Marcel Pierrel

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Marcel Pierrel (1913-2004) est un instituteur français, engagé dans la résistance à Marvejols (Lozère), déporté à Dora en 1943. Correspondant départemental de la Lozère au Comité d'histoire de la Seconde Guerre mondiale, il publie différents ouvrages et documents sur les thématiques de la résistance, la déportation, l'internement et les requis au STO dans le département.

Biographie[modifier | modifier le code]

Enfance et jeunesse[modifier | modifier le code]

Marcel Pierrel nait le à Vecoux dans les Vosges[1],[2],[3].

Le père de Marcel Pierrel, Jean-Baptiste Emile Pierrel, est mobilisé et meurt pour la France[1],[3] le en Alsace[4].

Marcel entre à l'École normale d'instituteurs d'Obernai en 1931 et obtient le brevet supérieur et le certificat d'aptitude pédagogique en 1933. Après son service militaire, il est nommé instituteur à l'école catholique de garçons de Dettwiller puis Haguenau (Bas-Rhin)[1],[2],[3].

Début de la guerre et entrée dans la résistance[modifier | modifier le code]

Marcel Pierrel, sous-lieutenant, est mobilisé en 1939 au 34e régiment d'infanterie[3] sur la Ligne Maginot[1]. Il est fait prisonnier le . Il est conduit à l'Oflag IID à Gross Born[1],[3], en Poméranie. Il y reste un peu moins d'un an. Parlant allemand et l'alsacien, il réussit à se faire passer pour alsacien et prétend devoir retrouver sa fiancée pour être libéré[3]. Il passe rapidement par Haguenau et Vecoux puis rejoint Périgueux où se situent les services de l'éducation nationale d'Alsace-Lorraine[5]. Demandant à rejoindre une région semblable à ses Vosges natales, il est nommé à Marvejols en Lozère le [5], chargé de l'enseignement de l'allemand et du chant au cours complémentaire[2].

Avec son collègue et ami Henri Cordesse, il lance les prémisses de la résistance en Lozère[6] en fondant les premiers réseaux de l'Armée secrète. Responsable du secteur de Marvejols, Marcel Pierrel recense les résistants au moyen de fiches[5]. Il est aussi chargé de la distribution de tracts et de la presse clandestine du mouvement Combat, participe à la réalisation de faux papiers pour les personnes recherchées, de la recherche et du camouflage d'armes et matériel divers, de l'établissement de complicités dans les administrations publiques, de la communication de renseignements et de documents[2]

Cordesse écrit à son sujet : « Pierrel est le type même du résistant pleinement éclairé sur l'enjeu et les risques. Par ailleurs, son calme, sa discrétion et son extrême amabilité lui valent la confiance et l'amitié de tous ceux qui l'approchent »[7].

Au printemps 1943, Pierrel se fait l'interprète lors du rapatriement des cinq antinazis allemands (dont le chef est Otto Khüne) et contribue à la mise en place et le ravitaillement du maquis de Bonnecombe[7],[8].

Arrestation et déportation[modifier | modifier le code]

Le , dix membres de la résistance lozérienne se réunissent au Château de Saint Lambert à Marvejols. Marcel Pierrel se trouve parmi eux. Louis Redon part rechercher une brochure à son domicile. A son retour il se rend compte que la police allemande est sur le point d'intervenir et donne l'alerte. Le propriétaire des lieux, Olivier de Framond, éteint alors la lumière et demande à chacun de suivre en se donnant la main. Mais la chaîne est rompue. Louis Cabanette, Emile Gibelin, François Olive et Marcel Pierrel sont arrêtés, puis Olivier de Framond, revenu sur les lieux pour que sa mère et ses sœurs ne soient pas arrêtées. Albert Picolo et Serge Wourgaft seront également arrêtés[3],[7].

Après une nuit passée dans le collège privé de Marvejols, les prisonniers sont conduits à Montpellier, à la prison militaire allemande avec interrogatoires à la Villa des Rosiers[2], puis transférés au camp de Compiègne le . Pierrel apportera son témoignage sur les sévices subis à la Villa des Rosiers au cours du procès devant le Tribunal Militaire de Marseille du au [7].

Du 28 au , ils sont dirigés vers le camp de Buchenwald. Marcel Pierrel reçoit le matricule 31247[3].

En novembre, il est expédié à Dora, dans le tunnel où sont fabriqués les V2. Il est affecté au TU 185[9]. Comme ouvrier, il participe à la construction des blocs extérieurs. A Dora, les conditions sont très dures. Marcel Pierrel souffre surtout de la faim[9]. Parlant allemand, il aide les autres déportés en faisant "office de traducteur"[5]. Il leur rend divers services, permettant à certains de survivre[2].

Début , devant l'avancée des troupes alliés, les camps sont évacués. Marcel Pierrel se retrouve à Bergen-Belsen, libéré le . Il rejoint alors la France à Lille puis Paris le 1er mai [5], et Marvejols. Mais son état de santé ne lui permet pas de reprendre le travail. Il reçoit des soins, effectue des séjours dans un sanatorium de l'Ain et reprend à l'issue de sa convalescence, en 1948, son poste au collège de Marvejols où il exercera jusqu'à sa retraite en 1962[2].

