Sittelle de Sibérie

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Sitta arctica

Sitta arctica
Description de cette image, également commentée ci-après
Représentation schématique d'une Sittelle de Sibérie.
Classification COI
Règne Animalia
Embranchement Chordata
Classe Aves
Ordre Passeriformes
Famille Sittidae
Genre Sitta

Espèce

Sitta arctica
Buturlin, 1907

Synonymes

  • Sitta europaea arctica Buturlin, 1907
  • Arctositta arctica (Buturlin, 1907)

Statut de conservation UICN

( NE )
NE  : Non évalué

La Sittelle de Sibérie (Sitta arctica) est une espèce d'oiseaux de la famille des Sittidae. Longtemps considérée comme sous-espèce de la Sittelle torchepot (S. europaea), elle en a été clairement différenciée en 2006, sur la base de caractères morphologiques et moléculaires. Elle est en moyenne plus grande que Sitta europaea et s'en distingue également par quelques traits morphologiques comme la forme de son bec, la taille de ses griffes et la couleur de ses couvertures sous-alaires et de ses rectrices externes. Son chant a aussi été décrit comme « différant nettement » de celui de la torchepot, sans plus de précision.

La Sittelle de Sibérie vit dans le nord-ouest de la Sibérie, ne dépassant guère, à l'ouest, le 105e méridien est et peuplant les forêts au nord-est du lac Baïkal, jusqu'à proximité de la mer de Béring et de celle d'Okhotsk sans pour autant approcher les côtes. Elle vit dans les peuplements de mélèzes et dans les plaines inondables. Son statut d'espèce à part entière étant d'acquisition récente, peu de données sont connues à son propos et son état de sauvegarde n'est pas déterminé.

Description

La Sittelle de Sibérie est une sittelle de taille moyenne, mesurant environ 15 cm de longueur[1]. Les parties supérieures sont gris bleuté et les parties inférieures très blanches. Elle est assez similaire aux sous-espèces à poitrine blanche de la Sittelle torchepot rencontrées dans les régions les plus nordiques, mais se caractérise par une taille en moyenne plus importante et par plusieurs particularités anatomiques plus ou moins aisées à identifier. Les parties supérieures sont bleu-gris plomb, comme chez la sous-espèce S. europaea amurensis, mais plus sombres que pour toutes les autres sous-espèces de la torchepot[2]. Le trait loral, noir, est plus fin et plus court que chez la torchepot[3]. Les ornithologues Yaroslav Red'kin et Maria Konovalova du muséum de Moscou disent qu'il n'y a pas ou peu de marque claire sur le front et au-dessus de ce trait noir, comme en ont certaines sous-espèces de S. europaea[2] ; dans sa monographie sur les mésanges, sittelles et grimpereaux, Simon Harrap affirme quant à lui que les marques blanches sont plus marquées chez la Sittelle de Sibérie[4]. Le brun roux du croupion s'étend plus loin sur les flancs ; les couvertures sous-alaires sont gris sombre (et non pâles), les rectrices externes sont blanches sur plus de la moitié de leur longueur et il n'y a aucun dimorphisme sexuel apparent[2].

Le bec est plus long et étroit que chez les différentes sous-espèces de la Sittelle torchepot, avec le bord de la mandibule supérieure (le culmen) complètement ou presque droit et le bord de la mandibule inférieure courbé vers le haut ; la base du bec est densément couverte de longues plumes[3]. L'aile est plus pointue, la septième rémige primaire égalant en taille la seconde rémige, alors qu'elle est plus petite chez la Sittelle torchepot[5]. Le tarse est plus court (en absolu) que pour toutes les sous-espèces de la torchepot mais la griffe arrière est nettement plus développée, égalant en longueur le doigt qui en est pourvu (autour de 10 mm)[6]. Le mâle mesure 14,8 cm en moyenne, contre 15,1 cm pour la femelle, pour des envergures respectives de 25,7 cm et 25,2 cm. Chez le mâle et la femelle respectivement, l'aile pliée mesure en moyenne 86,4 mm et 83,9 mm, le bec 18,6 mm et 19,1 mm, la queue 49,9 mm et 46,7 mm et le tarse 17,0 mm et 16,9 mm. Le mâle adulte pèse environ 21,2 g et deux femelles pesées faisaient 19,7 et 22,1 grammes[6].

