Utilisateur:Chloé.Teyssonnier/Brouillon

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Les Rues de Rome[modifier | modifier le code]

Sous la République, les rues de Rome sont désignées par le terme vici, exceptées la Sacra Via et la Nova Via qui sont qualifiées de viae. Leur largeur varie de 4 mètres à 6 ou 7 mètres, exceptionnellement 8 mètres.

Selon certaines estimations[], Rome, la capitale compte plus d'un million d'habitants sous le Haut-Empire. Elle est avec Alexandrie, la plus grande ville du monde romain. Depuis le Ier siècle, la ville a beaucoup été embellie par les empereurs. Ces nombreux monuments symbolisent la grandeur de Rome et l'art de vivre des Romains. Les forums, lieux de vie politique sous la République, sont devenus des ensembles monumentaux comprenant des basiliques, de nombreux temples, des arcs de triomphe et des bibliothèques. Les rues sont étroites et sinueuses.

L'organisation de Rome[modifier | modifier le code]

Urbanisation[modifier | modifier le code]

Parler de la trame des villes romaines, c’est aborder la question du tracé des rues et autres axes de circulation et de communications internes. L’harmonie absolue était considérée comme étant atteinte si les axes qui ordonnaient le territoire et la division des terres, le cardo [1]et le decumanus maximus[2], partageaient la même orientation que les axes structurants de la ville, le rapport, la proportion parfaite.

La planification des villes commence avec l’implantation de colonies[3] par Rome en 338 avant J.-C. Les Romains utilisaient un système de quadrillage des villes, appelé centuriation. Cette centuriation est un schéma géométrique du plan d’une ville, mais c’est également l’outil des arpenteurs romains pour assigner des lots aux colons. La première démarche des arpenteurs au moment de fonder une ville grecque ou romaine consistait naturellement à établir un réseau de rues. Dans la culture occidentale, l’espace public (les rues) est délimité, le reste étant supposé relever de l’espace privé, lequel peut soit être loué, soit être utilisé par les particuliers moyennant une autorisation, soit encore servir de réserve foncière destinée à accueillir les bâtiments publics. La rue restera l’interface entre espace privé et espace public, facilitant ainsi la communication à l’intérieur de la ville et l’accès à la propriété privée. Bien entendu, elle sera aussi un lieu de circulations et d’activités de toutes sortes décorées de fontaines et de lacus, des bassins rectangulaires surmontés d’une bouche décorée ou non d’où s’écoule de l’eau potable.

Sitôt qu’on passait la porte des remparts, on circulait normalement sur un axe majeur qui nous emmenait au centre névralgique de la ville, où se trouvait le forum ; un réseau de rues parallèles et perpendiculaires organisait le reste de l’espace. Le long des résidences privées ou des monuments publics, les murs étaient dépourvus de fenêtres, à l’exception de ceux des échoppes de part et d’autre de la majeure partie des entrées privées, les tabernae [4].L’absence d’avenues et de places ajoutait à cette sensation de fermeture. Avec le temps, les rues principales ont fini par contourner le forum[5], qui, de place centrale, devint parfois légèrement latérale, quand ce n’était par la rue principale qui n’y donnait pas directement accès.

La Lex Ursonensis[6], du nom de la Colonia Iulia Genetiva réglementait la circulation des personnes. Ses articles établissent le caractère public des voies, des chemins et des sentiers du territoire de la cité, ainsi que les principes de préservation des intérêts privés, même dans le cas où c’est un duumvir [7]qui intervenait sur les vias[8], fossas, et cloacas. Ces interventions touchaient au nivellement de la voirie, aux caniveaux et aux épandages de cailloutis. Lorsqu’elles ont particulièrement trait à l’entretien et aux usages, elles sont à l’initiative de l’autorité civique et des riverains.

Les services et l'administration[modifier | modifier le code]

Sous la République, la ville de Rome n’a pas d’institution propre ni d’organisation municipale spécifique. Les territoires sous contrôle romain ne sont pas gérés par une véritable administration mais par d’anciens magistrats [9]pour une durée souvent limitée à un an, avec un personnel qui ne possède pas de compétences spécifiques précises.

Au moment où Auguste [10]fonde le Principat [11]en -31, Rome ne dispose donc d'aucune administration. Le changement de régime l'oblige à procéder à de grandes réformes et à créer une administration capable de gérer un empire dont la taille augmente. Durant la mise en place de ces réformes, Auguste tente de conserver les institutions républicaines encore existantes tout en les adaptant aux nouvelles nécessités. Peu à peu au cours de son règne, Auguste va prendre sous son contrôle les fonctions municipales mais sans supprimer les magistratures républicaines.

L’usage et la gestion des rues incombent à une multitude d’acteurs, et le résultat final en est l’atmosphère générale. Dans le cas de Rome, l’espace de la rue est un mélange de public et de privé, et le « tri » entre ces deux catégories n'apparaît que bien plus tard. Un arbitrage était donc souvent nécessaire pour juger des empiétements abusifs et les contrôler sans excès.

