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Utilisateur:Leonard Fibonacci/Bathyra, Nisibe, Babyloniens, Batanée

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Nisibe[modifier | modifier le code]

Nisibe est la capitale de la Mygdonie, un territoire situé entre le royaume d'Arménie, l'Adiabène et le royaume d'Édesse. À partir du règne d'Izatès (II), le territoire de Nisibe appartient à l'Adiabène, car le roi Parthe Artaban III (mort vers 38) lui a donné ce territoire pour le récompenser de l'avoir aidé à récupérer son trône, sans faire la guerre et par sa seule autorité, face à ses nobles en rébellion[1],[2] et à l'usurpateur appelé Cinname[3],[4].

Chez Moïse de Khorène, le roi Abgar V, fils de Ma'nu Saphul, transfère sa capitale depuis Nisibe à Édesse, emmenant avec lui, ses bibliothèques, ses archives et tous ses Dieux. Il est vraisemblable que ce transfert résulte du fait qu'Artaban III a donné ce territoire à Izatès, alors que celui-ci appartenait auparavant à Ma'nu Saphul puis à Abgar V.

Ma'nu Saphul[modifier | modifier le code]

Ma'nu Saphul est un frère de Tigrane III qui selon Victor Langlois « règne à Nisibe, avec l’assentiment des Parthes, de l’an 38 à l’an 10 avant notre ère[5]. » C'est aussi le père d'Abgar V.

Au retour d'une absence prolongée, Ma'nu s'aperçoit qu'Hyrcan II, prisonnier qu'il avait confié au juif Énanos Bagratouni, a été libéré, alors qu'il espérait percevoir une grosse rançon pour sa libération. Hyrcan avait été fait prisonnier lors de l'invasion de la Syrie et de la Palestine menée par les Parthes en -40[6],[7]. Par la ruse, alors qu'Hérode le Grand était assiégé dans un palais par les partisans d'Antigone II Matthatiah et que les forces parthes étaient devant les portes de Jérusalem, il a été emmené au général Barzapharnès pour que celui-ci arbitre le conflit entre Hérode et Antigone[8]. Toutefois Hérode refusant a priori cet arbitrage, Hyrcan a été retenu comme prisonnier par le général parthe[6]. C'est peut-être parce que Barzapharnès est mort à la bataille de Gyndaros[9],[10],[11] (-38[12]), qu'Hyrcan est devenu le prisonnier de Ma'nu.

Enanus lui assure qu'Hyrcan a promis de verser 1000 Talents, mais cette somme n'a toujours pas été versée lorsque Hyrcan est assassiné par Hérode le Grand (vers 30 av. J.-C.). Ma'nu tourmente alors Enanus[13] et tente même de le contraindre d'abandonner la religion juive. Finalement, il fait grâce à Enanus et à sa famille. Thomas Arçrouni raconte que cette grâce est obtenue à la suite de l'intervention d'un de ses ancêtres.

Énanos Bagratouni est un général de la cavalerie (selon Langlois) « qui posait la couronne sur la tête des rois ». Il aurait été seigneur de Sper vers l'an 30 av. J.-C. et siégeait à Daroynq. Sper se trouve au sud-est de Trabzon, à la limite entre le Pont et l'Arménie mineure. Daroynq est en Arménie, au sud d'Erevan.

Après qu'il ait été mis en prison à cause de cette rançon non versée, Moïse de Khorène poursuit : « Sur ces entrefaites, Zora, chef de la race des Kentouni, vint accuser Enanus auprès du roi, disant: « Sache, ô roi! qu’Enanus a voulu se révolter contre toi et m’a proposé que nous demandions à Hérode, roi de Judée, un serment pour qu’il nous accueillit et nous donnât des domaines dans le pays de nos ancêtres, parce que nous avions à endurer dans celui-ci beaucoup d’outrages. » Ce qui correspond à ce qui s'est produit pour Zamaris et son clan.

