Utilisateur:Roi Ingambe
« Pas de bras, pas de chocolat : pas de jambe, point de iambe. » Ainsi s'exprimait joliment François René de Chateaubriand, qui était très intelligent, sinon il n'aurait pas été dans le Larousse. Et comme le montre cette réflexion de Mgr de Quélen, les évêques sont encore plus malins :
« Non seulement Jésus-Christ était fils de Dieu, mais encore il était d'excellente famille du côté de sa mère. »
— Mgr de Quélen (1778 - 1839), cité in Guy Bechtel et Jean-Claude Carrière, Dictionnaire de la bêtise et des erreurs de jugement, Robert Laffont, 1983.
Ce qui prouve à l'évidence que "c'est en lisant qu'on devient liseron", comme disait Raymond Queneau.
Programme
[modifier | modifier le code]Nous sommes jeunes et fringants, mais réactionnaires. Nous aimons le beau en lisant Kant d’une main et préférons les concertos de Brahms aux chansons flop rock. Nous voulons danser, mais pas la tarentelle :
« En vérité, Zarathoustra n'est pas un tourbillon et une trombe ; et s'il est un danseur, ce n'est pas un danseur de tarentelle ! »
— Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, II, Des tarentules, in Oeuvres, t. 2, Robert Laffont, p. 359-361.
Nous louons les pluriels des noms communs, l’imparfait du subjonctif et la grammaire. Nous voulons faire une hygiène des choses grandes et merveilleuses, sans oublier les petites et douces-amères. D’abord, nous retroussons nos manches, nous munissons de nos masques contre les vapeurs d’ammoniaques. Car il s’agit de décaper. Nous parlerons de livres couverts de poussière au fond des bibliothèques (nous en chasserons les rats s’il le faut). Nous parlerons de croûtes vieillissant dans les salles de pas perdus. Nous parlerons de musiques archaïques et sans âge. Nous parlerons de films qui n’avaient pas encore la couleur. Attention : nous sommes encore moins modernes que post-modernes. Nous cherchons la gloire, mais seulement dans le lustre du vieux. Nous aimons Dostoïevski, Balzac, Péguy, Alexandre Vialatte, Etiemble. Mais nous n’oublierons pas Bernard-Marie Koltès, Jean-Luc Lagarce et Cormac McCarthy. Nous traquerons les momies et les nécrophages, ceux qui font Molière sous eux et ceux qui embuent Garcia Lorca. Nous voulons lire Flaubert comme si c’était la première fois : nous voulons faire de l’ancien une actualité.
Que faire ? Lire, voir, penser. A vos librairies d’occasion. Prêt. Cultivez. Nous voulons pétrir dans nos mains le papier vermoulu, sentir le parfum de vieux bois rance, faire sortir T. S. Eliot de sa tombe. Les morts doivent être ranimés, trompés. Nous allons prendre les os décharnés de Baudelaire et faire un tintamarre du tonnerre sur un tambour en peau de Verlaine. Parler de Michel Foucault et de Ludwig Wittgenstein, oui. Mais avec la sarabande des autres drilles : Spinoza, Kierkegaard, Marsile Ficin.
Notre vocation : le sabordage. Nous réclamons le silence dans l’hystérie bramante de ce siècle abrutissant. Mais par-dessus tout, nous voulons vous dire que nous avons aimé Walt Whitman et Orson Welles dans l’espoir que vous ouvrirez avec nous la panoplie de Prospero pour déchaîner la tempête.