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Marie-Étienne PELTIER, né le 6 janvier 1762 à Gonnord. Décédé le 27 novembre 1807 à Foulpointe (Madagascar). Capitaine au long cours, il a participé au dernier voyage des Acadiens vers la Nouvelle-Orléans. Devenu corsaire, il a été involontairement une des causes de la Quasi-War entre la France et les États-Unis en Guyane. Après 29 prises, il a fini sa vie dans l'Océan Indien comme traitant.

Biographie :

Origines et jeunesse : Fils de Jean Peltier Dudoyer, armateur nantais, partenaire de Beaumarchais en affaires, M-É. Peltier fait ses études chez les Oratoriens.

1778. Il a 16 ans quand le 29 mai son père l'envoie comme passager à Saint-Domingue. La France ayant reconnu l'Indépendance des États-Unis, à son retour sur le Judicieux, le 3 octobre 1778, ils sont capturés par les Anglais au large de Belle-Ile.

Marin de Commerce : 1779. Libéré rapidement, il rejoint à Rochefort Jean-Joseph Carrier de Montieu pour préparer le départ de nouveaux navires pour La Martinique puis New York, sous la protection de l'escadre d'Estaing. Le 23 mai 1779, il s'embarque comme pilotin sur un de ces navires : la Thérèse. 1780. M-É. Peltier embarque à Bordeaux, comme enseigne, sur le Comte de Crenay, pour Saint-Domingue. 1781. Il embarque sur la Jeune Héloïse, armé par son père pour transporter la Légion du Luxembourg, à la demande de la VOC, afin de soutenir les Hollandais au Cap de Bonne-Espérance. L'Appolon sous les ordres de Nicolas Baudin fait partie du voyage. Mais à Brest, le Comte d'Hector ayant décidé de confier le commandement de l'Appolon à un officier d'expérience, les deux hommes abandonnent le voyage. 1782. Marie-Étienne est second capitaine, mais c'est comme premier lieutenant qu'il embarque à Bordeaux sur la flûte du Roi la Ménagère, prêtée à Beaumarchais en compensation des dégâts du Fier Roderigue. La flute est commandée par Jérôme de Foligné qui a la responsabilité de deux autres navires l'Alexandre et l'Aimable Eugénie, commandé par Nicolas Baudin. À la sortie de la Gironde, ils sont attaqués par le Mediator. Après 4 heures de combat la Ménagère et l'Alexandre sont capturés par les Anglais. Acheminés vers Plymouth, les équipages sont emprisonnés à Tavistock. 1783. Foligné et Marie-Étienne sont libérés en février, avant la signature du traité de paix reconnaissant l'indépendance américaine. Le 14 décembre, Marie-Étienne embarque, comme second capitaine, pour Saint-Domingue sur le Saint-Remy. Voyage de 7 mois sans histoire.

Séjour en Louisiane 1785. Il est second capitaine sur le Bon Papa, armé par son père. Sept navires, allant à Saint-Marc (Saint-Domingue) en passant par la Louisiane vont y emmener des Acadiens à la demande du roi Charles III d'Espagne. Commandé par Gabriel Benoist, le Bon Papa est le premier bateau à quitter Paimboeuf, le 10 mai 1785, il arrive à la Nouvelle-Orléans le 29 juillet. Les navires, dont le Saint-Remy armé également par Jean Peltier Dudoyer ont transporté environ 1 600 passagers. Marie-Étienne a les pouvoirs de son père pour vendre le Bon Papa et ramener les piastres afin de financer la banque que celui-ci vient de créer à Paris pour son fils aîné, Jean-Gabriel.

La vente s'effectue le 19 août en l'étude de Me Perdomo. Dix jours plus tard, au lieu de rentrer en France sur le Saint Remy, il achète à Joseph Xavier Delfau de Pontalba une maison, puis des esclaves. Fin septembre, tout est revendu et Marie-Étienne disparait pour neuf ans.

Corsaire -Charleston (USA). C'est en 1794 que l'on trouve le nom de M-É. Peltier, capitaine de l'Égalité, un navire corsaire, basé à Charleston, avec une lettre de marque du général Lavaux en fonction à Saint-Domingue. Il capture l'Everton, mais cette prise est contestée, heureusement il a un contrat avec l'armateur Abraham Sasportas.

Charleston était resté favorable aux Français et de nombreux corsaires y résidaient. Mais en 1795 les excès révolutionnaires de Mangourit et la volonté des Américains de rester neutres dans le conflit Franco-Anglais rendent la vente des prises impossibles, alors Marie-Étienne décide de rejoindre Saint-Domingue.