Moïse poursuit : « Arscham, ajoutant foi à cette dénonciation, ordonne qu’on fasse endurer à Enanus toutes sortes de supplices, et cela afin de le contraindre à abandonner tout à fait le judaïsme, d’adorer le Soleil et de rendre hommage aux idoles du roi. A ces conditions, le roi lui rendra ses anciennes dignités; mais, s’il n’y consent pas, il son attaché au gibet et sa race exterminée. De plus, on exécute en sa présence un de ses parents, appelé Sana, et ses fils Saphadia et Aghazia[146] sont amenés sur le lieu du supplice. Enanus, dans la crainte de voir mourir ses fils, vaincu par les supplications de ses femmes, consentit avec toute sa famille à se rendre aux volontés du roi, il est rétabli dans ses anciennes charges. Cependant, le roi qui ne se fie pas entièrement à lui, l’envoie en Arménie, et, afin de le tenir. (Moïse de Khorène, Histoire d'Arménie, livre II, § XXIV.) » Victor Langlois ajoute dans une note : « Thomas Ardzrouni, qui rapporte ces événements, loin de la Mésopotamie, il lui donne l’administration du pays et donne en outre des détails circonstanciés sur la façon dont Enanus, attaché au gibet, fut délivré à la prière de Dchadchour, prince de la maison des Ardzrouni (Hist. des Ardzrouni, p. 48). »

D'où venaient les « Babyloniens » de Batanée ?[modifier | modifier le code]

Il est possible que cette répression contre des nobles juifs ait provoqué le départ de certains d'entre-eux. Ainsi lorsque Thaddée/Addaïe arrive à Édesse, il loge chez Tobie, fils de Tobie (et donc un des Tobiades) dont Moïse de Khorène précise que sa famille avait fuit au moment de la persécution d'Enanus.

Les éminents rabbis appelés Judah ben Bathyra et qui possède une école célèbre à Nisibe semblent lier la Batanée avec Nisibe, surtout qu'ils défendent une halakha comparable à celle des Anciens de Bathyra (refus des sacrifices faits par les païens, calendrier solaire de 364 jours). À Nisibe, Juda ben Bathyra possédait un collège expressément recommandé pour son excellence[14], où il accueille de nombreux savants fuyant la Palestine lors de la première guerre judéo-romaine (6670) et des persécutions qui suivirent.

Il est donc possible que la raison pour laquelle Zamaris, sa grande famille et son clan ont fuit la région de Mésopotamie où ils vivaient, soit cette "persécution" des juifs par Ma'nu Saphul.

Nisibis, selon la Jewish encyclopedia[modifier | modifier le code]

Ville au nord-est de la Mésopotamie, dans l'ancienne province de Migdonia. L'Accad biblique (Genèse x 10) est rendu "Neẓibin" (Nisibis) par les Targumim du pseudo-Jonathan et de Jérusalem; mais le Targum de Jonathan rend Canneh (Ézéchiel xxvii 23) par "Nisibis" (comp.R XXXVII, 5). Il y avait à Nisibis une communauté juive importante au temps des Hérodiens; et ici, comme à Nehardea, on construisit des bâtiments dans lesquels furent déposés les dons envoyés au Temple par les riches Juifs qui vivaient hors de Palestine et d'où ils furent envoyés sous forte escorte à Jérusalem. Il y avait aussi à Nisibis un célèbre collège, à la tête duquel était R. Judah b. Bathyra. Sa renommée était si grande que les Rabbins ont interprété les mots «Ce qui est tout à fait juste» (Deutéronome XVI, 20) comme signifiant «Suivez l'école de Juda B. Bathyra à Nisibis» (Sanh 32b).

Après l'avènement de Trajan, les Juifs de Mésopotamie résistèrent en général à ce conquérant qui voulait annexer leur territoire à l'empire romain. Mais la résistance la plus opiniâtre fut offerte par les Juifs de Nisibe, ville qui ne fut prise qu'après un long siège. Lorsque Lusius Quietus, le général de Trajan, lors de sa campagne pour l'assujettissement des cités mésopotamiennes, dévasta Nisibis et Édesse, le massacre des Juifs était si grand que les maisons, les rues et les routes étaient jonchées de cadavres.

Selon Yaḳut («Mu'jam», s.v. «Naṣibin»), Nisibis fut reconstruit par Chosroes Nushirvan, et après la conquête arabe, il devint le foyer des érudits musulmans. Au temps de Saadia Gaon, on mentionne un homme de Nisibis qu'on voulait faire exilarque (Neubauer, "M. J. C." 83, voir aussi Schechter, "Saadyana", page 134). Benjamin de Tudela y trouva (vers 1170) 1 000 Juifs («Itinerary», édité par Asher, I, 57), et Pethahiah de Regensburg déclare («Sibbub», p.6, Saint-Pétersbourg, 1881) que lorsqu'il visita l'endroit (1175-80) il contenait une grande communauté juive et trois synagogues, une nommée d'après Juda b. Bathyra, et les deux autres construites par Ezra. Dans une de ces dernières synagogues, rapporte-t-il, il y avait une pierre rouge apportée du Temple de Jérusalem.

