Union des femmes belges contre l'alcoolisme

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

L'Union des femmes belges contre l'alcoolisme est une association féministe belge créée en mars 1899 dont le siège social se trouve au 19 Rue du Président, à Bruxelles. Il s'agit d'une des premières et principales associations féministes de Belgique[1]. Cette association se considère comme apolitique[2].

Création[modifier | modifier le code]

La création de l'Union des femmes belges contre l'alcoolisme intervient dans un contexte de montée progressive de l'alcoolisme en Europe Occidentale.

L’Union des femmes belges contre l’alcoolisme est créée par Joséphine Nyssens (de son nom d’épouse, Joséphine Keelhof) avec l’aide de sa nièce Marguerite Nyssens en 1899[3].

But[modifier | modifier le code]

L'objectif de l'Union des femmes belges contre l'alcoolisme est de mobiliser les femmes de Belgique en les sensibilisants sur les maux que causent les boissons alcoolisées afin de leur donner des moyens de lutte contre l'usage et la surconsommation de celles-ci, lorsque ce phénomène touche majoritairement les femmes et les maris des classes ouvrières[4],[5].

L'association s'est battue aussi, entre autres, en faveur de l'obtention du droit de vote des femmes en Belgique. La proposition de loi attribuant le droit de vote des femmes pour les chambres législatives est validée le 19 février 1948. En effet, selon l'organisation, le seul moyen pour obtenir des lois réglementant la consommation d’alcool est l’accès des femmes au suffrage[6],[7].

La jeunesse est incluse dans le champ d'action de l'association. Elle fait appel aux ressources des classes les plus aisées en estimant que celles-ci peuvent avoir un impact sur la baisse du taux d'alcooliques, du taux de malades, de la pauvreté ainsi que de la criminalité. Le constat établit serait que la diminution de la consommation de boissons spiritueuses par la population réduirait le taux de maladies causées par l'alcool, ainsi que le taux de violences[8].

Évolution[modifier | modifier le code]

L'Union des femmes belges contre l'alcoolisme participa à la fondation du CNFB en 1905. En 1909, Joséphine Nyssens rejoint le POB, mais celle-ci décéda en 1917. C’est ainsi qu’en 1918, Marguerite Nyssens, avec l’aide de Marie Hettema-Nyssens remet sur pied association. Marguerite, quant à elle, y resta active jusqu’en 1940.[3]

Organisation et structure[modifier | modifier le code]

Composition[modifier | modifier le code]

À travers les années, plusieurs femmes se sont investies au sein de l'Union des femmes belges contre l'alcoolisme. Notamment :

  • Marie Popelin (1846-1913) : en 1905, Marie Popelin crée le Conseil national des femmes belges regroupant trois associations, à savoir, la Ligue belge du droit des femmes, l'Union des femmes belges contre l'alcoolisme et la Société belge pour l'amélioration du sort de la femme[9].
  • Joséphine Keelhof-Nyssens (1833-1917) : c'est au décès de son mari, en 1893, qu'elle s'engage dans la lutte contre l'alcoolisme. En 1899, elle fonde avec sa nièce, Marguerite Nyssens, l'Union des femmes belges contre l'alcoolisme. Joséphine en sera la trésorière avant d'en être la présidente[3].
  • Marguerite Nyssens (1858-1947) : Marguerite forma un binôme avec sa tante Joséphine Keelhof-Nyssens dans la lutte contre l'alcoolisme. Ensemble, elles fondent l'association en 1899. Marguerite Nyssens en sera la secrétaire de 1901 à 1914. Après 1918, avec l'aide de Marie Hettema-Nyssens, qui a rejoint l'Union en 1910, elle remet sur pied l'organisation associative. Marguerite y restera active jusqu'en 1940[10].
  • Marie Parent (1853-1934) : Marie Patent est une publiciste, féministe, et militante contre l'alcoolisme. Elle rentre dans l'Union en 1899 tant que collaboratrice. En 1903, elle proteste à Brême en tant que déléguée belge au 9e Congrès contre l'alcoolisme[11]. En 1905, elle quitte l'Union pour fonder L'Alliance des femmes contre l'abus de l'alcool[12].

