Aller au contenu

Stèle d'Ikhernofret

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Stèle d'Ikhernofret
Vue d'ensemble de la stèle au Musée égyptien de Berlin
Type
Technique
Hauteur
1 m
No d’inventaire
1204
Localisation

La stèle d'Ikhernofret est une importante stèle de l'Égypte antique, datant du Moyen Empire, conservée au Musée égyptien de Berlin. Elle se distingue par sa description en partie voilée de la façon dont les « Mystères d'Osiris », c'est-à-dire mystères religieux et festifs célébrant le dieu Osiris ont été exécutés à Abydos. La stèle mesure un mètre de haut et est en calcaire.

Osiris y est représenté debout sous un disque solaire ailé face au pharaon Sésostris III. Le texte est disposé sous Osiris en vingt-quatre lignes horizontales. En dessous du texte, Ikhernofret, un trésorier de la XIIe dynastie sous le pharaon Sésostris III, est représenté avec sa famille, à une table d'offrandes. Les rituels décrits célèbrent la royauté, la mort et la résurrection du dieu Osiris.

La stèle est érigée par Ikhernofret pour commémorer son office en décrivant les cérémonies qu'il organise ; selon la croyance de l'époque, il peut après la mort, par cette stèle, continuer à assister à ces cérémonies, et accéder à la béatitude.

Description, contenu et rôle de la stèle

[modifier | modifier le code]

Cette stèle est façonnée et taillée dans le calcaire. Cintrée, elle mesure un mètre de haut.

Elle était à Abydos, à l'endroit où la tradition antique situait la sépulture d'Osiris[1].

La partie haute de la stèle représente le dieu Osiris avec ses attributs, debout, en dessous du disque solaire de , pourvu d'ailes. Osiris est face au pharaon Sésostris III. C'est ce pharaon dont Ikhernofret est le trésorier, et pour qui il organise et dirige les festivités pour Osiris.

En dessous de cette représentation divine, le texte de la stèle est réparti sur vingt-quatre lignes horizontales[1].

Après le texte, en bas de la stèle, le trésorier est représenté à une table d'offrandes, en face des membres de sa famille[2],[1].

Le texte de cette stèle présente la biographie du trésorier Ikhernofret. Celui-ci est considéré comme un « enfant adoptif », « bien-aimé du roi », qui reçoit l'honneur d'être fait « compagnon du roi » à vingt-six ans[3].

Il est envoyé en mission comme personnalité de confiance à Abydos par le pharaon Sésostris III pour y organiser et préparer les Mystères d'Osiris, les célébrations en l'honneur du dieu Osiris, le « père des rois », « le plus important des Occidentaux »[3].

Les rituels décrits sur la stèle célèbrent la royauté, la mort et la résurrection du dieu Osiris[3].

La partie la plus notable du texte concerne ces célébrations, les mystères d'Osiris, qu'Ikhernofret a la charge de conduire :

« Je jouai la sortie de « l'Ouvreur-de-chemins », lorsqu'il s'avance pour venger son père ; je chassai les ennemis de la barque Néchémet, je repoussai les ennemis d'Osiris. Je jouai ensuite une grande sortie, accompagnant les pas du dieu ; je permis à sa barque de voguer, tandis que Thot dirigeait droitement la navigation. J'avais équipé d'une belle chapelle la barque [appelée] « Celle qui apparaît en gloire grâce à la Vérité-Justice », et, ayant fixé ses belles couronnes, voilà le dieu qui s'avance vers Peker, je nettoyai le chemin qui mène à son tombeau face à Peker. Je vengeai Ounennéfer (= Osiris), en ce fameux jour du Grand Combat, et je terrassai tous ses ennemis sur la rive de Nedyt. Je fis qu'il s'avance à l'intérieur de la barque (appelée) « la Grande » et que celle-ci portât sa beauté. Je réjouis le cœur des collines du désert occidental, je créai l'exultation dans ces collines, lorsqu'« elles » virent la beauté de la barque Néchémet, tandis que j'abordai à Abydos, (la barque) qui ramenait Osiris, seigneur de la ville, vers son palais. Je suivis le dieu dans sa maison, fis qu'il se purifie et qu'il rejoigne son trône… »

— Stèle d'Ikhernofret (extrait). Traduction de Claire Lalouette[4].

Jan Assmann note que cette stèle enregistre comment les festivités sont célébrées par Ikhernofret en quatre parties principales[5]. La première partie est la procession d'Oupouaout, « l'ouvreur des voies », qui est ici une manifestation de l'Horus triomphant qui vient en aide à son père Osiris ; le rite impliquait des rituels d'excoriation concernant les ennemis d'Osiris. La deuxième partie est la grande procession : en sortant du temple d'Osiris, c'est une reconstitution du cortège funèbre d'Osiris dans la barque Néchémet. La troisième partie est le festival Haker, ou « nuit de la bataille d'Horus », avec la représentation de la bataille entre Horus et Seth. La quatrième et dernière partie est la procession au temple d'Osiris : Osiris retourne au temple, symbolisant la résurrection et le triomphe de le vie sur de la mort[5].

