Utilisateur:Lewisiscrazy/Dina Ali Lasloom

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Dina Ali Lasloom
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Dina Ali Lasloom (en arabe : دينا علي السلوم), née le [1] est une femme saoudienne qui a tenté de demander l'asile en Australie pour échapper aux lois de tutelle saoudiennes, mais a été rapatriée de force en Arabie saoudite depuis les Philippines.[2] Elle a ensuite disparu.

Arrêtée en transit à l'aéroport international Ninoy Aquino de Manille le , elle est renvoyée de force par ses oncles dans un avion à destination de Riyad, en Arabie saoudite, le [3][4][9][10][11], après que les fonctionnaires de l'aéroport philippin dans la zone internationale lui confisquent ses papiers[5][6].

L'évènement suscite une indignation mondiale avec des millions de sympathisants à travers la planète[15][16], après qu'elle diffuse une vidéo avec l'aide d'un touriste canadien à l'aéroport de Manille, dans laquelle elle dit craindre que sa famille ne la tue si elle revenait[7][8].

Il s'agit d'un cas rare documenté dans l'histoire de la libération des femmes en Arabie saoudite,[12][13] présentant de nombreux parallèles avec celui de la princesse Misha'al. Selon Madawi al-Rasheed, professeur invité à la London School of Economics Middle East Centre, le cas de Lasloom est « un classique... dans lequel l'État et la famille coopèrent contre les femmes dans le Royaume d'Arabie saoudite »[14]

Les événements à l'aéroport de Manille[modifier | modifier le code]

Le rôle joué par les autorités philippines dans le retour de Lasloom n'est pas clair. En tant que signataire de la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés et de la Convention contre la torture, les Philippines ont l'obligation de ne pas renvoyer une personne vers un territoire où elle risque d'être persécutée en raison de son sexe ou de subir des actes de torture ou des traitements cruels, inhumains et dégradants[17]. Alors qu'elle faisait escale aux Philippines, Lasloom aurait été détenue par les autorités philippines et retenue jusqu'à ce que des parents de sexe masculin originaires d'Arabie saoudite puissent arriver et l'emporter avec eux. Une vidéo publiée sur Twitter est son témoignage avant son enlèvement et son retour en Arabie saoudite. Aucun visage n'apparaît dans cette vidéo. Dans son témoignage, elle affirme qu'elle sera tuée à son retour dans sa famille[18][19].

Lasloom a déclaré dans la vidéo que les autorités philippines l'avaient retenue à l'aéroport de Manille et lui avaient confisqué son passeport. Elle aurait déclaré :

« Je m'appelle Dina Ali et je suis une femme saoudienne qui a fui l'Arabie saoudite pour demander l'asile en Australie. Si ma famille vient, elle me tuera. Si je retourne en Arabie saoudite, je serai morte »

La vidéo est largement diffusée sur les réseaux sociaux[20][21]. Une touriste canadienne permet à Lasloom d'utiliser son téléphone, et partage son témoignage[22][23][24]. Dina a dit aux employés de l'aéroport qu'elle était en danger permanent. À plusieurs reprises, elle leur a crié qu'elle avait besoin d'aide. Ils l'ont ignorée [25].

Une deuxième vidéo fait surface plus tard, montrant Lasloom se disputant avec une femme que Lasloom a identifiée à ce touriste comme étant une représentante de l'ambassade du Koweït : en parlant de son oncle, elle dit « Ce n'est pas mon père, ce n'est pas mon père, ce n'est pas mon père. Vous n'aidez pas, vous ne le connaissez pas ». Un autre témoin publie une vidéo sur YouTube, dans laquelle on voit plusieurs membres du personnel de sécurité et où l'on entend Lasloom crier en arrière-plan depuis l'aéroport de Manille [26].

Les appels des militants au service de police de l'aéroport international de Manille sont restés sans réponse dans la nuit du mardi . L'aéroport confirme la détention de Lasloom à un représentant d'Amnesty International[27]. Le président philippin Rodrigo Duterte entame une visite d'État de trois jours en Arabie saoudite le , le jour même où Lasloom tente de s'envoler pour l'Australie[28].

Dans un premier temps, les autorités philippines nient avoir connaissance de la détention de Lasloom[29][30][31]. Toutefois, elles ont ensuite confirmé sa détention, mais ont tenté de rejeter la responsabilité sur le gouvernement et la compagnie aérienne saoudiens : « En ce qui concerne l'immigration, nous n'avons détenu aucun ressortissant saoudien »[32]. La porte-parole a déclaré que si Lasloom était une passagère en transit, elle n'aurait pas passé l'immigration et il aurait appartenu à la compagnie aérienne de décider de son sort[33].

