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Ratna Indraswari

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Ratna Indraswari
Biographie
Naissance
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Voir et modifier les données sur Wikidata (à 61 ans)
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Idéologie

Ratna Indraswari ( - ), surnommée la Reine des abeilles, est une femme de lettres, poétesse, autrice et militante des droits humains indonésienne. Paralysée depuis l'âge de 10 ans, elle compose plus de 400 nouvelles et romans au cours de sa vie, dont des oeuvres sociales et contestataires, comme l'écologiste Lemah Tanjung (2003). Par ailleurs, elle est une figure notable du mouvement féministe et démocratique indonésien.

Son oeuvre, surtout composée de nouvelles, s'intéresse à des figures féminines, à leur parcours, leurs façons de résister au pouvoir. Elle est décrite comme une artiste orale, car elle dicte l'ensemble de ses oeuvres.

Naissance et jeunesse

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Ratna Indraswari naît à Malang le [1]. Elle est la dernière de six enfants[2]. Ses deux parents, Saleh Ibrahim et Siti Bidasari binti Arifin, sont issus du peuple Minangkabaus, bien qu'ils demeurent à Malang, qui n'est pas majoritairement Minangkabaus[1]. Son père, Saleh Ibrahim, la fait lire et se procure de nombreux livres[3], qu'elle peut ensuite lire et ce qui la familiarise avec la littérature dès son enfance[3]. Elle devient tétraplégique à l'âge de 10 ans[3] après une longue fièvre et une longue maladie apparentée à du rachitisme[2].

Après avoir suivi son éducation à l'école primaire chrétienne[2], au collège puis au lycée de Malang, elle entreprend des études à la faculté d’administration commerciale de l’université Brawijaya, mais les abandonne rapidement[1].

Carrière littéraire et engagements

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En 1974, elle commence à écrire, avec l'aide d'une assistante qui écrit ce qu'elle dicte, elle parvient ainsi à faire rédiger ses oeuvres[1],[3]. Le fait qu'elle soit obligée de dicter pour écrire lui fait qualifier sa propre oeuvre de « littérature orale »[3]. Autrice extrêmement prolifique, elle commence à publier en 1974 et ne s'interrompt plus, publiant surtout des nouvelles, mais aussi des romans et de la poésie[1],[3]. Il est estimé qu'en tout, Indraswari est à l'origine d'au moins 400 oeuvres littéraires différentes[3].

Parallèlement à ses activités artistiques et littéraires, elle s'engage dans la lutte pour les droits humains[4] en rejoignant diverses organisations indonésiennes dans les années 1970 et 1980[1]. Dès 1980, elle est nommée présidente de l'association pour les handicapés Bhakti Nurani[2]. En 2000, elle devient présidente de la recherche et du développement pour l'association Kean 'Payung'[1]. Son activisme la fait voyager à l'étranger, elle se rend notamment aux États-Unis ou en Chine pour assister à des rassemblements féministes ou luttant pour les droits des femmes, comme le Congrès des femmes[1]. Elle remporte aussi plusieurs prix, comme celui du magazine Femina[2].

Ses engagements pour la démocratie provoquent aussi la surveillance des autorités indonésiennes ; en 1998, pendant les émeutes de Jakarta, sa maison est perquisitionnée par les services de renseignement indonésiens, qui y cherchent des personnes cachées, sans les trouver[2].

Elle est parfois surnommée « Ratu Lebah », ce qui signifie la « reine des abeilles »[4]. En 2003, elle publie Lemah Tanjung, qui parle d'un projet immobilier verreux qui détruit l'environnement en Indonésie[2]. Avant de publier l'ouvrage, elle participe aux manifestations contre le projet, bien que limitée par sa tétraplégie[2].

Son dernier roman, 1998, achevé avant sa mort mais publié à titre posthume, revient sur les émeutes de Jakarta[2],[5]. Indraswari meurt des suites d'un accident vasculaire cérébral le [2],[6].

