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Utilisateur:Ananille/Brouillon

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On parle également de cultures de l'information au pluriel pour souligner la diversité des pratiques (formelles et informelles) et des contextes dans lesquels s'ancrent ces pratiques[1].

Enseigner la culture informationnelle[modifier | modifier le code]

Déconstruisant le concept de “digital natives”, selon lequel les jeunes générations seraient dotées de compétences en lien avec l'outil numérique parce que nées dans un monde numérique, Anne Cordier décrit des adolescents qui ne sont pas toujours à l’aise avec Internet[2]. Socialement perçus comme des spécialistes, ces jeunes supposément "connectés" n’osent pas avouer leurs difficultés à appréhender cet outil et le flou conceptuel qui l'entoure. Anne Cordier alerte quant au risque de démission pédagogique : lorsque les enseignants estiment que les élèves savent utiliser cet outil et leur donnent des travaux de recherche à réaliser, certains élèves se retrouvent en difficulté. Plutôt que de partir du présupposé selon lequel les élèves ont des compétences numériques, il s’agit de les aider à les construire et à acquérir une culture du numérique et de l'information. Vincent Liquète et Anne Cordier relèvent un déplacement de la fracture numérique, qui séparait d'abord ceux qui ont accès à Internet de ceux qui n'y ont pas accès, et sépare aujourd'hui ceux qui savent s'approprier l'information de ceux qui ne le savent pas[1]. Un enseignement apparaît donc comme nécessaire, et est en France incarné par l'arrivée de l'Education aux Médias et à l'Information à l’École.

A l'entrée dans les études supérieures, l'absence d'enseignement des compétences informationnelles nécessaires désavantage également certains étudiants. Dans l'article "On ne naît pas étudiant.e, on le devient", Anne Cordier montre que les nouveaux étudiants doivent entreprendre un processus d'affiliation à la culture informationnelle de référence[3]. Cette culture informationnelle est exigée dans les études supérieures mais reste implicite, non verbalisée, les enseignants supposant que les compétences info-documentaires sont acquises. Les étudiants doivent de fait trouver seuls les pratiques informationnelles qui permettront leur réussite académique. L'une des pratiques de ces étudiants pour réduire la difficulté de l'acculturation informelle est de recourir aux outils utilisés dans le cadre de leurs pratiques non formelles, à commencer par YouTube et les réseaux sociaux numériques. Ils concilient ainsi exigences académiques et habitudes informationnelles[3]. De même, Karine Aillerie et Sarah McNicol montrent que les jeunes utilisent les réseaux sociaux numériques pour s'informer et organiser le travail collaboratif[4]. Pour ces chercheuses, l’École court le risque de voir les inégalités de compétences numériques augmenter si elle continue d'ignorer les pratiques réelles des jeunes et notamment leur utilisation des réseaux sociaux numériques.


  1. a et b Vincent Liquète, Cultures de l'information, Paris, CNRS Editions, , 216 p. (ISBN 9782271122087)
  2. Anne Cordier, Grandir connectés : les adolescents et la recherche d'information, C&F éditions, (ISBN 9782915825497 et 2915825491, OCLC 994738612, lire en ligne)
  3. a et b Anne Cordier, « On ne naît pas étudiant·e, on le devient. Acculturations informationnelles étudiantes », Revue française des sciences de l’information et de la communication, no 15,‎ (ISSN 2263-0856, DOI 10.4000/rfsic.5130, lire en ligne, consulté le )
  4. (en) Karine Aillerie et Sarah McNicol, « Information literacy and social networking sites: challenges and stakes regarding teenagers' uses », ESSACHESS - Journal for Communication Studies, vol. 9, no 2,‎ (lire en ligne)