de la lutte zapatiste et son refus de tout enfermement dans le cadre national sont patents. C'est au vieil Antonio, à qui le sous-commandant Marcos attribue le mérite de l'avoir introduit dans l'univers culturel indien, que ce dernier confie le soin de dénoncer avec le plus de force l'arbitraire des frontières et la relativité des appartenances nationales : « Au lieu de se passionner pour la xénophobie, le vieil Antonio prenait du monde entier tout ce qui lui paraissait bon, sans qu’importe la terre qui l’avait fait naître. Lorsqu’il se référait aux personnes bonnes d’autres nations, le vieil Antonio utilisait le mot « les internationaux »; et le terme « les étrangers », il l’utilisait seulement pour les étrangers au cœur, sans qu’importe qu’ils fussent de la même couleur, langue et race que lui. ‘Parfois, jusque dans le même sang, il y a des étrangers’ disait le vieil Antonio pour m’expliquer l’absurde bêtise des passeports »[43].

L'appel à constituer un maillage planétaire de luttes repose sur le constat que tous les peuples affrontent un ennemi commun, le néolibéralisme, qui n'est rien d'autre que le nom de la forme actuelle du capitalisme. Selon le sous-commandant Marcos, l'offensive du néolibéralisme contre tous les peuples du monde peut être qualifiée de « quatrième guerre mondiale »[44]. Le zapatisme se définit bien comme une lutte « pour l'humanité ».


Sources[modifier | modifier le code]

Communiqués et textes zapatistes en espagnol: [10]

Communiqués et textes zapatistes en français: [11]


Ya basta!, Paris, Dagorno, 2 vol., 1994-1996.

EZLN, Documentos y comunicados, Mexico, Era, 5 vol., 1994-2003.

Chroniques intergalactiques. Première Rencontre Intercontinentale pour l’Humanité et contre le Néolibéralisme, Paris, Aviva Presse, 1997.

Sous-commandant Marcos, Mexique, Calendrier de la résistance, Paris, Rue des Cascades, 2007.

Sous-commandant Marcos, Saisons de la digne rage, Paris, Climats, 2009.

Sous-commandant Marcos, Éthique et politique, Paris, Éditions de l'escargot, 2013.

Sous-commandants Marcos et Moisés, Eux et nous, Paris, Éditions de l'escargot, 2013.


Bibliographie[modifier | modifier le code]

Yvon Le Bot, Sous-commandant Marcos. Le rêve zapatiste, Paris, Seuil, 1997.

Yvon Le Bot, La grande révolte indienne, Paris, Robert Laffont, 2009.

Jérôme Baschet, La Rébellion zapatiste. Insurrection indienne et résistance planétaire, Paris, Champs-Flammarion, 2005.

La Fragile Armada. La marche des zapatistes, Paris, Métailié, 2001 (textes traduits et présentés par Jacques Blanc, Joani Hocquenghem, Yvon Le Bot et René Solis).

Bruno Baronnet, Mariana Mora Bayo et Richard Stahler-Sholk (coord.), Luchas « muy otras ». Zapatismo y autonomía en las comunidades indígenas de Chiapas, Mexico-San Cristóbal de Las Casas, UAM-CIESAS-UNACH, 2011.

Ignacio Ramonet, Marcos. La dignité rebelle (Conversation avec le sous-commandant Marcos), Paris, Galilée, 2001.

Chroniques intergalactiques. Première Rencontre Intercontinentale pour l'Humanité et contre le Néolibéralisme, Paris, Aviva Presse, 1997.

Gloria Muñoz Ramírez, EZLN : 20 et 10, le feu et la parole, Paris, Nautilus, 2004.

Joani Hocquenghem, Le Rendez-vous de Vícam. Rencontre de peuples indiens d’Amérique, Paris, Rue des Cascades, 2008.

John Holloway, Fernando Matamoros et Sergio Tischler, Néozapatisme: échos et traces des révoltes indigènes, Paris, Syllepses, 2012.

