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Sandra Jayat

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Sandra Jayat
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Naissance
Décès
Nom de naissance
Lucienne JayatVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Distinction

Sandra Jayat, née selon les souurces le [note 1] ou le [1] et morte le [2], est une artiste peintre et écrivaine tsigane de nationalité française[3]. Elle commence sa carrière artistique à partir de 1955, avec le soutien de personnalités telles que Jean Cocteau ou Chagall, et consacre son œuvre à la défense de la culture Rom.

Lucienne dite Sandra Jayat est née à Moulins en 1930, d'après son acte de décès et le Who's who. Selon une version probablement romancée, elle naît de parents tsiganes « entre 1938 et 1939, quelque part entre deux pays » à proximité de la frontière entre France et Italie. Peu de temps avant sa naissance, selon un récit fait par son grand-père, des membres de sa famille sont arrêtés et torturés en Italie par des Chemises noires au nom de la « défense de la race ». Sa famille décide alors de fuir vers la France, et c'est au cours de cet exode qu'elle voit le jour[4],[note 2]. Peu après l'installation de sa famille dans un village près de Moulins, une loi de juin 1940 interdit la libre circulation des Tsiganes. Après l'Armistice, la répression contre les Roms s'intensifie, et des décrets les obligent à rejoindre des camps d'internement. Une partie de sa famille est arrêtée et envoyée vers les camps de la mort selon son témoignage, tandis qu'avec son grand-père elle se cache dans une ferme des environs. Un peu plus tard, elle rejoint avec ce qu'il reste de sa famille la zone libre, avant de se retrouver vers ses 14 ans dans un camp près de Sesto Calende, sur les rives du Lac majeur[4].

À l’âge de 15 ans, fuyant le mariage qui lui est imposé par la tradition, elle quitte son campement tsigane. Arrivée à Paris en 1955, elle est accueillie par une famille juive, et peint pour subvenir à ses besoins. Au milieu de la haine ambiante contre les Roms, elle bénéficie du soutien de plusieurs artistes dont Marcel Aymé et Jean Cocteau, ce qui la décide à se lancer dans une carrière d'écrivaine en langue française[4]. Herbes Manouches, son premier recueil de poèmes, paraît en 1961 illustré par Jean Cocteau, suivi par un deuxième opus Lunes nomades aux Éditions Seghers, préfacé par Marcel Aymé et illustré par Mouloudji. Son troisième livre, Moudravi : où va l'amitié, publié en 1966, est illustré par Marc Chagall[4].

En 1972, elle fait paraître un disque dans lequel elle lit ses poèmes, accompagnée par des musiques originales de Django Reinhardt, qu'elle n'a pas connu mais dont le souvenir imprègne son œuvre[4]. Au début des années 1970, elle commence à exposer aux galeries Ades et Castiglione de Paris.

Dans les années 1980, le premier de ses quatre livres à composante autobiographique, La longue route d’une Zingarina (1978) est inscrit dans les listes de lecture des collèges, et connait alors le succès avec plus de 40 000 exemplaires vendus[5].

En 1983, elle participe à la Biennale des Beaux-Arts du Grand Palais et participe à la création de l'association Initiatives Tsiganes, avec Gérard Gartner et Tony Gatlif[6]. En 1985, cette association organise la Première Mondiale d'Art Tzigane à la Conciergerie de Paris[7].

En 1991, le Musée d’Art Sacré de Venise lui consacre une exposition-rétrospective (1977-1991) ; par la suite elle est exposée au Musée d’Art Moderne de Pékin, au Jacob Jarvis Center de New York, au Musée d’Herzliya en Israël et à Paris à la galerie du Carrousel du Louvre, à la galerie Furstenberg, à la galerie Art'et Miss, à l’église de la Madeleine et au Musée Bourdelle[réf. nécessaire].

Elle est co-autrice en 2009 d'une série de timbres postaux[8].

Fervente promotrice de la culture tsigane à travers le monde, son œuvre artistique a été distinguée par de nombreux prix. Chevalier de la Légion d'honneur, elle est membre de la Société nationale des beaux-arts et de la Société des gens de lettres.

Sandra Jayat vit à Paris jusqu'à sa mort dans l'anonymat.