Bien que fondée par des femmes, l'Union n'empêche pas les hommes de se joindre à elles afin de lutter ensemble contre les abus de l'alcoolisme[2].

Organisation interne[modifier | modifier le code]

L'Union est dirigée par un comité composé de trois membres, à savoir, une présidente, une secrétaire et une trésorière. Il y a également plusieurs vice-présidentes, une secrétaire adjointe et une trésorière adjointe[2].

Au sein de l'association, se trouvent deux sortes de membres :

  • Les membres effectifs, payant une cotisation annuelle de 1 à 20 francs belges, le montant étant laissé à leur guise. Sont considérés comme membres effectifs, ceux qui, par différents moyens (des photos, des écrits, des dessins, des conférences, etc.) soutiennent l'Union et l'aident quant aux moyens de propagande.
  • D'autre part, les membres sympathisants (ouvriers, ouvrières), ceux-ci ne payent pas de cotisation, cependant, ils s'impliquent dans la lecture des brochures envoyées gratuitement par l'Union, ils s’engagent également à faire partager ces brochures à leur entourage.

À partir de l’année 1903, on observe une stagnation du nombre des membres effectifs ainsi qu’une augmentation du nombre des membres sympathisants. Ce qui a eu pour effet de limiter les revenus de l'Union. En effet, les membres effectifs contribuent financièrement à l’Union contrairement aux membres sympathisants[2].

Fonctionnement[modifier | modifier le code]

Il y a plusieurs subdivisions au sein de l'Union des femmes belges contre l'alcoolisme, ayant chacune une fonction distincte :

Le comité fondateur de l'Union qui a établi dans toutes les localités de la Belgique des comités chargés de faire de la propagande. Ceux-ci sont totalement autonomes quant à l'organisation de leur diffusion. De plus, chaque comité a reçu des subsides de la part du comité fondateur pour faciliter leurs installations[2].

Bulletin d'adhésion de l'Union des femmes belges contre l'alcoolisme.

Une fois par an, afin de recevoir, de la part du comité, l'exposé de la situation financière et morale dont il a été question au cours de l'année écoulée, l'Union se réunit en assemblée générale. C'est également à ce moment-là que se déroule le renouvellement du comité. Des modifications ne peuvent être exécutées que lors de l'assemblée générale et à la majorité du tiers des membres effectifs présents[2].

Afin de devenir membre de l'Union, il convient de déposer son inscription au siège social, à Bruxelles, ou chez les femmes du comité. Il faut savoir que l'abstinence ne fait pas partie des conditions requises en vue de faire partie de l'Union[2].

Actions mises en œuvre[modifier | modifier le code]

Le projet d'établir des cafés et bars dits de tempérance apparu dès la création de l'Union. En 1902, l'association ouvrit leur premier café dit de tempérance rue Saint-Léonard. Forts de leurs succès, ils organisèrent une fancy-fair afin de récolter les fonds nécessaires pour ouvrir un second établissement du même type. Grâce à un bénéfice de 7675 francs belges, ils parviennent à ouvrir un second café, plus grand que le précédent, se situant rue de la Régence. Les deux cafés se situent dans la province de Liège[8].

Depuis la création de l’Union des femmes belges contre l’alcoolisme, en 1899, le Comité distribue également des abonnements de journaux, de brochures et d'almanachs de tempérance. En 1902-1903, le « Général Vent », commandant de la position de Liège, accepta de répandre des almanachs de tempérance dans les casernes. L'objectif était d'empêcher les jeunes soldats belges de sombrer dans l'alcoolisme[8].

Cependant, l'Union a peu de subsides et avec les 400 francs belges que leur donnait le gouvernement. Dès lors, leur champ d'action se limita progressivement[8].

Conséquences[modifier | modifier le code]

En 1903, les statistiques montrent une importante diminution de la consommation d'alcool en Belgique. La classe ouvrière boit moins que les classes aisées, bien que ces dernières aient également diminué leur consommation de liqueurs et de vins. Dans les réunions intimes, il n'est plus rare de voir le « pousse-café » supprimé pour laisser place à la tasse de thé. Du côté de la jeunesse, la consommation de boissons non-alcoolisées est désormais plus coutumière[8].

