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Utilisateur:CyberCCC/Brouillon

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Définition[modifier | modifier le code]

Le concept de media tactiques (Tactical media) est un terme qui émerge en 1996 à la suite de conférences données à Amsterdam par Geert Lovink et David Garcia. Les médias tactiques proposent un activisme et une critique du discours dominant véhiculé par les média de masses. « Les Medias Tactiques, c’est ce qui se passe quand les médias bon marché pour amateurs, issus de la révolution de l’électronique domestique et des circuits élargis de diffusion (que ce soit les chaînes d’accès public ou l’Internet), sont exploités par des groupes ou des individus qui se sentent lésés ou même rejetés par leur environnement socioculturel. »[1] Les médias tactiques désignent des techniques médiatiques détournées et utilisées par des groupes, des communautés, des collectifs, dans le but de se réapproprier un espace de parole et d'action. Les médias tactiques sont les médias DIY (Do It Yourself) par opposition aux médias traditionnels de masses DBO (Done By Others). Avant la naissance de l'Internet, de nombreux collectifs d'artistes et d'activistes avaient déjà démontré, par une pratique virulente et radicale, comment lutter contre la pensée unique ou l’hégémonie des médias. Fluxus, puis les situationnistes, dans la foulée de mai 68, ont diffusé une presse contestataire et révolutionnaire, entre pamphlets, performances et détournements. Depuis le terme est utilisé pour décrire un vaste champ de pratiques artistiques et de groupes activistes tels que RTMark [2], The Yes Men[3], Electronic Disturbance Theater [4], Carbon Defense League, Institute for Applied Autonomy, 0100101110101101.ORG [5], Bureau of Inverse Technology, Ubermorgen, Irrational, subRosa, I/O/D parmi d'autres.

Origines et influences[modifier | modifier le code]

Les médias tactiques prennent leurs sources dans deux grands mouvements artistiques et contestataires : le situationnisme, Dada et le surréalisme. Pour l'International Situationniste, les médias tactiques s’attachent à l’idée du détournement par une transformation et une appropriation critiques d’une œuvre préexistante. Comme les pratiques du dadaïsme, les médias tactiques se jouent des conventions, détournent les règles afin de choquer et de créer un discours subversif. Ils partagent l’ensemble des procédés de création et d’expression du surréalisme, en utilisant toutes les forces imaginatives à travers les techniques médiatiques afin de lutter contre les idées reçues. Bien que la contre-culture des années 60 aient encouragé l’émergence des médias alternatifs, les médias tactiques se distinguent par leur nature éphémère se rapprochant ainsi de la culture Jamming(L'expression "culture jamming" vient du brouillage radio, de l'idée que les fréquences publiques peuvent être piratés et subverti par des communications indépendants, ou perturber les fréquences dominantes [6]). L’esprit activiste qui a régné lors de la chute du mur de Berlin a permis l’émergence des médias tactiques. L’accès à Internet, la télévision et toutes technologies bon marché ont favorisés cette pratique. Aussi, les TAZ : zone autonome temporaire de Hakim Bey ont contribué à définir des modalités d'actions pourtant changeantes. Il s'agit de tactiques nomades insondables, dispersées, inspirées d'un régime militaire. Prise dans un sens d'autonomisation poétique, elles font émerger des projets locaux et éphémères, sensibles au partage de la culture comme de l'espace public. Nombreux s’accordent à penser que les médias tactiques sont en adéquation avec les propos tenus par le philosophe français Michel de Certeau dans « L’invention du Quotidien ». Ce dernier suggère qu’il est possible d’utiliser les éléments sociaux (technique médiatique) de manière créative afin de sortir du système pour lesquels ils étaient à la base conçu. Il amène la notion de "braconnage" et précise d'ailleurs que « de plus en plus, les tactiques se désorbitent ». [7] Cette réappropriation pragmatique ou bricolée apparaît comme une régurgitation collective, une source de transformation. Jacques Rancière indique que cette « intelligence collective de l’émancipation n’est pas la compréhension d’un processus global d’assujettissement. Elle est la collectivisation des capacités investies dans ces scènes de dissensus. (…)Elle est la mise en œuvre de la capacité de n’importe qui, de la qualité des hommes sans qualités. » La création est d’abord réaction. [8] Les médias tactiques ne prennent pas de formes définitives : ils sont en constant changement parce que ils questionnent continuellement le système sous lequel ils opèrent. De nos jours les média tactiques occupent principalement le cyber-espace. Cependant il en existe aussi dans des formes plus tangibles, en utilisant les outils de diffusions d’information de masse, en déviant le contenu.

Pratiques[modifier | modifier le code]

GWEI – Google Will Eat Itself («Google mangera soi») – Installation, The Premises Gallery, Johannensburg, 2005, par Ubermorgen

The Yes Men[modifier | modifier le code]

Les Yes Men[9], composé de Jacques Servin1 et d'Igor Vamos, connus sous les pseudonymes de Andy Bichlbaum et Mike Bonanno, sont deux activistes qui dénoncent le libéralisme par l'humour.

