Odette Taffanel
Naissance | |
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Décès | |
Nom de naissance |
Odette Marcelle Adrienne Taffanel |
Nationalité | |
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Fratrie |
Jean Taffanel |
A travaillé pour |
Centre national de la recherche scientifique (jusqu'en ) |
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Distinctions |
Odette Taffanel, née le à Mailhac (Aude) et morte le dans la même commune, est une archéologue française, spécialiste de la protohistoire du Languedoc. Autodidacte, elle fouille avec son frère Jean plusieurs sites archéologiques sur le territoire de leur commune, dont l'oppidum du Cayla.
Biographie
[modifier | modifier le code]Jeunesse et découverte de l'archéologie
[modifier | modifier le code]Odette Taffanel naît le à Mailhac, dans le département de l'Aude, en France[1]. Elle est issue d'une famille de viticulteurs, et est l'aînée de deux ans de son frère Jean[1].
En 1929, alors que le sol du vignoble est en partie labouré, les deux enfants découvrent des débris de tombes et de poteries, qu'ils font examiner à un archéologue local, Laurent Mathieu : Odette et Jean, âgés de 14 et 12 ans, développent une passion pour l'archéologie[2].
Autoformation
[modifier | modifier le code]Odette Taffanel n'a pas fait d'études supérieures, et ne possède que son certificat d'études primaires[2] : elle apprend de façon autodidacte le latin, le grec ancien et plusieurs langues étrangères[2], dont l'allemand[1]. Pour financer l'achat de manuels d'archéologie, Odette Taffanel fabrique et vend des bijoux, des camées[2] et des santons en buis[1] et, avec son frère, élève des lapins et un chevreau, qui sont ensuite vendus[1],[2]. Elle a aussi accès, à ses débuts, à la bibliothèque de l'archéologue Laurent Mathieu[1]. Elle apprend également le dessin[1].
Malgré le fait qu'elle ne possède pas de diplôme d'études supérieurs, Odette Taffanel parvient à entrer au CNRS[1],[2] : elle est la première femme autodidacte à entrer dans cet organisme[3].
Travaux en archéologie
[modifier | modifier le code]Fouilles à Mailhac
[modifier | modifier le code]En 1931, Odette et Jean Taffanel ouvrent une première tranchée au sommet du Cayla, une colline qui surplombe le village de Mailhac où se trouve le « vieux-Mailhac » selon la tradition locale[1],[2].
Malgré le peu de ressources économiques de la famille, leur père rachète, de 1931 à 1947[1], les différentes parcelles composant le Cayla, pour permettre à ses enfants de poursuivre leurs recherches[1],[2].
Les travaux de fouilles sont menés par la famille, qui ne possède pas les moyens d'engager des ouvriers, même avec des crédits de l'État, et qui souhaitent garder une forme d'indépendance dans leurs recherches[2]. Le terrassement des différentes couches archéologiques est effectué par Jean Taffanel (qui s'occupe également de l'exploitation viticole avec son père)[2], tandis que les deux archéologues réalisent le dégagement, les relevés, les dessins et les notes des vestiges retrouvés[2].
Ils fouillent pendant 19 ans l'oppidum du Cayla, avant de se tourner vers la plaine de Mailhac où se trouvent plusieurs nécropoles[2].
Leurs périodes de fouilles s'étendent de juillet à août, tandis que les prospections ont lieu au mois de novembre, pendant les labours : en raison de l'impossibilité de fouiller dans les vignobles, ils attendent des arrachages ou notent les lieux pour une opération ultérieure[2].
Mise en valeur des découvertes
[modifier | modifier le code]Les résultats des recherches à Mailhac sont publiés par Odette : elle écrit son premier article pour la Société d'études scientifiques de l'Aude en 1938[2], qu'elle et son frère ont intégré[1].
En 1953, à l'étroit dans leur demeure familiale, les Taffanel achètent l'ancien pensionnat et couvent du village[1]. Celui-ci est transformé à leurs besoins : le rez-de-chaussée fait office de dépôt archéologique, de réserves et d'atelier, tandis que le premier étage est aménagé en musée[2].
En 1955, Odette et Jean Taffanel publient, avec Maurice Louis, l'ouvrage intitulé Le Premier âge du Fer languedocien, en trois tomes[1]. Cet ouvrage leur apporte une certaine reconnaissance, et permet à Odette Taffanel d'entrer au CNRS dans les années 1950[1].
En 1964, Odette Taffanel devient attachée de recherche au CNRS puis, en 1971, chargée de recherche[1]. Elle prend sa retraite du CNRS en 1980, mais poursuit ses recherches : lors de la reprise des fouilles dans les années 1990 à Mailhac, elle collabore aux publications qui en résultent[1].
Réseau à l'international
[modifier | modifier le code]Malgré l'apparent isolement du village de Mailhac, Odette Taffanel est en contact avec ses compères : elle les invite, ou correspond avec eux, tandis qu'ils lui envoient des ouvrages ou des articles[2]. Elle entretient une riche correspondance avec plus de 170 personnes dans neuf pays, dont un grand nombre de chercheurs allemands et espagnols, dont elle comble les lacunes chronologiques sur l'âge du Fer dans l'espace languedocien[1] ; elle devient notamment membre correspondant de la Germanische Kommission des Deutschen Archäologischen Institutes en [1].
Reconnaissance
[modifier | modifier le code]Odette Taffanel est élue vice-présidente de la Société d'études scientifiques de l'Aude en 1974, puis vice-présidente d'honneur en 1977[1].
Elle est nommée chevalier de la Légion d'honneur[1],[3].
Postérité
[modifier | modifier le code]Odette Taffanel meurt le [4] à Mailhac[1],[5].
Odette et Jean Taffanel ne se marient pas et n'ont pas d'enfants : ils décident, au milieu des années 1970, de faire don à l'État français de leurs biens (le musée et leurs collections, leurs terres et leur bibliothèque notamment), avec la volonté d'une mise en valeur[1].
Durant l'été 2022, une série de conférences ont lieu dans le jardin du dépôt de fouilles des Taffanel, pour célébrer les dix ans de la mort d'Odette Taffanel[3],[6]. Une plaque commémorative est inaugurée en sur la maison[7].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Anouk Mathieu, « Nécrologie : Odette Taffanel (1915-2012) », Documents d’archéologie méridionale, no 37, , p. 9-13 (lire en ligne , consulté le ).
- Henri-Paul Eydoux, Hommes et dieux de la Gaule : les récentes découvertes archéologiques, Paris, Plon, coll. « D'un monde à l'autre. Découverte du passé », , 335 p., chap. 3 (« Dans un petit village languedocien, la belle histoire d'Odette et Jean Taffanel »), p. 85-115.
- Véronique Durand, « Rencontres autour d'Odette Taffanel », La Dépêche du Midi, (lire en ligne , consulté le ).
- État civil sur le fichier des personnes décédées en France depuis 1970
- Véronique Durand, « Odette Taffanel, archéologue jusqu'à son dernier souffle », L'Indépendant, (lire en ligne , consulté le ).
- Véronique Durand, « Aude : avec l'hommage Taffanel à Mailhac, jamais l'archéologie n'avait été aussi populaire ! », L'Indépendant, (lire en ligne , consulté le ).
- R. C. D., « La plaque en hommage à Odette Taffanel dévoilée à Mailhac », L'Indépendant, (lire en ligne , consulté le ).
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]Liens externes
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