Utilisateur:Leonard Fibonacci/Destitution d'Aristobule de Chalcis

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Carte situant l'Adiabène, la Gordyène (ou Corduène), l'Osroène, la Sophène, la Commagène et l'Atropatène à l'époque de l'apogée de l'Arménie sous Tigrane II.
Carte du royaume de Pont, avant le règne de Mithridate VI (violet le plus foncé), après ses conquêtes (violet) et ses conquêtes dans les premières guerres mithridatiques (rose) ; petits ajouts (anciens rivages et quelques colonies grecques sous le règne de Mithridate) selon V. Yanko-Hombach, A.S. Gilbert, N. Panin, PM Dolukhanov: The Black Sea Flood Question: Changes in Coastline, Climate, and Human Settlement, Springer, Pays-Bas, 2007, et avec Appianus, Plutarchus & Strabon.
    • En 60, Corbulon détache des territoires du royaume d'Arménie, pour les donner à Aristobule, roi d'Arménie mineure. Il est donc encore sur le trône à cette date.
    • Une borne milliaire atteste qu'en 75 la petite Arménie était déjà rattachée à l'empire.
    • Une des 3 monnaies découverte associe Aristobule à Titus (à l'avers) elle est datée de 71/72. On sait que Titus a été associé à l'empire dès la fin 70 et que dès lors beaucoup de villes grecques ont monnayé à son nom en lui donnant le titre d'Auguste.
    • Flavius Josèphe raconte que la 4e année de Vespasien, Caesennius Paetus est aidé des rois Sohemus de la région appelée Émèse et Aristobule roi de Chalcidique pour démettre Antiochos IV de Commagène. Sohemus avait reçu la Sophène qui est frontalière avec la Commagène.
    • Reste à savoir qui est l'Aristobule roi de Chalcidique. On a supposé que c'était lui à qui on avait donné Chalcis en consolation. C'est le seul passage et le seul élément qui fait penser qu'il a régné aussi sur Chalcis. Cela n'indique absolument pas qu'il a été destitué avant la campagne contre la Commagène. Ce qui aurait été une décision complètement absurde. Il peut tout à fait avoir régné à la fois sur Chalcis et l'Arménie Mineure et semble avoir été destitué de ces deux teritoires juste après la campagne contre Antiochos de Commagène. Chalcis a vraisemblable ment été donné à Agrippa dès ce moment là.
    • La dernière monnaie d'Aristobule est datée de la 17e année de son règne, ce qui correspond à 71/72. Elle est dédiée à Titus qui a été nommé César dès la fin 70. Th Reinach précise « Vespasien portait aussi le nom de Titus, mais jamais les monnaies grecques ne lui donne ce nom (p. 146, note no 7). » Dès que Titus a été associé à l'Empire « beaucoup de villes grecques se sont mises à monnayer à son nom en lui donnant le titre d'Auguste (p. 146). » Th. Reinach démontre que les 3 monnaies sortent de l'atelier monétaire de Nicopolis d'Arménie mineure, il en conclut donc qu'en 71/72 Aristobule était toujours roi de Petite Arménie.
    • => C'est donc entre 72 et 75 qu'il a été démis de son royaume.
    • Le territoire de Chalcis aurait été directement rattaché à l'Empire en 92, date où les autres territoires du royaume d'Agrippa II sont eux aussi rattaché directement à l'Empire, car Chalcis avait très probablement été donné à Agrippa II et qu'Agrippa est mort à cette date. Il est situé à 480 km de la Commagène alors que le royaume d'Aristobule était frontalier de ce royaume et c'est pour cela que Paetius à demandé à Aristobule de se joindre à son action militaire.
Voir aussi

Conclusions[modifier | modifier le code]

