Pays en développement

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Carte économique du Monde en 2006.
  • Pays à hauts revenus
  • Pays à revenus moyen-supérieurs
  • Pays à revenus moyen-inférieurs
  • Pays à bas revenus

Dans la typologie la plus courante, les pays en développement ou pays du Sud sont des pays moins développés économiquement que les pays du Nord ou pays développés.

L'expression remplace des dénominations antérieures, jugées inadéquates, obsolètes ou incorrectes : les pays du tiers monde, les pays sous-développés. Elle s'est substituée à « pays en voie de développement ».

Les pays en développement sont, selon certains auteurs comme Walt Whitman Rostow, les pays en transition des multiples modes de vie traditionnels vers le mode de vie moderne à partir de la révolution industrielle en Angleterre aux XVIIIe et XIXe siècles.

Les pays les moins avancés (PMA) ne constituent pas une catégorie distincte : la plupart des PMA sont des pays en développement, des pays engagés dans un processus de développement ; en témoigne l'évolution de leur IDH[1]. Ils présentent néanmoins un développement économique inférieur à celui des autres pays en développement, ce qui justifie leur inclusion dans la liste des PMA, laquelle est établie par la CNUCED.

Dans l'édition 2016 de ses indicateurs de développement, la Banque mondiale a pour la première fois renoncé à distinguer les « pays en développement » des « pays développés ». Une catégorisation devenue obsolète selon l'institution[2]. Mais ce n'est pas le cas pour le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) dans son Rapport sur le développement humain publié chaque année.

Historique

Le , dans son discours sur l'état de l'Union, le président des États-Unis Harry S. Truman utilise pour la première fois le terme « sous-développé », ainsi que le terme « développement », pour justifier l'aide aux « régions sous-développées » dans le cadre de la lutte contre le communisme et de la doctrine Truman. Il y déclara être du devoir des pays développés de diffuser leurs connaissances techniques et leur assistance aux pays en développement, pour que les niveaux de vie convergent vers les niveaux occidentaux[3] :

« Il nous faut lancer un nouveau programme qui soit audacieux et qui mette les avantages de notre avance scientifique et de notre progrès industriel au service de l'amélioration et de la croissance des régions sous-développées. Plus de la moitié des gens dans le monde vit dans des conditions voisines de la misère. Ils n'ont pas assez à manger. Ils sont victimes de maladies. Leur pauvreté constitue un handicap et une menace, tant pour eux que pour les régions les plus prospères. (...) Je crois que nous devons proposer aux peuples qui recherchent la paix les bénéfices de toutes nos connaissances techniques pour les aider à répondre à leurs aspirations pour une vie meilleure. Et, en coopération avec d'autres nations, nous devons encourager les investissements en capitaux dans les régions qui ont besoin de développement ».
Dans les années 1950-1960, les pays en développement (Asie hors Japon, Afrique, Amérique latine hors Argentine) cumulent un certain nombre de caractéristiques sociales, démographiques, et économiques associées au faible développement : l'espérance de vie à la naissance, le taux d'alphabétisation, le taux d'utilisation de la contraception, le PIB par habitant sont inférieurs à la moyenne mondiale ; le nombre d'enfants par femme, le taux de croissance démographique sont supérieurs à la moyenne mondiale.

La majorité des pays sous-développés ont été des colonies, puis au cours des années 1940 à 1960, ont vécu la décolonisation. L'objectif d'assistance aux pays les plus pauvres prend alors le relai de la mission civilisatrice liée à la colonisation qui était celle des pays de la vieille Europe.

Certains pays, qualifiés de pays émergents sont en train de s’extraire rapidement de leur situation de sous-développement, avec une hausse rapide du niveau de vie moyen, par exemple la Chine et le Brésil. Les quatre dragons asiatiques : Corée du Sud, Hong Kong, Taïwan et Singapour.

L'émergence des exigences de développement durable tend à élargir la vision purement économique du niveau de développement à des critères environnementaux et sociaux. On parle aussi de pays du Sud et de pays du Nord, ces derniers étant invités à revoir leur mode de vie vers davantage de durabilité.

Typologie des pays et appellations

L’ensemble des pays en développement n’est absolument pas homogène, leurs niveaux de développement étant très varié. Le terme fait en général référence à tous les pays ne faisant pas partie des pays développés.

