Utilisateur:PatsGone/Développement socio-affectif

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Le développement socio-affectif représente un domaine spécifique du développement de l'enfant . Il s'agit d'un processus graduel d'intégration par lequel les enfants acquièrent la capacité de comprendre, d'éprouver, d'exprimer, de gérer leurs émotions et de développer des relations constructives avec les autres. [1] Le développement socio-affectif englobe donc un large éventail d'aptitudes et de concepts, dont, entre autres : la conscience de soi, l'attention conjointe, le jeu, la théorie de l'esprit (ou la compréhension du point de vue des autres), l'estime de soi, la régulation des émotions, les amitiés. et le développement de l'identité.

Le développement socio-affectif établit les bases qui permettent aux enfants de s'engager dans d'autres processus de développement. Par exemple, pour mener à bien un devoir scolaire difficile, un enfant peut avoir besoin de gérer son sentiment de frustration et demander l'aide d'un(e) camarade. Pour maintenir une relation amoureuse après une dispute, un(e) adolescent(e) peut avoir besoin d'être capable d'exprimer ses sentiments et d'adopter le point de vue de son partenaire pour résoudre le conflit avec succès. Cependant, ce domaine est également lié à d'autres domaines de développement et en dépend. Par exemple, les retards ou les déficits de langage ont été associés à des troubles socio-affectifs. [2]

De nombreux troubles de la santé mentale, y compris la dépression, les troubles anxieux, le trouble de la "personnalité borderline", les troubles liés à la consommation de substances et les troubles de l'alimentation, peuvent être appréhendés à travers le prisme du développement socio-affectif, et plus particulièrement de la régulation des émotions. [3] Bon nombre des principaux symptômes des troubles du spectre de l'autisme reflètent des anomalies dans le domaine du développement socio-affectif, y compris l'attention conjointe [4] et la théorie de l'esprit. [5]

Petite enfance (de la naissance à 3 ans)[modifier | modifier le code]

L'attachement[modifier | modifier le code]

L'attachement fait référence au lien fort que les individus développent avec des personnes particulières dans leur vie. Bien que nous puissions avoir des relations d'attachement avec d'autres personnes déterminantes à l'âge adulte, telles que des amis ou des partenaires conjugaux, le premier attachement de la plupart des êtres humains, et celui qui a le plus d'influence, est avec les personnes qui s'occupent d'eux en tant que nourrissons. Ce peut être des parents, des soignants, toute personne appelée ici : "personnes d'attachement". John Bowlby et Mary Ainsworth ont été les premiers à définir et à tester la théorie de l'attachement en tant que processus évolutif dans lequel les liens émotionnels avec un parent ou un soignant sont essentiels à la survie. [6] Leurs recherches ont démontré que la formation de l'attachement comporte quatre étapes : [7] [8]

  1. Réactivité sociale sans discrimination (0-3 mois) - Les signaux instinctifs du nourrisson, tels que les pleurs, le regard, le halètement, contribuent à faciliter les interactions entre les parents/soignants et les nourrissons. Les nourrissons ne font pas systématiquement la distinction entre les personnes qui leur font signe et celles qui leur répondent.
  2. Réactivité sociale préférentielle (3 à 6 mois) – Les bébés réagissent différemment selon qu'il s'agit d'un parent/soignant ou d'un étranger. Les nourrissons ont compris que ce parent/soignant répondra systématiquement à leurs signaux.
  3. Émergence d'un comportement de base sécurisé (6-24 mois) - Les jeunes enfants utilisent leur personne d'attachement comme une «base sécurisée» à partir de laquelle explorer le monde et un «refuge sûr» vers lequel revenir pour se rassurer ou se réconforter. Lorsque la personne d'attachement n'est pas disponible, les enfants peuvent manifester une anxiété de séparation.
  4. Partenariat (24 mois et plus ) - Les enfants développent un modèle de travail interne sur la disponibilité et la réactivité des personnes d'attachement qui peuvent avoir un impact sur leur comportement et leurs relations futures.
Un nourrisson avec sa mère, une personne d'attachement possible