  • Les nomades, je le sens mieux que je ne l'exprime, développent leurs incantations et leurs musiques lourdes de mystères qui est proprement la musique intérieure de Sandra Jayat. Marcel Aymé
  • Les émotions, les images qui coulent de source dans "Lunes Nomades" trouvent, grâce à vos dons, le tissu difficile et solide dont elles sont dignes. Roger Caillois
  • Baudelaire nous avait parlé de cette "tribu prophétique aux prunelles ardentes" dont Sandra Jayat possède le charme sombre. Ses poèmes atteignent les cordes sensibles, secrètes dont elle joue comme le vent dans les peupliers des routes. Pierre Seghers
  • Nous découvrons la force même de la poésie, cette errance qui donne à ses vers une certaine fièvre, une légende, une voix. Jean Cayrol
  • Elle crache le feu et avec ses pieds elle l'éteint. Jean Cocteau

Son œuvre, fortement inspirée par le mouvement de l'avant-garde, est centrée sur la culture du peuple Rom dont celle des Manouches, à qui elle souhaite rendre respect et dignité tout en luttant contre les stéréotypes dont ils font l'objet[4]. Ses tableaux sont marquées par une influence cubiste

  • Moudravi où va l'amitié, illustration de Marc Chagall, Paris, Seghers, 1966
  • Lunes nomades, Paris, P. Seghers, 1963
  • Herbes manouches, Paris, la Colombe, Éditions du Vieux Colombier, 1961
  •  Je ne suis pas née pour suivre, Edition Philippe Auzou, 1983
  • Le Roseau d'argent (1973)
  • Les Deux lunes de Savyo (1972) dessins de Jean-Paul Barthe
  • Kourako (1972) illustrations de Jean-Paul Barthe

Distinctions

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  • Médaille d'or de la Fondation internationale des peintres, poètes, écrivains et journalistes (Rome) en 1976, pour l'ensemble de son œuvre[3].
  • Chevalier de la Légion d'honneur, en 1999[12].

Notes et références

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  1. Un blog spécialisé sur les gens du voyages, Fils du Vent Sans Pays, Le Monde du Voyage disant s'appuyer sur le Who's who de 2003, la déclare née Lucienne Jayat à Moulins. L'arrêté de sa nomination de 1999 en tant que chevalière de la Légion d'honneur, publié au Journal officiel, parle de «  Madame Jayat (Lucienne dite Sandra) artiste-peintre, écrivain ; 43 ans d'activités professionnelles». Un avis de décès issu du site de data.gouv Décès en France, mentionne « JAYAT Lucienne, Date de naissance :13/05/1930, Lieu de naissance :Moulins - 03 - Allier Code Insee 03190, Date de décès :19/02/2025 (94 ans), Lieu de décès :Paris 13e Arrondissement - 75 - Paris ».
  2. Il est possible que cette partie de sa vie ait été romancée par elle-même. Comme l'indique la source, dans les autres biographies, le récit de sa vie ne démarrait qu'à Moulins. Voir aussi note précédente.

Références

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  1. Jayat, Sandra (1939-....), « BnF Catalogue général », sur catalogue.bnf.fr, 40726-frfre (consulté le )
  2. « matchID - Moteur de recherche des décès », sur deces.matchid.io (consulté le )
  3. a et b « Échos et nouvelles », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. a b c d e et f (en) Begoña Barrera, « The Long Road in Search of a Tzigane Language: Sandra Jayat », dans María Sierra, European Roma - Lives Beyond Stereotypes, Liverpool University Press, , 332 p. (ISBN 9781800857520, lire en ligne)
  5. « Sandra Jayat », sur www.romarchive.eu (consulté le )
  6. « MILIEU TSIGANE », sur Gérard Gartner, (consulté le )
  7. Marie-Hélène About, 365 femmes premières dans leur métier ou dans leur création: Préface de Michelle Perrot et avant-propos de Jean-Pierre Rosa, Librinova, (ISBN 979-10-405-1074-1, lire en ligne)
  8. « Fête de fin d'année : les timbres pour envoyer ses voeux disponibles début novembre », sur ladepeche.fr (consulté le )
  9. Collectif, Sandra Jayat (Catalogue de ses oeuvres), 19 p.
  10. « Sandra Jayat, l'égérie des Roms », sur Le Point, (consulté le )
  11. « Sandra Jayat Discography », sur Discogs
  12. « Légion d'honneur », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )

Liens externes

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