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Utilisateur:Arsenault.maude/Brouillon

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Sentiment d'appartenance[modifier | modifier le code]

Le concept de sentiment d’appartenance, ou terminologies semblables utilisés par différents auteurs, tels sentiment d’identité[1] ou appartenance culturelle[2], est inextricablement lié à celui d’identité. En effet, le mot appartenance est souvent « employé comme un substitut synonyme de celui d’identité, consciemment ou non, lorsqu’il s’agit d’identité collective »[3]. Les théories plus modernes, quant à elles, dans une vision privilégiant le constructivisme, l’interactionnisme ou le situationnisme[4], voient l’identité comme n’étant pas « une donnée, mais une dynamique, une incessante série d’opérations pour maintenant ou corriger un moi où l’on accepte de se situer et que l’on valorise »[5]. Sans avoir retracé les premières utilisations de l’expression « sentiment d’appartenance », il semble que des chercheurs se penchent depuis longtemps sur l’appartenance à des identités collectives. C’est ainsi que le sociologue Guy Rocher explique qu’« appartenir à une collectivité, c’est partager avec les autres membres assez d’idées ou de traits communs pour se reconnaître dans le « nous » »[6]. Plus tard, Victor ? Turner écrira que « l’appartenance à un groupe particulier, en ce qui concerne ses fonctions d’identité sociale, est reliée à une évaluation positive de ses attributs par comparaison aux autres groupes » [7]. À Mucchielli, ensuite, de penser que ce sentiment d’appartenance est quelque chose d’universelet non seulement construit, qu’il « prend ses sources dans la relation primitive du nourrisson avec sa mère, puisqu’on sait que dans son état premier, le nourrisson ne se distingue pas de sa mère, et découle tout autant du fait que l’être humain est un être social »[8]. Le concept de sentiment d’appartenance est généralement défini comme « la conscience individuelle de partager une (ou plusieurs) identité(s) collective(s) »[9], et donc de faire partie d’un ou de plusieurs groupes auquel(s) nous reconnaissons des traits partagés. Il est aussi défini comme l’émotion de se considérer comme partie intégrante d’une famille, d’un groupe ou d’un réseau. Ce sentiment se construit «  par un processus d’identification à trois polarités : identifier autrui, s’identifier à autrui et être identifié par autrui »[10]. C’est, en d’autres mots, ce qu’avance Taylor dans sa théorie de la reconnaissance, où il avance que la découverte de son identité n’est pas un processus fait dans l’isolement, mais bien négocié par un dialogue, « partiellement extérieur, partiellement intérieur, avec d’autres »[11]. Le sentiment d’appartenance vient donc d’une personne qui se reconnaît comme faisant partie d’un groupe, mais cette reconnaissance doit être réciproque. Le groupe doit reconnaître l’individu comme étant l’un des leur.. L’appartenance à un groupe est la partie collective de l’identification du Soi. Qui dit groupe d’appartenance dit aussi autres groupe , ce qui amène l’idée de frontières [12], d’un « nous » et d’un « eux ». La négociation d’identité se fait donc à l’échelle groupale, où les frontières se fixent, se déplacent et se reconnaissent à l’aide de limites symboliques, ou de traits identitaires, qui se distinguent ou se rapprochent[13]. Bien entendu, comme il n’existe pas qu’une seule identité, il n’existe pas une seule appartenance, pour renvoyer au concept de multiciplicité des facettes identitaires d’un même individu[14] ou bien de l’être polyidentitaire[15]. L’identité et l’identification à un groupe sont en constante négociation et se modifient avec le temps et le contexte. Les « identifications acquises »[16] sont liées à des contextes modifiables et renouvelables. Néanmoins, il est important de ne pas tomber dans le situationnisme extrême et de penser que les choix identitaires ne sont qu’opportunisme et rationalité, puisque les comportements des individus viennent, en partie, des traditions culturelles de chacun[17].


Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. MUCCHIELLI, A., (1986), L’identité, Paris, PUF.
  2. KREWER, B. (1994), « Soi et culture : des rencontres empiriques, scientifiques et épistémologique », dans J. Blomar et B. Krewer (dirs.) Perspective de L’interculturel, Paris : ENS/L’harmattan, p.162-189.
  3. FRANCARD, M. Et BLANCHET, P. (2004). "Sentiment d'appartenance". Dans Jucquois, Guy & Ferréol, Gilles (dir.), Dictionnaire d'interculturalité. Paris: A. Colin.
  4. POUTIGNAT, Ph. et SREIFF-FENART, J. (1995), Théories de l'ethnicité, suivi de Les groupes ethniques et leurs frontières de F. Barth, Paris, PUF, 270 p.
  5. CAMILLERIE, C. (1998b), « Cultures et stratégies, ou les mille et une manières de s’adapter » dans J.C. Ruano-Borbalan (dir.), L’identité. Auxerre, éd. Sciences Humaines, p.57-62
  6. ROCHER, G. (1968). “Multiplication des élites et changement social au Canada français ”. Un article publié dans la Revue de l’Institut de sociologie, no 1, Bruxelles: Université libre de Bruxelles, pp.79-94
  7. TURNER, J. C., (1979), « Comparaison sociale et identité sociale : quelques perspectives pour l’étude du comportement intergroupes », dans W. Doise, Expériences entre groupes, Paris, Mouton.
  8. MUCCHIELLI, A., (1986), L’identité, Paris, PUF.
  9. FRANCARD, M. Et BLANCHET, P. (2004). "Sentiment d'appartenance". Dans Jucquois, Guy & Ferréol, Gilles (dir.), Dictionnaire d'interculturalité. Paris: A. Colin.
  10. FRANCARD, M. Et BLANCHET, P. (2004). "Sentiment d'appartenance". Dans Jucquois, Guy & Ferréol, Gilles (dir.), Dictionnaire d'interculturalité. Paris: A. Colin.
  11. TAYLOR, C.Taylor, (1997) « La politique de la reconnaissance », dans Multiculturalisme, différence et démocratie, Flammarion, pp.41-99
  12. BARTH, F. (1969). Ethnic Groups and Boundaries: The social organization of culture difference. Bergen/Oslo, Universitetsforlaget, Londres, George Allen & Uwin.
  13. FRANCARD, M. Et BLANCHET, P. (2004). "Sentiment d'appartenance". Dans Jucquois, Guy & Ferréol, Gilles (dir.), Dictionnaire d'interculturalité. Paris: A. Colin.
  14. LAPLANTINE, F. (1994). Transatlantique, Entre Europe et Amérique. Paris : Payot.
  15. MORIN, E. (1987). Penser l’Europe. Paris : Gallimard.
  16. RICOEUR, P. (1991). Soi-même comme un autre. Paris : Seuil.
  17. GADAMER, H.-G. (1996). Vérité et méthode, éd. intégrale, Paris : Seuil.