Les deux principaux membres de "The Yes Men", connu comme "Andy Bichlbaum" et "Mike Bonanno" constituent que des cadres du pétrole Exxon peu de temps après avoir fait l'annonce d'un carburant humain de chair dérivée appelée "Vivoleum" au pétrole et Gas Expo (GO-Expo 2007) à Calgary, en Alberta.
Les protestataires de Zapatista au Guatemala

Artiste utilisant les médias tactiques[modifier | modifier le code]

Techniques[modifier | modifier le code]

Les tactiques d'infiltration, d'intrusion de réappropriation, de détournement sont des stratagèmes et des manœuvres pour ouvrir un espace médiatique par et pour les "sans-voix" et tous ceux qui n'ont pas autorité à s'exprimer dans une société organisée hiérarchiquement et économiquement. "Désormais la banderole peut être déployée sur le Web, par la pratique du défacing (...). Le défacing consiste à s'introduire sur le site Internet d'une institution ou d'une entreprise, puis à intervenir sur sa page d'accueil en lui substituant une autre page qui prend la forme d'une banderole et sur laquelle on peut lire que le site a été piraté. La banderole est une manière de revendiquer un hacking; les pirates du Web, réinventant l'usage de la banderole, hissent le drapeau noir. En 2010, le site Zone-H, qui recense l'ensemble de ces actions, déplorait près de 1 419 203 défacements. (...) le groupe de hackers World of Hell (WoH)(...) s'en prit à un grand nombre de sites en 2001, et notamment en opérant de multiple defacement par l'utilisation d'un script automate (...)." [15]

  • défacing : Le défacement de site consiste à le défigurer en modifiant son apparence, particulièrement la page d'accueil. On parle aussi de barbouillage.
  • hacking : Programmer un ordinateur d'une manière intelligente et virtuose.

Autres applications[modifier | modifier le code]

Cette technique de média tactique est également employé en marketing. Les créateurs de projets activistes utilisent le web comme un média tactique (tactical media), au service d'interventions qui soulignent l'impact même de ces nouvelles technologies sur notre culture. Détournant ou retournant la technologie contre elle-même, utilisant le marketing, une nouvelle génération d'artistes subversifs et high-tech crée de nouveaux espaces d'actions publiques. Dans la foulée des mouvements anti-mondialisation et du sommet de Seattle, de nouvelles thématiques ont surgi: les OGN, la protection de la vie privée, la consommation responsable... La définition média 2.0 est apparue avec les évolutions technologiques de l’internet, le web 2.0. Le média permet aux internautes d'interagir à la fois avec le contenu mais aussi entre eux. Pour compléter cette définition média 2.0, les instruments de communication sont les blogs textes, les podcasts (blogs audios), les vlogs (blogs vidéos), les wikis, les flux RSS. Dès 2009, internet pourrait devenir le troisième média publicitaire. Avec l’avènement de l’internet à haut débit et du Web 2.0, le marketing s’est doté d’un moyen de communication renforcé avec ce média (définition de qualité permettant la vidéo, le son, etc…). Les technologies Rich Media permettent donc des performances supérieures et facilitent l'élaboration du media planning. Les innovations apportées par internet, qui sont loin d’être terminées, font d’internet par définition un média incomparable et prometteur.[16] Regardons maintenant les stratégies pour l’art et l’activisme sur l’Internet. La nouvelle culture critique de médias fait face à un climat dur de budgets coupés dans le secteur culturel et à une hostilité et une indifférence croissantes envers les nouveaux médias. Mais la puissance n’a-t-elle pas glissé vers le cyberspace, comme l’a affirmé le Critical Art Ensemble ? Pas vraiment si nous considérons les innombrables manifestation de rue tout autour du monde.[17]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. “The ABC of Tactical Media,” ([1]). Voir également [2].
  2. Site de ®TMark [3], RTMark sur wikipedia en anglais [4]
  3. Site internet des Yes Men[5].
  4. Electronic Disturbance Theater sur wikipedia en anglais [6] .
  5. [7].
  6. Dery, Mark (1990)The Merry Pranksters And the Art of the Hoax, New York Times article, December 23, 1990.
  7. (Michel de Certeau, L’invention du quotidien, ed. Gallimard, 1990, p.65)
  8. J.Rancière, Le spectateur émancipé, La Fabrique édition, 2008 (p.55)
  9. “Les Yes Men” [theyesmen.org/‎]
  10. "How Much it Costs Us" http://howmuchitcosts.us/
  11. http://turbulence.org/Works/oilstandard/
  12. http://hackitectura.net/blog/en
  13. http://www.critical-art.net/home.html
  14. http://bureaudetudes.org/
  15. La banderole, histoire d'un objet politique de Philippe Artières, éditions autrement, Paris, 2013
  16. http://www.strategies.fr/definition-media.html
  17. http://multitudes.samizdat.net/Un-monde-virtuel-est-possible-des