Pouvoir des femmes

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Aquamanile du XVe siècle représentant Phyllis chevauchant Aristote.

Le pouvoir des femmes (Weibermacht en allemand, Power of Women en anglais) est un topos littéraire et artistique fréquent au Moyen Âge et pendant la Renaissance.

Il consiste en une inversion de la hiérarchie sexuelle, à visée morale et humoristique, montrant des hommes, traditionnellement représentés comme héroïques ou sages, dominés par des femmes.

Occurrences[modifier | modifier le code]

Ce topos prend sa source dans la littérature antique et se retrouve dans un certain nombre de textes médiévaux, dont Aucassin et Nicolette, la Consolation de Philosophie, Le Roman de la Rose et les Contes de Canterbury. Vers 1400, Christine de Pisan le critique, soutenant que si des femmes avaient rendu compte des épisodes en question, les interprétations qu'elles en auraient donné auraient été différentes de celles des hommes[1].

Dans les arts visuels, les représentations du « pouvoir des femmes » se trouvent principalement à partir du XIVe siècle, et gagnent en popularité aux XVe et XVIe siècles. Parmi les scènes illustrées, on trouve Judith décapitant Holopherne, Phyllis chevauchant Aristote, Samson et Dalila, Salomé et sa mère Hérodiade, Yaël tuant Siséra, David regardant Bethsabée au bain, Salomon devenu idolâtre, Virgile dans son panier, ainsi que de nombreuses représentations de sorcières, de femmes dominant leur mari, etc.

Analyses[modifier | modifier le code]

L'universitaire américaine Susan L. Smith (en) le définit comme « la représentation conjointe d'au moins deux (souvent plus) figures célèbres de la Bible, de l'histoire antique ou du roman de chevalerie, pour mettre en évidence un ensemble de thèmes corrélés incluant les artifices des femmes, le pouvoir de l'amour, et les épreuves du mariage[2] ». Elle y voit davantage qu'une manifestation pure et simple d'antiféminisme médiéval : il s'agit aussi d'un moyen d'expression d'« idées divergentes au sujet des rôles de genre[3] ».

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Smith, Susan L., The Power of Women: A 'Topos' in Medieval Art and Literature., University of Pennsylvania Press, 1995, (ISBN 978-0-8122-3279-0)
  • (en) Tal, Guy, Witches on Top: Magic, Power, and Imagination in the Art of Early Modern Italy, Indiana University, 2006 (ISBN 9780542847912)

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Wolfthal, Diane, "Susan L. Smith, The Power of Women: A Topos in Medieval Art and Literature", compte-rendu publié dans la Medieval Feminist Newsletter, 22, 1996, p. 57.
  2. (en) « [...] the representational practice of bringing together at least two, but usually more, well-known figures from the Bible, ancient history, or romance to exemplify a cluster of interrelated themes that include the wiles of women, the power of love, and the trials of marriage », Babinsky, Elen L., compte-rendu de Susan L. Smith, The Power of Women, dans Church History, 66 (2), 1997, p. 340–41.
  3. (en) « [...] a site of contest through which conflicting ideas about gender roles could be expressed », Smith, Susan L. dans Margaret Schaus (éd.), Women and Gender in Medieval Europe: An Encyclopedia, Taylor & Francis, 2006, p. 844–45, (ISBN 9780415969444).