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Jean-Pierre Hubert, né à La Hestre le 25 octobre 1945 et mort à Liège le 8 mars 1988, est un homme politique socialiste belge, acteur de premier plan de la politique culturelle de La Louvière de 1970 à 1988.

Les débuts.[modifier | modifier le code]

Né à La Hestre le 25 octobre 1945, Jean-Pierre Hubert est issu d’une famille de militants socialistes. En effet, son père, Albert Hubert, est déjà actif sur le plan associatif et politique : conseiller communal, membre du C.P.A.S. et échevin de Maurage[1]. Nous retrouvons également son grand-oncle, Louis Hubert[2], comme bourgmestre de cette même localité[3].

En 1965, il est élu en tant que président des Jeunesses Socialistes de la Fédération de Soignies[4].

Parallèlement à cette première fonction de militant actif, il suit à l’Ecole Ouvrière Supérieure des études d’assistant social et poursuit une formation d’animateur culturel[5]. Plus tard, il se perfectionnera en gestion administrative et en droit public[6]. Enfin, lors d’une interview, il déclarera être licencié en sociologie[7].

Nous savons, par ailleurs, qu’il entre à l’administration communale de Maurage dès ses 16 ou 17 ans en tant qu’employé[8]. Nommé rédacteur en 1969, il démissionne 3 ans plus tard pour «un poste mieux en rapport» avec sa formation scolaire[9].

Jean-Pierre Hubert se dit attaché au domaine culturel depuis 1970 mais nous n’avons pu retrouver sa trace dans une institution qu’en 1973. En effet, c’est au Ministère de la Culture qu’on lui attribue ses premières fonctions politiques en tant que chargé de mission[10].

En 1974, alors âgé de 29 ans, lors de la fondation de l’A.S.B.L. Diffusion Alternative à Ottignies, il est désigné en tant qu’animateur de la Maison des Jeunes de Maurage. En octobre 1975, il en est le directeur[11].

Sa politique culturelle.[modifier | modifier le code]

Admirateur de la période de gloire des Maisons du Peuple de la région et de leurs actions culturelles[12], il élabore une politique culturelle basée sur ce même modèle dans différents domaines : théâtre, musique, groupements associatifs, etc.

Vers 1976, il ouvre le bulletin mensuel de Diffusion Alternative, précédemment citée, avec un éditorial qui est - à notre connaissance - le premier texte militant sur la culture qui nous est parvenu. Il s’attache à décrire l’association qui regroupe «des artistes, des animateurs, des journalistes qui travaillent dans le domaine de la diffusion culturelle»[13], pour en arriver au constat simple : leurs productions dans ce domaine sont très souvent «boycottées». C’est dans ce but qu’il invite à fédérer tous les concepteurs de projets en rupture avec la «société capitaliste» (il invite à empoisonner son représentant qui n’est autre que Claude François) autour d’une sorte d’ «Auberge espagnole» de la culture.

En 1977, suite à la loi sur la fusion des communes, l’entité de La Louvière regroupe onze localités dont certaines avaient déjà lancé une esquisse de politique culturelle : La Louvière, Maurage, Strépy-Bracquegnies et Haine-Saint-Pierre. Devenu échevin de la Culture et de la Famille à la place du pressenti Rodolphe Dereume mort pendant la campagne électorale[14], Jean-Pierre Hubert s’attache à appliquer concrètement sa politique culturelle qu’il déploie dans chaque commune, selon le principe de décentralisation et en s’appuyant sur les structures préexistantes[15].

Dès juillet de la même année, le projet de création d’un centre d’ «étude socio-culturelle information-formation-services» à La Louvière est soumis au ministère de la culture et à la ville.

Histoire d’E.S.C.I.F.S.[modifier | modifier le code]

Sous l’impulsion du nouvel échevin, cette structure essaye de répondre à la crise industrielle que traverse le Grand La Louvière en tentant d'insuffler une nouvelle identité socio-culturelle. Ce vaste projet s’axe sur le dialogue entre groupements éducatifs et culturels et les nouveaux pouvoirs communaux pour permettre une démocratisation de la culture et une adhésion massive à ce projet. Dans ce cadre, quatre objectifs sont ciblés :

  • prendre en compte les associations existantes,
  • développer un esprit de coopération entre celles-ci,
  • étudier les moyens à mettre en oeuvre pour assurer ce programme,
  • et établir des commissions pour assurer un contact permanent avec les responsables communaux[16].

