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Utilisateur:Fsaintamand/Brouillon

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Le concept de littératie médiatique[modifier | modifier le code]

L'origine du concept[modifier | modifier le code]

La littératie médiatique est un concept traduit de l’appellation anglo-saxonne Media literacy, qui signifie littéralement être « alphabétisé médiatiquement ».

Cette littératie médiatique est donc la juxtaposition de deux autres concepts : la littératie et les médias.

La littératie est définie comme suit selon l’OCDE : « Aptitude à comprendre et à utiliser l’information écrite dans la vie courante, à la maison, au travail et dans la collectivité, en vue d’atteindre des buts personnels et d’étendre ses connaissances et ses capacités »[1].

Cette question d’alphabétisation puise ses racines au Bas Moyen Age, à savoir aux alentours de 1450, suite à l’invention du procédé typographique par Johannes Gutenberg, J. Fust et P. Schöffer. De nombreux ouvrages populaires religieux ou grammaticaux sont alors rendus publics.

On retrouve enfin cette question au XVIIIe siècle, avec l’enquête Maggiolo en France qui sert d’indicateur pour observer la capacité des futurs époux à signer et opérer des actes administratifs comme des contrats de mariage par exemple[2].

C’est Elizabeth Daley qui invite enfin à étendre ce concept de littératie aux (multi-)médias. Il sous-entend qu’une personne « littérée » au XXIe siècle sera quelqu’un qui se montrera capable de lire et d’écrire des médias[3].

Le concept de média peut se définir comme suit : « Un média est une activité humaine distincte qui organise la réalité en textes lisibles en vue de l’action »[4]

Des définitions multiples[modifier | modifier le code]

De nombreux auteurs anglo-saxons ont tenté de livrer une définition de ce que représente réellement la littératie médiatique avec souvent des apports différents.

Patricia Aufderheide définit quelqu'un de littéré médiatiquement comme une personne « capable d'analyser, de comprendre les médias imprimés et digitalisés. Le but fondamental est la critique autonome des médias »[5].

La Commission européenne la définit comme « la capacité à accéder aux médias, à comprendre et évaluer critiquement les différents aspects du média et de son contenu et à créer des communications dans des contextes variés »[6]. 

W. James Potter met en avant le fait qu’il n’existe pas de consensus théorique dans le domaine. La littératie médiatique peut ainsi faire l’objet de définitions diverses selon les auteurs. De manière générale, trois problématiques touchent la notion de littératie médiatique[7] :  

-          La définition d’un média, variable selon l’émetteur du message médiatique ;

-          La définition de littératie. Selon Potter, la littératie nécessite le développement de sept compétences (analyse, évaluation, regroupement, induction, déduction, synthèse, abstraction) ainsi que de cinq sphères de connaissances (sur les effets des médias, le contenu des médias, l’industrie des médias, le monde réel et le soi) ; 

-          La définition de l’objectif de la littératie médiatique : amélioration de la vie des individus, l’éducation scolaire ou l’activisme social. 

Potter dégage cependant quatre thèmes communs dans la diversité des définitions : 

-          Une insistance sur les effets des médias sur les individus, qu’ils soient positifs ou négatifs ; 

-          Une vision de la littératie médiatique comme outil de protection contre les effets négatifs des médias ; 

-          La nécessité du développement du champ de la littératie médiatique ; 

-          L’aspect multidimensionnel de la littératie médiatique, dont il faudrait analyser les composantes cognitives, émotionnelles, esthétiques et morales.

Malgré l’absence de consensus théorique, il est à noter la prédominance de la définition de Renee Hobbs : la capacité d'accéder à des messages médiatiques, de les analyser, de les évaluer et de les communiquer dans une variété de contextes. 

Sans nier les aspects négatifs des médias tels que l’hypersexualisation ou la banalisation de la violence, Hobbs refuse toutefois de limiter le champ à une vision protectionniste[8]. Cette vision conçoit dès lors la littératie médiatique comme un fournisseur d’outils de protection contre les messages médiatiques nocifs à un public passif. Au contraire, Hobbs considère la littératie médiatique comme une forme de pensée critique et comme un outil d’autonomisation. Cette définition tient compte du contexte du Web 2.0 où chacun est à la fois consommateur et créateur de messages médiatiques. La littératie médiatique englobe ainsi les compétences nécessaires pour le codage et le décodage d’un média. 

Le concept de littératie médiatique critique[modifier | modifier le code]

La vision de Hobbs se rapproche de la définition de littératie médiatique critique proposée par Len Masterman. Dans ce cas, la littératie médiatique vise le développement de l’esprit critique de l’individu. Celui-ci devient ainsi capable de déconstruire les représentations véhiculées par les médias et d’exprimer des avis critiques dans l’espace public. 

Len Masterman développe cinq concepts clés de la littératie médiatique[9] : 

-          Principe de non-transparence : les messages médiatiques sont construits ;  

-          Codes et conventions : les messages médiatiques sont construits grâce à un langage créatif avec ses propres règles ; 

-          Décodage de l’audience : un même message peut susciter des interprétations différentes ;

-          Contenu et message, incorporation de valeurs, de points de vue et d’idéologies sous-jacentes dans les messages médiatiques ;

-          L’intervention de motivations d’ordre économique et politique sur le marché médiatique : un média n’a pas pour vocation unique d’informer ou de divertir, il est engagé dans des jeux de pouvoir et de profit. 

[7] Potter James, The State of media literacy (invited essay)

[8] Hobbs Renee, The State of Media Literacy : a response to Potter

[9] Kellner Douglas et Share Jeff, Toward critical media literacy: core concepts, debates, organizations and policy

  1. OCDE, La littératie à l’ère de l’information. Rapport final de l’enquête internationale sur la littératie des adultes, , p. X.
  2. Furet F. et Sachs W., « La croissance de l'alphabétisation en France (XVIIIe-XIXe siècle) », Annales. Economies, Sociétés, Civilisations, vol. 3, no 29,‎ , p. 714-737.
  3. (en) Daley E., « Expending the concept of Literacy », Educause Review, no 38,‎ , p. 32-41
  4. Anderson J. A., « Examen de quelques concepts éclairant la position de l’éducateur aux médias », Rencontre de la recherche et de l’éducation : actes du Symposium,‎ , p. 11-23
  5. (en) Patricia Aufderheide, Media Literacy. A Report of the National Leadership Conference on Media Literacy, Washington D.C., Aspen Institute,
  6. (en) « A European Approach to Media Literacy in the Digital Environment » (consulté le )