Aristobule de Chalcis a-t-il été contraint à l'exil ? Cette venue de Joseph en Grande-Bretagne après la défaite juive à Jérusalem éclaire les apocryphes chrétiens qui font interagir Joseph d'Arimathie avec Titus ou Vespasien1 après la prise de Jérusalem (70), comme la Vengeance du Sauveur2 ou un apocryphe perdu cité par Jacques de Voragine3, ou les apocryphes que Robert de Boron et Sone de Nausay ont utilisés pour écrire leur fables médiévales4 , alors que cette association est jugée peu vraisemblable voire totalement légendaire par la plupart des critiques. Si Joseph d'Arimathie est bien Aristobule de Chalcis, des sources qui semblaient totalement légendaires et anachroniques – Titus n'intervenant à Jérusalem qu'au moment de la prise de la ville vers 70 – pourraient contenir des traces historiques. Il est en effet tout à fait possible qu'Aristobule de Chalcis ait rencontré Titus après la chute de Jérusalem, puisque ce dernier est resté dans la région jusqu'au printemps suivant.

La façon dont se terminent les royautés d'Antiochos de Commagène et d'Aristobule laisse penser que les Romains ont utilisé un prétexte pour y mettre fin. Pour introduire l’action qui va démettre Antiochos, Flavius Josèphe indique que « Caesennius Paetus, alors nommé gouverneur de Syrie » écrivit à Vespasien « soit qu'il fût sincère, soit par haine d'Antiochos (ce point n'a pas été bien élucidé) ; il y disait qu'Antiochos et son fils Épiphanes avaient résolu de se révolter contre les Romains et conclu une alliance avec le roi des Parthes5. »

Qu'un roitelet qui doit tout aux Romains envisage de s'allier avec les Parthes pour se révolter est hautement improbable. Mais cela est encore plus improbable en 72. Pendant toute la durée de la révolte en Palestine les appels des Juifs à toutes les forces situées au delà de l'Euphrate se sont multipliées. Si les Parthes avaient eu l'intention d'intervenir en Syrie romaine6 il aurait été stupide de leur part de ne pas le faire pendant toute la révolte en restant sourds aux appels à l'aide, pour engager des opérations au moment où cette révolte est clairement vaincue depuis deux ans. La formulation de Josèphe montre d'ailleurs que lui même n'y croit pas.

Quelle qu'en soit la raison réelle, Paetus est autorisé à agir par Vespasien. Le gouverneur de Syrie fait donc entrer sa légion en Commagène aidé par le roi d'Émèse et de Sophène et par Aristobule de Chalcis. L’armée de Commagène, dirigée par les fils d’Antiochos ne résiste qu’une seule journée et se débande lorsque se répand la nouvelle que le roi s’est retiré en Cilicie où il est arrêté peu après par un centurion chargé de le conduire enchaîné à Rome. Mais finalement Vespasien se contente de lui interdire de venir à Rome et l'autorise à vivre à Sparte7. Ce qui montre d'ailleurs que l'accusation d'entente avec les Parthes était fausse.

Il y a un consensus chez les critiques pour situer la destitution d'Aristobule de son royaume d'Arménie avant la campagne contre la Commagène. Puisqu'une monnaie d'Aristobule date de 71/72 (la 17e année du règne d'Aristobule) cela veut dire qu'il a été dessaisi de son royaume arménien juste avant cette campagne. Une décision totalement illogique, l'Arménie mineure ayant une frontière commune ou très proche de la Commagène8, alors que son royaume de Chalcis situé dans la plaine de la Bekaa (actuelle Anjar au Liban) se trouvait à plus de cinq cents kilomètres à vol d'oiseau de Samosate, la capitale de la Commagène, et séparée d'elle par des chaînes de montagnes et de nombreux cours d'eau. Dans ces conditions, la participation des forces d’Aristobule à cette expédition n’a pu être que symbolique. Demander une telle participation militaire juste après lui avoir enlevé le grand royaume qu’il avait dans la région était-il un piège cherchant un prétexte à une destitution de son royaume de Chalcis prévue d’avance, en cas de refus ?

Il est très vraisemblablement dessaisi de ce dernier royaume peu après cette intervention en Commagène et celui-ci est donné à son cousin Agrippa II. Il est possible que ce double dessaisissement sanctionne son absence de soutien aux forces de Vespasien et de Titus contre la révolte juive. L'attribution de Chalcis à Agrippa II a en tout cas clairement pour but de le récompenser de son soutien indéfectible aux Romains et à Vespasien.