Le gouvernement philippin a été largement condamné par de nombreux groupes pour sa faible réponse à la situation,[34] y compris par le directeur de Human Rights Watch, Kenneth Roth, qui l'a qualifiée d'épouvantable[35].

La seule information fournie sur la raison pour laquelle le transfert de Lasloom à Sydney a été arrêté par les autorités aéroportuaires philippines était qu'une personne très importante avait appelé et leur avait dit de retenir ses documents, sans autre information[36].

Embarquement forcé vers Riyadh[modifier | modifier le code]

Selon des militants saoudiens, Lasloom a été embarquée de force sur un vol de la Saudi Arabian Airlines reliant Manille à Riyad dans la nuit du mardi [37][38]. Une féministe saoudienne qui a obtenu la vidéo d'un témoin oculaire rapporte que Lasloom a été forcée à monter dans l'avion par ses deux oncles diplomates et la police philippine[17][39].

L'activiste féministe Moudhi Aljohani, qui affirme avoir parlé à Lasloom au téléphone,[40] est citée dans un rapport de The Australian selon lequel Lasloom a évité une première tentative de rappatriement forcé « en criant et en résistant physiquement, attirant l'attention des autres passagers ». Une vidéo de cet incident a été diffusée sur YouTube[41][42].

Selon les informations données par un agent de sécurité de la compagnie aérienne à Human Rights Watch, deux agents de sécurité de la compagnie aérienne et trois hommes apparemment du Moyen-Orient entrent dans l'hôtel et se rendent dans sa chambre. Elle crie et appelle à l'aide depuis sa chambre, mais elle est bâillonnée vec du ruban adhésif. Elle lutte encore pour se libérer quand ils la font sortir de l'hôtel sur un fauteuil roulant, pieds et points liés[17].

Elle a ensuite été forcée de monter à bord d'un vol de la Saudi Arabian Airlines, dont les pilotes et l'équipage étaient apparemment favorables à ce que Lasloom soit renvoyée à Riyad contre son gré[43][17][44].

Malgré des rapports contradictoires à l'époque sur la présence ou non de Lasloom sur le vol, les passagers en route vers Riyad ont commencé à signaler sur les médias sociaux qu'il y avait un otage à bord, ce qui a incité les gouvernements d'Oman et du Qatar à refuser le passage de l'avion dans leur espace aérien. Cette information est étayée par les enregistrements de la trajectoire de vol[45][46][47].

Arrivée à Riyadh[modifier | modifier le code]

Une dizaine de militants saoudiens se rassemblent dans la zone des arrivées de l'aéroport de Riyad vers minuit le , après qu'un hashtag a commencé à circuler sur les médias sociaux, exhortant les gens à « recevoir Dina à l'aéroport ». Deux d'entre eux, Alaa Anazi, un étudiant en médecine de 23 ans, et un homme de 27 ans, sont placés en détention[50][51][52].

La journaliste saoudienne Vivien Nereim[53], qui se trouvait à l'aéroport, n'a vu aucun signe de la jeune fille, mais elle a recueilli les témoignages de personnes présentes dans l'avion qui ont décrit « une femme transportée dans l'avion en criant »[17], alors que déplacer une personne de force est illégal selon le droit philippin[54]. Deux autres témoins ont déclaré l'avoir entendue crier à l'aide, mais il était impossible de déterminer son état car elle était couverte[55][56][57].

L'ambassade saoudienne aux Philippines confirme que la citoyenne était retournée en Arabie saoudite, ajoutant que ce qui s'était passé était une « affaire de famille »[58].

L'événement a mis en lumière les droits des femmes en Arabie saoudite et les lois sur la tutelle masculine (voir Wali (Islamic legal guardian) (en) pour plus de détails)[60][61][62]. Certains utilisateurs de médias sociaux ont cherché à lui venir en aide,[63] alors que d'autres ont appelé à la tuer[17][64][2].

Localisation après son arrivée à Riyadh[modifier | modifier le code]

Malgré les protestations de l'opinion publique, la localisation de Lasloom est inconnu. Selon certaines sources, dont un responsable du gouvernement saoudien qui s'est exprimé sous couvert d'anonymat, elle aurait été enfermée dans un centre de détention pour femmes de moins de 30 ans, par précaution, puisqu'elle ne l'objet d'aucune accusation ; les autorités tentaient alors de trouver des « solutions appropriées » pour lui permettre de mener une vie normale[65][66].