Le fait de confier la gestion des rues a un corps d’experts ou, tout au moins à des personnages clairement identifiés pour permettre le bon fonctionnement de la ville remonte à l’Empire. Mais dès l’époque républicaine, les édiles [12]formalisent tout un corpus juridique apte à gérer l’environnement urbain qui correspond souvent  au réseau viaire. En général, le travail des maestri (personnalité issue de milieux variés, qui gèrent les rues), qu’ils soient des rues ou des bâtiments, consiste à réguler les usages de la rue, à faire aussi office de police et à contrôler jusque dans une certaine mesure, les transformations urbaines.

Hygiène[modifier | modifier le code]

Les rues de Rome ont besoin d’être entretenues, cette tâche est confiée aux édiles, qui doivent s’assurer de la propreté des rues ainsi que de l’état des pavés. Un service d’entretien des rues, la curae viae, est créé et divisé en deux factions. La première est dirigée par des sénateurs [13]et s’occupe des axes principaux, et la seconde est dirigée par des chevaliers [14]et s’occupe des axes secondaires.

Le système d’évacuation des eaux est également un point très important des rues romaines. Rome dispose du plus grand réseau d'égouts, appelé Cloaca Maxima[15]. Sa construction fut commencée à l’époque monarchique, sous le règne de Tarquin le Superbe[16]. Cet égout fonctionne grâce à un système de nettoyage régulier du réseau de canaux, par l’ouverture des vannes des aqueducs [17]afin d’évacuer les eaux usées. Être relié à ce réseau reste très cher et de nombreuses familles emploient des esclaves qui vont vider les eaux usées dans des bouches d’égout publiques. Le service des égouts est géré par les édiles. Sous le règne d’Auguste, la création d’un service public, la cura aquarum[18], permet la gestion du service de l’eau, qui est confiée à trois curateurs [19]des eaux, un chef de service et deux adjoints. Rome étant une ville massive, qui a pu compter jusqu’à un million d’habitants à une époque, ses rues étaient assez étroites et insalubres, notamment car beaucoup de gens jettent leurs déchets par la fenêtre. C’est donc un environnement propice à la propagation d’épidémies, comme le typhus, le choléra et la malaria. Le poète Juvénal [20]décrit les rues de Rome comme un mélange de bruit, de chaos et d’odeurs.

La sécurité[modifier | modifier le code]

Rome étant une grande ville, il est nécessaire de posséder un système garantissant la sécurité de ses habitants. Nous avons peu d’informations sur la période monarchique. En revanche, nous savons qu’à partir de la République, des magistrats sont assignés à la supervision d’une police. Ces policiers sont majoritairement des esclaves publics. La police est divisée en deux corps : les custodes[21], ou brigade régulière, et les réservistes[22].

Sous Auguste, on dénombre quelques changements. Il met en place une brigade contre les cambriolages, les jours où des jeux sont organisés, car une large partie de la population quitte son domicile pour aller y assister. En 22 avant J.-C., il met en place un corps spécialisé dans la lutte contre les incendies, qui constitue également une police nocturne. Ce corps de police comprend 600 esclaves dirigés par les édiles curules. En 7 avant J.-C., Auguste divise Rome en 14 districts, et assigne 7 cohortes à leur protection (1 cohorte s’occupe de 2 districts).


La vie dans Rome[modifier | modifier le code]

La rue était un espace doté de fonctions multiples, et la circulation n’était qu’une de ses fonctions. Cela signifie que la plupart des métiers et artisanats s’y retrouvaient, y prospéraient, ce qui conduisait donc régulièrement les autorités à intervenir pour « remettre en ordre » l’espace viaire tout en essayant de rationaliser l’usage d’un espace éminemment partagé.

La rue était donc un espace qui s’adressait à tous les sens. Le toucher tout d’abord, car, en raison du gabarit très modeste des rues, les contacts physiques y étaient très courants et représentaient une formes de proximité  sociale. La vue ensuite, par le spectacle continu représenté par la rue et tout ce qui pouvait s’y dérouler. L’ouïe était forcément convoquée en raison de la prééminence des voix. Si l’on y ajoute les sons des forgerons, dinandiers, et les cris des vendeurs ambulants, on peut imaginer quel vacarme pouvait engendrer la ville artisanale. L’odorat et le gout enfin, en raison de la forte présence de commerce de bouchers qui ne manquaient pas de laisser les restes de leurs activités dans la rue. Parmi les injonctions récurrentes de la part des autorités, on retrouve l’exigence de netteté, sinon de propreté des rues. On se rend compte, au passage, de l’importance de l’usage de l’eau, mais aussi de considération en partie esthétiques, notamment dans le souci de préserver la vue sur divers types d’agrément paysagers.

Hiérarchisation et commerce[modifier | modifier le code]

Les plus riches vivent dans de vastes villas, tandis que les plus modestes vivent dans des immeubles collectifs.

Les rues sont autant d’axes de circulation sur lesquels transitent les matières premières dont la ville constitue le centre de redistribution. Par conséquent, activités de transformation, activités de commerce et habitats s'interpénétrèrent ; de plus, les activités commerciales et artisanales ont donc tendances à se concentrer dans les rues les plus importantes.

