Thomas Anthony Dooley III

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Thomas Anthony Dooley III
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Thomas Anthony Dooley III en Asie du Sud-Est.
Naissance
Saint-Louis Drapeau des États-Unis États-Unis
Décès (à 34 ans)
Drapeau des États-Unis États-Unis
Nationalité Américain
Profession
Médecin
Humanitaire
Formation
Distinctions

(Ne pas confondre avec la chanson Tom Dooley qui porte le nom d'un citoyen américain, Tom Dula, meurtrier d'une femme en 1866.)

Thomas Anthony Dooley III () est un médecin américain devenu célèbre pour ses activités humanitaires et son activisme politique anti-communiste en Asie du Sud-Est et aux États-Unis, d'abord en tant que médecin dans la marine américaine, puis jusqu’à sa mort précoce des suites d'un cancer. Il est l’auteur de trois livres populaires décrivant ses activités au Viêt Nam et au Laos : Deliver Us from Evil, The Edge of Tomorrow et The Night They Burned the Mountain. Dans leur version anglaise ces ouvrages furent plus tard réunis en un seul volume intitulés Dr. Tom Dooley’s Three Great Books. La couverture de l’ouvrage The Edge of Tomorrow explique que Dooley voyagea vers une partie retirée du monde pour combattre les deux malédictions qui l’affligeaient : la maladie et le communisme[1].

À sa mort Dooley fut mentionné par un sondage Gallup comme la troisième personne la plus estimée des Américains, après l’ancien Président Dwight D. Eisenhower et le Pape. Il est depuis lors tombé de la « sainteté célèbre » à l’obscurité[2].

Jeunesse[modifier | modifier le code]

Thomas Antony Dooley est né à Saint-Louis (Missouri) de parents catholiques d’origine irlandaise. Il suit les cours de l’église catholique St. Roch et de St. Louis University High School où il est le condisciple de Michael Harrington. En 1944 il s’inscrit à l’université Notre-Dame-du-Lac et s’engage dans le programme d’entraînement de l’US Navy, qui l’emploie dans un hôpital naval à New York. En 1946 il retourne à Notre-Dame qu’il quitte sans obtenir de diplôme. En 1948 il entre à l’école de médecine de l’université de St. Louis. Lorsqu’il est diplômé en 1953, après avoir redoublé sa dernière année de médecine, il se réengage dans la marine. Il complète sa résidence à Camp Pendleton en Californie et ensuite à Yokosuka au Japon. En 1954, il est enrôlé à bord de l’USS Montague (en) qui voyage vers le Vietnam pour transporter des réfugiés du Nord-Vietman, tenu par les communistes, vers le Sud-Vietnam non communiste (opération Passage to Freedom).

Humanitaire et auteur[modifier | modifier le code]

Certains ont prétendu qu’alors qu’il travaillait dans un camp de réfugiés de Hải Phòng en 1954 et 1955 il aurait attiré l’attention du lieutenant-colonel Edward G. Lansdale, chef du bureau de la C.I.A. à Saïgon. Selon ces allégations, Dooley aurait été choisi comme symbole de la coopération vietnamo-américaine et encouragé à écrire au sujet de ses expériences dans les camps de réfugiés. Alors qu’il menait une enquête en vue d’une possible canonisation, le père Maynard Kegler reçut en vertu du Freedom of Information Act environ 500 documents de la CIA établissant que Dooley avait informé la CIA des sentiment des villageois et des mouvements de troupe autour de ses hôpitaux au Laos à la fin des années 1950. Kegler en conclut que Dooley était un informateur de la CIA, mais pas un espion[3].

En 1956 est publié le livre Deliver Us from Evil qui devient un best-seller, faisant de Dooley une icône des activités humanitaires américaines à l’étranger. Selon le journaliste Randy Shilts, Dooley était en tournée promotionnelle pour cet ouvrage lorsque fut instruite à sa charge une enquête pour activités homosexuelles qui le força à démissionner de la marine en 1956[4].

Après avoir quitté la marine, Dooley part pour le Laos pour y établir des cliniques et des hôpitaux sous l’égide du International Rescue Committee. Il explique au ministre laotien de la santé qu’il souhaite travailler dans une région située près de la frontière chinoise parce qu'« on y trouve des personnes malades et aussi des personnes qui ont été inondées de puissants flot de propagande anti-occidentale en provenance de la Chine rouge »[5]. Dooley fonde la Medical International Cooperation Organization (MEDICO) sous les auspices de laquelle il construit des hôpitaux à Louang Namtha, Muang Sing et Houei Sai. Durant cette période, il rédige deux livres, The Edge of Tomorrow et The Night They Burned the Mountain, qui relatent son expérience au Laos, notamment des descriptions des atrocités commises par les combattants communistes.