Au-delà de cette première partie structurante, l’autre part plus «novatrice» du projet comporte trois axes qui auront des développements jusqu’à aujourd’hui :

  • la production d’information via l’écrit, l’audio-visuel et l’art dramatique,
  • la recherche des besoins de la collectivité,
  • et les formations, d’une part, des agents culturels et, d’autre part, des citoyens responsables[17].

Vers 1978, le texte «Quand on parle de culture, je change de conversation»[18] issu de l’échevinat donne le bilan d’un an d’action socialiste sur le terrain culturel. Nous pouvons découvrir que près de 100 manifestations ont déjà eu lieu et que plusieurs projets sont lancés : implantations d’un centre sportif et culturel à Strépy-Bracquegnies et d’un mini-centre culturel à Houdeng-Aimeries, ainsi que les aménagements du Cercle Horticole à Houdeng-Goegnies et de la salle des expositions à La Louvière. Enfin, il réaffirme le besoin de coopération au sein de la collectivité au niveau de la promotion de la «culture populaire» même si le «secteur échappe à la règle de ‘l’immédiatement rentable’». E.S.C.I.F. n’est encore qu’une jeune A.S.B.L., elle apparaît comme organe de concertation mais pas de gestion.

En 1981, un rapport d’activités de la politique menée par l’équipe de Jean-Pierre Hubert nous montre que diverses institutions autonomes interagissent pour mener à bien le projet culturel mis en place : le Théâtre Communal, le Studio-Théâtre, la Maison des Jeunes de Maurage, le Foyer Culturel des Deux Haine et le Centre E.S.C.I.F.S.. Le Centre prend de plus en plus d’importance via sa participation au projet de plaine de jeux dans le Quartier Génival et dans la réalisation du «Guide de la vie Communautaire» qui devra regrouper plus de 400 associations[19].

En septembre 1983, le Centre E.S.C.I.F.S. se voit à la tête de diverses A.S.B.L. : le Théâtre Communal et le Foyer Culturel des Deux Haine. A cette occasion, une nouvelle dénomination lui est assignée : «Centre Culturel de La Louvière». Le conseil d’administration est divisé en deux sections : secteur public (commune, province et état) et secteur associatif[20].

En août 1985, le Ministre-Président de l’Exécutif de la Communauté française, Philippe Moureaux, décide de reconnaître le Centre Culturel comme Maison de la Culture. Cette appellation sera la dernière que connaîtra Jean-Pierre Hubert[21].

Suite à ces changements fondamentaux dans la structure des services culturels de La Louvière, diverses institutions ont été fondées ou rattachées au Centre Culturel ou à la Maison de la Culture :

  • le Centre dramatique de Wallonie pour l’enfance et la jeunesse en 1982,
  • la télévision communautaire «Antenne Centre Télévision» lancée en 1982,
  • l’ancien Palais de Justice de La Louvière, rénové en 1984 sous l’impulsion de Jean-Pierre Hubert (futur Musée Ianchelevici),
  • la salle d’exposition sise rue des Amours (où s’installera Le Centre de la Gravure et de l’image imprimée en 1988),
  • la Maison des Jeunes de Maurage qui devient en 1986 le Centre des Jeunes de La Louvière (futur Centre Indigo)[22].

Autres implications politiques et culturelles.[modifier | modifier le code]

Nous ne savons pas exactement ses liens avec la ville de Mons. Néanmoins, il déclare en 1988, à la veille de sa mort, que l’on y sent un «plus grand dynamisme [qu’à La Louvière]»[23]. C’est dans cette ville «qu’il fait ses premières armes», rappelle Michel Debauque dans son éloge funèbre[24]. En effet, avant 1977, il semble avoir animé la Maison de la Culture de Mons et avoir travaillé longtemps au Théâtre Royal où il liera des contacts avec bon nombre d’artistes comme Claude Nougaro[25]. Plus tard, il en deviendra le directeur[26]. C’est d’ailleurs grâce à ce poste, qu’il passera de chef de cabinet adjoint de Jean-Marie Dehousse (depuis 1977) à conseiller du ministre-président Philippe Moureaux dès 1982, chargé de l'éducation permanente, de la jeunesse, de la lecture publique et des centres culturels[27].