L'attachement précoce est considéré comme un élément fondamental pour le développement socio-affectif ultérieur et permet de prédire de nombreux résultats, notamment les problèmes d'intériorisation, les problèmes d'extériorisation, la compétence sociale, l'estime de soi, le développement cognitif et la réussite. [7] Les travaux de Mary Ainsworth, utilisant la méthode Strange Situation, ont permis d'identifier quatre types d'attachement chez les jeunes enfants :

  1. Attachement sécurisé : les enfants de cette catégorie sont disposés à explorer la pièce ou les jouets de manière indépendante lorsque leur parent/soignant est présent. Ils peuvent pleurer lorsqu'ils sont séparés, mais cherchent du réconfort et sont facilement apaisés lorsque leur parent/soignant revient. Ce type de comportement est associé à des soins sensibles et réactifs de la part de la personne d'attachement.
  2. Attachement anxieux/fuyant: les enfants de cette catégorie ont tendance à être moins sensibles à la séparation d'avec leur parent/soignant, à ne pas le différencier aussi clairement des étrangers et à l'éviter à son retour. Ce type de comportement est associé à des soins trop stimulants ou à des soins constamment désinvoltes.
  3. Attachement anxieux/ambivalent : les enfants de cette catégorie peuvent rechercher la proximité avec la personne qui s'occupe d'eux et sembler peu disposés à faire des découvertes. Ils manifestent de la détresse lors de la séparation et apparaissent tour à tour furieux (ils frappent, se débattent) et avides d'affection lorsque le parent/soignant revient. Ces enfants sont souvent plus difficiles à calmer. Ce type de comportement est associé à une capacité de réaction irrégulière ou à des interférences entre la mère et les activités d'exploration.
  4. Attachement désorganisé : Souvent, les enfants de cette catégorie ne présentent pas un modèle de comportement prévisible, mais peuvent ne pas réagir ou faire preuve d'indifférence. Ce type de comportement est associé à des expériences inhabituelles et/ou effrayantes avec les personnes qui s'occupent d'eux, et est plus fréquent chez les enfants qui ont été victimes de mauvais traitements.

Expériences émotionnelles[modifier | modifier le code]

Le sourire commence chez les nourrissons à un jeune âge, puis évolue vers un sourire social et devient plus intentionnel à mesure qu'ils grandissent

Dès la naissance, les nouveau-nés ont la capacité de signaler une détresse en réponse à des stimuli et des états corporels désagréables, tels que la douleur, la faim, la température corporelle et la sollicitation. Ils peuvent sourire, apparemment involontairement, lorsqu'ils sont rassasiés, dans leur sommeil ou en réponse à un toucher agréable. Les nourrissons commencent à utiliser un "sourire social", ou un sourire en réponse à une interaction sociale positive, vers l'âge de 2 à 3 mois, et le rire commence vers 3 à 4 mois. Les expressions de bonheur deviennent plus intentionnelles avec l'âge, les jeunes enfants interrompant leurs actions pour sourire ou exprimer leur bonheur à des adultes proches à l'âge de 8-10 mois, et des types de sourires nettement différents (par exemple, rictus, sourire discret, sourire bouche ouverte) apparaissent à l'âge de 10-12 mois. [7]

Entre 18 et 24 mois, les enfants commencent à acquérir un sentiment d'identité . Cela donne lieu à l'apparition d'émotions auto-conscientes (par exemple, la honte, l'embarras, la culpabilité, la fierté) vers le même âge, qui sont considérées comme de nature plus complexe que les émotions de base telles que le bonheur, la colère, la peur ou le dégoût. En effet, ces émotions auto-conscientes exigent que les enfants aient une reconnaissance des normes externes et des capacités d'évaluation pour déterminer si leur identité répond à cette norme. [9]

Régulation des émotions[modifier | modifier le code]

La régulation des émotions peut être définie par deux composantes. La première : « l'émotion comme moyen de régulation », fait référence aux changements provoqués par une émotion déclenchée (par exemple, la tristesse d'un enfant qui entraîne un comportement différent de la part des parents). [10] La deuxième : "l'émotion régulée", qui fait référence au processus par lequel l'émotion déclenchée est elle-même modifiée par des actions délibérées prises par l'enfant (auto-apaisement, distraction) ou par ceux qui l'entourent (réconfort). [10]

