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Opus francigenum[modifier | modifier le code]
L'expression latine Opus francigenum est habituellement utilisée pour qualifier l'architecture gothique des XIIe et XIIIe siècles au moyen d'une expression qui a été utilisée au Moyen Âge et qui signifie mot à mot "ouvrage né en France".
En effet, le qualificatif de « gothique » est ressenti non seulement comme rétrospectif (créé à la Renaissance) et péjoratif (synonyme de barbare) mais surtout participe à l'idée reçue, jusqu'au début du XIXe siècle, que l'art gothique venait d'Allemagne (patrie des Goths).
Lorsque la lettre du doyen de la collégiale de Wimpfen-im-Tal (aujourd'hui Bad Wimpfen), vers 1260, est découverte dans une chronique de cette abbaye, on croit y reconnaître pour la première fois une expression médiévale qui qualifie l'art gothique venu d'Ile de France[1].
Il est souvent écrit et répété, à tort, que l'art gothique était qualifié d’opus francigenum au Moyen Âge, alors que cette expression n'est attestée que dans la seule chronique de Wimpfen-im-Tal.
En outre, des articles récents ont montré qu'il s'agissait en l'occurrence, et au mieux, d'une description d'une technique de construction (comme opus quadratum, cf. aussi les différentes expressions "opus" du glossaire de l'archéologie, ou encore l'opus anglicanum [1] qui désigne à la fois la technique de la broderie anglaise du XIVe siècle, très reconnaissable) et non d'un style en architecture[2].
L’opus francigenum reste donc la seule expression connue qui qualifie la technique gothique au Moyen-Âge, mais il est probable que la notion globale d'architecture gothique n'existait pas au Moyen-Âge, pas plus que la notion d'art roman.
Références[modifier | modifier le code]
- Le texte latin comprenant l'expression opere francigeno (à l'ablatif) a été édité par Mortet et Deschamps en 1929 : Mortet (Victor) & Deschamps (Paul), Recueil de textes relatifs à l’histoire de l’architecture et à la condition des architectes en France, au Moyen-Âge, XIe-XIIe siècles (t. 1), XIIe-XIIIe siècles (t. 2), Paris, Picard, 1911 et 1929. Rééd. Paris, CTHS, 1995, préf. L. Pressouyre, bibliographie O. Guyotjeannin. Voir aussi : Dany Sandron, « Gothique (art) », dans Dictionnaire d'histoire de l'art du Moyen Âge occidental (dir. P. Charron et J.-M. Guillouët)Paris, Robert Laffont, 2009, p. 400-407, en particulier p. 406 sur l'Allemagne gothique et Wimpfen-im-Tal.
- Peter Kurmann, Opus francigenum : Überlegungen zur Rezeption französischer Vorbilder in der deutschen Architektur und Skulptur des 13. Jahrhunderts anhand des Beispiels von Wimpfen im Tal, dans Mitteilungen der Gessellschaft für Vergleichende Kunstforschung in Wien, 33 (n° 3/4), 1981, p. 1-5.