Syndrome VEXAS

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Syndrome VEXAS

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CIM-10 M35.8Voir et modifier les données sur Wikidata
OMIM 301054

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Le syndrome VEXAS est une maladie autoinflammatoire de l'adulte affectant principalement les hommes, causée par une mutation somatique du gène UBA1 (en) dans les cellules souches hématopoïétiques[1],[2],[3],[4],[5]. Le nom VEXAS est un acronyme dérivé des caractéristiques fondamentales de la maladie[6] :

  • V : les vacuoles sont souvent identifiées dans les cellules souches de la moelle osseuse des patients présentant le syndrome VEXAS ;
  • E : l'enzyme 1 activant le modificateur de type ubiquitine (en) codée par le gène UBA1 est mutée chez les patients ;
  • X : le gène UBA1 muté est situé sur le chromosome X et, et du fait qu'il est récessif[7], la maladie touche quasi exclusivement des individus porteurs de la paire de chromosomes XY et est dite « liée à l'X » ;
  • A : les patients atteints du VEXAS présentent un large éventail de conditions autoinflammatoires ;
  • S : les mutations qui causent VEXAS sont somatique, ce qui signifie qu'elles sont acquises tout au long de la vie, non héréditaires, et incapables d'être transmises à sa progéniture.

Signes et symptômes[modifier | modifier le code]

La maladie survient à la fin de l'âge adulte (généralement après l'âge de 50 ans) et provoque à la fois des symptômes autoinflammatoires et hématologiques[8]. La fièvre et les affections cutanées, en particulier les éruptions cutanées ressemblant à celles observées dans le syndrome de Sweet, sont des signes courants. D'autres affections autoinflammatoires pouvant survenir chez les personnes atteintes du syndrome VEXAS comprennent l'œdème de Quincke périorbitaire, l'uvéite et la sclérite, la polychondrite atrophiante et la périartérite noueuse. L'inflammation peut également affecter les poumons[8],[9]. Les problèmes hématologiques comprennent l'anémie macrocytaire, une faible numération plaquettaire et une prédisposition à développer des hémopathies malignes (en), en particulier le syndrome myélodysplasique. À l'examen de la moelle osseuse, les personnes atteintes de la maladie présentent des vacuoles anormales dans les cellules précurseures des lignées myéloïde et érythroïde[8].

Épidémiologie[modifier | modifier le code]

Du fait de sa cause (mutation sur le chromosome X), ce syndrome concerne presqu'uniquement les hommes. Il peut concerner exceptionnellement les femmes si les deux chromosomes X sont concernés ou en cas de monosomie X (syndrome de Turner)[10].

Aux États-Unis, environ 13 200 hommes et 2 300 femmes de plus de 50 ans seraient atteints du syndrome VEXAS[11].

En France en 2021, 116 personnes ont été diagnostiquées. 96 % étaient des hommes et l'âge médian était de 71 ans.

Évolution et traitement[modifier | modifier le code]

Le syndrome VEXAS s'aggrave avec le temps et entraine un taux de mortalité élevé. Les symptômes peuvent être gérés avec une corticothérapie à forte dose, mais cela peut entrainer des effets indésirables graves et les symptômes réapparaissent généralement après la diminution de la posologie. Pour cette raison, des traitements alternatifs sont à l'étude (2021)[8],[9].

Le mécanisme moléculaire du syndrome VEXAS reste incompris (2023).

Historique[modifier | modifier le code]

Le syndrome a été identifié par une équipe multidisciplinaire de cliniciens et de scientifiques dirigée par David B. Beck, Peter Grayson et Daniel L. Kastner[12],[13]. Il a été signalé pour la première fois dans le New England Journal of Medicine en , où Beck et al. ont écrit : « En utilisant une approche axée sur le génotype, nous avons identifié un trouble qui relie des syndromes inflammatoires de l'adulte apparemment sans rapports »[12]. Un éditorial du même numéro décrit le travail comme une découverte qui « est d'une importance immédiate pour les rhumatologues et a des conséquences de grande envergure d'intérêt clinique général. Il s'appuie sur des découvertes antérieures suggérant que la mutation somatique postzygotique pourrait être une cause plus fréquente de maladies humaines qu'on ne le reconnaissait auparavant »[14].

En 2022, l'American Society of Hematology (en) considère la découverte du VEXAS comme « la principale avancée de l'année pour les diagnostics liés à l'hématologie », et que la recherche sur le VEXAS améliorerait potentiellement la classification des maladies auto-immunes récurrentes hématologiques (basées sur le sang) et de l'adulte telles que la polychondrite atrophiante[15].