Yvon Le Bot, « Le zapatisme, première insurrection contre la mondialisation libérale », dans Michel Wieviorka (dir.), Un autre monde… Contestations, dérives et surprises dans l’antimondialisation, Paris, Balland, 2003, p. 129-140.

Carlos Montemayor, La rébellion indigène du Mexique : violence, autonomie et humanisme, Paris, Syllepse, 2001.

Fernando Matamoros Ponce, Mémoire et Utopie au Mexique. Mythes, traditions et imaginaire indigène dans la genèse du néozapatisme, Paris, Syllepse, 1998.

Raúl Ornelas Bernal, L’Autonomie, axe de la résistance zapatiste suivi de L’Autre Campagne : hypothèse plébéienne, Paris, Rue des Cascades, 2007.

Guiomar Rovira, Zapata est vivant, Paris, Reflex, 1996.

Jérôme Baschet, « Les zapatistes : ‘ventriloquie indienne’ ou interactions créatives? » et Pedro Pitarch, « Ventriloquie confuse », Problèmes d’Amérique latine, 61-62, 2006.

Vittorio Sergi, Il vento dal basso nel Messico della rivoluzione in corso, Catania, 2009.

Jan De Vos, Una tierra para sembrar sueños. Historia reciente de la Selva Lacandona, 1950-2000, Mexico, FCE-CIESAS, 2002.

Antonio García de León, Fronteras interiores. Chiapas : una modernidad particular, Mexico, Océano, 2002.

Neil Harvey, La rebelión de Chiapas. La lucha por la tierra y la democracia, Mexico, Era, 2000.

Cerda García, Alejandro, Imaginando zapatismo. Multiculturalidad y autonomía indígena en Chiapas desde un municipio autónomo, Mexico, UAM-Porrua, 2011.

Esteva, Gustavo, « The Meaning and Scope of the Struggle for Autonomy », Latin American Perspectives, 28, 2001, p. 120-148.

Mariana Mora Bayo, « Zapatista Anticapitalist Politics and the Other Campaign: Learning from the Struggle for Indigenous Rights and Autonomy », Latin American Perspectives, 153, 2007, p. 64-77.

Olesen, T., International zapatism, Londres, Zed Books 2005.

Leyva Solano, Xochitl, « Nuevos procesos sociales y políticos en América Latina », dans Raphael Hoetmer (coord.), Repensar la Política desde América Latina: Política, Cultura, Democracia Radical y Movimientos Sociales, Lima, 2008.

Harvey, Neil, « La difícil construcción de la ciudadanía pluriétnica: el zapatismo en el contexto latinoamericano », Liminar. Estudios Sociales y Humanísticos, 5-1, 2007, p. 9-23.

Stahler-Sholk, Richard, “Resisting Neoliberal Homogenization: The Zapatista Autonomy Movement”, Latin American Perspectives, 34, 2007, p. 48-63.

Kumar, Corinne (coord.), Asking we walk. The South as new political imaginary, Bangalore (Inde), 2007, 4 volumes


Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Le zapatisme n'est pas une nouvelle idéologie politique, ni un réchauffé de vieilles idéologies... le zapatisme n'appartient à personne, et pour cela, il est à tout le monde », Sous-commandant Marcos, Invitation à la Rencontre intercontinentale pour l'humanité et contre le néolibéralisme, mai 1996 (version espagnole EZLN. Documentos y comunicados, México, Era, vol. 3, p. 258).
  2. Un bilan informatif a été réalisé, à l'occasion du vingtième anniversaire du soulèvement zapatiste par la célèbre journaliste mexicaine Carmen Aristegui : http://aristeguinoticias.com/ezln-20-anos-de-alzamiento-en-chiapas/. En français, voir le dossier « Les 20 ans de la rébellion zapatiste », du mensuel Demain le monde, n° 23, janvier-février 2014, http://www.cncd.be/dlm-Demain-le-monde-no23.
  3. Gustavo Esteva, dans le numéro spécial de l'hebdomadaire mexicain Proceso, édition spéciale n°43 (20 años después. El alzamiento zapatista), décembre 2013, p. 38. On trouve dans ce numéro de nombreuses analyses, notamment de chercheurs spécialistes du Chiapas et de l'Amérique latine, comme Yvon Le Bot ou Neil Harvey. Le point de vue du sociologue Pablo Gonzalez Casanova est exprimé dans le quotidien La Jornada du 27 novembre 2013. Celui de Raul Zibechi sur l'influence du zapatisme en Amérique latine dans « El Ya Basta! en América latina », La Jornada, 27 décembre 2013, http://www.jornada.unam.mx/2013/12/27/opinion/018a1pol.
  4. Les zapatistes dénommes Caracoles (escargot) les cinq centres politico-culturels servant de lieux de réunion et où se trouvent le siège de chaque Conseil de bon gouvernement.
  5. « Ruptura del cerco », EZLN. Documentos y comunicados, Mexico, Era, 1994-2001, vol. 2, p. 179-182.
  6. « Escuelita zapatista », Cideci-Unitierra, août 2013  : explications des « maestros » zapatistes.
  7. Communiqué « L'EZLN cesse le dialogue avec le gouvernement », http://cspcl.ouvaton.org/article.php3?id_article=51
  8. Chiapas, la treizième stelle, consultable en ligne http://cspcl.ouvaton.org/article.php3?id_article=56.
  9. Ibidem.
  10. A cette occasion, 4 fascicules de près de 80 pages chacun ont été publiés: Gobierno autónomo I, Gobierno autónomo II, Resistencia autónoma et Participación de las mujeres en el gobierno autónomo.
  11. Voir Paulina Fernández, « Gobierno autónomo zapatista. Características antisistema político mexicano », communication lors du I Seminario Internacional de reflexión In memoriam Andrés Aubry « … Planeta Tierra : movimientos antisistémicos... », Universidad de la Tierra, San Cristóbal de Las Casas, 30 décembre 2009-2 janvier 2010 et « El Compa Jolil, o las motivaciones de los autoridades autónomos zapatistas », communication lors du II Seminario Internacional de reflexión In memoriam Andrés Aubry « … Planeta Tierra : movimientos antisistémicos... », Universidad de la Tierra, San Cristóbal de Las Casas, 30 décembre 2011-2 janvier 2012.
  12. Ces communiqués sont diffusés sur la page « Enlace zapatista » : [1].
  13. Voir les articles rassemblés dans la partie IV de l'ouvrage collectif : Bruno Baronnet, Mariana Mora Bayo et Richard Stahler-Sholk (coord.), Luchas « muy otras ». Zapatismo y autonomía en las comunidades indígenas de Chiapas, Mexico-San Cristóbal de Las Casas, UAM-CIESAS-UNACH, 2011.
  14. Le mécanisme de prise de décision est exposé dans Gobierno autonomo I.
  15. Pour un bilan de l'autonomie en matière productive, voir Richard Stahler-Sholk, « Autonomía y economía política de resistencia en Las Cañadas de Ocosingo », dans Luchas muy otras, op. cit., p. 409-445.
  16. Sur la justice autonome, voir Paulina Fernández, art. cité, 2009-2010.
  17. Gobierno autonomo II, op. cit., p. 6-7 et 38-39.
  18. Bruno Baronnet, Autonomía y educación indígena. Las escuelas zapatistas de la Selva Lacandona en Chiapas, México, Quito, Abya-Yala editores, 2012.
  19. Gobierno autonomo I, op. cit., p. 26.