-Saint-Domingue, une nouvelle fois prisonnier. Le 9 mars 1796 il est capturé par les Anglais aux Antilles, il est alors second capitaine sur corsaire le Lacédémonien, armé aux Cayes Saint-Louis. Il est détenu pendant environ 3 mois et réside à Londres, chose exceptionnelle, sans doute due à son frère Jean-Gabriel, employé alors au Foreign office. Marie-Étienne quitte l'Angleterre par Douvres le 18 août 1796.

-Calais. Louis Michaud, qui deviendra plus tard maire de Calais, chez qui il réside à son retour en France, propose à M-É. Peltier le commandement d'un corsaire l'Aventure. Navire appartenant à Alexis Dauchy. Dix-huit jours après leur départ ils sont capturés au large de Cherbourg le 19 décembre 1796 par les Anglais et conduits à Porchester. Libéré 7 mois plus tard, il rejoint Nantes.

-Nantes. Un navire corsaire attend à quai sans capitaine : le Barbier de Séville. Marie-Étienne embarque et part, en novembre 1797, pour une croisière de deux mois en Atlantique Sud : Guyane, Surinam et Venezuela. Retour par Santander pour la vente d'une prise et désarmement à Bayonne le 13 mai 1798 après plus de 5 mois de mer. Quatre prises ont été faites ce qui lui vaut l'inimitié des Anglais qui "espèrent annoncer sous peu de jour sa prise, la vigilance de leur marine étant très active...".

-Bayonne. Parti à Paris retrouver Nicolas Baudin, il reçoit une lettre de l'amiral Bruix le félicitant de ses prises et l'autorisant à commander le corsaire la Virginie. Il commandera finalement le Hussard, armé par Jean-Pierre Basterrèche. Parti de Bayonne le 2 décembre 1798, il croise un bateau américain la Carolina muni d'une commission en guerre. M-É. Peltier est surpris d'être attaqué, car il ignore les relations tendues avec les USA. Au bout de trois-quarts d'heure, l'américain se rend. La prise est vendue au Canaries et l'équipage débarqué sur place. Arrivé à Cayenne, M-É. Peltier se plaint auprès du gouverneur Burnel, l'incident de la Carolina s'ajoutant à la prise du navire français l'Insurgent par les Américains, Burnel décide le 9 floréal de l'an VII (28 avril 1799) un Arrêté ordonnant à tous les bâtiments français d'arraisonner les navires américains et de les conduire à Cayenne comme prise de guerre, c'est la Quasi-War.

M-É. Peltier fera encore 4 prises : le Phéton, bateau portugais qu'il revend à Cayenne et trois autres, dont une américaine, qu'il emmène à Paramaribo, où il espère mieux les vendre. Il y arrive le 1er juin 1799. Le 18 juillet la frégate américaine Portmouth, capitaine D. McNeill, se trouve à l'entrée du port, ancien corsaire lui-même il est bien décidé à venger la Carolina. Mais le 12 août c'est une flotte anglaise, commandée par le commodore lord Seymour qui encercle le port et demande la reddition du gouverneur. Le 27 les anglais prennent possession du Hussard. M-É. Peltier réussit à s'échapper et débarque à Lorient le 8 janvier 1800.

Il a 38 ans quand il se décide à se marier à Paris, avec une créole de Saint-Domingue, Anne Françoise Marie Rivière de La Souchère.