Mais il est également possible que quelques temps après la prise de Jérusalem, les Romains se soient aperçus qu'Aristobule était allé encore plus loin et avait secrètement soutenu les révoltés. Dans les sources juives, les trois hommes les plus riches de Jérusalem dont font partie Nicodème (Nakdimon) et celui appelé Ben Sisit haKkeset, qui pourrait-être Aristobule/Joseph d'Arimathie, sont présentés comme ayant stockés des années de nourritures pour pouvoir traverser le siège de Jérusalem sans encombre9,10. Cela veut-il dire qu'Aristobule a financé la révolte à l'insu des Romains11 ?

Plusieurs écrits chrétiens associent Joseph d’Arimathie au groupe de partisans de Jésus qui ont été exilés dans la région de Marseille avec des dizaines d’autres « chrétiens ». Les figures les plus connues de ce voyage, décrit comme une dérive dans un « bateau de pierres », sont Marthe et sa sœur Marie la Magdaléenne, leur frère Lazare (Éléazar), ainsi que deux autres Maries qui avec la Magdaléenne ont donné naissance à la légende des « trois Maries » d’où vient le nom du village des Saintes-Maries-de-la-mer. Ces trois Maries ainsi que Marthe ressemblent fortement aux femmes riches qui pendant le siège de Jérusalem dépensaient tous les jours des sommes folles pour acheter de biens curieuses « épices ». L’une de ces femmes est appelée Miriam fille de Nakadimon, qui pourrait être celui qui est appelé Nicodème dans l’Évangile selon Jean et qui faisait partie des trois hommes les plus riches de Jérusalem à l’époque du siège de la ville, associé à un homme au surnom improbable qui est vraisemblablement Aristobule/Joseph d’Arimathie. Dans la Tosefta12 cette Miriam, fille Nakadimon ben Gurion se fait allouer sur la succession de son défunt mari, 500 dinars d'or par jour pour acheter des « épices »13. Miriam, la fille de Simon ben Gurion reçoit elle aussi 500 dinars par jour pour acheter des « épices » et Miriam fille de Boethus dépense elle aussi 500 Dinars par jour pour des épices tout en achetant d’énormes quantités de vin tous les jours14. Ces énormes dépenses journalières pour acheter des « épices » pourrait être une façon codée de dire qu’elles finançaient les révoltés. Miriam fille de Boethus a une sœur appelée Martha dont la richesse surpasse toutes les autres et qui en vient à jeter son argent dans les rues pendant le siège de Jérusalem à cause de la terrible famine qui y sévit. Ces deux dernières femmes riches, Martha et Miriam, toutes deux filles de Boethus pourraient être, les deux sœurs portant les mêmes noms qui sont mentionnés dans les évangiles selon Luc et selon Jean et qui selon la tradition chrétienne sont contraintes à s’exiler dans la région de Marseille15.

Par la suite, Eléazar ben Sadok atteste que Miriam fille de Nakdimon, Miriam fille de Simon ben Gurion et Miriam fille de Boethus ont perdu leur fortune et ont été disgraciés probablement à la suite de la guerre au point d’en être réduites à « ramasser de l'orge sous les sabots des chevaux » dans la ville d’Acre16 (un port aujourd’hui situé au nord de l’état d’Israël). Un autre rabbin atteste de la même mésaventure pour Martha, alors que sa sœur Myriam, qui se trouve elle-aussi à Acre, a été rachetée et visiblement affranchie après être devenue une esclave, ce qui était le sort habituel des prisonniers de guerre17. Si ces femmes sont bien les trois Maries et Marthe de la tradition chrétienne, elles auraient donc embarqué contraintes à l’exil dans le « bateau de pierres » qui les a conduit à Marseille à partir du port d’Acre. Certains des écrits chrétiens comptent Joseph d'Arimathie parmi les voyageurs. Si Aristobule a aussi embarqué depuis le port d’Acre pour son exil, il est logique que l’église de Rome n’ait rien su de son sort à ce moment là, surtout qu’il semble que pour des raisons politiques ces décisions aient été entourés du secret impérial et même d’un interdit strict d’en parler et encore plus de le faire par écrit. A cela, il faut ajouter que depuis l’incendie de Rome en 64 dont ont été accusés des « chrétiens », jusqu’à la fin de la révolte après 70, il est vraisemblable que la communauté de Rome ait été sous haute surveillance de la part des autorités romaines qui ne pouvaient que se méfier de ces messianistes Juifs ou judaïsants dont les conceptions semblaient si proches des révoltés de Palestine. Les exécutions collectives mentionnées par Suétone et la tradition chrétienne de la « persécution de Néron »18, ainsi que les exécutions de Paul et de Pierre à Rome témoignent de la répression qui s’est exercée sur la communauté dans cette période. Il est même possible que les églises aient ponctuellement cessé de se réunir. Elles ont en tout cas vécu une période où la circulation de l’information était largement entravée.

