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Utilisateur:Pegmata/Brouillon

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Pierre Coustau (ca 1510-ca 1567, Petrus Costalius/ Petrus Costus) est un juriste humaniste français. Il est surtout connu pour son recueil d’emblèmes, intitulé Pegma cum narrationibus philosophicis, paru à Lyon, chez Macé Bonhomme, en 1555. Pierre Coustau est issu d’une grande famille de robins parisiens. Avocat au Parlement de Paris, il est le fils homonyme de Pierre Coustau, commissaire au Châtelet, époux de Jeanne Courtin. Ceux-ci demeurent rue de la Grande Truanderie à Paris, dans le quartier du Châtelet. Pierre Coustau (fils) a trois frères: Jean, lui même avocat au Parlement, destinataire de l’épître liminaire de son recueil d’Adversaria sur les vingt-cinq premiers livres des Pandectes, mais aussi de la lettre postface du Targum Qohéleth, et d’un des emblèmes nus qui figurent à la fin de l’édition du Pegma; Antoine, receveur des Aides et Tailles dans la ville de Nemours, époux de Catherine Migault et Nicolas, élu à l’élection de Paris. Il a, en outre, trois sœurs: Marie, épouse de l’avocat au Parlement Pierre Tanneguy; Madeleine Guillou, épouse de Guillaume Lenormant, procureur au Châtelet; et enfin Claude, qui épouse également un procureur au Châtelet, Nicolas Guynet.

Ces sources prouvent son appartenance à ce milieu influent. La brillante carrière de Pierre Coustau l’amène également à fréquenter d’autres territoires. Sous l’égide d’Emilio Ferretti, il étudie le droit civil en Avignon, avec, pour compagnons d’études pendant trois ans, Philibert Bugnyon et Pierre Antésignan (Pierre Spectable Davantes). Coustau rencontre sans doute l’imprimeur lyonnais Macé Bonhomme à Vienne, lorsqu’en 1541-1542, celui-ci avait y temporairement installé ses presses. C’est lors du transfert de son matériel que Macé Bonhomme se rend en Avignon, au début de l’année 1542, à la recherche de nouveaux débouchés. Il confie à son frère Barthélemy Bonhomme la direction de sa succursale. Les frères Bonhomme surent entretenir de fructueuses relations avec l’Université d’Avignon, Lyon n’ayant pas alors d’Université.

Coustau a sans doute rencontré celui qu’il considère comme son maître, Emilio Ferretti, à Paris ou à Lyon, où Ferretti publie ses Annotations aux Annales de Tacite. La mort de Ferretti rassemble un concert d’éloges funèbres, parmi lesquels on trouve les personnalités suivantes, qu’unit une solidalitas transalpine. Philibert Bugnyon, juriste et poète mâconnais, Antonio Vacca, élève d’Alciat, qui est ensuite ordonné prêtre est envoyé comme légat pontifical dans la province du Comtat Venaissin avant de devenir auditeur à la Rote. Le juriste portugais Antoine Gouvéa, Marc-Antoine de Vigerone, Vertramius Maurus font également partie de son entourage immédiat. Son amitié lettrée avec Pierre Spectable Davantes (dit Antésignan) est le vecteur d’une entreprise avortée : il conclut avec l’hébraïsant de Rabastens un pacte éphémère, celui de donner des paraphrases latines de l’ensemble des Targumin. En 1554, Coustau rompt avec Davantes passé à la Réforme et ne poursuit pas l’œuvre projetée. Juriste et auteur d’emblèmes, Pierre Coustau est également l’auteur d’une paraphrase araméenne du Qohéleth éditée avec un ouvrage qui critique la Cabbale et la conception qu’ont les Juifs du Messie, le Typus Messiæ (Macé Bonhomme, 1554). La double latinisation de son nom (Costus et Costalius) est un cas intéressant de partition de deux carrières. Juriste polyglotte (Coustau ajoute à la maîtrise du latin et du grec, celle de l’hébreu et de l’araméen), il cherche à porter l’hebraica veritas dans les milieux évangéliques protégés alors par Marguerite de France, puis par Michel de l’Hospital. Il a probablement appris l’hébreu au Collège Royal et perfectionné sa maitrise de l’araméen au contact de Pierre Davantes. Dans la préface du Targum de Qohéleth, il vante longuement à son frère Jean l’utilité d’apprendre la langue chaldéenne. En 1554, sous le nom de Costus, il dédie ses travaux à Antoine-Honoré d’Oraison, Vicomte de Cadenet, conseiller du roi et président de l’assemblée des États de Provence, introducteur du luthéranisme en France. Sous le nom de Costalius, il publie une œuvre de juriste humaniste, tout à fait typique des ambitions réformistes du mos gallicus.

