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Utilisateur:Agilcare Construction/Brouillon

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La construction renouvelable est une démarche globale qui vise à réintroduire le secteur de la construction dans une économie circulaire. Elle s’appuie sur trois piliers :

  • un prélèvement raisonné des matières premières renouvelables,
  • une sobriété énergétique exemplaire,
  • le réemploi successif des éléments constructifs.

Les bâtiments réalisés selon les principes de la construction renouvelable génèrent une quantité minimale de déchets car chaque bâtiment devient un gisement de ressources pouvant être réemployées pour réaliser d'autres projets. En d'autres termes, la construction renouvelable anticipe les transformations et la fin de vie de chaque bâtiment réalisé.

En effet, le secteur de la construction produit des quantités massives de déchets et compte parmi les premiers secteurs consommateurs de matières premières dans nos sociétés contemporaines[1]. Face à un contexte d’urgence écologique globale, ce secteur est donc appelé à rationaliser son fonctionnement. C’est pourquoi le principe de construction renouvelable connaît un gain d’intérêt dans le discours de l’action publique, de maîtres d’œuvres et de PME pionnières.

Contexte historique et expériences passées[modifier | modifier le code]

La construction renouvelable est parfois présentée comme une avancée entièrement inédite. Elle n’est pourtant qu’un retour à un mode de fonctionnement ancien. De fait, l’humanité a naturellement employé une conception circulaire pendant la plus grande partie de son histoire, et ce dans tous les domaines de production. Dans le cas d’une destruction, les constructions en pierre de taille étaient par exemple réemployées sur d’autres chantiers. Depuis les châteaux médiévaux jusqu’à la forteresse de La Bastille ayant notamment servi à la construction du Pont Louis XVI, les exemples sont nombreux.

C’est à partir du XIXème que le concept de déchets de chantier émergea réellement. A cette période, les méthodes de production changèrent, vers un mode linéaire basé sur la logique « fabriquer-consommer-jeter ». C’est dans cette continuité que la préfabrication lourde en béton se généralisa au XXème siècle, lors des reconstructions massives d’après-guerre. Cette transition marqua durablement le secteur du bâtiment et oriente encore aujourd’hui notre manière de construire. Pourtant, le bâtiment industrialisé en béton apparaît aujourd’hui daté et déconnecté des injonctions au développement durable. C’est pourquoi la construction renouvelable cherche à s’émanciper de ce paradigme, bien qu’elle intègre aussi des procédés industriels.

Les expériences actuelles en matière de « construction renouvelable » prennent leur source dans une industrialisation plus légère, visant à la production de bâtiments modulaires démontables.  L’industriel et architecte Jean Prouvé est assurément l’exemple français le plus emblématique. Au fil de ses ouvrages, il diffusa des méthodes de construction basées sur des modules bidimensionnels standardisés et construits en usine afin de produire des logements légers, flexibles, rapidement constructibles et démontables. En 1954, il répondit à l’appel de l’Abbé Pierre pour aider les mal-logés et réalisa une « Maison des Jours Meilleurs » destinée à être reproduite. Le style caractéristique de Jean-Prouvé se basait sur l’utilisation de compas en tôle pliée supportant une ossature de poutres métalliques, elle-même enveloppée par des panneaux de bois.

Cette architecture était déjà pensée dans une optique de réemploi, de flexibilité et d’évolutivité. C’est pourquoi elle retrouve aujourd’hui un nouveau souffle, en lien avec le contexte actuel.

Écoconception et choix des matières premières[modifier | modifier le code]

De nos jours c’est l’urgence écologique qui détermine les enjeux qui prévalent à la naissance du concept de la « Construction Renouvelable ». Une attention particulière est maintenant portée au type de matériaux utilisés, à leur recyclabilité et à leur origine. En effet, pour qu’un bâtiment soit réellement renouvelable, il faut que le gisement de matière première le soit aussi.

Le béton, évoqué précédemment est un matériau dont l’impact environnemental est considérable. Exigeant de grandes quantités d’eau et de sable, son utilisation excessive est fortement remise en question. On observe une injonction de plus en plus forte à l’abandon de ce matériau. La preuve de cette tendance se retrouve ainsi dans le discours d’élus français influents. Jean-Louis Missika, adjoint à l’urbanisme à la mairie de Paris invite régulièrement à « sortir du béton comme il faut sortir du diesel ».[2]

Le métal est un matériau qui demande beaucoup d’énergie a sa production mais qui en revanche est facilement réemployable en l’état, ou recyclable. Il constitue donc une alternative intéressant pour la production de certains éléments d’enveloppe, ainsi que pour le second œuvre des bâtiments.

