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Utilisateur:Prométhée26/Brouillon ryoga

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Ukraine, les masques de la révolution[modifier | modifier le code]

Contenu du documentaire[modifier | modifier le code]

Le film de Paul Moreira porte sur la crise ukrainienne, plus particulièrement l'Euromaïdan et le rôle de l'extrême droite. Moreira suggère que les milices d'extrême droite comme celles de Pravy Sektor, Svoboda, Azov, auraient joué un rôle clé dans la révolution. De plus, selon lui, les États-Unis auraient fermé les yeux sur ce rôle, donnant la priorité à leurs propres intérêts géopolitiques, l'Ukraine étant présentée comme l'échiquier d'une nouvelle guerre froide. Enfin, il prétend que la guerre aurait pour seule origine un conflit entre Ukrainiens d'origine non russe et Ukrainiens d'origine russe, déclenché par la décision du gouvernement ukrainien de déchoir le russe de son statut de langue officielle, puis entretenu par le président russe Poutine, encourageant les Ukrainiens pro-russes à s'armer et à combattre.

Cette présentation de la crise diffère fortement de beaucoup d'enquêtes de journalistes spécialistes du monde russe, selon lesquels la révolution de Maïdan, soulèvement populaire face à un dictateur corrompu et soutenu par la Russie, est un pas vers l'Union Européenne et les valeurs qu'elle représente[1],[2], et le conflit actuel est en grande partie le résultat d'une volonté impérialiste de Vladimir Poutine, décidé à conquérir tout ou partie de l'Ukraine[3]. L'extrême droite ukrainienne est étudiée par des universitaires qui généralement ne lui attribuent pas le rôle déterminant décrit par Moreira[4],[5].


Polémique[modifier | modifier le code]

L'ambassade ukrainienne a demandé l'annulation de la diffusion du film prévue par Canal+[6], mais n'a pas obtenu satisfaction[7].

Alors que quelques journaux annoncent la diffusion d'un documentaire qu'ils jugent sérieux et intéressant[8], quelques médias le critiquent voire le dénoncent : ils soutiennent que Moreira, contrairement à ce qu'il affirme, n'apporte pas d'éléments ignorés par les médias occidentaux, mais une vision des faits assez conforme à celle présentée par les russes. Sur le blog « Comité Ukraine », hébergé par le journal Libération, Renaud Rebardy, journaliste spécialisé sur l'Europe de l'Est, pense par exemple que taire l'ancienne appartenance à la diaspora ukrainienne de Natalia Jaresko, ex-diplomate américaine aujourd'hui ministre ukrainienne, revient à la présenter comme un agent d'influence des États-Unis[9]. Sur son blog hébergé par Mediapart, Anna Colin Lebedev, chercheuse spécialisée notamment sur l'Ukraine, relève dans le film des erreurs et surtout des imprécisions graves qui faussent la perception du spectateur[4]. Benoît Vitkine, dans un article du Monde, accuse Moreira de parti pris idéologique et suggère que son film décrit « l’installation d’un nouveau fascisme en Ukraine » consenti par Washington[10].

Paul Moreira répond aux critiques dans un billet de blog[11]. Il reprend des points précis, comme le parcours de Natalia Jaresko qui a présidé le WNISEF, chargé d'investir les fonds du gouvernement américain (USAID) dans l'économie ukrainienne. Il estime que son propos est parfois déformé par des insinuations injustes. Il accorde dans le même temps une entrevue à L'Humanité, dans laquelle il réaffirme que ce qu'il percevait dans les médias français, enthousiastes sur le sujet de la révolution, étaient des « histoires racontées en noir et blanc » qui omettaient des faits tragiques et des signes inquiétants, et c'est ce qui l'avait décidé à aller sur place interviewer des témoins, alors qu'il n'avait « jamais mis les pieds en Ukraine »[12].

La polémique se poursuit après la diffusion du documentaire et Moreira continue à répondre à des critiques qu'il trouve parfois insultantes. Une tribune libre dans le journal Le Monde, rédigée par un collectif qui croit en la sincérité de l'engagement antifasciste du réalisateur, l'accuse pourtant de « participer à une entreprise de désinformation » aux « procédés qui ressemblent à ceux des négationnistes »[13]. L'Obs publie de son côté une lettre signée par dix-huit reporters qui ont couvert sur le terrain les événements en Ukraine[14],[15]. Ceux-ci se plaignent notamment du montage, qui mélangerait des événements de différentes périodes, d'une « absence de mise en perspective d'une question complexe » et de mentions trop hâtives de faits très importants (annexion de la Crimée par les Russes, guerre du Donbass).