Écologie et comportement

Voix

Le chant est puissant[8]. Quelques sonagrammes de cris et de chants de la Sittelle de Sibérie sont publiés en 1996[9], et la voix est décrite comme « différant nettement » de celle de la torchepot, mais sans précision supplémentaire[10],[2].

Reproduction

Les données disponibles sur l'écologie de l'espèce sont très parcellaires. Des observations en 1994 ont montré que les couples étaient déjà formés le 15 mai. Ils réutilisent à l'occasion le nid d'un Pic épeiche (Dendrocopos major) et en maçonnent l'entrée avec de la boue afin d'en réduire le diamètre. Les jeunes observés ont pris leur envol entre le 30 juin et le 4 juillet[8].

Durant l'automne et l'hiver, la Sittelle de Sibérie effectue des migrations, formant des volées mixtes avec la sous-espèce S. e. asiatica (et ses formes asiatica et baicalensis) de la Sitelle torchepot[11],[2].

Répartition et habitat

Distribution de l'espèce en Asie de l'Est, d'après Redkin & Konovalova (2006)[12].

Cette espèce est endémique de Russie et vit dans le centre et le nord-est de la Sibérie. À l'ouest, sa répartition commence aux alentours du 105e méridien est[13], près des parties supérieures de la Toungouska inférieure et du bassin du Viliouï au nord (jusqu'aux alentours du 65e ou du 67e parallèle nord[5]) et de celles de la Léna au sud. À l'est, elle ne dépasse pas les bas cours de l'Anadyr, le nord-ouest des monts Koryak et les sources de la Penjina. La répartition de la Sittelle de Sibérie n'atteint pas les zones côtières, ni de la mer de Béring ni de celle d'Okhotsk[5],[2]. L'essentiel de sa répartition s'arrête au sud, là où celle de la sous-espèce asiatica de la Sittelle torchepot commence, et à l'est elle est remplacée dans la péninsule du Kamtchatka par S. e. albifrons[14].

La Sittelle de Sibérie peuple les forêts de mélèzes (Larix sp.) mais également les plaines inondables[14],[8].

Systématique

Taxinomie

La Sittelle torchepot, ici la sous-espèce nominale S. e. europaea, est phylogénétiquement la plus proche espèce de la Sittelle de Sibérie.
Sergei Buturlin décrit la Sittelle de Sibérie en 1907.

Sitta arctica est décrite par l'ornithologue russe Sergei Buturlin en 1907, d'après un spécimen (holotype) provenant de Verkhoïansk[1]. En 1916, le même auteur propose un découpage de la famille des Sittidae en plusieurs sous-familles, genres et sous-genres ; Sitta arctica est alors placée dans un genre à part entière, Arctositta Buturlin, 1916, l'auteur jugeant sa morphologie suffisamment distincte des autres sittelles[15],[2]. En 1928, Otto Kleinschmidt rapproche le genre Arctositta du groupe de la Sittelle torchepot (S. europaea)[16], et la Sitelle de Sibérie est par la suite considérée comme une sous-espèce de la Sittelle torchepot, excepté pour Andrzej Dunajewski[3] et Siegfried Eck[17],[18] qui la traitent ponctuellement comme une espèce à part entière, mais dans le genre Sitta.