Tout cela peut expliquer qu’il a fallu le retour des deux missionnaires envoyés par le pape Éleuthère en Britannia ne soient revenus à Rome dans la dernière partie du IIe siècle pour que des érudits mentionnent que « Aristobule mentionné dans l’épître aux Romains » avait été évêque en Britannia.

Monnaies d'Agrippa II et Chalcis[modifier | modifier le code]

Tout comme Th Reinach, Schwentzel estime que Chalcis était sous l'autorité d'Agrippa au moment de sa mort (Juifs et Nabatéens, p. 9).

Le problème de la date de la mort d'Agrippa II rejaillit sur celui de savoir si Aristobule a régné sur Chalcis à la fin de sa vie. Agrippa II a daté ses monnaies avec au moins deux ères différentes.

  • Des monnaies d'Agrippa II où figurent des bustes de Vespasien aux ans 27 et 29, ainsi que des monnaies où figure le buste de Titus à l'an 30 semblent permettre de régler le problème du début de la première ère. Puisque Vespasien est empereur en l'an 29 et que c'est Titus qui l'est l'année suivante, la monnaie de l'an 30 a été frappée l'année de l'accession au trône de Titus (79). Le début de l'ère de ces monnaies est donc : 79 - 30 = 49, ce qui correspond au moment où Agrippa II est devenu roi de Chalcis après la mort de son oncle Hérode de Chalcis et sa nomination par Claude. Cela correspond parfaitement et cela semble évident. Toutefois ceux qui veulent "sauver" la date de mort d'Agrippa II en 100 imagine qu'agrippa a monnayé sous le règne de Domitien en mettant les effigies de ses parents morts. Cela me semble une idée totalement saugrenue, surtout qu'aucune référence à une déification n'y figure et que Vespasien s'y trouve sur les monnaies de deux années : 27 et 29. Surtout que dans leur datation cela aurait eu lieu 6, 8 et 9 ans après leurs morts (Juifs et Nabatéens, p. 168).
  • Pour moi, ces monnaies qui reprennent l'ère initiale de Chalcis montrent que ce territoire a été donné à Agrippa avant 76 et donc probablement au moment où Vespasien l'a récompensé pour son action pendant la Grande révolte. Sur ces monnaies Agrippa reprend le décompte de son règne depuis sa première nomination comme roi de Chalcis, peut-être ces monnaies ont-elles été frappées à Chalcis.
  • Une monnaie de l'époque de Néron comporte une double datation : « 11 qui est aussi l'an 6 », ce qui indique qu'il y a 5 ans d'écart entre les deux ères en question (Juifs et Nabatéens, p. 168). Or, c'est justement le délai entre la nomination d'Agrippa comme roi de Chalcis (49) et sa nomination comme roi de Batanée, de Trachonitide, etc (54). En 60, c'est bien Néron qui est empereur cette supposition raisonnable est parfaitement compatible avec le fait que l'on soit sous Néron. Malgré cela les tenants de la date de la mort d'Agrippa vers 100 estiment que les deux ères d'Agrippa commencent en 55/56 et 60/61. Si 55/56 peut à peu près correspondre au début du règne d'Agrippa sur la Batanée, en revanche 60/61 ne correspond au don d'aucun territoire. Les tenants de cette thèse en viennent donc à penser qu'Agrippa s'est mis à compter ses années de règne à partir de la refondation de Césarée de Philippe en Néronias !! qui d'après eux correspond à 60/61. Tout ceci me semble totalement tiré par les cheveux. A-t-on un seul exemple d'un roi qui aurait fait quelque chose d'approchant ? Les datation des monnaies en années de règne semble extrêmement répandues. Mais a-t-on l'exemple d'un seul roi qui abandonne la datation en années de règne pour se mettre à dater à partir de la refondation d'une ville ?
  • Toutefois, une monnaie de l'époque de Domitien datée de l'an 26 correspond à l'année du douzième consulat (Cos. XII) de l'empereur. Ce qui correspondrait à 86/87. Dans ce cas, cette monnaie serait bien datée d'une ère qui commence en 60/61. Le XIe consulat a lieu en 85, le XIIe en 86 et le XIIIe en 87. Il y a donc bien une ère qui commence en 60.
  • L'ère qui commence en 60 serait-elle celle qui correspond au don par Néron de nouveaux territoires : Tibériade et Tarichée, ainsi que Julias en Pérée avec 14 villages autours ?
  • Bref, on ne sait pas si Agrippa a utilisé 2 ou 3 ères. Il est donc très difficile de tenter de contredire les autres éléments à l'aide des monnaies pour déterminer la date de la mort d'Agrippa. En revanche les deux premiers points semblent bien des confirmations qu'Agrippa possédait Chalcis au moment de sa mort ou tout au moins au moment où il n'a plus été roi.