Paul Moreira est soutenu par quelques journalistes, dont le rédacteur en chef de Causeur, Marc Cohen[6], ou bien Audrey Loussouarn, journaliste à L'Humanité, qui estime que Moreira n'a pas été influencé par le point de vue des russes, et dénonce une campagne de dénigrement contre lui[16].

Le site Conspiracy Watch, qui remarque par ailleurs que le documentaire a été salué par la chaîne Russia Today proche du Kremlin, estime que Paul Moreira se serait laissé intoxiquer par des désinformateurs malgré son engagement connu contre les théories du complot[17].

  1. Galia Ackerman, « La contre-révolution en marche à Kiev », 19 février 2014] : « une foule de manifestants se dirigeait dans la matinée du 18 février vers la Rada pour exiger que soient adoptés des changements constitutionnels réclamés depuis des mois par l’opposition, et la police a commencé par des actions contre cette foule. En réalité, il existe plusieurs indices concordants qu’il s’agit d’une opération soigneusement préparée par les forces spéciales ukrainiennes avec le concours de leurs confrères russes »
  2. Michel Eltchaninoff, « Sur les barricades de Kiev », Philosophie Magazine,‎ (lire en ligne) :

    « En trahissant sa promesse de rapprochement avec l’Union européenne, le président ukrainien Viktor Ianoukovitch, dès le 21 novembre 2013, a provoqué un immense mouvement populaire. Quelques jours après de brutales répressions, Michel Eltchaninoff a été témoin de la puissance d’un soulèvement inattendu. »

  3. Galia Ackerman, « Voici la feuille de route de Poutine pour l'Ukraine » : « Si la Russie n'a pu empêcher une révolution populaire, l'éviction d'un président pro-russe corrompu et pilleur et l'émergence d'un nouveau pouvoir pro-européen à Kiev, il ne lui reste qu'à dépecer l'Ukraine et s'en rattacher une partie au moins. »
  4. a et b Anna Colin Lebedev et Ioulia Shukan, « « D’où me venait cette légère impression de m’être fait avoir ? » », Le Club de Mediapart,‎ (lire en ligne)
  5. (en) Anton Shekhovtsov, « Will Ukraine Have a Junta? », sur The Intersection Project, (consulté le )
  6. a et b Marc Cohen, « L'ambassade d'Ukraine veut faire interdire un docu sur Canal+ », Causeur,‎ (lire en ligne)
  7. « Nous avons été déçus d'apprendre que le... - Ambassade d'Ukraine en France / Посольство України у Франції | Facebook », sur www.facebook.com (consulté le )
  8. Par exemple : Aude Loyer-Hascoët, « Ukraine, la révolution trahie », Pèlerin, no 6948,‎ (lire en ligne)
  9. « Canal+ met en images le discours du Kremlin », Libération,‎ (lire en ligne)
  10. Benoît Vitkine, « Paul Moreira donne une vision déformée du conflit ukrainien », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  11. « « Ukraine : les masques de la révolution » : réponse aux critiques », Le Club de Mediapart,‎ (lire en ligne)
  12. Audrey Loussouarn, « Derrière les masques de la révolution ukrainienne », L'Humanité,‎ (lire en ligne)
  13. Tribune collective, « Sur Canal+, un documentaire diffuse la propagande du Kremlin contre l’Ukraine », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  14. Collectif, « Lettre ouverte à Paul Moreira après "Ukraine, les masques de la révolution" », L'Obs,‎ (lire en ligne).
  15. Tifaine Cicéron, « Ukraine : 18 journalistes "choqués" par le documentaire de Canal+ », Arrêt sur images,‎ (lire en ligne)
  16. Audrey Loussouarn, « Révolution ukrainienne : les œillères toujours là », L'Humanité,‎ (lire en ligne)
  17. Aliocha Popovitch, « Journalisme d'investigation et théorie du complot : attention aux sources ! », sur Conspiracy Watch, (consulté le )