Maître de la polyvalence, Pierre Coustau choisit de renoncer à sa carrière d’exégète du compendium rabbinique en 1553 ou 1554: plutôt que de risquer l’exil forcé ou le bûcher, il se consacre dès lors à la rénovation du droit et à l’écriture, à ses heures d’otium, d’un recueil d’emblèmes, le Pegma cum narrationibus philosophicis, publié à Lyon, chez Macé Bonhomme, en 1555. Bien que lié par des études communes à Pierre Spectable Davantes, un des meilleurs hébraïsants d’alors selon Jean Calvin, Pierre Coustau reste fidèle à ses convictions évangéliques. Coustau a eu le courage intellectuel, dans les années 1550-1554, d’examiner les “sagesses extérieures” et son exil hors du dogme lui attire les soupçons des catholiques sourcilleux. La dernière œuvre connue de Pierre Coustau (De pace Carmen, Paris, Anet Brière, 1559) est une pièce circonstancielle, qui se rattache à un ensemble plus vaste d’odes et de chants à la paix, venant honorer la paix de Cateau-Cambrésis, dont certaines sont signées par les poètes de la brigade: Du Bellay, Rémy Belleau ou Mellin de Saint Gellais. Coustau rêve alors d’une paix de religion par le droit, qui lie réformation de la justice, conservation de la paix sous la garde du monarque et édification des juges. Coustau rejoint ainsi la politique irénique du chancelier Michel de l’Hospital.

La citation du livre par ses pairs est instructive : Philibert Bugnyon mentionne à plusieurs reprises les emblèmes nus d’Alciat ou les pegmes nus de Coustau. Ces recueils ne sont pas un simple otium réservé à la profession de juriste, ils fournissent un réservoir de topiques légales prêtes à l’emploi et proposent un véritable système de construction de la preuve. La jurisprudence, dite vera philosophia doit viser un art rhétorique exigeant, qui allie concision mnémonique et élégance formelle. Les pièces de Coustau sont tissées de topiques au sens où Cicéron a entendu le terme : ces lieux servent de sièges aux arguments (sedes argumentorum).

L’intention de Coustau dans ses Adversaria sur les vingt-cinq premiers livres du Digeste est d’appliquer aux usages de la France les lois anciennes qu’il explique. Il propose ainsi une méthode comparative, inspirée des « conférences » de Guesnois, Imbert ou Bugnyon. Il faut collationner les principes du droit privé du droit positif et ceux des législations locales pour les « conférer » au droit romain afin de déterminer la place que celui-ci doit occuper.

Pierre Coustau rhabille le droit civil de pensées doctes et d‘éclats de sentences morales. Le style employé dans son Parergôn juris et ses Adversaria est concis et soucieux de rapporter uniquement ce qui mérite de l’être. Partisan de la forme brève, il prend volontiers le contrepied de ces bavards oiseux qu’il épingle dans plusieurs pegmes.

À l’appui d’une lecture serrée du traité Des Lois de Cicéron, Coustau détaille avec une grande rigueur sa propre vision de la rénovation du droit en cours. Entre fidélité à Bartole et retour à Cicéron, il relie ses « pensées » entre elles pour les conférer avec son propre art de mémoire du droit. Sources implicites ou explicites, l’écrasante proportion des emprunts aux discours de Cicéron montrent qu’il entend restaurer l’éloquence des jurisconsultes antiques. Le tour rhapsodique adopté permet de multiples usages (adversaria, parerga, pegmata, problemata) et les objectifs poursuivis par Coustau (plaider doctement, écrire avec concision, orner le droit civil) traversent en réalité la totalité de ses écrits.

Sous le nom de Petrus COSTUS :

  • 1554a Typus Messiæ (…) Lyon, M. Bonhomme ;
  • 1554b Targum Qohéleth, Lyon, M. Bonhomme ;

Sous le nom de Petrus COSTALIUS :

  • 1554c Adversariorum (…) Lyon, M. Bonhomme ;
  • 1554d Parergôn juris scientiæ libellus, Lyon, M. Bonhomme ;
  • 1555e Pegma cum narrationibus philosophicis, Lyon, M. Bonhomme ;
  • 1555f Le Pegme, Lyon, M. Bonhomme ;
  • 1559g De Pace Carmen, Paris, Anet Brière ;
  • 1560h Le Pegme, Lyon, M. Bonhomme/B. Molin.