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Utilisateur:Juan242477/Brouillon

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Luc Mondry.

De son maitre Gaston Bertrand, Luc Mondry, hérita d’une conception spiritualiste de l’art, d’un certain sens de la transposition plastique à partir du réel et d’un goût privilégié pour l’aquarelle utilisée à la manière de l’huile. Derrière l’abstraction apparente de ses premières aquarelles se devine, comme chez son maitre, un regard sur telle ou telle réalité : vallonnements de villages méridionaux, silhouettes de massifs d’arbres, végétations polymorphes. Profondément croyant, Luc Mondry va trouver dans la pratique picturale de quoi satisfaire et exprimer le fond mystique et contemplatif de sa nature. Aussi, au cours des années 60, se montre-t-il maintes fois inspiré par des édifices religieux romans. L’élévation d’un clocher, la succession de voûtes, la disposition de lieux monastiques donnent lieu à d’inventifs décrochements de plans qui mènent le motif vers un jeu abstrait de vides et de pleins, délimités par de fins traits d’encre (Cathèdre, 1964). Dans de grandes aquarelles constituées pour l’essentiel de bandes orthogonales ou arquées qui se jouxtent, se superposent et s’imbriquent les unes dans les autres, la densité variable de la matière se détache sur des fonds plus clairs et place les formes dans le monde immatériel.

Durant les années 70, poursuivant obscurément cette quête méditative à la frontière de la non-figuration, Luc Mondry atteint une plénitude tout à la fois plastique et métaphysique, d’autant plus admirable qu’elle s’exprime par une sobriété formelle et une austérité chromatique accrues. Son art s’inscrit dans la lignée d’un minimalisme abstrait, il s’agit en l’occurrence d’épures géométrisantes fondées sur le triangle, le carré, la croix et le losange, traversées d’ossatures linéaires ténues et de confidences formelles aux tonalités subtiles de beiges, de jaunes, de gris, de mauves qui s’ordonnent selon d’ingénieux décalages d’équilibre ; il titre ces œuvres : devant ma table ou encore le peintre, la table et la croix, soulignant ainsi à la fois les circonstances matérielles à l’origine des œuvres et la méditation qui les a motivées. D’un voyage en Auvergne en 1975 va naître une série d’aquarelles ( en revenant d’Auvergne) qui évoquent à nouveau, par leurs accords de formes angulaires et arquées, les plans généraux ou les lignes essentielles d’architectures cisterciennes : plan basilicaux ou en croix grecque, arcatures en plein cintre, berceaux de voûtes, transepts et portails, tels sont les éléments formels que l’artiste suspend dans un univers d’apesanteur mystique, les dépouillant de toute signification autre que poétique grâce aux sortilèges de gammes chromatique plus évocatrices que descriptives , qui confondent sciemment les volumes et l’espace qui les environne. En 1976, une nouvelle série d’aquarelles et de toiles, cette fois affranchies de toute référence à la réalité, et que l’artiste intitule en quatre, atteignent un dépouillement de langage qui évoquerait le radicalisme suprématiste d’un Malevitch (un peintre qui fascine Mondry) ou la « peinture de champs » des Barnet Newmann et Rothko : la surface nue, mais animée par les vibrations de couleurs à présent plus vives, se voit divisée à équidistance par une horizontale et/ou une verticale, ou bien par une croix, avec laquelle vient parfois dialoguer un cercle. Au début des années 80, Luc Mondry semble vouloir se délester de sa maîtrise formelle pour procéder à une sorte de réapprentissage de l’écriture ; il décide alors de se priver des réflexes habituels liés à l’usage de la main droite. Commence son aventure de la « peinture gauchère. De la main gauche, il s’essaie d’abord à inscrire des singes ténus, de sortes de biffures et d’accents qui fourmillent sur la totalité de la feuille : « des essaims de signes noies bourdonnant à même la page, des sortes de marelles-graffiti balayées d’humides balafres », écrit le critique d’art Jo Dustin. Désormais l’artiste se sent prêt pour de nouvelles aventures informelles sur des supports plus vastes, mélangeant souvent les techniques et abordant la peinture à l’acrylique. Poussant les expériences gestuelles, l’artiste axe ensuite sa recherche plastique sur la pratique simultanée des bras gauche et droit : bilatéralisme qui produit la série En miroir, des compositions symétriques qu’un axe central vient affermir, où s’inscrivent d’élégantes calligraphies de tonalité extrême-orientale. Gestes de tendresse, de vénération, de révolte ou d’émerveillement, ces œuvres en disent long sur l’intériorité de l’artiste. Extrait de « Art Belge au XX ieme Siècle » de S. Goyens de Heusch.

Biographie :

1958-1961 : études à l’institut supérieur Saint-Luc à Bruxelles dans l’atelier de Gaston Bertrand. 1963-1969 : travail de coopérant-éducateur au Congo Belge. 1964 : première exposition personnelle (avec Francis De Bolle) à Bruxelles. 1967-1969 : enseigne la peinture à l’institut supérieur de Saint Luc de Bruxelles 1972 : exposition personnelle à l’initiative du Ministère de la Culture : à Namur, Tournai, Wavre et Mons (Musée des Beaux-Arts) ; première des cinq expositions à la galerie Armorial à Bruxelles. 1974-1975 : séjour en Auvergne qui engendre la série d’œuvres inspirées par les abbayes cisterciennes. 1979-1980 : enseigne la peinture à l’académie des Beaux-Arts de Tournai 1980 : s’adonne à la peinture gauchère ; cofondateur du groupe Artes Bruxellae 1988 : exposition (en duo avec Thérèse Chotteau) à la GPOA à Bruxelles. 1992 : rétrospective à la Fondation pour l’art Belge Contemporain. 2003 : exposition à la galerie Zedes à Bruxelles.

Collections : Etat belge Communauté française de Belgique Musées royaux des Beaux-Arts (Bruxelles) Musée des Beaux-Arts (Tournai) Fondation pour l’Art Belge Contemporain (Musée de Louvain-la-Neuve) Centre culturel (Florenville) Banque National (Bruxelles) Banque Dexia.

Collections privées :

R. Van Malder A. De Knyf A. P.Dröll C.Bauwens J.Canivet Canivet –Desmed M.Rover C. Renson M.T Crochet J. Draime E.Dupuis J.L De Stoop Vidick – Paulet S. Goyens de Heusch H. Van Hoey J.Huysmans P.Wolfcarius Dannels R.Thys F.Nisery M. Van Campenhout A. Dumont L.D Schwarts M.Y Callebaut

Bibliographie :

Serge Goyens De Heusch, Luc Mondry, Bruxelles, 1992 Luc Mondry, Conversation avec François Mortier, Gerpinnes, 1999 Cat. Exp. Mondry, 1972 ; les poèmes plastiques de Luc Mondry, Bruxelles , 1976 (texte de Suzanne Otlet) ; Luc Mondry, Bruxelles, 1988 ( textes de jacques De Maet et Marie-France Willaumez) Françoise Mortier, interview, Corps à cœur : Luc Mondry, artransit, dans revu GPOA, mars 1994