En 2006, Red'kin et Konovalova font une révision complète des sous-espèces d'Asie de l'Est de la torchepot, et proposent d'élever définitivement la sous-espèce S. e. arctica au rang d'espèce, pour tenir compte de sa morphologie clairement distincte des autres sous-espèces et du fait que la Sittelle de Sibérie vit partiellement en sympatrie avec Sitta europaea sans s'hybrider (ou très peu) pour autant[2]. Ces analyses morphologiques sont concordantes avec des analyses de l'ADN mitochondrial également réalisées en 2006, qui montraient une grande divergence (10 % pour le gène ND2) entre arctica et europaea[19]. La décision est notamment suivie par Nigel J. Collar et John D. Pilgrim en 2007[20] et reprise par le Congrès ornithologique international dans sa version 1.6 (30 juin 2008)[21]. Dans le découpage en sous-genres du genre Sitta, peu utilisé, la Sittelle de Sibérie est placée dans Sitta (Sitta) Linnaeus, 1758[22]. Selon le Congrès ornithologique international et Alan P. Peterson, aucune sous-espèce n'est distinguée[23],[24].

Biogéographie

En 1996, l'ornithologue russe Vladimir Leonovitch et al. proposent une hypothèse biogéographique pour expliquer la différenciation des sittelles dans le nord-est sibérien. Lors des glaciations du Pléistocène, certains refuges glaciaires semblent avoir permis la survie d'au moins une partie de la faune et de la flore sibérienne. Des populations apparentées à Sitta europaea auraient pu survivre dans ces zones refuges, en l'occurrence le bassin de l'Anadyr, où Sitta arctica aurait pu se différencier, et le sud du Kamtchatka dans lequel la sous-espèce S. e. albifrons aurait pu diverger des autres sous-espèces de la Sittelle torchepot[9].

Carte de répartition de la Sittelle de Sibérie et des différentes sous-espèces de la Sittelle torchepot en Asie[12] :
  • Sitta arctica
  • Sitta europaea europaea
  • Sitta europaea asiatica
  • Sitta europaea albifrons
  • Sitta europaea amurensis
  • Sitta europaea amurensis forme « hondoensis »
  • Menaces et protection

    Son traitement en tant qu'espèce à part entière étant récent, son niveau de menace n'est pas évalué mais « en révision » selon BirdLife International[25].

    Annexes

    Sur les autres projets Wikimedia :

    Articles connexes

    Bibliographie

    • (de) Sergei Aleksandrovich Buturlin, « Neue Ost-Asiatische Formen », Ornithologische Monatsberichte, vol. 15,‎ , p. 79-80
    • (en) Yaroslav Red'kin et Maria V. Konovalova, « Systematic notes on Asian birds. 63. The eastern Asiatic races of Sitta europaea Linnaeus, 1758 », Zoologische Mededelingen, vol. 80, no 15,‎ , p. 241-261 (ISSN 0024-0672, lire en ligne)