M-É. Peltier profite de la Paix d'Amiens pour s'embarquer au Havre pour aider son beau-père à récupérer ses biens à Saint-Domingue. La perte des documents et le décès de celui-ci mettent fin à son séjour. Il rejoint les États-Unis fin octobre 1802. Revenu avec l'Experiment. M-É. Peltier obtient de Rochambeau fils une lettre de marque le 19 aout 1803. Finalement, il rentre en France à la fin de l'année 1804. En décembre 1804, M-É. Peltier obtient un passeport pour rejoindre Saint-Malo et s'embarquer sur le Napoléon, armé par Robert Surcouf et Louis Blaize. Il veut rejoindre l'Océan Indien, mais au cours du voyage, ayant refusé d'obéir aux ordres du capitaine Malo Jean Le Nouvel, il est cassé à la tête de l'équipage le 1er avril 1805. Débarqué au Cap, Marie-Étienne veut obtenir sa réhabilitation du sous-commissaire de France. N'ayant pu y parvenir, il rejoint rapidement l'Isle de France où il débarque le 23 juin 1805. Il fait une démarche sans résultat auprès de préfet Léger, dorénavant il ne sera plus que "passager". C'est ainsi qu'on le retrouve faisant du commerce entre l'Isle d France, l'Ile Bourbon et Madagascar. En 1806, il décide de se rendre à Tranquebar (Indes danoises) rejoindre son cousin Augustin Baudin. Mais les Anglais supportent mal ce port neutre. Avant qu'ils ne l'envahissent, M-É. Peltier rejoint l'Isle de France où il débarque le 15 novembre 1806. C'est vers Madagascar qu'il se dirige à nouveau. Après Fort-Dauphin, il s'installe comme traitant à Foulpointe. Activité commerciale de vente de riz, de bœufs et d'esclaves pour les Mascareignes. Le capitaine-général Decaen, cherchant à réorganiser la présence et l'activité des traitants, envoie le 7 juillet 1807 Sylvain Roux. Les deux hommes vont s'opposer.

Le 27 novembre 1807, Marie-Étienne Peltier meurt à Foulpointe, empoisonné par des Malgaches. Il est ruiné et volé.


Bibliographies : • Tugdual de Langlais, L'armateur préféré de Beaumarchais … Jean Peltier Dudoyer, de Nantes à l'Isle de France, Coiffard Éditions, Nantes, 2015, 340 p. • Tugdual de Langlais, Marie-Étienne Peltier Capitaine corsaire de la République : 1762-1810, Coiffard Éditions, Nantes, 2017, 240 p. • Hélène Maspero-Clerc, Un journaliste contre-révolutionnaire Jean-Gabriel Peltier (1760-1825), Sté d'Études Robespierriste, Paris, 1973, 340 p. • Alain Demerliac, La Marine de Louis XVI : Nomenclatures des navires français de 1774 à 1792, Ancre, Nice, 1996. • Alain Demerliac, La Marine de la Révolution : Nomenclature des navires français 1792-1799, Ancre, Nice, 1999, p. 287 et . • Brian N. Morton, Beaumarchais correspondance, tome III (1977), Nizet, Paris, 1977. • Donald C. Spinelli, Beaumarchais correspondance, tome IV (1979), Nizet, Paris, 1978. • Vicomte Joseph Alexis Walsh, Souvenirs de 50 ans, J. Vermot, Paris, 1862. • Melvin H. Jackson, Privateers in Charleston 1793-1796. Smithsonian Institution Press, City of Washington, 1969. • Ulane Bonnel, Histoire de la station navale de Santo-Domingo de 1803 à 1809, "Revue d'histoire économique et sociale", Paris, 1962, N°1, pp. 48-49. • Edgar Wendling et Joëlle Le Borgne de Lavillandré, Malo Jean Le Nouvel, un des derniers corsaires malouins (1777 - 1815), Metz, 1974. • Alain Desprairies, Quand les Desprairies étaient marins (1670-1865), 2 tomes, Paris, 2009. • Laffon-Ladebat, Journal de ma déportation à la Guyane française, Sté d'Édition littéraire et artistique, Paris, 1912. • Hervé Pichevin et David Ploouviez, Les corsaires nantais pendant la Révolution française, PUR, Rennes, 2016. • Ange PITOU, Les déportés de Fructidor, journal d'Ange Pitou, Louis Michaud, Paris, 1909. • R. O. Béchet, biographie de Malo Jean Le Nouvel, "Dictionary of Mauritian Biography", N° 25, Curepipe, mai 1952. • Naval documents related to the Quasi-War between the United-States and France, Naval operations from august 1799 to december 1799, published under direction of the Honorable Claude A. Swanson, Secretary of the Navy, 1934-1936. P 67.

Travaux universitaires : • Le consulat français de Charleston (1793-1835), Mémoire de Gérald Sim, Université de Nantes, directeur de recherche Jean-Pierre Bois. 1998-1999. • Les corsaires basques sous la Révolution et l'Empire, Mémoire de maîtrise de Sylvie San Quirce, Paris IV Sorbonne, sous la direction de Jean Tulard. Paris,1982. • Traite des esclaves et commerce néerlandais et français à Madagascar (XVIIe -XVIIIe siècles), Rafaël Thiebaut, Thèse sous la direction de Bertrand Hirsch et d'Ulbe Bosma, Sorbonne Paris 1 et Vrije Universiteit Amsterdam, 2017.