Tout au long de la petite enfance, les enfants dépendent fortement de ceux qui s'occupent d'eux pour la régulation de leurs émotions; cette dépendance est qualifiée de corégulation . Les parents/soignants utilisent des stratégies telles que la distraction et les stimulations sensorielles (par ex., bercer, caresser) pour réguler les émotions des nourrissons. Bien qu'ils dépendent des parents/soignants pour modifier l'intensité, la durée et la fréquence de leurs émotions, les nourrissons sont capables d'adopter des stratégies d'autorégulation dès l'âge de 4 mois. À cet âge, les nourrissons détournent intentionnellement leur attention des stimuli trop intenses. [7] À 12 mois, les nourrissons utilisent leur mobilité en marchant et en rampant pour s'approcher ou s'éloigner intentionnellement des stimuli. [7]

Tout au long de la petite enfance, les personnes qui s'occupent des enfants jouent un rôle important dans le développement émotionnel et la socialisation de leurs enfants, en adoptant des comportements comme nommer les émotions de l'enfant, l'inciter à réfléchir à ses émotions (par exemple : "pourquoi la tortue est-elle triste ?"), continuer à proposer des activités/distractions alternatives, suggérer des stratégies d'adaptation et donner l'exemple de stratégies d'adaptation. [7] Les personnes qui utilisent de telles stratégies et réagissent avec sensibilité aux émotions des enfants ont tendance à avoir des enfants qui parviennent mieux à réguler leurs émotions, sont moins craintifs ou difficiles, plus enclins à exprimer des émotions positives, plus faciles à apaiser, plus engagés dans l'exploration de l'environnement et ont de meilleures aptitudes sociales au cours de la petite enfance et des années préscolaires. [7]

Comprendre les autres[modifier | modifier le code]

Référencement social[modifier | modifier le code]

Un exemple d' expérience de falaise visuelle. Une mère pousse son enfant de l'autre côté de la falaise visuelle. Malgré une surface transparente recouvrant la falaise, l'enfant hésite à avancer.

À partir de 8 à 10 mois environ, les nourrissons commencent à se référer à une autre personne, souvent un adulte ou une personne qui s'occupe d'eux, pour déterminer leur réaction à des stimuli environnementaux. [7] Dans les expériences classiques de falaise visuelle, des bébés de 12 mois séparés de leur mère par un sol en plexiglas qui semblait représenter une « falaise » dangereuseont regardé leur mère pour obtenir un indice. [11] Lorsque les mères répondaient à leurs enfants par des expressions faciales signalant des encouragements et du bonheur, la plupart des nourrissons traversaient la falaise. En revanche, si les mères affichaient de la peur ou de la colère, la plupart des nourrissons ne la traversaient pas.

À mesure que les nourrissons grandissent, leur capacité de référence sociale se développe. À 14 mois, les nourrissons sont capables d'utiliser les informations obtenues par référence sociale pour prendre des décisions en dehors du moment immédiat. [7] À 18 mois, les nourrissons sont capables de se référer socialement à des interactions qui ne leur sont pas destinées. [7] Par exemple, si la personne qui s'occupe de lui a réagi avec colère lorsque son grand frère est allé prendre un biscuit, le nourrisson est capable d'exploiter cette information et est moins susceptible de prendre un biscuit lui-même. À cet âge, le référencement social commence également à aider les enfants à comprendre les autres, car ils apprennent ce que les autres aiment et n'aiment pas en fonction des informations tirées des références sociales (par exemple, l'expression faciale). Ainsi, si un adulte réagit en souriant lorsqu'on lui donne un ballon mais avec de la colère lorsqu'on lui donne une poupée, un enfant de 18 mois choisira de lui donner un ballon plutôt qu'une poupée, quelles que soient ses propres préférences.

Empathie[modifier | modifier le code]

Dès leur plus jeune âge, les nouveau-nés réagissent à la détresse des autres, comme en témoignent des comportements tels que les pleurs en réponse aux cris d'un autre nourrisson. Au fur et à mesure que les enfants se développent, ils commencent à afficher des comportements témoignant d'une compréhension et d'un lien avec les états émotionnels des autres, au-delà de la simple valeur informative que ces états émotionnels fournissent. Les enfants de 18 à 30 mois répondront aux signaux verbaux et non verbaux, tels que les expressions faciales ou la posture du corps, d'inconfort ou de tristesse par de simples comportements d'aide (par exemple, donner une couverture à un adulte s'il tremble, se frotter les bras et dire " brr »). Tout au long de cette période (18 à 30 mois), les enfants deviennent plus aptes et ont besoin de moins d'indices pour s'engager dans un comportement d'aide. [12] Cependant, le comportement d'aide à cet âge dépend déjà du coût de l'aide (par ex., ils sont moins susceptibles de donner leur propre couverture à l'adulte) et du bénéficiaire de l'aide (par ex., les enfants sont plus susceptibles d'aider et de se soucier des soignants que des étrangers ou des camarades). [12]