En 1959, Dooley rentre aux États-Unis en vue d’y subir un traitement anticancéreux ; il meurt en 1961 des suites d’un mélanome que plusieurs opérations n’ont pu enrayer. Selon la biographie exhaustive de James Fisher, il reste un catholique pratiquant jusqu’au jour de sa mort. Après son décès, John F. Kennedy fit état de l’exemple donné par Dooley au moment de créer le Corps de la Paix. Dooley se vit aussi décerner à titre posthume la Médaille d'or du Congrès. Il est inhumé au Calavary Cemetery de St. Louis.

Importance et héritage[modifier | modifier le code]

En parlant de Dooley, le journaliste Nicholas von Hoffman (en) déclara en 1969 qu’il avait contribué à créer « le climat d’incompréhension qui avait rendu possible la Guerre du Viêt Nam »[6]. Il avait décrit les problèmes complexes du Sud-Est asiatique comme un simple conflit entre le bien et le mal. La désillusion ressentie par le peuple américain au sujet de la guerre du Vietnam fit que l’anticommunisme moraliste de Dooley passa rapidement de mode[2].

L’œuvre de Dooley se poursuit au travers du travail de la fondation Dooley Intermed International, dirigée par un de ses anciens associés, le Dr. Verne Chaney. H.A.L.O (Helping And Loving Orphans) fut fondée par Betty Tindsale, qui rencontra Dooley et fut inspirée par son œuvre. Peu avant le chute du Vietnam elle organisa l’évacuation et l’adoption de 219 orphelins vietnamiens par des ménages américains. Betty Tinsdale et H.A.L.O poursuivent à travers le monde l’œuvre de Dooley, avec des personnes de toutes confessions, en vue d’aider des orphelins et des enfants en détresse non seulement au Vietnam, mais aussi au Mexique, en Indonésie et en Afghanistan.

Dooley est commémoré à la Grotte de Notre Dame à l’université Notre Dame, au travers d’une statue et d'une copie gravée d’une lettre qu’il adressa à Theodore Hesburgh, président de l’université de 1952 à 1987.

Publications[modifier | modifier le code]

  • (en) Dooley, Thomas A., Deliver Us from Evil: The Story of Vietnam’s Flight to Freedom (New York : Farrar, Straus and Cudahy, 1956)
  • (en) Dooley, Thomas A., The Edge of Tomorrow (New York, N.Y. : New American Library, 1958) (ISBN 0-374-14648-9)
  • (en) Dooley, Thomas A., The Night They Burned the Mountain (New York : Farrar, Straus & Cudahy, 1960) (ISBN 0-374-22212-6)

Notes et références[modifier | modifier le code]


  1. The Edge of Tomorrow, Signet Book, 1958, couverture
  2. a et b (en) Jacobs, Seth (2004), America's Miracle Man in Vietnam, Durham: Duke University Press, p. 138-139
  3. (en) 18 Years After Dr. Tom Dooley's Death, a Priest Insists He Was a Saint, Not a CIA Spook, Rosemary Rawson, People Magazine, Vol. 12, No. 5, July 30, 1979
  4. (en) Shilts, Randy (1993). Conduct Unbecoming: Gays & Lesbians in the U.S. Military Vietnam to the Persian Gulf. New York, St. Martin's Press. (ISBN 0-312-09261-X)
  5. (en) The Edge of Tomorrow, Signet Book, 1958, p. 18
  6. (en) James T Fisher, Dr. America : The Lives of Thomas A. Dooley, 1927-1961, , 336 p. (ISBN 978-1-55849-154-0, lire en ligne)

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Barber, Melanie Gordon, The third anniversary : anatomy and progress : in memory of Doctor Thomas Anthony Dooley, January 17, 1927-January 18, 1961 (Taconic, CN : Bardon Press, 1965)
  • Fisher, James T., Dr. America: The Lives of Thomas A. Dooley, 1927-1961 (Amherst : University of Massachusetts Press, 1997) (ISBN 1-55849-067-1)
  • Gallagher, Teresa, Give joy to my youth; a memoir of Dr. Tom Dooley (New York, Farrar : Straus and Giroux, 1965)
  • Monahan, James, Before I sleep; the last days of Dr. Tom Dooley (New York : Farrar, Straus and Cudahy, 1961)
  • Selsor, Lucille, "Sincerely, Tom Dooley" (New York : Twin Circle, 1969)
  • Shilts, Randy (1993). Conduct Unbecoming: Gays & Lesbians in the U.S. Military Vietnam to the Persian Gulf. New York, St. Martin's Press. (ISBN 0-312-09261-X)
  • February 2000 Fisher, J.T. Dooley, Thomas Anthony, III. American National Biography Online

Liens externes[modifier | modifier le code]