Le terme pays en voie de développement n'est qu'une appellation parmi d'autres pour désigner un même type de problème. La manière de désigner ces pays change selon l'angle sous lequel on les aborde et selon les solutions envisagées pour remédier à leurs problèmes. Chacun de ces termes a des significations au-delà de son apparence première.

Concept, nature et finalité du développement

Bien qu'une bonne partie du monde semble aspirer au développement, le terme lui-même est critiqué par certains qui le considèrent comme trop centré sur les sociétés occidentales. Dans l'esprit de Harry S. Truman dans son discours sur l'état de l'Union de 1949, il s'agissait en effet d'élever le niveau de vie des pays aidés par l'accroissement de leur activité industrielle sur le modèle des États-Unis[4] :

« Avec la coopération des forces économiques, des capitaux privés, de l'agriculture, et des travailleurs de ce pays, ce programme peut accroître significativement l'activité industrielle dans d'autres nations et peut élever substantiellement leurs niveaux de vie ».

Il existe de fait une contradiction à employer une expression qui sous-entend implicitement que les pays du Sud pourraient atteindre le niveau de développement des pays du Nord, alors que l'on sait pertinemment aujourd'hui que tous les habitants de la planète ne peuvent pas adopter le mode de vie des occidentaux : en effet, si tous les habitants de la terre avaient le mode de vie d'un occidental, il serait nécessaire de disposer de plusieurs planètes comme la Terre pour satisfaire les besoins de tous. Si l'on considère la notion d'empreinte écologique, selon les chiffres du WWF, l'empreinte moyenne d'un Américain du Nord en 2008 est de 9,4 hectares, pour une biocapacité par habitant de 2,1[5]. Pour résoudre cette contradiction, il est nécessaire de revoir le mode de vie occidental dans le sens d'une diminution de l'empreinte écologique.

Les catégories utilisées lorsqu'il est question de pays en développement font référence aux objectifs et aux concepts de ceux qui les utilisent. Ainsi, si l'on parle de pays en développement, cela peut être à des fins descriptives (donner un aperçu objectif de la situation) ou à des fins normatives (porter l'interlocuteur à agir pour régler une situation). On parle aussi de nations de la périphérie, de pays du tiers monde ou de pays non industrialisés. On retrouve le concept de pays en voie de développement, sous une appellation ou une autre, dans de nombreux systèmes théoriques ayant des orientations diverses, ce sont par exemple les théories de la décolonisation, la théologie de la libération, le marxisme anti-impérialiste, l’économie politique.

Mesure du développement

Le terme développement, dans le cas présent, est souvent pris comme un raccourci pour développement économique, mais concerne aussi le développement humain, c'est-à-dire d'autres paramètres pouvant être considérés positifs pour la société (éducation, santé, espérance de vie...).

On mesure le développement d'un pays à partir d'indices statistiques tels l'indice de développement humain (IDH), le revenu par habitant, le taux d'analphabétisme, l'accès à l'eau... L'indice de développement humain (IDH) est un indice statistique composite, créé par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) en 1990, évaluant le niveau de développement humain des pays du monde. Il prend en considération l'espérance de vie à la naissance, le niveau d'étude et d'instruction et enfin le revenu par habitant. L'indicateur précédent utilisé, le PIB par habitant, ne donnant pas d'informations sur le bien-être individuel ou collectif, mais n'évaluant que la production économique.

Les États membres de l’ONU se sont donné pour obligation de réaliser d’ici 2015, une série d’objectifs, dits Objectifs du millénaire pour le développement[6] consistant en des engagements précis et mesurables[7] centrés sur un certain nombre d’indicateurs évaluant la réduction de la pauvreté, l’accès à l’eau, à l’éducation, à l'autonomie pour les femmes, le développement durable, le combat contre le VIH, l'amélioration de la santé maternelle, la réduction de la mortalité infantile, et la mise en place d'un partenariat mondial pour le développement. L’assemblée générale des Nations unies a officiellement adopté les objectifs de développement durable pour 2030, qui succèdent aux objectifs du millénaire pour le développement arrivant à échéance, vendredi , à l’occasion de l’ouverture de la 70e assemblée générale de l’ONU et du sommet sur le développement durable. « L’agenda 2030 est une promesse faite par les dirigeants aux peuples partout dans le monde. Il contient l’urgence d’une action sur le climat. Le test de confiance sera sa mise en œuvre. Les 17 ODD, les objectifs de développement durable sont notre guide, notre ‘to do list’ pour les peuples et la planète », souligne Ban Ki-moon, secrétaire général de l’ONU lors de la plénière d’ouverture[8].