Loisirs[modifier | modifier le code]

Une foule mélangée et colorée envahit dès le matin les rues de Rome. Ceux qui, pour se rendre à leurs affaires, traversent la ville sans avoir les moyens de se faire transporter en litière, se mêlent aux camelots, aux mendiants, aux coupe-bourse et à tous ceux qui sont à l'affût d'un mauvais coup. Les marchands de saucisses et de bouillies de pois chiche avec leurs éventaires fumants se frayant péniblement un chemin au milieu des pauvres hères qui proposent à même le pavé de la vaisselle ébréchée découverte sans doute dans quelque tas d'ordure, des chanteurs des rues qui braillent d'une voix éraillée un air à la mode, des enfants dressés par leur mère à mendier en agrippant le manteau des passants, des faux naufragés qui tentent d'apitoyer les crédules en brandissant un panneau peint représentant le naufrage où ils sont censés avoir perdu tous leurs biens.


C'est autour du Grand Cirque ou dans les ruelles de Subure [23]que le spectacle est le plus animé. Là se sont donnés rendez-vous tous les charlatans et les artistes ambulants. Des funambules marchant sur une corde raide, un équilibriste exécute des tours d'adresse au sommet d'une perche, de pitoyables animaux savants vêtus d'oripeaux imitent les activités humaines sous les rires des badauds. Près des arches du Cirque, les devins donnent des consultations, ces mages qui prétendent posséder les secrets immémoriaux des sages orientaux et que l'on vient consulter pour savoir l'avenir.

Références[modifier | modifier le code]

  1. « Cardo maximus », dans Wikipédia, (lire en ligne)
  2. « Decumanus », dans Wikipédia, (lire en ligne)
  3. « Colonie romaine », dans Wikipédia, (lire en ligne)
  4. (en) « Taberna », dans Wikipedia, (lire en ligne)
  5. « Forum Romain (Rome) », dans Wikipédia, (lire en ligne)
  6. (en) « Lex Ursonensis », dans Wikipedia, (lire en ligne)
  7. « Duumvir », dans Wikipédia, (lire en ligne)
  8. « Voie romaine », dans Wikipédia, (lire en ligne)
  9. « Magistrats romains », dans Wikipédia, (lire en ligne)
  10. « Auguste », dans Wikipédia, (lire en ligne)
  11. « Principat d'Auguste », dans Wikipédia, (lire en ligne)
  12. « Édile (Rome antique) », dans Wikipédia, (lire en ligne)
  13. « Sénat romain », dans Wikipédia, (lire en ligne)
  14. « Chevalier romain », dans Wikipédia, (lire en ligne)
  15. (en) « Cloaca Maxima », dans Wikipedia, (lire en ligne)
  16. « Tarquin le Superbe », dans Wikipédia, (lire en ligne)
  17. « Aqueducs de Rome », dans Wikipédia, (lire en ligne)
  18. « Curateur des eaux », dans Wikipédia, (lire en ligne)
  19. « Curateur (Rome antique) », dans Wikipédia, (lire en ligne)
  20. « Juvénal », dans Wikipédia, (lire en ligne)
  21. « Gardes germains », dans Wikipédia, (lire en ligne)
  22. « Armée romaine », dans Wikipédia, (lire en ligne)
  23. « Subure », dans Wikipédia, (lire en ligne)

Liens externes[modifier | modifier le code]

[1] The Stanford Geospatial Network Model of the Roman World, ORBIS

[2] A Topographical Dictionary of Ancient Rome, Cloaca Maxima

[3] The Cloaca Maxima and the monumental manipulation of water in archaic Rome, John N. N. Hopkins

[4] La vie dans les rues de Rome, Histoire en question

[5] Organisation de la ville de Rome antique, Wikipédia

Bibliographie[modifier | modifier le code]

BALLET, P. DIEUDONNE-GLAD N., SALIOU C. (dir.) (2008), « La rue dans l’Antiquité. Définition, aménagement et devenir de l’Orient méditerranéen à la Gaule », Presses universitaires de Rennes

ECHOLS E. (1958), “The Roman City Police: Origin and Development”, The Classical Journal, pp 377-385

GONZALES-VILLAESCUSA R. (2021), Les Cités romaines, Presses universitaires de France, Paris

GROS P. (2005) « La ville comme symbole. Le modèle central et ses limites » dans INGLEBERT H. (dir.), Histoire de la civilisation romaine, Presses universitaires de France, Paris, pp. 155-232

GRUET B. (2014), « La rue comme paysage et environnement : le cas de Rome » dans BOUILLON D. (dir.), Paysages, patrimoine et identité. Actes du 135e Congrès national des sociétés historiques et scientifiques, Paris

KOLOSKI-OSTROV A. O. (2018), “ita pestilens est odore taeterrimo: Reading Roman Sanitation from the sources”, The Classical Outlook, pp. 53-61

MACKENDRICK P. (1956), “Roman Town Planning”, Archaeology, pp. 126-133

SALIOU C. (2005), « Identité culturelle et paysage urbain : remarques sur le processus de transformation des rues à portiques dans l’Antiquité tardive », Syria, n°82, pp. 207-22

VITRUVE, "De l’architecture", 15 av. J.-C.