C’est lors du premier mandat de ce dernier à la présidence de l’Exécutif que Jean-Pierre Hubert a oeuvré en faveur de la création d’un «centre installé à Bruxelles qui favoriserait les échanges entre Bruxelles et la Wallonie»[28]. En décembre 1983, l’échevin louviérois sera appelé pour assumer «logiquement» la direction du centre installé dans l’ancien Jardin Botanique reconverti «en lieu de spectacle pour les arts plastiques, le théâtre, la musique, le cinéma et la danse»[29]. Malgré quelques oppositions dues à la désignation d’un personnage politique à ce poste, Jean-Pierre Hubert semble remporter par son «intelligence» et son «instinct» tous les suffrages comme le rapporte la presse de l’époque.

En 1984 lorsque Michel Debauque devient bourgmestre de l’entité louviéroise, l’échevinat de l’Urbanisme et de l’Aménagement du Territoire lui est confié.

Nous ne pourrions finir cette ébauche biographique sans souligner l’investissement personnel de Jean-Pierre Hubert dans diverses organisations et projets, notamment dans :

  • la Société Wallonne de Recherche d’Expansion de l’Audio-Visuel (Sowarex)[30],
  • Wallonie Image Production (WIP)[31],
  • le Ballet Royal de Wallonie (où il était vice-président),
  • le Centre Dramatique Hennuyer,
  • l’association Wallonie-Québec,
  • le Centre de la Communauté française de Belgique à Paris.
  • Présence et Action Culturelles,
  • le Groupe Socialiste d’Action et de Réflexion sur l’Audio-Visuel,
  • la mise en valeur du site charbonnier de Bois-du-Luc,
  • la promotion des comités de quartier,
  • sa politique du logement, notamment, la grande fusion opérée en 1979 des trois grandes sociétés louviéroises de logement : le Foyer Louviérois, l’Entraide et le Hôme Familial[32],
  • l’enseignement artistique et musical dans l’entité,
  • sa volonté d’intégrer toutes les couches de la population dans la société : la jeunesse, le troisième âge, les populations immigrées et les femmes[33].

Bilan d'une vie.[modifier | modifier le code]

Le 8 mars 1988, à la suite d’un mal inconnu, Jean-Pierre Hubert s’éteint. De son aveu, il déclare avoir trop négligé les siens pendant quinze ans ; une vie qu’il a passée à défendre la culture et comme le résumait Jacques De Decker «un homme qui savait mettre la politique au service de la créativité, et non le contraire»[34].

Références.[modifier | modifier le code]