Les festivités qu'organise ainsi Ikhernofret sont donc une suite de processions, rappelant chacune un épisode du mythe d'Osiris. En tant que personnage important participant à ces célébration, Ikhernofret peut faire ériger une stèle en témoignage de sa participation. C'est de cette stèle qu'il s'agit ici[6].

Ikhernofret est toutefois tenu de conserver le secret d'au moins une partie des rites. Plusieurs procédés sont mis en œuvre pour garantir la plus grande discrétion possible aux « Mystères d'Abydos ». Sur cette stèle, Ikhernofret cite volontairement dans le désordre les rites et les processions pour qu'ils soient moins compréhensibles. Ces rituels sont, de plus, décrits a minima à l'aide de phrases stéréotypées qui ne dévoilent en rien les détails[6].

Selon les croyances égyptiennes de l'époque, cette stèle sera utile à Ikhernofret après sa mort. En effet, comme il a participé aux cérémonies pendant sa vie, il pourra une fois mort y assister encore par l'intermédiaire de sa stèle, et pourra accéder à la béatitude et à la sérénité des Akhou[6].

Texte de la stèle

[modifier | modifier le code]

D'après les restitution du texte de Kurt Sethe et de Günther Roëder.

Le cintre et les bordures de la stèle ne sont pas reproduits ici.

Le texte original de la stèle se lit de droite à gauche, il est ici retourné. Les parties entre croisillons # sont abimées sur la stèle mais sont déduites par le contexte.

1
 
anxG5nTrxprwnbtynTrmsw&txpr G5
nbw
M23
t
L2
t
<
raN28
kA kA
kA
>G39N5<
wsrsr
t
z
n
>dianxramiD&t&N17
2
 
swt
n
wDwn
r
p
a
HAt
a
HASHbitt
sDAw
sAbwa
t Z1
F20
O53
nbw
N33A
F20
O53
S14F20
S19
iiXr
r
nfrtSpsnb
F39&Z1
3
 
iwwDwn
Hm A40
dit
xnt
t
P1
k
r
R17AbDw
niwt
r
ir
t
mn
W24 W24 W24
n&t&f stir
xnt
imnttywA40rsmn
n
x
U22
bK5
w f
4
 
S
t U30
mwAsmnbw
N33A
din
f
ini
t
HmA40mxnt
t
N18
Aa32 t
N25
mn
xt
x t
A24mmA
Aa11
xrwisT
ir
r
kM22M22m
5
 
V6Z1Aa11
t Z1
n
ir
t
x t
ms#Htp
t p
t
f
#stir
A40
Dr
r
n
t t
h
AbD54
T
wHmA40ibA40n
xt
x t
mir
k
x t
nb
6
 
r
V23
F34
n
HmA40Dr
r
n&t&t inin
k
ispwmdwA t
Y1
HmA40iwxpr
r
n
k
ismsD&tA17HmA40
7
 
dwA t
Y1
wa
a
Z1
n
O12A40iwdin
T
wHmA40#r
s Ab
#A1iwkmHM42A17
n
rnpt
10 10
Z2
Z2
ir
n
HmZ1
n
U19A
nww
8
 
U2
ir
An
A40
Twmiq
r
Y1
sx
r
Y1
sp
d
M44ns
pr
r
D54
mX
t Z1
s#sA#A#ti#iwishAbD54
T
w
9
 
HmA40r
ir
t
M22M22siA
n
A2HmA40wn&n&t D35
n
ir&t&f st
nb
Hr
x
x x
k
iO35
r
k
D54
wir&n&k miwDt
n
nb
t
HmA40
1O
 
ir
r
kmiwDt
n
nb
t
HmZ1
f
msmn
n
x
U22
wDt
n
nbA40n&t&f stir
xnt
imnttywA40nbAbDw
niwt
xrpO29VHr
ib
R17niwt
11
 
iwir
n
A1G39Z1U7
f
nstir
xnt
imnttywA40smn
n
x
U22
n&A1 P34
f
wrn&nH HHHn
a
D&t&N17 ir
n
A1n
f
12
 
q
n
iwO21wT
z
U39nfrnfrnfrxnt
t
imnttywA40mnbw
N33A
S14x
z
bd
N33A
U32N34
Z2
ssn
M29
xt
mr
wxtmsR8A
13
 