Certains chercheurs en économie du développement, tel Theodore Schultz , prix Nobel en 1979, avaient constaté qu'un agriculteur alphabétisé dans les pays en développement est plus productif qu'un agriculteur analphabète, aussi préconisent-ils l'investissement en « capital humain » (éducation, santé) comme moyen efficace pour leur développement économique[9]. D'autres, tel Mohammed Tamim, estiment que le développement économique est mesurable à l'échelle universelle au seul niveau d'éducation de la maternelle à l'université[10]. Ils ont en effet constaté que partout où le niveau d'éducation est élevé, le niveau de développement l'est également. Aussi en tirent-ils une loi, à savoir que le taux de scolarisation est proportionnel au taux de développement économique et inversement proportionnel au taux de croissance démographique, le développement économique étant mesuré par la proportion de la population active dans les secteurs modernes et l'espérance de la vie à la naissance. Ainsi, le Take Off de Walt Whitman Rostow[11] ne pourrait se déclencher dans un pays, tant que sa population ne serait pas en totalité dotée d'un haut niveau d'éducation tant scientifique qu'encyclopédique. Ce qui nécessite donc l’organisation d’un programme mondial de scolarisation, conditionné lui-même par un autre programme mondial de contrôle des naissances et la mise en place d’une organisation mondiale pour la mise en pratique de cette stratégie de développement.

Une étude publiée en 2019 par l'Académie nationale des sciences souligne que le réchauffement climatique influe dans l'accroissement des inégalités économiques entre les pays, en entravant la croissance économique dans les pays en développement du Sud. L'étude indique que 25 % de l'écart entre le monde développé et le monde en développement peut être attribué au réchauffement climatique[12]. D'après l'ONU, le changement climatique pourrait laisser 140 millions de personnes sans abri dans les pays en développement d’ici 2050[13].

Les sources et les freins au développement

Selon les théories, le sous-développement, ou le maldéveloppement d'un pays s’explique par :

  • des éléments extrinsèques :
    • les guerres et les bombardements effectués par les pays développés ou par les pays alentour (cas du Vietnam, du Cambodge...) ;
    • un intérêt géopolitique ou commercial qu'il crée auprès d'autres pays ;
    • place du pays au sein d'un système historique et politique relevant tant de son inscription géographique que culturelle ;
    • manque d'intérêt et de compréhension des entreprises multinationales pour les dynamiques spécifiques au pays ;
    • évolution défavorable des termes de l'échange, et pertes de revenu liées à la baisse des prix des exportations (le plus souvent des matières premières).

Notes et références

  1. Rapport sur le développement humain 2010, La vraie richesse des nations : Les chemins du développement humain, PNUD, 2010.
  2. http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2016/05/18/20002-20160518ARTFIG00268-la-banque-mondiale-acte-la-disparition-de-la-notion-de-pays-en-developpement.php
  3. Extrait du discours de Harry truman sur le site Hérodote
  4. Discours de Harry Truman (en anglais)
  5. « L'empreinte écologique sur le site du WWF »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?)
  6. Actualité des objectifs du millénaire pour le développement
  7. Indicateurs des objectifs du millénaire pour le développement
  8. http://ucesif.org/ucesif/adoption-des-odd-pour-2030-par-lassemblee-generale-des-nations-unies/
  9. Theodore W. Schult : 1971, Investment in Human Capital: The role of education and of research
  10. Mohammed Tamim : Le Spectre du tiers-monde, L'Harmattan, 2002
  11. Walt Whitman Rostow :The Stages of Economic Growth: A non-communist manifesto, 1960.
  12. http://www.bbc.com/capital/story/20190502-how-global-warming-has-made-the-rich-richer
  13. « Le monde est confronté à un «apartheid climatique», estime l'ONU », sur www.20minutes.fr (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes