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Utilisateur:Gerard-emile/Brouillon Les Hymnes de Hölderlin

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Les Hymnes de Hölderlin: La Germanie et le Rhin ou Hôlderlins Hymnen « Germanien » und « Der Rhin » forment le tome 39 de l'édition intégrale de Martin Heidegger (Gesamtausgabe) reprenant un cours de l'hiver 1934-1935, ce cours est le premier texte que Heidegger consacrera parmi beaucoup d'autres par la suite au poète allemand Friedrich Hölderlin qui ne cessera plus de l'inspirer et dans lequel il trouvera les ressources pour effectuer sa célèbre Khere ou Tournant. Christian Dubois[1] note, (exagérément?) qu'une telle rencontre aurait transformé radicalement sa pensée en lui donnant son nouvel orient . En suivant Jean-François Mattéi[2], on notera aprés l'exposé du chapitre qu'Heidegger consacre à la langue et à la poésie ,le parallèle qu'il fait dans sa lecture entre les quatre notes fondamentales du poème La Germanie avec les quatre puissances de l'origine du poème Le Rhin Nous reprendrons ci-aprés les mêmes distinctions en les concentrant quelque peu.

Les Hymnes de Hölderlin: La Germanie et le Rhin
Auteur Martin Heidegger
Pays Drapeau de l'Allemagne Allemagne
Genre Essai philosophique
Version originale
Langue Allemand
Titre Hôlderlins Hymnen « Germanien » und « Der Rhin »
Éditeur Vittorio Klostermann
Lieu de parution Frankfurt am Main
Date de parution 1980
Version française
Traducteur François Fédier, Julien Hervier
Éditeur Gallimard
Collection Bibliothèque de philosophie
Lieu de parution Paris
Date de parution 1988
Nombre de pages 285
ISBN 2-07-071311-3

Considérations générales sur la poésie et le langage[modifier | modifier le code]

l'essence de la poésie[modifier | modifier le code]

la dérive moderne du sens de la poésie[modifier | modifier le code]

Le travail du poète est essentiellement compris comme l'expression symbolique d'un vécu relèvant d'une analyse historique ou d'une recherche psychologique sur ses motivations profondes. Le « poétiser » est donc un processus psychique qui en tant qu'expression d'un vécu se situe dans l'âme du poète, d'une culture ou collectivement de tout un peuple.Selon leur contenu et leur forme on classe habituellement ces expressions en poésie lyrique, épique , romantique., morale ou engagée. Cependant la conscience se fait jour , même parmi les non philosophes, que tout ce découpage n'est qu'un simple éclairage et que la poésie est autre chose et notamment la rencontre entre celui qui, par ses mots, se dit sans doute lui-même mais aussi dit son monde, et celui qui reçoit et partage ce dévoilement.( En témoigne, par exemple, une œuvre typologiquement inclassable comme les Chants de Maldoror de Lautréamont).On va jusqu'à aborder parfois la poésie dans un esprit scientifique ou absolument et uniquement formaliste.

l'être de la poésie[modifier | modifier le code]

Pluôt que d'interoger le "Je" subjectif du poète Heidegger tente d'établir à partir de quelques traits assez complexes relevés dans ses analyses par Jean-François Mattéi et l'étymologie du terme poétiser en allemand dichten ,ce que pourrait être l'essence « en soi » de la poèsie en passant par l'être du langage[3], à savoir:

  1. la langue parmi les biens de l'homme, est celui qui est le plus précieux
  2. la langue est en grand péril
  3. la langue a quelque chose à voir avec les positions fondamentales de l'homme vis-à-vis de l'étant
  4. la langue comme protection de l'homme contre le dieu
  5. l'être de l'homme comme dialogue
la fonction de la poésie[4][modifier | modifier le code]
  1. poétiser est un dire qui rend manifeste .Le Dasein est exposé à la surpuissance de l'Être et entre tous, le poète est celui qui reçoit directement les « orages des dieux...à tête découverte »[5]
  2. poétiser c'est recevoir le signe des dieux .La poésie est l'écho de ces signes divins (l'éclair et l'orage) répercuté dans le peuple.[6]Les dieux font signe par cela même qu'ils sont , ce sont les poètes qui instaurent ce qui demeure.
  3. être poète n'est pas un mérite mais une exposition à l'Être
l'interprétation de la poésie[modifier | modifier le code]

L'interprétation heidegerienne du poème la Germanie constitue un exemple parfait d'opération herméneutique qui s'articule selon quatre mouvements relévés par Jean Greisch:[7]

  • il y a d'abord le degré zero de la compréhension du texte, en tant que texte et son énoncé
  • on passe ensuite à 'écoute de la vibration d'un dire
  • qui lui même , en tant que dire, a sa racine dans une sensibilité fondamentale Grundstimmung
  • sensibilité fondamentale qui détermine à son tour un « lieu métaphysique »

l' « avoir part » à la poésie[modifier | modifier le code]

L'homme ne peut être défini par ses seules occupations, ni par sa fonction dans la société, ni d'aucune manière ontologique satisfaisante , il est donc toujours Die Unheimlichkeit , toujours « sans chez soi » , sans essence ,sans fondement et sans sol .Qu'est-ce qui reste alors peut constituer notre part essentielle d'humanité  ? La poésie apporte-t-elle une réponse ? Qu'en est-il de la question du divin et de l'invocation nostalgique du retour du dernier dieu ? Pour Jean Greisch l'oeuvre d'Hölderlin telle qu'elle est comprise par Heidegger a pour enjeu essentiel la lutte concernant la venue ou la fuite du dieu[8].Parce que cette part essentielle de notre humanité reste indéterminée la question mérite de rester ouverte, la question du sacré comme la question de la place du dieu[9].

  • Le poète n'apporte aucune réponse sinon énigmatiquement, que l'homme doit « avoir part»[10] sans plus d'autre précision, Heidegger en conclut que le poète renvoie l'homme « aux liens qui pourraient l'unir aux autres hommes dans le partage de la poésie »[11], dont le rôle sera d'ouvrir l'homme au tout de l'être.
  • Car la poésie depuis son étymologie grecque n'est pas un simple mode littéraire ni une forme élevée de la culture et encore moins l'expression d'un sentiment ou d'une souffrance mais l'instauration essentielle de l'Être, das Seyn dans l'afflux de toutes les significations de l'Etant que permet le langage[12]

L'homme habite en poète[modifier | modifier le code]

Le retournement natal dans l'Hymne à la Germanie[modifier | modifier le code]

l'expression du ton fondamental du poème[modifier | modifier le code]

Ces dieux enfuis, que le poète évoque, faut-il encore les invoquer ou faut-il y renoncer? Seul l'exposé du ton fondamental du poème permet de trancher.Les invoquer serait les ramener dans une époque qui n'est plus la leur et où il ne représenteraient plus que des images mortes « Non les bienheureux ,il est à peine permis de réveiller les morts » Le poème débute par cet interdit mais reste une profonde nostalgie « les êtres de nostalgie » qui soulève la terre des ancêtres envers ces images divines « apparues dans le ciel antique ».Mais nous n'avons pas véritablement renoncé ce sont les dieux qui se sont enfuis et c'est l'homme et, toute la nature avec lui, qui endure cette perte et la détresse de cette absence
Cette invocation impossible entraîne douleur et pâtir , c'est pourquoi elle est une plainte qui s'élance dans un ton fondamental de deuil Cette plainte qui s'inscrit dans un renoncement des dieux anciens ,parce qu'elle volontairement endurée, instaure une autre ouverture de l'étant tout entier.Ce que veut le ton c'est le « deuil sacré » qui accorde et ajointe ce qui a été désaccordé[13].

le deuil sacré[modifier | modifier le code]

Le deuil c'est le renoncement à invoquer les anciens dieux mais non en raison de leur effacement mais par respect pour ce qu'ils ont été.

le dés-interessement[modifier | modifier le code]

Hölderlin assimile, sacré, et « désinteressé ». Ce caractère n'est pas seulement l'oubli de l'avantage personnel mais aussi l'oubli de l'intérêt commun .Ce désintérêt bien compris conduit au-delà de la notion d'utile et d'inutile

la patrie, la terre mère comme puissance[modifier | modifier le code]

plainte du deuil et deuil qui accompagne celui de la patrie[14],plainte de la terre qui n'a nul besoin qu'on lui prête anthropologiquement des sentiments puisque c'est elle-même qui donne le ton fondamental y compris pour l'homme qui se tient ouvert à l'étant.

l'être-là jeté dans le ton fondamental[modifier | modifier le code]

L'homme l'être-là, et surtout le poète, est jeté dans le ton fondamental, ce ne sont plus des tonalités qui se déploient à partir d'un sujet ou d'un objet mais à l'inverse ce sont les tons qui en tant qu'élément de puissance englobent et traversent le tout.

le deuil partagé avec les puissances du fleuve et de la terre[modifier | modifier le code]

la force d'ouverture du ton fondamental[modifier | modifier le code]

la sauvegarde de la mémoire des dieux anciens[modifier | modifier le code]

la chute du Dasein historique, la déréliction[modifier | modifier le code]

l'expression du deuil comme disponibilité[modifier | modifier le code]

les quatre notes et la tonalité fondamentale[modifier | modifier le code]

La sensibilité fondamentale n'a rien à voir avec une émotion fugace, il faut la voir comme ouvrant un monde qui sans elle serait fermé ,monde qui recçoit du dire poétique la marque de l'être[15].Heidegger en recense quatre composantes essentielles dont aucune ne peut être séparée des autres :

  • exposition aux dieux
  • insertion dans la terre
  • ouverture du monde
  • fondation de l'être-là

Le Rhin[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Christian Dubois Heidegger , Introduction à une lecture, SEUIL,coll points Essais ,2000 page 270
  2. Chapitres 2 et 3 de Jean-François Mattéi Heidegger et Hölderlin Le Quadriparti Epiméthée PUF 2001
  3. Jean-François Mattéi Heidegger et Hölderlin Le Quadriparti Epiméthée pages 109à118
  4. Martin Heidegger Les Hymnes de Hölderlin : La Germanie et Le Rhin pages 41à49
  5. Tout comme au jour de fête Hölderlin pléiade
  6. Martin Heidegger Les Hymnes de Hölderlin : La Germanie et Le Rhin page 42
  7. Jean Greisch, Hölderlin et le chemin vers le sacré dans poche Cahier de l'Herne Heidegger 1986 page 552
  8. Jean Greisch, Hölderlin et le chemin vers le sacré dans poche Cahier de l'Herne Heidegger 1986 page 551
  9. Jean-François Mattéi Heidegger et Hölderlin Le Quadriparti Epiméthée page 107
  10. Martin Heidegger Les Hymnes de Hölderlin : La Germanie et Le Rhin !6 page64
  11. Jean-François Mattéi Heidegger et Hölderlin Le Quadriparti Epiméthée page108
  12. Jean-François Mattéi Heidegger et Hölderlin Le Quadriparti Epiméthée page118
  13. Martin Heidegger Les Hymnes de Hölderlin : La Germanie et Le Rhin pages 89
  14. Martin Heidegger Les Hymnes de Hölderlin : La Germanie et Le Rhin pages 90
  15. Jean Greisch, Hölderlin et le chemin vers le sacré dans poche Cahier de l'Herne Heidegger 1986 page 553

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens Externes[modifier | modifier le code]

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