Depuis que VEXAS a été décrit pour la première fois en 2020, on observe un engouement mondial pour essayer d'expliquer la maladie. En 2022, l'Institut national du cancer américain a annoncé un essai clinique de trois ans pour évaluer la greffe de cellules souches comme traitement possible[16]. Des scientifiques, dont David B. Beck, l'un des découvreurs, de la Grossman School of Medicine de l'Université de New York et de NYU Langone Health (en), poursuivent activement les recherches sur la maladie[17],[18],[19],[20].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Sarah Onuora, « Somatic mutations cause VEXAS syndrome », Nature Reviews Rheumatology, vol. 17, no 1,‎ , p. 1 (ISSN 1759-4790, PMID 33262468, DOI 10.1038/s41584-020-00559-x Accès libre)
  2. (en) Stephanie Mathews, « NIH Researchers Discover a New Inflammatory Disease Called VEXAS » [archive du ], sur National Institute of Arthritis and Musculoskeletal and Skin Diseases, (consulté le )
  3. (en) Erika Edwards, « 'The VEXAS syndrome': Scientists discover a rare and deadly inflammatory disorder in men », NBC News,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. (en) « New inflammatory disease discovered » [archive du ], sur NIH Research Matters, National Institutes of Health, (consulté le )
  5. Bryn Nelson, « VEXAS: A Newly Identified & Vexing Myeloid-Driven Inflammation », The Rheumatologist,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  6. (en) Prabarna Ganguly, « Scientists use clues in the human genome to discover new inflammatory syndrome » [archive du ], sur Genome.gov, National Human Genome Research Institute, (consulté le )
  7. Maia Bovard Gouffrant, « Le syndrome Vexas », sur Le Quotidien du médecin, (consulté le ).
  8. a b c et d PC Grayson, BA Patel et NS Young, « VEXAS syndrome », Blood, vol. 137, no 26,‎ , p. 3591–3594 (PMID 33971000, PMCID 8462403, DOI 10.1182/blood.2021011455)
  9. a et b D Sterling, ME Duncan, M Philippidou, JR Salisbury, AG Kulasekararaj et TN Basu, « VEXAS syndrome (vacuoles, E1 enzyme, X-linked, autoinflammatory, somatic) for the dermatologist », Journal of the American Academy of Dermatology,‎ (PMID 35121074, DOI 10.1016/j.jaad.2022.01.042, S2CID 246498890)
  10. Stubbins RJ, McGinnis E, Johal B et al. VEXAS syndrome in a female patient with constitutional 45,X (Turner syndrome), Haematologica, 2022;107:1011-1013
  11. Claire Manière, « Des milliers d'Américains seraient atteints d'un nouveau syndrome, le Vexas », sur Futura, .
  12. a et b (en) David B Beck, Marcela A Ferrada, Keith A Sikora, Amanda K Ombrello, Jason C Collins, Wuhong Pei, Nicholas Balanda, Daron L Ross, Daniela Ospina Cardona, Zhijie Wu, Bhavisha Patel, Kalpana Manthiram, Emma M Groarke, Fernanda Gutierrez-Rodrigues, Patrycja Hoffmann, Sofia Rosenzweig, Shuichiro Nakabo, Laura W Dillon, Christopher S Hourigan, Wanxia L Tsai, Sarthak Gupta, Carmelo Carmona-Rivera, Anthony J. Asmar, Lisha Xu, Hirotsugu Oda, Wendy Goodspeed, Karyl S Barron, Michele Nehrebecky, Anne Jones, Ryan S Laird, Natalie Deuitch, Dorota Rowczenio, Emily Rominger, Kristina V Wells, Chyi-Chia R Lee, Weixin Wang, Megan Trick, James Mullikin, Gustaf Wigerblad, Stephen Brooks, Stefania Dell'Orso, Zuoming Deng, Jae J Chae, Alina Dulau-Florea, May C V Malicdan, Danica Novacic, Robert A Colbert, Mariana J Kaplan, Massimo Gadina, Sinisa Savic, Helen J Lachmann, Mones Abu-Asab, Benjamin D Solomon, Kyle Retterer, William A Gahl, Shawn M. Burgess, Ivona Aksentijevich, Neal S Young, Katherine R Calvo, Achim Werner, Daniel L Kastner et Peter C Grayson, « Somatic Mutations in UBA1 and Severe Adult-Onset Autoinflammatory Disease », The New England Journal of Medicine, MMS,‎ (ISSN 0028-4793 et 1533-4406, OCLC 231027780, PMID 33108101, DOI 10.1056/NEJMOA2026834)Voir et modifier les données sur Wikidata
  13. (en) Anna Azvolinsky, « The Vexing VEXAS Syndrome », ASH Clinical News,‎ (lire en ligne, consulté le )
  14. (en) Ephrat Levy-Lahad et Mary-Claire King, « Hiding in Plain Sight — Somatic Mutation in Human Disease », New England Journal of Medicine, vol. 383, no 27,‎ , p. 2680–2682 (PMID 33108100, DOI 10.1056/NEJMe2030754, S2CID 225083761)
  15. (en) Robert P. Hasserjian, « This Year's Best in Hematology Diagnosis: A New Disease Is Discovered », The Hematologist, vol. 19, no 1,‎ (ISSN 1551-8779, DOI 10.1182/hem.V19.1.2022117, lire en ligne)
  16. (en) « A Phase II Study of Allogeneic Hematopoietic Stem Cell Transplant for Subjects With VEXAS (Vacuoles, E1 Enzyme, X-linked, Autoinflammatory, Somatic) Syndrome », clinicaltrials.gov, (consulté le )
  17. (en-US) Relapsing Polychondritis Foundation, « The Relapsing Polychondritis Foundation Invests in the Next Phase of VEXAS Research », sur polychondritis.org, (consulté le )
  18. (en-US) David Bammert, « The Relapsing Polychondritis Foundation Invests in Potentially Groundbreaking Collaborative Research », sur Relapsing Polychondritis, Relapsing Polychondritis Foundation, (consulté le )
  19. (en) David B. Beck, Achim Werner, Daniel L. Kastner et Ivona Aksentijevich, « Disorders of ubiquitylation: unchained inflammation », Nature Reviews. Rheumatology, vol. 18, no 8,‎ , p. 435–447 (ISSN 1759-4804, PMID 35523963, PMCID 9075716, DOI 10.1038/s41584-022-00778-4)
  20. (en-US) « Research », sur davidbecklab.org, Daivd B. Beck Laboratory, (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]