  20. Bruno Baronnet, « Entre el cargo comunitario y el compromiso zapatista. Les promotores de educación autónoma en la zona Selva Tseltal », dans Luchas muy otras, op. cit., p. 195-235.
  21. Cité par Mariana Mora Bayo, Decolonizing Politics: Zapatista Indigenous Autonomy in an Era of Neoliberal Governance and Low Intensity Warfare, Ph.D. University of Texas, Austin, 2008.
  22. Sous-commandant Marcos: « nous voulons en finir avec l'idée que gouverner est une affaire de spécialistes » (Corte de Caja. Entrevista al subcomandante Marcos, Mexico, Bunker, 2008, p. 42).
  23. Cité dans Mariana Mora, Decolonizing Politics, op. cit.
  24. Explications des maestros zapatistes, durant l'Escuelita (Cideci-Universidad de la Tierrra, août 2013).
  25. [2].
  26. [3].
  27. [4]
  28. Un témoignage en français sur l'Escuelita: [5]. Et celui de Raul Zibechi: [6].
  29. Maestros de l'Escuelita zapatista (Cideci-Universidad de la Tierra, août 2013). Voir aussi, Jean Robert, En el espejo de la Escuelita zapatista. Por un sentido comun controversial, San Cristobal de Las Casas, Cideci-Unitierra, 2013.
  30. La notion de « colonialisme interne » a été forgée par le sociologue Pablo Gonzalez Casanova, dans Sociologia de la explotación, México, Grijalbo, 1969.
  31. Communiqué du 1er février 1994, EZLN. Documentos y comunicados, op. cit., vol. 1, p. 119.
  32. Intervention du sous-commandant Marcos à Puebla, 27 février 2001, ibid., vol. 5, p. 143 et Intervention sur la place centrale de Mexico, 11 mars 2001, ibid., p. 224-225. Voir également La Fragile Armada. La marche des zapatistes, Paris, Métailié, 2001.
  33. Sur ce trait, partagé par de nombreux mouvements indiens du continent, voir Yvon Le Bot, La grande révolte indienne, Paris, Robert Laffont, 2009.
  34. Pour une mise en débat des approches contrastées du zapatisme, voir Jérôme Baschet, « Les zapatistes : ‘ventriloquie indienne’ ou interactions créatives? » et Pedro Pitarch, « Ventriloquie confuse », dans Problèmes d’Amérique latine, 61-62, 2006.
  35. Notamment dans la Sixième Déclaration de la Selva lacandona
  36. Chroniques intergalactiques. Première Rencontre Intercontinentale pour l'Humanité et contre le Néolibéralisme, Paris, Aviva Presse, 1997.
  37. Première Déclaration de La Realidad pour l'humanité et contre le néolibéralisme, EZLN. Documentos y comunicados, op. cit., vol. 3, p. 126. En français: [7].
  38. Sur ce point, voir Guiomar Rovira, Zapatistas sin fronteras. Las redes de solidaridad con Chiapas y el altermundialismo, Mexico, Era, 2009.
  39. Pour la France, voir notamment le site du Comité de Solidarité avec les Peuples du Chiapas en Lutte, [8].
  40. Sur les réseaux internationaux du zapatisme, voir le livre de Guiomar Rovira, Zapatistas sin fronteras, op. cit., ainsi que T. Olesen, International zapatism, Londres, Zed Books 2005; Xochitl Leyva Solano, « Nuevos procesos sociales y políticos en América Latina », dans Raphael Hoetmer (coord.), Repensar la Política desde América Latina: Política, Cultura, Democracia Radical y Movimientos Sociales, Lima, 2008 et « Entrevista de Ana Esther Ceceña con Adelina Bottero, Luciano Salza, Friederike Habermann, Marc Tomsin, Massimo de Angelis y Ulrich Brand », Chiapas (UNAM), 4, 1997 (Traduction partielle disponible sur le site de « La voie du jaguar » : [9].
  41. Corinne Kumar (coord.), Asking we walk. The South as new political imaginary, Bangalore (Inde), 2007, 4 volumes; voir en particulier dans le volume 2, Claudia von Werlhof, « Questions to Ramona », p. 249-268 et Gustavo Esteva, « Celebration of Zapatismo », p. 387-413.
  42. Sous-commandants Marcos et Moisés, Eux et nous, Paris, Editions de l'escargot, 2013.
  43. Cité dans Jérôme Baschet, La rébellion zapatiste. Insurrection indienne et résistance planétaire, Paris, Champs-Flammarion, 2005, p. 230-231.
  44. Sous-commandant Marcos, « La quatrième guerre mondiale a commencé », Le Monde diplomatique, août 1997.