Les matériaux les plus privilégiés par la construction renouvelable sont les matériaux biosourcés tels que le bois, le chanvre, la paille. Lorsque le temps de vie du bâtiment correspond au temps de régénérescence des matériaux biosourcés (écomatériaux) le constituant, ils peuvent être définis comme entièrement renouvelables. Par exemple, pour le bois, il s’agit du mode de gestion des forêts (gestion durable des forêts), pour la terre de sa remise en circuit….

Sobriété énergétique lors du fonctionnement du bâtiment[modifier | modifier le code]

Si le terme de « construction renouvelable » renvoie d’abord à l’enveloppe physique, il ne faut pas écarter la consommation d’énergie du futur bâtiment. Le volet énergétique tout au long du fonctionnement du bâtiment est prégnant de nos jours et extrêmement réglementé.Il constitue un sujet d’autant plus crucial pour des bâtiments se voulant « renouvelables ».

Cet objectif répond au cadre fixé par les Grenelles de l’Environnement successifs : une réduction d’un facteur 4 de toutes les émissions de dioxyde de carbone d’ici à 2050. Les réglementations thermiques tendent vers la généralisation de bâtiments passifs (habitat passif), voire à énergie positive (BEPOS). Ce dernier objectif ambitieux est au centre de la nouvelle Réglementation Énergétique 2020.

Si le cadre réglementaire évolue de façon volontariste, une démarche responsable peut dépasser les exigences de ce cadre. De nombreuses expérimentations ou projets pilotes participent à cette transition vers une conception énergétique frugale des bâtiments. La construction renouvelable doit donc aussi produire des bâtiments exemplaires du point de vue thermique afin que ses vertus ne se limitent pas aux matériaux employés.

Construire en réemployant pour des vies successives[modifier | modifier le code]

Si l’aspect énergétique est déjà un sujet prégnant dans le calcul des coûts et les réglementations françaises, la fin de vie et les durées d’usage ne sont encore pas réellement prises en compte. Il en va de même pour les coûts multiples liés aux transformations d’adaptation et aux coûts de démolition.

C’est pourtant un sujet central pour le principe de « Construction Renouvelable ». Il est pensé pour réemployer de manière successive les éléments constructifs constituant un bâtiment. La fin de vie des bâtiments devient alors un réel sujet, et ce, tout au long du projet de conception afin de tendre vers une suppression définitive des déchets. Les matériaux d’un bâtiment constituent un gisement pour les bâtiments futurs et ainsi de suite. Dans cette optique, la construction modulaire constitue un outil privilégié. Elle permet de produire en usine ou atelier des éléments constructifs standardisés qui sont ensuite acheminés sur le chantier et assemblés dans une optique de réversibilité.

La « Construction Renouvelable » doit pour autant être un véritable acte architectural. C'est en quoi ce principe constructif doit également s'atteler à proposer des bâtiments proposant une esthétique permettant une insertion urbaine de qualité, mais également, permettre de concevoir des espaces intérieurs répondant aux besoins et aux usages de ses utilisateurs. La standardisation des éléments constructifs ne doit ainsi en aucun cas conduire à une standardisation des bâtiments, au contraire, ce principe constructif est une boite à outil permettant l'alliance de l'éco-conception et de l'architecture.

C’est ici que la notion de « Construction Renouvelable » prend tout son sens et sa dimension.

Cas pratiques[modifier | modifier le code]

Afin de trouver des méthodes constructives pouvant concrétiser cette théorie, des pistes sont esquissées par les milieux universitaires, les majors de la construction ainsi que les PME et start-up pionnières. Certaines constituent des projets exemplaires qui ne sont pas destinées à être reproductibles ; d’autres sont pensées de manière théorique et attendant d’être mises en pratique ; d’autres enfin préfigurent une nouvelle manière de concevoir et construire pour le XXIème siècle.

Cas autrichien[modifier | modifier le code]

LukasLang[3] est un exemple de major du secteur. C’est une entreprise autrichienne de construction  bois combinant des panneaux d’ossature bois et des fixations métalliques.

Cette société produit des bâtiments de très grandes échelles et possède une force de frappe industrielle considérable. Cependant, la conceptualisation du réemploi des éléments dans une logique circulaire  et constitution d’une filière de réemploi s’auto-alimentant n’existe pas ; leur marché est également celui du haut de gamme, avec par exemple des productions de bureaux pour l’état autrichien.