Postérité

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L'autrice est lue dans certaines écoles indonésiennes au début des années 2020[7].

Analyse de l'oeuvre

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Ses engagements féministes se retrouvent dans sa littérature[8],[9],[10], elle-même déclarant s'inspirer de Virginia Woolf[3]. Son oeuvre est créditée comme étant capable de problématiser la question de la condition de la femme, et donne des voies pour en sortir[11].

La religiosité des femmes dans son oeuvre est aussi un sujet étudié par la recherche[12],[13].

Références

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  1. a b c d e f g et h « Artikel "Ratna Indraswari Ibrahim" - Ensiklopedia Sastra Indonesia », sur ensiklopedia.kemdikbud.go.id (consulté le )
  2. a b c d e f g h i et j (id) Andika Yudhistira Pratama, « Dari Kursi Roda, Ratna Indraswari Mengabarkan Realitas Sosial », sur tirto.id, (consulté le )
  3. a b c d e f g et h (id) « Keseharian Ratna Indraswari Ibrahim », sur BBC News Indonesia, (consulté le )
  4. a et b (id) Eko Widianto, « Tahlil dan Doa selama 40 Hari untuk mendiang Ratna Indraswari Ibrahim », sur Terakota, (consulté le )
  5. (id) Kompasiana.com, « Membaca Karya Ratna Indraswari Ibrahim di Malang », sur KOMPASIANA, (consulté le )
  6. (id) « JPNN », sur www.jpnn.com (consulté le )
  7. (id) « Santri Darul Ulum Pasuruan Baca Ratna Indraswari Ibrahim », sur NU Online (consulté le )
  8. (en) NIDN 0004057002 DIAH ARIANI ARIMBI, « Les Femmes Indonesiennes Dans Les Nouvelles De Ratna Indraswari Ibrahim », Le Banian 22, vol. -, no -,‎ , p. 118–128 (ISSN 1779-8485, lire en ligne, consulté le )
  9. (en) Risma Amin, « Gender Analysis of “Lakon Di Kota Kecil”: The Short Story Collection by Ratna Indraswari Ibrahim as a Feminist Literature Study of the Indonesian Moslem Writer’s Literary Work: », JOEY: Journal of English Ibrahimy, vol. 3, no 1,‎ , p. 12–25 (ISSN 2828-2078, DOI 10.35316/joey.2024.v3i1.12-25, lire en ligne, consulté le )
  10. (en) Eka Yulianti, Sugerman Sugerman et Lili Suryaningsih, « Sikap Perempuan dalam Kumpulan Cerpen pada karya Ratna Indraswari Ibrahim dengan Kajian Feminisme dan Implementasinya dalam Pembelajaran sastra di SMA », Ainara Journal (Jurnal Penelitian dan PKM Bidang Ilmu Pendidikan), vol. 2, no 3,‎ , p. 262–267 (ISSN 2746-7767, DOI 10.54371/ainj.v2i3.90, lire en ligne, consulté le )
  11. (en) Moh Fathoni et Ainul Churria Almalachim, « The Problematic Representation of Women: An Analysis of Ratna Indraswari Ibrahim's Literary Text », An-Nisa Journal of Gender Studies, vol. 15, no 2,‎ , p. 127–136 (ISSN 2654-4784, DOI 10.35719/annisa.v15i2.79, lire en ligne, consulté le )
  12. (en) Muhammad Rosyid Hw, « Religiusitas Perempuan dalam Cerpen-Cerpen Ratna Indraswari Ibrahim », Madah: Jurnal Bahasa dan Sastra, vol. 12, no 2,‎ , p. 238—250–238—250 (ISSN 2580-9717, DOI 10.31503/madah.v12i2.399, lire en ligne, consulté le )
  13. (en) Diah Ariani Arimbi, « Reading the writings of contemporary Indonesian Muslim women writers: representation, identity and religion of Muslim women in Indonesian fictions », Thèse, UNSW Sydney,‎ (lire en ligne, consulté le )