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • de BUEGER-VAN LIERDE, F., « À l'origine du mouvement féministe en Belgique. "L'Affaire Popelin" » Revue Belge de Philologie et d'Histoire, 1972, p. 1128
  • CONSEIL DES FEMMES FRANCOPHONES DE BELGIQUES, « 1905-2020 : 115 ans du Conseil des femmes ».
  • FIRKET, J., Union des femmes belges contre l'alcoolisme, Rapport sur l'exercice 1903, Liège, 31 décembre 1903, p. 5.
  • GUBIN, E., « Du politique au politique. Parcours du féminisme belge (1830-1914) », Revue belge de Philologie et d'Histoire, 1999, p. 370 à 382.
  • GUBIN, E., (dir), Jacques C., Piette V., Puissant J., Dictionnaire des femmes belges. XIXe et XXe siècles, Racine, 2006, p. 69, 426, 427.
  • JACQUES, C., « Le féminisme en Belgique de la fin du XIXe siècle aux années 1970 », Courrier hebdomadaire du CRISP, 2009, p.5, 9,13.
  • LIENART, J. et LIENART, F., « L'alcoolisme au tournant du XXe siècle : les positions belges dans les débats européens », Revue médicale de Bruxelles, Bruxelles, 2013, p. 437.
  • NOURRISSON, D., « Aux origines de l'antialcoolisme », Histoire, économie et société, 1988, p. 491 à 492.
  • MATKAVA, S., L'Union des femmes belges contre l'alcoolisme 1899-1951 : de la lutte antialcoolique aux militantismes féministes et pacifistes, (mémoire inédit en Histoire), Bruxelles, ULB, 1995-1996, p. 10.
  • UNION DES FEMMES BELGES CONTRE L'ALCOOLISME, « Statuts de l'Union des femmes belges contre l'alcoolisme », Bruxelles, 1913, p. 1 à 6.
  • X., Chap. 1 Les associations féministes d'une guerre à l'autre, Université Libre de Bruxelles, p. 23.
  • X., « Vrouwen | Erfgoedbibliotheek Hendrik Conscience », disponible sur www.consciencebibliotheek.be/nl/pagina/vrouwen, consulté le 11 décembre 2020.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Catherine Jacques, « Le féminisme en Belgique de la fin du 19e siècle aux années 1970 », Courrier hebdomadaire du CRISP,‎ , p. 5
  2. a b c d e f et g Union des femmes belges contre l'alcoolisme, Statuts de l'Union des femmes belges contre l'alcoolisme, Bruxelles, , p. 1-6
  3. a b et c Eliane, Gubin., (dir), Jacques C., Piette V., Puissant J., Dictionnaire des femmes belges. XIXe et XXe siècles, Racine, 2006, p. 426.
  4. Sophie Matkava, L'union des femmes belges contre l'alcoolisme 1899-1951 : de la lutte antialcoolique aux militantismes féministes et pacifistes, Bruxelles, , p. 10
  5. (nl) X, « Vrouwen speelden een belangrijke rol in de matigingsbeweging » (consulté le )
  6. Catherine Jacques, « Le féminisme en Belgique de la fin du 19ème siècle aux années 1970 », Courrier hebdomadaire du CRISP,‎ , p. 13
  7. Eliane Gubin, « Du politique au politique. Parcours du féminisme belge (1830-1914) », Revue belge de Philologie et d'Histoire,‎ , p. 370-382.
  8. a b c d et e Juliette Charles Firket, Union des femmes belges contre l'alcoolisme, Rapport sur l'exercice 1903, Liège, , p. 5
  9. Eliane, Gubin., (dir), Jacques C., Piette V., Puissant J., Dictionnaire des femmes belges. XIXe et XXe siècles, Racine, 2006 p. 69.
  10. Eliane, Gubin., (dir), Jacques C., Piette V., Puissant J., Dictionnaire des femmes belges. XIXe et XXe siècles, Racine, 2006, p. 427.
  11. J. Liénart et F. Liénart, « L’alcoolisme au tournant du XXe siècle : les positions belges dans les débats européens », Revue médicale de Bruxelles,‎ , p. 437
  12. X : Chap. 1. Les associations féministes d’une guerre à l’autre, l’Université Libre de Bruxelles, disponible sur google, p. 23.