    Références taxinomiques

    Liens externes

    Notes et références

    1. a et b Buturlin (1907)
    2. a b c d e f g et h Red'kin & Konovalova (2006), p. 248-249
    3. a b et c (ru) Andrzej Dunajewski, « Eurazjatyckie formy rodzaju Sitta Linn. », Acta Ornithologica, Musei Zoologici Polonici, vol. 1, no 7,‎ , p. 181-251
    4. (en) Simon Harrap (ill. David Quinn), Tits, Nuthatches and Treecreepers, A&C Black, , 352 p. (ISBN 978-0-7136-3964-3), p. 113
    5. a b et c (en) Charles Vaurie, The birds of the Palearctic fauna: Order Passeriformes, Londres, , 762 p., p. 522
    6. a et b Red'kin & Konovalova (2006), p. 257-259
    7. a et b Red'kin & Konovalova (2006), p. 256
    8. a b et c (ru) Pavel Stanislavovich Tomkovich, « Птицы верхнего течения реки Анадырь (Чукотка) », Зоологические исследования. Сборник трудов Зоологического музея МГУ, Изд-во МГУ Москва, vol. 49,‎ , p. 101-158 (lire en ligne)
    9. a et b (ru) Vladimir Vladimirovich Leonovitch, G.V. Demina et Olga Dmitriyevna Veprintseva, « Обыкновенный поползень (Sitta europaea L.) и «малые» поползни (S. villosa Verreaux, S. krueperi Pelzeln): вопросы систематики и филогении [Sitta europaea L. & «small» nuthatches S. villosa Verreaux and S. krueperi Pelzeln: problems of taxonomy and phylogeny] », бюллетень московского общества испытателей природы. отдел биологический [Bulletin de la Société des naturalistes de Moscou - division Biologie], vol. 101, no 1,‎ , p. 37–49
    10. (ru) Leonidas Aleksandrovitch Portenko, Фауна Анадырского края, Léningrad,‎ , 211 p.
    11. (ru) T.V. Bershitskaya, « Landshaftno-geografi cheskie osobennosti rasprostraneniya i biologii sinits i popolznei Rossii », dans D.A. Shakhin et E.V. Rogacheva, Изучение биологического разнообразия на Енисейском меридиональном трансекте. Животный мир, Moscou,‎ , p. 308-325
    12. a et b Red'kin & Konovalova (2006), p. 242
    13. (en) James Lee Peters, Check-list of birds of the world, vol. XII, , 495 p. (lire en ligne), p. 128
    14. a et b (ru) A.A. Kistchinski et E.G. Lobkov, « Пространственные взаимоотношения между подвидами некоторых птиц в Берингийской лесотундре [Spatial relationships between some bird subspecies in the Beringian forest-tundra] », бюллетень московского общества испытателей природы. отдел биологический [Bulletin de la Société des naturalistes de Moscou - division Biologie], vol. 84, no 5,‎ , p. 11-23
    15. (en) Sergei Aleksandrovich Buturlin, « A short review of Nuthatches (Fam. Sittidae) », Travaux de la Société impériale des naturalistes de Pétrograd, vol. 44, no 2,‎ , p. 145-173
    16. (de) Otto Kleinschmidt, Berajah, Zoographia Infinita, vol. 20 : Die Realgattung Kleiber, Sitta Auto-Sitta (Kl.), Halle, , 22 p.
    17. (de) Siegfried Eck, « Aspekte zur Taxonomie chinesischer Kleiber (Sitta europaea) », Ornithologisches Jahrbuch, Museum Heineanum, vol. 1,‎ , p. 25-31
    18. (de) Siegfried Eck, « Katalog der ornithologischen Sammlung Dr Udo Bährmanns (3. Fortsetzung) », Zoologische Abhandlungen / Staatliches Museum für Tierkunde, Dresden, vol. 39,‎ , p. 71-98
    19. (en) Robert Martin Zink, Sergei V. Drovetski et Sievert Rohwer, « Selective neutrality of mitochondrial ND2 sequences, phylogeography and species limits in Sitta europaea », Molecular Phylogenetics and Evolution, vol. 40, no 3,‎ , p. 679-686 (PMID 16716603, DOI 10.1016/j.ympev.2005.11.002, lire en ligne)
    20. (en) Nigel J. Collar et John D. Pilgrim, « Species-level changes proposed for Asian birds, 2005–2006 », BirdingASIA, vol. 8,‎ , p. 14–30 (lire en ligne)
    21. (en) Congrès ornithologique international, « Species Version 1 « IOC World Bird List » » (consulté le )
    22. (en) Erik Matthysen (ill. David Quinn), The Nuthatches, A & C Black, , 355 p. (ISBN 9781408128701), chap. Appendix I (« Scientific and Common Names of Nuthatches »), p. 269-270
    23. Congrès ornithologique international
    24. Alan P. Peterson
    25. (en) « Siberian Nuthatch (Sitta arctica) - BirdLife Species Factsheet », BirdLife International (consulté le )