Après guerre et publications[modifier | modifier le code]

Dès 1947, il devient le correspondant départemental de la Commission d'histoire de l'occupation et de la Libération qui devient en 1951 le Comité d'histoire de la Seconde Guerre mondiale. Il réalise différentes recherches, écrit et collabore à des brochures, cartes et documents sur différentes thématiques[1] :

  • la résistance : publication avec Henri Cordesse d'un livre retraçant les années de Résistance en Lozère de 1940 à 1944 et d'une carte du département localisant les maquis, les combats, les parachutages, les sabotages en 1943-1944[7],[10] ;
  • la déportation, avec la publication d'une carte et d'une brochure sur la Lozère sous l'occupation allemande : La Lozère sous l'occupation allemande, 1940-1945, déportations, internements, exécutions. Marvejols, impr. Castanier-Guerrier[11] ;
  • l'épuration ;
  • les prisons et les camps d'internement ;
  • les requis au STO.

Membre du jury départemental du concours de la Résistance et de la Déportation, il est également vice-président de l'Office départemental des Anciens de la Résistance, vice-président de l'Office départemental des anciens combattants et victimes de guerre, président de l'Union départementale des anciens combattants[1],[2].

Distinctions[modifier | modifier le code]

La ville de Marvejols, sur délibération du conseil municipal réuni le sous la présidence de M. Georges Meissonnier, maire, décide que le CES de Marvejols s'appellera désormais collège Marcel-Pierrel en son honneur[12]. L'inauguration a lieu le en présence de Marcel Pierrel, de Georges Meissonnier et de Clément Marquès, principal de l'établissement[13]. Au sein du collège Marcel-Pierrel, une salle Marcel-Pierrel est inaugurée en 2005: à l'intérieur de cette salle sont exposés différents documents et objets ayant appartenu à Marcel Pierrel : sa tenue de déporté portant le numéro de matricule 31247 et le triangle rouge des déportés politiques, différents ouvrages sur la résistance et la déportation, des reproductions du jeu d'échecs réalisé au camp de Dora et d'une carte postale reçue à l'Oflag.

Marcel Pierrel est titulaire de la croix du combattant volontaire de la Résistance, de la croix de guerre 1939-1945 avec palme, de la médaille de la Résistance[1].

Il est fait chevalier de la Légion d'honneur le puis commandeur de la Légion d'honneur le [1].

Jacques Muracciole lui dédie un poème dans le recueil Au gré de l'exil[14].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g h et i « Fonds Marcel Pierrel », sur Archives départementales de la Lozère (consulté le )
  2. a b c d e f g et h La Résistance en Lozère, CD-ROM publié par l'association pour des Etudes sur la Résistance Intérieure (AERI) et réalisé par l'Association Départementale des Anciens de la Résistance (ADAR), 2006
  3. a b c d e f g et h Rispal, Manuel, Chouette, Noisette et Luzettes : scènes de résistance en Châtaigneraie cantalienne, en Ségala lotois et dans le bassin d'Aurillac, Ytrac, Éditions Authrefois, 115 p. (ISBN 978-2-9547205-3-1, 2-9547205-3-0 et 978-2-9547205-4-8, OCLC 910075941)
  4. « Faire une recherche - Mémoire des hommes », sur memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr (consulté le )
  5. a b c d et e Etienne PROTARD, « Marcel Pierrel : officier et résistant déporté à Dora », Midi-Libre,‎
  6. Patrick Cabanel, « Les Eglises, les paysans et la Résistance. L'exemple des Cévennes et de la Lozère », La Résistance et les Français : Enjeux stratégiques et environnement social,‎ 29-30 septembre - 1er octobre 1994, pp. 221-231 (lire en ligne)
  7. a b c d et e Cordesse, Henri., Histoire de la Résistance en Lozère, 1940-1944, Montpellier, Les Presses du Languedoc, , 285 p. (ISBN 2-85998-201-9 et 978-2-85998-201-0, OCLC 52264356)
  8. Emile Peytavin, De la résistance au combat, Impr. Chaptal, Mende
  9. a et b André Sellier, Histoire du camp de Dora, Paris, La Découverte & Syros, , p.72; p.150
  10. Marcel Pierrel et Henri Cordesse, La Lozère de 1940 à 1944 : la défaite, la résistance, la libération, Marvejols, Comité d'Histoire de la 2me Guerre Mondiale
  11. Marcel Pierrel, La Lozère sous l'occupation allemande, 1940-1945, déportations, internements, exécutions . M. Pierrel,..., Impr. Castanier-Guerrier (lire en ligne)
  12. Extrait du registre des délibérations du conseil municipal du 20/02/1987 Monsieur Marcel PIERREL Ancien Professeur Ancien Combattant - Ancien Résistant Ancien Déporté du Camp de Dora (Arrêté par la Gestapo le 29.08.43 au Château de St Lambert), qui mérite toute la reconnaissance et la gratitude de la Commune de MARVEJOLS, pour sa conduite exemplaire et courageuse au cours de la Guerre 1939-1945 et notamment sous l'occupation Allemande
  13. Extrait du dossier présenté par le collège Marcel Pierrel au concours de la résistance 1998-1999 autour du thème : « Des plaques, des stèles, des monuments évoquent le souvenir des actions de la résistance et la mémoire des victimes des persécutions et des répressions de la période 1940 à 1945. Recherchez et commentez l'histoire de ces femmes, de ces hommes, de ces enfants. »
  14. Jacques Muracciole, Au gré de l'exil, Angel, (ASIN B00BY2RWOA). Il est mentionné « À l'héroïque Pierrel, rescapé de Buchenwald ».