Z11wx t
f
ir
k
Ar
O21
Z3snmmAw&tD37
n
A1hatchingwn
t sbA
nTrO7A1Z3r
ir
t
A48Bt
Z2
sndir
x
sn
14
 
n
t
a
n
t
ra Z1
nb
HbW4
Z2
tp
p
M5ra
Z2
iwxrpn&A1 kA
t
A9mn
S
mP3iwmsn&A1 sn
T
iiO21
15
 
iwsX
k
Xkrn&A1 S
n
bt
nb
AbDw
niwt
A40mx
z
bd
N33A
Hn
a
mf
kA t
N33A
wAsmnbw
N33A
aA
t t
O39 Z2
nb
t
m
16
 
X
k
r
wXkr
Z2
nwHa
F51A Z2
nTrA40T25n&A1 nTrA40mxa
a
wY1
Z2
f
mO44t
Z1
A1n
t
Hr
r
z
S
tA
A48At
A1
n
t
Aa25A1
17
 
nw
k
A1wabD41
Z1
msX
k
r
Xkr
nTrA40smA1t
wr
D50D50D50iwir
n
A1pr&r&t wp
N31
t Z2
#E18#wDAD54
f
r
n
nDt
f
18
 
U35n&A1 #T14#A14
Z2
Hrn
S
mt
P1
sx
r
A15
n
A1x t
f
A14
Z2
stirA40iwir
n
A1pr&r&t aA
t
SmsA1nTrr
D54 Z2
f
19
 
D37
n
A1sqdP1nTrd
p t
P3G26Hr
Z1
U5
D36
#sqdd
N33
#w&tP1
Z2
a
p
r
apr
n&A1 P3mN28Aa11VtH6nbAbDw
niwt
A40msn
t i i
O21
20
 
smn
n
Y1
xa
a
wY1
Z2
f
nfrwwDAAf
r
S42
N23
p q
r
niwtiwD45
n
A1N31
t Z2
nTrA40rmaHat
pr
f
xnt
t t
p q
r
niwt
21
 
iwnDn&A1 wn
n
n
nfrA40ra p
f
n
D34
O29Vsx
r
A15
n
A1x t
f
A14
f
Z3nb
Hr
#S24
z
#wN23
Z1
#n
n
d
iit
niwt
D37
n
A1wDAD54
f
22
 
r
F26
nwwr
t
P3wT
z
U39n
s
nfrZ2
f
sAwA1ibz
t
N25
Z3iAbt
t
#q
mA
T14#A1Ha
a
t#wA28Z3mz
t
N25
Z3imntt
t
23
 
U2
ir
AAsnnfrnfrnfrn
S
mt
P3
F36n
s
tA
r
AbDw
niwt
inin
n
sst
ir
xntimnttywA40nbAbDw
niwt
A40n
aH
fSmsn&A1 nTrr
pr
f
24
 
irF17fswwsx
Aa12
stt pr
f
P4
a
A1S24
z
t
#V1#mF26
n
prhatching#A40#hatchingA40Z2
f
mSn
n
nww&tA40Z2
f

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. a b et c « Stèle d'Ikhernofret (règne de Sésostris III) », sur sothis-egypte.com, (consulté le ).
  2. William Kelly Simpson, The Literature of Ancient Egypt, p. 425-427, Yale University Press, 2003, (ISBN 0-300-09920-7).
  3. a b et c Miriam Lichtheim, Ancient Egyptian Literature: The Old and Middle Kingdoms, p. 123-125, University of California Press, 1975 (ISBN 0-520-02899-6).
  4. Lalouette 1995, tome I, p. 175.
  5. a et b Jan Assmann, Death and Salvation in Ancient Egypt, p. 227-229, Cornell University Press, 2005, (ISBN 0-8014-4241-9).
  6. a b et c Lavier 1998.

Bibliographie

[modifier | modifier le code]
  • Marie-Christine Lavier, « Les fêtes d'Osiris à Abydos au Moyen Empire et au Nouvel Empire », Égypte, Afrique et Orient, Avignon, vol. 10,‎ (lire en ligne).
  • Claire Lalouette, Contes et récits de l'Égypte ancienne, Paris, Flammarion, , 238 p. (ISBN 2-08-210270-X).
  • (en) J.H. Breasted, Ancient records of Egypt, vol. I, p. 297.
  • Claire Lalouette, Les hommes illustres du temps des Pharaons, p. 65.
  • (en) M. Lichtheim, Ancient Egyptian Literature, vol. I, p. 125.
  • (en) M. Lichtheim, Ancient Egyptian Autobiographies Chiefly of the Middle Kingdom, Freiburg et Göttingen, 1988, p. 98-100.
  • (de) H. Schäfer, Die Mysterien des Osiris in Abydos, Hildesheim, 1964.
  • (de) K. Sethe, Ägyptische Lesestücke, 70, 13-71, 23.
  • (de) D. Wildung, Sesostris und Amenemhet. Ägypten im Mittleren Reich, Munich, 1984, p. 137.

Articles connexes

[modifier | modifier le code]

Liens externes

[modifier | modifier le code]