Histoire de la Petite Arménie[modifier | modifier le code]

Selon Théodore Reinach (p. 138-139) :

  • Elle forme depuis 59 av. J.-C. le noyau du royaume de Déjotarus ;
  • En -47, Jules César la donne au roi de Cappadoce Ariobarzane III ;
  • En -36, Marc-Antoine la transfère à Polémon Ier roi du Pont, mais elle ne demeure la propriété de ce roi que pendant quelques années ;
  • En -30, Auguste la donne à Artavadze pour compenser sa perte du royaume de Médie-Atropatène conquise par les Parthes ;
  • À la mort d'Artavazde, elle passe à Archélaos de Cappadoce ;
  • À la mort de ce dernier en 17 apr. J.-C., on ignore pendant 20 ans quel a été le statut de ce territoire ;
  • En 38 Caligula installe comme roi de Petite Arménie Cotys IX, frère de Polémon II du Pont ;
  • Après la mort de Cotys, Néron l'année même de son avènement donne ce royaume à Aristobule qualifié de roi Iduméen par Th. Reinach.

Destitution à l'automne 72[modifier | modifier le code]

T. Reinach a montré que le royaume d'Arménie mineure a été directement rattaché à l'Empire romain à l'automne 72. Puisque Chalcis était sous l'autorité d'Agrippa II, jusqu'à sa destitution en 92, date probable de sa mort, il est vraisemblable qu'Aristobule a été destitué de ces deux territoires en automne 72. Cela voudrait-il dire que le motif de sa destitution serait à chercher dans son attitude lors de la campagne contre le roi de Commagène dans l'année 72 ? Sohaemus, roi d'Émèse et de Sophène, destitué à peu près au même moment — si ce n'est exactement au même moment — l'a-t-il été lui aussi pour le même motif ? Ces deux destitutions ne sont pas obligatoirement des sanctions, mais peut-être tout simplement une réorganisation de l'Orient décidé par Vespasien.

Annexion de Chalcis à l'Empire et destitutions d'Aristobule et de Sohaemus[modifier | modifier le code]

  • J et J.-Ch. Balty, L'Apamène antique, La Géographie administrative et politique d'Alexandre à Mahomet: actes, Centre de recherche sur le Proche-Orient et la Grèce antiques (Strasbourg). Colloque, Brill Archive, 1979
  • J et J.-Ch. Balty, L'Apamène antique, La Géographie administrative et politique d'Alexandre à Mahomet: actes, Centre de recherche sur le Proche-Orient et la Grèce antiques (Strasbourg). Colloque, Brill Archive, 1979, p. 46s
  • J et J.-Ch. Balty, La Géographie administrative et politique d'Alexandre à Mahomet : actes du Colloque de Strasbourg - Centre de recherche sur le Proche-Orient et la Grèce antiques, Paris, Brill Archive, , 358 p. (présentation en ligne), p. 41-76. Document utilisé pour la rédaction de l’article