Cas français[modifier | modifier le code]

Le monde des petites entreprises et start-up n’est pas en reste dans cette course à l’innovation. Agilcare Construction[4] est un exemple francilien, recensé dans l’annuaire des acteurs de l’économie circulaire du Grand Paris[5]. Cette société de conception-construction fondée par 2 architectes, développe un procédé de construction modulaire démontable en matériaux bio-sourcés. Les bâtiments produits sont ainsi pensés pour être entièrement démontés et remontés de manière successives. L’entreprise privilégie une approche prospective et novatrice avec des projets de « Maisons Qui Déménagent » et « d’Immeubles Démontables ». Ces réalisations permettent une optimisation du coût global des constructions ainsi qu’un impact environnemental exemplaire, depuis le prélèvement de la ressource jusqu’aux fins de vie successives des bâtiments[6]

Autre cas récent : une crèche démontable réalisée pour le compte de la ville de Paris par l’agence d’architecture Caroline Djuric et Mirco Tardio en modules bois[6]. Directement inspirée des réalisations de Jean Prouvé, cette crèche est conçue dans une optique de réversibilité complète.

Des modèles économiques alternatifs sont aussi partis-prenantes de l’innovation du domaine. Hamosphère est un collectif pluridisciplinaire rassemblant paysagistes, architectes et juristes afin de réfléchir à des modes de construction réversibles. Ils se concentrent donc sur la recherche et développement et réalisent des projets très locaux, privilégiant le milieu rural (principalement en Anjou)[7].

Cas européen basé en Belgique[modifier | modifier le code]

Building As Material Banks (BAMB) est un programme d’expérimentation lancé en Belgique entre plusieurs partenaires et financé par l’Union Européenne. L’objectif de ce programme est de réaliser des bâtiments pilotes ne nécessitant aucune matière première prélevée dans un milieu naturel. Les bâtiments sont ainsi entièrement réalisés dans une optique de réemploi successif dans la totalité de leur conception. Les matériaux employés sont issus des filières de réemploi et donc de destructions de bâtiments existants[7].

Contexte des Jeux Olympiques[modifier | modifier le code]

En France, les Jeux Olympiques 2024 constituent une échéance cruciale pour tous les acteurs de la construction en lien avec l’économie circulaire. La Société de Livraison des Ouvrages Olympiques a invité les acteurs de la construction du futur village olympique à produire un bâti en bois le plus évolutif possible, afin de léguer les constructions après la fin de l’événement.

Cet événement d’envergure constitue un levier de changement d’échelle de la construction renouvelable et présentera une occasion pour les acteurs milieux d’expérimenter la généralisation du procédé.

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Le bâtiment à l’heure de l’économie circulaire : FFB. URL : http://www.ffbatiment.fr/federation-francaisedubatiment/laffb/mediatheque/batimetiers.html?ID_ARTICLE=2480,
  2. L’économie circulaire, état des lieux dans le secteur de la construction, pistes d’action pour les Esh. URL : http://www.esh.fr/wp-content/uploads/2016/11/Economie-Circulaire_oct2016.pdf
  1. M. Desoyer, C. Grangier, L. Laine, J. Richon, S. Veyssiere, Économie circulaire, urbanisme, aménagement : enjeux et projets. Rapport de l’atelier de M2 Urbanisme pour l’Atelier international du Grand Paris, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne,
  2. Elsa Marnette, Frédéric Choulet, « Grand Paris : ces immeubles en bois défient le roi béton », sur www.leparisien.fr,
  3. « LukasLang »
  4. « Agilcare Construction »
  5. « Grand Paris Circulaire »
  6. « UN PROJET D’AMENAGEMENT COOPERATIF ET REVERSIBLE A MONTREVAULT SUR EVRE »
  7. « BAMB »

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Yvan Delemontey, « Le béton assemblé », Histoire urbaine, 2007, no 20, p. 15-38.
  • Sabine Barles, « L’écologie territoriale et les enjeux de la dématérialisation des sociétés : l’apport de l’analyse des flux de matières », Développement durable et territoires [En ligne], Vol. 5, n°1 | Février 2014. URL : http://journals.openedition.org/developpementdurable/10090
  • Philippe Deshayes, « Le secteur du bâtiment face aux enjeux du développement durable : logiques d'innovation et/ou problématiques du changement », Innovations, 2012/1 (n°37), p.219-236. URL : https://www.cairn.info/revue-innovations-2012-1-page-219.htm
  • Aleyda Resendiz-Vazquez, L’industrialisation du bâtiment : le cas de la préfabrication dans la construction scolaire en France (1951-1973), Architecture, aménagement de l’espace. Conservatoire national des arts et metiers - CNAM, 2010. Français.
  • ADEME, Développement durable des territoires : la voie de l’économie de la fonctionnalité et de la coopération, Janvier 2019. URL :https://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/developpementterritoires-efc_201901-note.pdf
  • ADEME, Plan de prévention et de gestion des déchets de chantier du bâtiment et des travaux publiques : élaboration et suivi - Cahier technique, 2012. URL : https://www.ademe.fr/planpreventiongestion-dechets-chantier-batiment-travaux-publiques-elaboration-suivi