Contributions au Temple de Jérusalem[modifier | modifier le code]

« La seule contribution de deux drachmes que chaque Juif payait annuellement pour le Temple, et qui s'envoyait en lingots d'or, produisait des sommes immenses. Nous voyons dans Cicéron que, lorsque Flaccus, préteur en Asie, s'avisa de faire arrêter ces envois, il saisit à Apamée près de cent livres d'or, à Laodicée plus de vingt, quelques faibles sommes à Adramytte et à Pergame[15]. De Néerda et de Nisibe , devenues les places fortes du judaïsme en Babylonie, partaient tous les ans des caravanes de plusieurs milliers d'hommes, emportant l'or que les Juifs de ces contrées envoyaient au temple[16]. » Ces dons en plus de la masse de fidèles qui venaient à Jérusalem pour les fêtes des trois pèlerinages, contribuèrent à la richesse de la Judée. On comprend qu'Hérode aient totalement rénové, agrandi et embelli le Temple.

Nisibe, échanges dans l'Antiquité tardive[modifier | modifier le code]

« le commerce avec le monde romain qui s'effectuait en Haute-Mésopotamie (par Nisibe et Dara) et en Arménie (par Artaxata), constituait pour la Perse le complément indispensable à ses activités avec le monde asiatique (commerce dans les steppes du nord)[17]. »

Babylonie selon Strabon[modifier | modifier le code]

Livre XVI[modifier | modifier le code]

CHAPITE I.

L'Assyrie, l'Adiabène et la Mésopotamie

1 Le pays qui confine à la Perse et à la Susiane est l'Assyrie. On comprend sous ce nom la Babylonie et une grande partie de la contrée environnante, laquelle renferme, outre l'Aturie dont Ninive est le chef-lieu, l'Apolloniatide, l'Elymée, la Parittacène, le canton du Zagros (autrement dit la Chalonitide), les plaines de la Dolomène, celles de la Calachène, de la Chazène et de l'Adiabène autour de Ninive, deux des cantons de la Mésopotamie aussi qui s'étendent jusqu'au Zeugma de l'Euphrate et sont habités, l'un par les Gordyéens, l'autre par les Mygdons de Nisibe, enfin, de l'autre côté de l'Euphrate, l'immense territoire que se partagent les Arabes et ceux d'entre les Syriens qu'on appelle aujourd'hui les Syriens proprement dits, territoire qui se prolonge jusqu'aux frontières de la Cilicie, de la Phénicie, de la Judée, et jusqu'aux rivages de la mer d'Egypte et du golfe d'Issus.

[...]

8. La Babylonie [proprement dite] a pour bornes, à l'est, la Susiane, l'Elymée et la Paraetacène ; au sud, le golfe Persique et la Chaldée jusqu'aux Arabes de la Mésène ; à l'ouest, le territoire des Arabes Scénites jusqu'aux confins de l'Adiabène et de la Gordyée ; au nord, l'Arménie et la Médie jusqu'au Zagros et aux pays circonvoisins.

Au sujet du nom de « Babyloniens »[modifier | modifier le code]

16. [...] Comme la présente contrée s'appelle la Babylonie, il est clair que c'est de son nom, et nullement du nom de la ville de Babylone, qu'on a tiré la dénomination de Babyloniens qu'on applique à l'ensemble de ses habitants. Cela est si vrai que, même pour désigner un personnage natif de Séleucie, on se sert plus volontiers du nom de Babylonien que du nom de Séleucien, comme le prouve l'exemple du stoïcien Diogène. (voir Diogène le Babylonien et son disciple Boéthos de Sidon)

Adiabène et « Babylonie »[modifier | modifier le code]

19. L'Adiabène, province presque entièrement composée de plaines, peut être considérée encore comme faisant partie de la Babylonie, bien qu'elle ait un prince à elle et qu'à diverses reprises elle se soit vu annexer à l'Arménie.