« L'épithète de Flavia Chalcis et l'adoption d'une ère par la ville débutant en 92 semble lier l'événement à la chronologie même que l'on adopte pour l'annexion des autres possessions d'Agrippa II. (p. 46, note no 18) »

Pour Émèse « bien qu'on ne puisse assurer que Sohaemus abdiqua au retour de l'expédition qui déposséda Antiochos IV de Commagène l'absence de tout titre royal sur le mausolée de 78/79, comme sur les inscriptions qui attestent l'existence de la famille tout au long du IIe siècle (p. 46, note no 18) » indique que vraisemblablement le royaume d'Émèse a été annexé à l'Empire avant la construction du mausolée.

Les destitutions d'Aristobule de Chalcis et de Sohaemus d'Émèse semblent avoir eu lieu en même temps, juste après l'expédition contre la Commagène.

Anatolie et Arménie[modifier | modifier le code]

Des légions doivent probablement être stationnées en Cappadoce et en Arménie jusqu’en 66 apr. J.-C. mais la guerre en Judée conduit à un renforcement des troupes en Syrie. En 70 apr. J.-C., il est mentionné dans une inscription que la IVe légion Scythica (1), la IIIe légion Gallica (2), la VIe légion Ferrata (3) et la XVIe légion Flavia Firma (4) sont stationnées en Syrie ; 'la Cappadoce semble être à nouveau dépourvue de légions[1]. La Xe légion Fretensis (5), la Ve légion Macedonica (6) et la XVe légion Apollinaris (7) interviennent également pendant la guerre de Judée et sont stationnées à Ptolémaïs en Syrie62. Avec les Flaviens, un tournant important est observable en Asie Mineure. Vespasien doit faire face à plusieurs menaces dont celle des Parthes vexés que les Romains ne répondent pas à leur demande d’ aide63. De surcroît, le roi sur le trône d’ Arménie, ayant fait allégeance à Rome, est d’ origine parthe ce qui conduit en réalité à un renforcement de l’ influence parthe dans ce royaume. En outre, la frontière cappadocienne n’est pas protégée en cas d’attaque parthe depuis le royaume d’Arménie. L’avènement de Trdat Ier, couronné par Rome, constitue un tournant qui a un impact décisif dans les relations futures entre Rome, l’Arménie et les Parthes. Avec ce nouveau contexte, la présence de garnisons fixes est donc indispensable pour protéger la Cappadoce de toute attaque éventuelle de la part des Parthes64. On observe également un accroissement des raids des peuples du Caucase qui ravagent à la fois l’Empire romain, le royaume d’Arménie ainsi que l’Empire parthe. La défense des provinces de l’Anatolie dépend encore des troupes provenant de Syrie et du Danube65. Suétone corrobore ce fait en mentionnant l’absence de troupes légionnaires en Cappadoce à l’arrivée de Vespasien[2]. Le front anatolien était donc mal organisé pour contrer toutes ces nouvelles menaces. Pour répondre à tous ces conflits potentiellement dangereux et sous-jacents, une réorganisation profonde de l’ Anatolie ainsi que des travaux sur le front syrien sont menés sous les Flaviens67.


