Aller au contenu

Nicole-Reine Lepaute

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 1 novembre 2016 à 16:06 et modifiée en dernier par Gzen92Bot (discuter | contributions). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.
Nicole-Reine Lepaute
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 65 ans)
Paris (France)Voir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Famille
Famille Lepaute (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Conjoint
Autres informations
Directeur de thèse
Prononciation

Nicole Reine[1] Étable épouse Lepaute née le et morte le , est une mathématicienne et astronome française.

Éléments de biographie

Lepaute naît à Paris le 5 janvier 1723, dans le palais du petit Luxembourg où logent ses parents[2]. Elle est la sixième de neuf enfants. Plusieurs membres de la famille Étable sont alors au service de la famille d'Orléans, à Versailles, puis au palais du Luxembourg. Son père, Jean Étable, ancien valet de pied de la duchesse de Berry, sert maintenant Louise Élisabeth d'Orléans, reine douairière d'Espagne. De son enfance et de sa jeunesse, on ne connaît que ce qu’en écrira, des années plus tard celui dont elle fut la collaboratrice, Joseph Jérôme Lefrançois de Lalande : elle fut une jeune femme studieuse, curieuse de sciences[3].

Nicole Reine fait la connaissance des frères Lepaute lorsque ces derniers viennent installer au palais du Luxembourg une horloge d’un nouveau type. Le 27 août 1749, à l’âge de vingt-six ans, Nicole Reine épouse Jean André Lepaute. C’est en partageant le travail de son mari qu’elle fait connaissance de Jérôme Lalande, qui obtient peu de temps après un observatoire au-dessus du porche du palais du Luxembourg.

L’Horlogerie au service de l’Astronomie

En 1753, Lalande est chargé par l’Académie des sciences d’étudier une horloge de Jean André munie d’un échappement d’un nouveau type. Sur son encouragement, Jean André Lepaute – devenu horloger du roi en 1753 – se lancera dans la conception et la construction des pendules astronomiques. C’est aux côtés de son époux que Nicole Reine fait ses premières armes en calculant des tables d’oscillations du pendule pour le Traité d’Horlogerie.

Le retour de Halley

Quand vient le grand défi du calcul du retour de la comète de Halley, Jérôme Lalande propose au mathématicien Alexis Clairaut l’aide de Lepaute pour les monstrueux calculs que nécessite la vérification de la prédiction d'Edmund Halley.

De longs et studieux mois de calculs sont nécessaires aux trois astronomes et mathématiciens : Clairaut établit à cet usage des modèles de calculs que Lepaute et Lalande complètent avec patience et précision. Ce dur labeur sera couronné de succès par l’annonce, en novembre 1758, du retour de la comète pour le 13 avril de l’année suivante. Quelques mois plus tard, justifiant tous leurs calculs et assurant la gloire posthume d’Edmund Halley, la comète tant attendue passe à son périhélie tout juste un mois avant la date annoncée, le 13 mars 1759.

Sur la lancée de ce succès, Clairaut publie alors sa Théorie des comètes (Paris, 1760), mais en oubliant de mentionner le nom de Nicole Reine Lepaute dans la liste des calculateurs, oubli motivé par la jalousie de son amie du moment, Mademoiselle Goulier, qu’il ne souhaitait pas froisser en vantant les mérites d’une autre.

Ce faisant, il met à mal sa longue amitié avec Lalande, qui préférera se ranger aux côtés de l’offensée, à qui il voue une tendre affection. Selon lui, Clairaut supprima toute mention de Lepaute pour « plaire à une femme jalouse du mérite de Madame Lepaute, prétentieuse mais dépourvue de quelque connaissance que ce fût. Elle parvint à faire commettre cette injustice par un homme de science judicieux mais faible, qu’elle avait subjugué ». Les deux hommes ne seront plus jamais aussi proches qu’auparavant, et Clairaut poursuivra seul ses recherches en astronomie.