Interactions sociales[modifier | modifier le code]

Entre 3 et 6 mois, les nourrissons commencent à avoir des échanges simples avec les personnes qui s'occupent d'eux. [7] Ces échanges ne consistent pas en des mots, mais en des roucoulements, des gazouillis, des sourires ou d'autres expressions faciales, et des mouvements corporels (par ex., lever les bras, donner des coups de pied). [13] Ces échanges imitent le principe du tour de rôle qui a lieu dans les conversations.

Attention conjointe[modifier | modifier le code]

[[Catégorie:Émotion]]

  1. Cohen, J., Onunaku, N., Clothier, S., & Poppe, J. (2005). Helping young children succeed: Strategies to promote early childhood social and emotional development. In Research and Policy Report. Washington, DC: National Conference of State Legislatures.
  2. Benner, Nelson et Epstein, « Language Skills of Children with EBD », Journal of Emotional and Behavioral Disorders, vol. 10, no 1,‎ , p. 43–56 (ISSN 1063-4266, DOI 10.1177/106342660201000105, S2CID 145427380)
  3. Berking et Wupperman, « Emotion regulation and mental health », Current Opinion in Psychiatry, vol. 25, no 2,‎ , p. 128–134 (ISSN 0951-7367, PMID 22262030, DOI 10.1097/yco.0b013e3283503669, S2CID 5299404)
  4. Bruinsma, Koegel et Koegel, « Joint attention and children with autism: A review of the literature », Mental Retardation and Developmental Disabilities Research Reviews, vol. 10, no 3,‎ , p. 169–175 (ISSN 1080-4013, PMID 15611988, DOI 10.1002/mrdd.20036)
  5. « {{{1}}} »Baron-Cohen, Simon (2000), "Theory of mind and autism: A review", Autism, International Review of Research in Mental Retardation, vol. 23, Elsevier, pp. 169–184, doi:10.1016/S0074-7750(00)80010-5, ISBN 9780123662231
  6. Bretherton, « The origins of attachment theory: John Bowlby and Mary Ainsworth. », Developmental Psychology, vol. 28, no 5,‎ , p. 759–775 (ISSN 0012-1649, DOI 10.1037/0012-1649.28.5.759)
  7. a b c d e f g h i j et k Laura Berk, Child Development, 9th Edition, New Jersey, Pearson, (ISBN 978-0-205-14977-3) Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : le nom « Child Development 9th » est défini plusieurs fois avec des contenus différents.
  8. Waters et Cummings, « A Secure Base from Which to Explore Close Relationships », Child Development, vol. 71, no 1,‎ , p. 164–172 (ISSN 0009-3920, PMID 10836570, DOI 10.1111/1467-8624.00130, CiteSeerx 10.1.1.505.6759)
  9. Tracy, Jessica L. Robins, Richard W. Tangney, June Price., The self-conscious emotions : theory and research, Guilford Press, (ISBN 9781593854867, OCLC 123029833)
  10. a et b Cole, Martin et Dennis, « Emotion Regulation as a Scientific Construct: Methodological Challenges and Directions for Child Development Research », Child Development, vol. 75, no 2,‎ , p. 317–333 (ISSN 0009-3920, PMID 15056186, DOI 10.1111/j.1467-8624.2004.00673.x, CiteSeerx 10.1.1.573.5887)
  11. Sorce, Emde, Campos et Klinnert, « Maternal emotional signaling: Its effect on the visual cliff behavior of 1-year-olds. », Developmental Psychology, vol. 21, no 1,‎ , p. 195–200 (ISSN 0012-1649, DOI 10.1037/0012-1649.21.1.195)
  12. a et b Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées Prosocial Development
  13. « Emotional and Social Development: Birth to 3 Months », HealthyChildren.org (consulté le )