Coutumes[modifier | modifier le code]

Juste après le § dédié à l'Adiabène proprement dite, Strabon décrit les coutumes de l'Assyrie en général et notamment celle-ci:
Toutes les fois qu'il y a eu rapprochement charnel entre deux époux, ils descendent de leur lit l'un après l'autre, et vont brûler de l'encens dans un endroit séparé. Puis, le matin venu, avant de toucher à aucun vase ou ustensile de ménage, ils procèdent à leurs ablutions. Car on ne fait pas de différence, et, de même que les ablutions sont de règle quand il y a eu contact avec un corps mort, de même il faut qu'elles succèdent à l'acte vénérien.

Bien que des critiques pensent y reconnaître les coutumes propres aux mandéens, il semble difficile d'y voir plus qu'une coutume ressemblant à celle des Juifs en général.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Richard Gottheil et Isaac Broydé, « Izates » (d'Adiabène), sur Jewish Encyclopedia.
  2. (en) Richard Gottheil « Adiabene » sur Jewish Encyclopedia
  3. Heinrich Graetz, Histoire des Juifs, Chapitre XVI — Dispersion de la nation judaïque et diffusion de sa doctrine — (40-49)
  4. Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, livre XX, II - 3 : « [Artaban] ne fut pas ingrat pour les services qu'il avait reçus et il en récompensa Izatès par les plus grands honneurs : il lui permit de porter la tiare droite et de coucher dans un lit d'or, alors que cet honneur et cet insigne sont réservés aux seuls rois des Parthes. Il lui donna aussi un grand pays fertile qu'il détacha des possessions du roi d'Arménie. Ce pays s'appelle Nisibis. Les Macédoniens y fondèrent autrefois la ville d'Antioche qu'ils nommèrent Epimygdonienne. »
  5. Traduction de l'Histoire d'Arménie de Moïse de Khorène, livre II, [http://remacle.org/bloodwolf/historiens/moise/histoire2.htm#_ftn142 note no 142.
  6. a et b Christian-Georges Schwentzel, Hérode le Grand, Pygmalion, Paris, 2011 (ISBN 9782756404721), p. 40.
  7. Stéphane Moronval, Rome et les Parthes, Champ de bataille (Thématique), no 11, 2009, p. 48-53.
  8. Stéphane Moronval, Rome et les Parthes, Champ de bataille (Thématique), no 11, 2009, p. 52.
  9. Clément Huart & Louis Delaporte, L'Iran Antique, Albin Michel, coll. « L'Évolution de l'Humanité », Paris, 1943 p. 325.
  10. Velleius Paterculus, Histoire romaine, II, 78.
  11. Florus, Abrégé de l’Histoire romaine, IV, 9.
  12. Stéphane Moronval, Rome et les Parthes, Champ de bataille (Thématique), no 11, 2009, p. 62-63.
  13. Vers le même temps, Arscham (le Noir) entra en fureur contre Enanus, [général de la cavalerie], et qui posait la couronne sur la tête des rois, parce qu’il avait délivré Hyrcan, grand-prêtre des Juifs, fut autrefois prisonnier par Barzaphranès Reschdoum, au temps de Tigrane (autre nom d'Orodès ou son nom de règne) Enanus s’excuse auprès du roi en disant qu’Hyrcan a promis cent talents pour prix de sa délivrance, qu’il espère les recevoir et s’engage à les donner au roi. Alors Arscham fixe un terme à Enanus, qui envoie en Judée un de ses frères appelé Sénékhias, pour réclamer à Hyrcan le prix de la rançon. Cependant, à l’arrivée du messager d’Enanus, Hérode avait fait mourir Hyrcan pour se délivrer de toute espèce d’inquiétude durant son règne. Le terme échu, Enanus ne put fournir le prix de la rançon d’Hyrcan, et Arscham, fort irrité, le dépouille de ses dignités et le fait jeter en prison.
  14. T.B. Sanhédrin 32 b
  15. 1 Cicer., in Flacco, 28. — On peut déduire une population de 75 000 Juifs pour ces quatre villes.
  16. Rome et la Judée: au temps de la chute de Néron (ans 66-72 après Jésus-Christ), par Franz Champagny (comte de).
  17. Le Moyen Âge en Orient, par Alain Ducellier,Michel Kaplan,Bernadette Martin,Françoise Micheau.