  1. M. DEBAUQUE, «Adieu à Jean-Pierre Hubert», dans La Louvière à la une, n°19, mai 1988, p.3. Nous le retrouvons, aussi, comme membre du comité d’une section du Mouvement Populaire Wallon à la Caisse Général d’Epargne et de Retraite en 1962. Dans Combat, 2ème année, n° 41, 27.10.1962, p.7.
  2. Bourgmestre de 1930 à 1954 dans F. MATTEAZZI, «Les bourgmestres de l’entité louviéroise depuis 1930», dans T. DELPLANCQ (dir.), La Louvière... aux urnes ! Vies et combats politiques dans l’entité louviéroise du 19è siècle à l’an 2000, La Louvière, Archives de la Ville de La Louvière, 2007, p. 261.
  3. A. DROSSART, «Mort d’un gille», dans Le Vif/L’Express, 18.03.1988, p. 34.
  4. E. DUBOIS et J.-P. RENIER, «Objectif sur Jean-Pierre Hubert», dans PS Besonrieux La Rose, n° 11, septembre 1982, p. 3.
  5. M.-L. MERLOT, «Décès, à 42 ans, de J.P. Hubert, directeur du «Botanique» et échevin à La Louvière», dans La Nouvelle Gazette - Centre, n°58, mercredi 9 mars 1988, p. 2.
  6. Certainement à l’époque de sa fonction d’animateur à Maurage dans M. DEBAUQUE, op. cit., p. 7.
  7. E. DUBOIS et J.-P. RENIER, op. cit., p. 3.
  8. M. EMPEIN, «J.-P. Hubert : la culture, raison de vivre», dans Journal - Le Peuple et Indépendance, édition du Centre, 151ème année, n°58, 9 mars 1988, p. 2 & M.-L. MERLOT, op. cit., p. 2.
  9. Peut-être commence-t-il sa fonction d’animateur à la Maison des Jeunes (cf. infra) ? Dans le Fonds Gestion du Personnel - Administration de Manage, dossier Hubert J. P. Rédacteur 3.1.59, Archives de la Ville et du CPAS de La Louvière (AVLL).
  10. C. D., «Mort du directeur du Botanique», dans La Libre, 9 mars 1988.
  11. Fonds Jean-Pierre Hubert, AVLL.
  12. Regroupées autour de la Société Coopérative «Au Progrès». Voir à ce propos J. LIENART, La société coopérative «Au Progrès» de Jolimont à Haine-Saint-Paul et ses actions culturelles de sa création jusque la fin de l’entre-deux-guerres, Séminaire de recherche - époque contemporaine, ULB, 2009.
  13. Dans Diffusion Alternative, n° 8, SD, p. 1.
  14. Bourgmestre de Boussoit de 1959 à 1976 dans F. MATTEAZZI, «Les bourgmestres de l’entité louviéroise depuis 1930», dans T. DELPLANCQ (dir.), op. cit., p. 260.
  15. T. DELPLANCQ, «Vingt ans après... L’entité louviéroise de la fusion à l’an 2000», dans Ibid., p. 194.
  16. Fonds Jean-Pierre Hubert, texte du projet, AVLL.
  17. Fonds Jean-Pierre Hubert, texte du projet, AVLL
  18. Fonds Jean-Pierre Hubert, AVLL.
  19. Fonds Jean-Pierre Hubert, AVLL.
  20. Rapport au collège, nous n’avons pu retrouver le numéro de référence du dossier.
  21. Fonds Jean-Pierre Hubert, correspondance Henry Ingberg 21.08.1985, AVLL.
  22. J. LEROY et D. CAILLLE, «Métropole Culture», dans J. MAQUET (dir.), La Louvière. Le patrimoine d’une métropole culturelle, Namur, Institut du Patrimoine Wallon, 2012, pp.4-5.
  23. A. DROSSART, op. cit., p. 33.
  24. M. DEBAUQUE, op. cit., p. 3.
  25. ANONYME, op. cit.
  26. M.-L. MERLOT, op. cit., p. 2.
  27. C. D., op. cit., S.P.
  28. J. DE DECKER, «Mort de J.-P. Hubert, directeur du Bota’», dans Le Soir, 9 mars 1988, S.P.
  29. F. DE BRIGODE, «L’année 1984», dans RTBF - Classic 21, écoutez l’original. [En ligne]. <http://www.rtbf.be/classic21/article_l-annee-1984?id=7720973>. (Consulté le 9 février 2013).
  30. Jean-Pierre Hubert «veut rassembler tous les intervenants culturels de la Communauté française de Belgique soucieux de faire exister cette production locale» dans D. SOTIAUX, «Hubert, Jean-Pierre», in R. WANGERMEE (dir.), Dictionnaire de la Chanson en Wallonie et à Bruxelles, Liège, Pierre Mardaga éditeur, 1995, p. 189.
  31. «Atelier subventionné pour développer la production de projets de films documentaires d'auteurs de la Communauté» dans «Wallonie Image Production», dans Wip - Wallonie image production. [En ligne]. <http://www.wip.be/> (Consulté le 9 février 2013).
  32. Fonds Jean-Pierre Hubert, AVLL.
  33. Catégorisations sociales empruntées à son texte «Quand on parle de culture, je change de conversation», 1978, Fonds Jean-Pierre Hubert, AVLL.
  34. J. DE DECKER, op. cit., S.P.