Utilisateur:Leonard Fibonacci/Épictète

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Épictète, en grec ancien Ἐπίκτητος / Epíktêtos, qui signifie « homme acheté, serviteur », (Hiérapolis, Phrygie, 50Nicopolis, Épire 125 ou 130) ; probablement fils d'esclaves, il fut lui-même esclave et vendu à Rome à un affranchi de Néron : Épaphrodite. À plusieurs reprises, Épictète nous parle de ce personnage, et la tradition nous a conservé une anecdote significative : Épaphrodite avait enfermé le pied d'Épictète dans un brodequin d'acier et lui tordait la jambe afin de le faire crier. Épictète finit par dire paisiblement : « Tu vas me casser la jambe. » Épaphrodite continua et cassa la jambe d'Épictète. Celui-ci constata alors simplement : « Je te l'avais bien dit : la voilà cassée. » Il en resta boiteux toute sa vie.

Épaphrodite autorise néanmoins Épictète à assister aux conférences du stoïcien Musonius Rufus, grande figure du stoïcisme. Par la suite, Épictète est affranchi dans des conditions qui restent indéterminées, même s'il est très probable que cet affranchissement était inscrit dans le testament de son maître — exécuté en 95/96 — comme cela était fréquent pour les esclaves domestiques.

Il se consacre à la philosophie, au stoïcisme en particulier. À Rome, il habita une masure toujours ouverte, meublée d'une table et d'une paillasse. Alors qu'il avait acheté un jour une lampe de fer, un voleur la lui déroba. Il se contenta de réagir en disant que « s'il revient demain, il sera fort surpris, car il n'en trouvera qu'une de terre. » Un ignorant acheta fort cher cette lampe à la mort du philosophe, croyant qu'elle lui donnerait la même lumière que celle qui avait éclairé Épictète ! » En 89[1], il doit quitter Rome à la suite de l'édit d'expulsion des philosophes hors de la cité, d'après la volonté de l'empereur Domitien, car ce dernier s’accommode mal de l’influence des philosophes qui génèrent des opposants à son régime tyrannique[2].

Ruines romaines de Nicopolis.

Épictète se retire à Nicopolis d'Épire, ville de passage des nobles grecs et romains en voyage vers l'Italie ou la Grèce, en vivant dans la pauvreté, sans famille. À Nicopolis, il ouvre une école stoïcienne qui connaît un grand succès. Pendant plusieurs années, il enseigne sous la forme de discussions et de remises en question. Ses contemporains semblent avoir la plus grande estime pour la qualité de son enseignement. Selon Spartianus, il revint à Rome et devient familier de l'empereur Hadrien, mais le fait est hautement improbable. L'épisode est également relaté par l’Histoire Auguste[3], mais ce texte est en grande partie une imposture, et la lettre d'Épictète à Hadrien est clairement apocryphe. En revanche, le respect de l'empereur pour Épictète semble corroboré par la plupart des sources. Selon la Souda, il aurait vécu jusqu'au règne de Marc Aurèle, mais d'après Aulu-Gelle, Épictète est déjà mort quand celui-ci arrive au pouvoir[4]. Il est conjecturé qu'il enseigna à Julius Rusticus[5], qui devint plus tard l'enseignant de Marc Aurèle et l'introduisit à la philosophie stoïcienne par l'intermédiaire d'Épictète.

Il meurt à Nicopolis, probablement vers l'an 125 ou 130.

Épictète n'a laissé aucun écrit, mais l'un de ses disciples, Arrien, a recueilli ses propos regroupés en plusieurs ouvrages, dont deux subsistent : Les Entretiens (διατριβαί, diatribai) et Le Manuel (Enkheiridion), qui résument sa doctrine et en font émerger les traits distinctifs. Les Entretiens constituaient originellement huit livres, dont seuls les quatre premiers subsistent. Le Manuel est un condensé, constitué de 53 courts chapitres, réalisé par Arrien, qui met en aphorismes les propos d'Épictète. La sélection effectuée par Arrien est avant tout centrée sur la conduite de la vie et de l'esprit en toutes circonstances, se présentant comme un ouvrage éminemment pratique. Son héritage a été conservé à travers un unique manuscrit, datant du XIe ou XIIe siècle, et conservé à la bibliothèque d'Oxford.

Le cours de philosophie d'Épictète peut être hypothétiquement reconstitué à partir des fragments d'informations rapportés dans les textes d'Arrien. D'après Émile Bréhier, « La séance commençait par une leçon technique, faite par le maître ou par un disciple : commentaire d'un texte de Chrysippe ou de Zénon ou encore exercice de logique ; après quoi, souvent à l'occasion d'une question posée par un auditeur, le maître se laissait aller à une improvisation. Celle libérée de toute forme technique, dans un style souvent brillant et imagé, plein d'anecdotes, ayant recours à l'indignation et à l'ironie. »[6].