Selon Moudhi Aljohani, les oncles de Lasloom l'ont frappée et lui ont dit qu'ils la tueraient lorsqu'ils atterriraient en Arabie saoudite. Dans une vidéo elle dit qu'« il est très probable qu'elle ne soit pas en vie ». Elle a reproché aux organisations de défense des droits de l'homme de ne pas faire grand-chose pour améliorer la situation, puis a appelé les gens à ne pas rester silencieux. Mohamed al-Maady, de la Commission des droits de l'homme en Arabie saoudite, dirigée par le gouvernement, a déclaré que l'organisation se coordonnerait avec le ministère saoudien du Développement social pour recueillir des informations sur cette affaire[67]. Lasloom risquait des sanctions légales sous l'accusation de « désobéissance » en raison de sa tentative d'échapper à son tuteur[68].

Human Rights Watch a demandé à l'Arabie Saoudite de révéler si Lasloom était avec sa famille ou si elle était détenue par l'État, auquel cas « les autorités devraient révéler dans quelles conditions elle est détenue, y compris si elle se trouve dans un refuge à sa demande et si elle a la liberté de mouvement et la possibilité de contacter le monde extérieur »[17][69][2].

En 2022, on n'avait toujours pas entendu parler d'elle publiquement, et l'ambassade saoudienne à Washington refusait de répondre aux questions du New York Time à ce sujet https://www.nytimes.com/2022/08/19/opinion/saudi-arabia-women-rights.html

Les suites de l'affaire[modifier | modifier le code]

L'histoire de Lasloom déclenche de vives manifestations devant les ambassades saoudiennes dans plusieurs pays du monde, notamment par le Parti travailliste irlandais[70]. Le Parti travailliste exige de savoir si l'Irlande faisait partie des membres européens de l'ONU qui ont voté en faveur de l'Arabie saoudite au sein de la Commission de la condition de la femme de l'ONU[71], le gouvernement irlandais a refusé de révéler son vote[72].

Une campagne a également été lancée par Human Rights Watch[73], demandant aux utilisateurs des médias sociaux d'interpeller sur twitter le roi Salmane ben Abdelaziz Al Saoud, en utilisant le hashtag #SaveDinaAli, pour demander une grâce royale.

L'affaire continue de bénéficier d'une large couverture médiatique en raison de la nature extrême et juridiquement discutable de l'extradition de Lasloom.

Le 7 mai 2017, Russia Today a publié un segment entier sur l'événement[74] Le reportage est intervenu un jour après que le président des États-Unis Donald Trump a annoncé un voyage à l'étranger en Arabie saoudite[75], soulignant des liens économiques et politiques accrus avec le royaume, alors qu'un profond fossé culturel demeure[76] Un jour plus tôt, un décret royal permettant aux femmes un plus grand accès aux services gouvernementaux a été adopté[77].

Le 28 mai 2017, BBC World Service a diffusé un segment relatant la tentative d'évasion de Lasloom[78][79].

Le 8 juin 2017, Americans for Democracy & Human Rights in Bahrain (ADHRB) a organisé un événement parallèle lors de la 35e session du Conseil des droits de l'homme de l'ONU, au cours duquel le cas de Lasloom a été un sujet de discussion[80].

Les Amériques rouges actuelles d'Ambox.svg

Cette section doit être mise à jour. Veuillez aider à mettre à jour cet article pour refléter les événements récents ou les informations nouvellement disponibles. (Janvier 2019)

Suite au reportage de l'histoire de Lasloom par la chaîne publique norvégienne NRK, plusieurs parlementaires, dont le chef du Parti socialiste de gauche Audun Lysbakken et Abid Raja, ont demandé à la ministre des Affaires étrangères Ine Marie Eriksen Søreide d'aborder la situation des droits des femmes avec l'Arabie saoudite. "Il s'agit d'une forme extrême d'apartheid entre les sexes. Je voudrais demander, si la ministre des Affaires étrangères est d'accord, que la Norvège soulève la question avec l'Arabie saoudite", a déclaré le représentant parlementaire Jan Bøhler[81].

Le 6 septembre 2018, des sœurs saoudiennes âgées de 18 et 20 ans ont fui leurs tuteurs alors qu'elles passaient des vacances en famille au Sri Lanka, et se sont envolées pour Hong Kong, avec l'intention de demander l'asile en Australie. Leur cas a fait la une des journaux internationaux lorsque leur date limite de demande d'asile a été dépassée en février 2019, période pendant laquelle elles ont invoqué la crainte d'être renvoyées en Arabie saoudite comme Dina Ali Lasloom[82][83][84][85].

Le 4 février 2019, l'histoire de Dina et celle de plusieurs femmes ayant fui l'Arabie saoudite ont fait l'objet de la longue série documentaire Four Corners d'ABC News Australia[86][87][88][89].

[1]

Références[modifier | modifier le code]

  1. Jean-Pierre Perrin, « L'Arabie saoudite traque une ressortissante jusqu'aux Philippines », sur Mediapart, (consulté le )

Liens externes[modifier | modifier le code]


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