En Cappadoce, Vespasien envoie la XIIe légion Fulminata à Mélitène, probablement après la prise de Jérusalem, ce qui induit un changement de statut de la Cappadoce68. Suétone nous indique que Vespasien réduit la Cappadoce à l’état de province consulaire pour parer aux invasions de nomades barbares mais la date n’ est pas connue avec exactitude. La présence de la XVIe légion Flavia Firma autrefois annoncée à Satala en 71 apr. J.-C. est aujourd’hui erronée et sa présence ne peut pas être antérieure à 75, date à laquelle une inscription de Syrie mentionne la XVIe légion Flavia Firma pour la construction d’ un bâtiment69. Deux hypothèses sont donc envisageables : soit la XIIe légion Fulminata et une autre légion sont en Cappadoce et cette province passe directement à un légat impérial de rang consulaire, soit elle est augmentée dans un premier temps d’ une légion puis, dans un second temps, d’ une deuxième légion et passe donc par le statut intermédiaire de province dirigée par un légat impérial de rang prétorien. La Cappadoce est associée de surcroît à la Galatie dans une provincia au sens républicain pour mettre en place cette réorganisation de la Cappadoce70. Vespasien annexe en 71-72 apr. J.-C. le royaume d’ Arménie Mineure qu’ il rattache à la Cappadoce ainsi que la Commagène rattachée à la province de Syrie[3]. Ces provincialisations conduisent à contrôler la totalité de la frontière avec le royaume d’ Arménie et facilitent par conséquent la défense et une éventuelle incursion en territoire arménien. Le légat impérial de rang consulaire est alors à la tête d’ un énorme territoire comprenant la Cappadoce, la Galatie, la Pisidie, la Lycaonie, la Phrygie, la Paphlagonie, le Pont galatique, le Pont polémoniaque, l’ Isaurie et l’ Arménie Mineure72. L’ Anatolie ne constitue pas seulement une zone stratégique du fait de sa frontière avec l’ Arménie mais elle est aussi une zone de passage pour la venue de légions de Balkans. Elle possède donc une importance stratégique militaire, économique et

Schwentzell sur Aristobule[modifier | modifier le code]

Dans "Hérode le Grand"[modifier | modifier le code]

Néron confie le royaume d'Arménie à Aristobule en 54, mais il règne aussi sur Chalcis. Marié à Salomé, 3 enfants, etc. « On ne sait pas grand chose sur Aristobule, Josèphe nous apprend qu'il participe, à la tête des troupes auxiliaires qu'il commande à l'expédition du gouverneur de Syrie Caesennius Paetus, contre le roi Antiochos IV de Commagène en 72. »

Puis suit la description de 3 monnaies.
Pas un mot sur sa participation à l'action de Corbulon en Arménie et sur l'extension de son royaume en résultant.

Dans "Juifs et Nabatéens"[modifier | modifier le code]

Tout comme Th. Reynach, Schwentzell indique qu'au moment de sa mort, Agrippa II régnait sur Chalcis, ce qui implique qu'Aristobule en a été dessaisi auparavant. Toutefois, il fixe cette mort en 100, alors que Reynach et de nombreux autres critiques la fixe en 92 (voir date de la mort d'Agrippa).

Julie Dalaison[modifier | modifier le code]

Julie Dalaison s'égare dans la réfutation de Kokkinos, tout aussi égaré. Elle date la destitution d'Aristobule de 71/72 contredisant ainsi TH. Reynard qui avait des arguments solides pour faire démarrer a nouvelle ère de l'automne 72. Julie Dalaison fait référence à « Leschhorn 1993, pp. 144-149. L'auteur démontre avec certitude que l'ère de Nicopolis sous l'Empire débute en 71-72 p.C. et remet en cause la date jusqu'alors souvent admise de 72-73 (Saulcy 1882, pp. 345-346 ; Pick 1914, pp. 283- 289 ; Reinach 1914, pp. 137-153 ; Recueil, pp. 136-137 ; Bosch 1933, p. 44 ; Bosworth 1976, pp. 63-78). »

Conclusion[modifier | modifier le code]

Schwentzell présente Aristobule avant tout comme un roi d'Arménie Mineure, qui « règne sur un territoire de l'est de l'Asie Mineure, loin de ses origines familiales judéennes et iduméennes. (p. 177) » Le seul élément qui fait penser qu'il règne aussi su Chalcis est la mention de BJ VII, 226. À part l'intervention contre le roi de Commagène en 72, Schwentzell indique qu'on ne sait pas grand chose du règne d'Aristobule.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

  1. Année Épigraphique, 1983, n° 927; Berchem Van D., Une inscription flavienne du musée d'Antioche, Museum Helveticum, 1983, p. 185-196.
  2. Suétone, Vespasien, 8, 1, 5.
  3. Rémy B., L'évolution administrative de l'Anatolie aus trois premiers siècles de notre ère, 1986, Lyon,p. 55.