Réflexions[modifier | modifier le code]

Puisque Épictète se retire à Nicopolis à la suite de l'expulsion des philosophes de 89, cela veut dire qu'il habite Nicopolis alors qu'il est encore esclave d'Épaphrodite. Dans ces conditions, la maison où il loge à Nicopolis appartenait très vraisemblablement à son maître. Puisque Paul de Tarse passe l'hiver 66/67, (l'hiver qui précède sa deuxième arrestation et son deuxième envoi à Rome) à Nicopolis et que cela intrigue les historiens, on peut supposer qu'il a été logé dans la riche résidence d'Épaphrodite dont Épictète a ensuite hérité à moins qu'il n'ait hérité que de la dépendance de cette demeure où il avait fondé son école. Après la mort de son maître, Épictète continue à agir depuis Nicopolis, où il monte une école. C'est très probablement qu'en même temps que son affranchissement, le testament d'Épaphrodite lui donnait cette résidence ainsi probablement que d'autres parties de l'héritage, comme cela était coutumier pour les esclaves domestiques et/ou pour ceux de grande qualité intellectuelle. Epaphrodite avait lui-même bénéficié de cette habitude auprès de son maître. Toutefois, s'il en a bénéficié de son vivant, c'est peut-être parce que son maître et lui-même étaient Juifs et qu'il est interdit à un Juif de posséder un esclave juif pendant plus de 7 ans. Mais ça peut tout aussi bien être parce qu'il avait été un bon percepteur du fils de Modestus qu'il a été affranchi, comme le dit la Souda à propos d'Epaphrodite de Chéronée. D'autant ue son maître a ainsi pu en faire le "don" à l'empereur pour se faire bien voir auprès de lui et que c'est pour cette raison qu'en récompense il a été nommé préfet d'Egypte. Jusqu'à peu le seul préfet d'Egypte connu était Tiberius Claudius Balbilus (que en_wiki en anglais appelle Tiberius Claudius Balbilus Modestus sans aucune source. Toutefois grâce à des payrus documentaires on connaît un deuxième préfet d'Egypte: Tiberius Claudius Felix qui était préfet d'Egypte en 55 et avait un affranchi appelé Epaphrodite. Peut-être est-ce lui le "Modestus dont parle la Souda. Ce qui renforce l'idée que le préfet d'Égypte appelé "Modestus" était Tiberius Claudius Felix et que c'est lui qui a affranchi Tiberius Claudius Epaphroditus, lui donnant son praenomen et son nomen comme c'était l'usage.

Si on assume l'identification de Saul/Paul avec Saul, le frère de Costobar et le parent d'Agrippa mentionné par Flavius Josèphe comme le propose certains historiens dont Robert Eisenman, celui-ci est envoyé auprès de Néron en Achaïe par Cestius Gallus en 66. Après sa mission auprès de Néron, il est donc logique qu'il se retrouve en Achaïe. Pour accéder à Néron, il a très vraisemblablement été en contact avec Épaphrodite, qui est alors le secrétaire de Néron. Épaphrodite était probablement intéressé par Jésus que Dieu semblait avoir désigné pour avoir une mission exceptionnelle en lui permettant de survivre à une crucifixion, alors que tous ceux qui avaient assisté au supplice — à commencer par les bourreaux — certifiaient qu'il était mort lorsqu'il a été descendu de la croix. Il est donc probable que la présence de Saul/Paul à Nicopolis d'Épire s'explique parce que Épictète a proposé à Saul/Paul d'y passer l'hiver 66/67 dans la (riche) demeure qu'il y possédait. L'activité de Néron et de toute sa suite devait en effet se centrer à Corinthe où Néron donnait des spectacle et participait à des concours, mais aussi où il faisait creuser le canal de Corinthe (réalisation finalement abandonnée par ses successeurs) et dans ces conditions, après sa mission d'information, Saul/Paul devait s'éloigner de Corinthe et ne pouvait donc pas être hébergé par un des membres de l'église locale. Cette présence à Nicopolis d'Épire a semblé tellement étrange à certains historiens que Marie-Françoise Baslez a proposé de considérer que Saul/Paul avait passé cet hiver à Nicopolis de Cilicie, sans que cette proposition ne rencontre une grande réception.

Epictète et ses disciples étaient appelés Juifs[modifier | modifier le code]

« Le deuxième passage parle des Juifs : « Pourquoi joues-tu le Juif, quand tu es Grec ? Ne sais-tu pas pourquoi l’on dit qu’un tel est Juif, Syrien ou Egyptien ? D’ordinaire, quand on voit quelqu’un être à moitié ceci, à moitié cela, on dit : Il n’est pas Juif, mais il joue le Juif. Ce n’est que quand un homme prend l’esprit du baptisé et du sectaire qu’il est réellement Juif, et qu’on lui en donne le nom. Il en est de même de nous : nous n’avons pas été baptisés ; nous sommes Juifs de nom, mais pas de fait[7]. » Il y a d’autres mentions des Juifs chez Epictète, mais ici, la référence au baptême » est notable. Le mot baptême renvoie normalement à une ramification du mouvement créé par Jésus ou Jean le Baptiste (mais une cérémonie équivalente existait chez les juifs lorsqu'un païen se convertissait).

On apprend ici qu'Epictète et ses disciples étaient désignés sous le nom de Juifs, alors que selon Epictète ils ne l'étaient que de nom.

Au sujet des Galiléens[modifier | modifier le code]

« Et quand l’égarement chez nous, quand la coutume chez les Galiléens, suffisent à donner cette disposition d’esprit, le raisonnement et la démonstration ne pourraient apprendre à personne que c’est Dieu qui a tout fait dans le monde, et qu’il a fait ce monde dans son ensemble indépendant et sans autre fin que lui-même, tandis que les parties n’en existent que pour les besoins du tout[8] ! »

Epictète et Paul[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Lucien de Samosate 2015, p. 84.
  2. Petit 1974, p. 120.
  3. Histoire Auguste, « Vie d'Hadrien », 16.
  4. Aulu-Gelle, Nuits Attiques, livre II, 18.
  5. Manuel d'Épictète, Flammarion, coll. « GF », Paris, 1997 (ISBN 978-2-0807-0797-0), p. 9.
  6. Émile Bréhier, Les Stoïciens, Paris, Gallimard, 1962, collection « Tel », tome II, p. 803. Bréhier renvoie également à son Histoire de la philosophie, tome I, p. 422.
  7. Arrien, Entretiens, II, 9.
  8. Arrien, Entretiens, IV, 7.