Travaux divers

Lepaute est engagée par Lalande en 1759, comme assistante pour les calculs nécessaires à la conception des tables et éphémérides astronomiques, qui serviront notamment de base pour les calculs nécessaires au transit de Vénus de 1761. Bien que rien ne permette de connaître dans le détail ses contributions, celles-ci doivent paraître suffisamment importantes aux yeux de l’Académie de Béziers pour l’accueillir comme membre associé en 1761.

Lalande porte également au crédit de Lepaute les calculs des éléments de la comète observée en 1762, et les éphémérides du Soleil, de la Lune et des planètes pour les années 1774 à 1784, ainsi que les éléments de l’éclipse annulaire du 1er avril 1764, pour laquelle elle dressera une carte de visibilité de l’éclipse donnant sa progression de quart d’heure en quart d’heure pour toute l’Europe.

Une famille vouée à la science

N’ayant pas d’enfant, elle accueille, en 1768, l’un des neveux de son mari, Joseph Lepaute (1751-1788), alors âgé de quinze ans, et lui enseigne si bien l’astronomie qu’il deviendra professeur de mathématiques à l’École militaire en 1777, avant d’être élu adjoint astronome en 1785 à l’Académie royale des sciences. Embarqué comme astronome sur les frégates l'Astrolabe et la Boussole, il périra en 1788 dans l’île de Vanikoro avec le reste de l’expédition menée par Jean-François de La Pérouse.

Lepaute consacre ses sept dernières années à s’occuper de son mari qui avait cessé l’horlogerie vers 1774 et avait été atteint d’une grave maladie. Au même moment, sa santé décline et elle perd peu à peu la vue. Précédant son mari de quelques mois, elle meurt à Paris[4] le 6 décembre 1788 à l’âge de soixante-cinq ans.

Hommages

Notes et références

  1. L’usage ancien ne connaissant pas les prénoms composés, les traits d'union n'ont pas été utilisés dans la révision de cet article. Habituellement, c'était le dernier prénom qui était usuel. Afin de permettre le renvoi à certains articles connexes, les traits d'union ont parfois néanmoins été conservés.
  2. Les rectifications et précisions sur les origines familiales de Nicole Reine Lepaute proviennent principalement des registres d'état civil de Paris, de Versailles, de Saint-Cloud et du minutier notarial des Archives nationales. On trouvera ces références mieux précisées dans l'article d'Alain Demouzon (descendant Lepaute) indiqué dans les liens ci-après : « De la bruyère dans l'étable ».
  3. Lalande lui attribuera faussement un nom de naissance « Étable de la Brière », repris partout depuis, mais qu'elle ne porta jamais et qui n'était pas le sien. Ce patronyme allongé fut celui choisi par l'un de ses frères, Jean Jacques, né à Versailles en 1716 et devenu inspecteur des Bâtiments du roi, sous le nom de « Monsieur de la Brière ».
  4. Le lieu du décès à Saint-Cloud, comme souvent indiqué, est erroné. Le registre paroissial de Saint-Cloud ne le signale pas, alors que l'état civil parisien reconstitué en fait mention, paroisse Saint-Roch.

Voir aussi

L’hortensia, originaire de Chine, avait été nommé Peautia, en son honneur (en 1773), par son ami Philibert Commerson, médecin et botaniste de l'expédition de Bougainville. Puis rebaptisé plus tard Hortensia. On a parfois voulu croire qu'Hortense aurait été l’un des prénoms de Nicole Reine Lepaute, ce qui est infondé.

Bibliographie

La majeure partie des informations de cet article sont tirées du livre Comète de Carl Sagan (Edition Calmann-Lévy, 1985, ISBN 2-7021-1433-4, en collaboration avec Ann Druyan).

  • Élisabeth Badinter, Un couple d'astronomes : Jérôme Lalande et Reine Lepaute, Société archéologique, scientifique et littéraire de Béziers, 10e série, vol. 1, 2004-2005, p. 71-76
  • Guy Boistel, 2004, «Nicole Lepaute et l’hortensia», Cahiers Clairaut, 108 (Hiver 2004), 13-17 (Nicole Lepaute est la calculatrice en chef pour la Connaissance des temps, sous la direction de Jérôme Lalande. Lien C.L.E.A. [1]

Articles connexes

Liens externes