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Nicolas Boukhrief

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Nicolas Boukhrief
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Nicolas Boukhrief en 2016
Naissance (62 ans)
Antibes (Alpes-Maritimes, France)
Nationalité Française
Profession Réalisateur
Scénariste
Auteur
Films notables Le Convoyeur, Made in France, La Confession, Un ciel radieux, Trois Jours et une vie, Comme un fils

Nicolas Boukhrief est un réalisateur, scénariste et auteur français, né le 2 juin 1963 à Antibes dans les Alpes-Maritimes. Membre de l’équipe originale de la revue Starfix dans les années 1980, cinéphile touche-à-tout au sein de Canal+ la décennie suivante, il se consacre entièrement à la réalisation et à l’écriture de scénario à partir de son troisième long-métrage, Le Convoyeur, sorti en 2003.

Jeunesse et journalisme

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Dans son enfance, Nicolas Boukhrief fréquente assidûment les salles de cinéma d’Antibes, où il croise souvent le jeune Christophe Gans. Les deux futurs réalisateurs se lient d’amitié autour de leur passion commune pour le cinéma[1]. Nicolas Boukhrief écrit ses premières critiques de films au collège, il crée le fanzine Intruder avec son camarade de classe Michel Spinosa au lycée[2]. Dès l’âge de 15 ans, il fréquente le Marché du film du Festival de Cannes, où il enchaîne les projections à un rythme frénétique[3]. A sa majorité, il part faire des études de cinéma à Paris. Lorsque Christophe Gans lui propose de participer au lancement du magazine Starfix, Nicolas Boukhrief accepte[1]. Il abandonne son cursus universitaire pour participer à cette aventure collective, pensée par ses fondateurs comme une alternative aux Cahiers du Cinéma, où seraient défendus des genres et des créateurs déconsidérés par la presse de l’époque.

Rencontre avec Andrzej Żuławski

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Profondément marqué par sa découverte du film Possession à sa sortie en juin 1981[4], Nicolas Boukhrief rencontre une première fois son réalisateur Andrzej Żuławski en octobre 1983, pour l’interviewer en amont de la sortie de La Femme Publique. L’année suivante, il suit l’intégralité du tournage de L’Amour Braque en sa qualité de journaliste pour Starfix. A la suite de cette expérience formatrice, une amitié se scelle entre les deux hommes, et Nicolas Boukhrief devient une sorte d’assistant personnel informel du réalisateur, pour lequel il assume entre autres le rôle de documentaliste, de chargé de casting ou de repéreur lors de la préparation de plusieurs projets restés inaboutis[5]. C’est sous l’impulsion d’Andrzej Żuławski que Nicolas Boukhrief écrit son premier scénario de long-métrage, La Météore. En avril 1988, après de nombreuses réécritures, il part en quête de producteurs, en vain[4]. Pour ses futurs projets, il s’affranchit de la tutelle de son mentor, qu’il verra de moins en moins. Il reste néanmoins en très bons termes avec lui jusqu’à la fin de sa vie[4].

Les années Canal+

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Nicolas Boukhrief occupe le poste de rédacteur en chef de Starfix durant la dernière année d’existence du magazine, jusqu’à la fin de l’aventure au 90e numéro, en décembre 1990. L’année suivante démarre Le Journal du Cinéma sur la chaîne Canal+, une émission dont Nicolas Boukhrief assure la rédaction en chef pendant deux ans. Il se consacre par la suite à la programmation cinématographique sur la chaîne cryptée, avant de participer au lancement de la structure Canal+ Écriture aux côtés du futur producteur Richard Grandpierre[3] avec lequel il créera dans la foulée la société de production Eskwad. Au sein de Canal + Ecriture, ils collaboreront entre autres au développement des scénarii de Bernie d’Albert Dupontel, Dobermann de Jan Kounen et Train de Vie de Radu Mihaileanu. De janvier 1997 à juin 1999, Nicolas Boukhrief programme et anime l’émission Mon Ciné-Club, dans la lignée du travail mené par Patrick Brion dans l’émission Cinéma de Minuit. Il y met à l’honneur des cinéastes défendus dans les pages de Starfix, et des talents méconnus ou émergents. Il fait cohabiter Takeshi Kitano, Jean-Luc Godard, les Monty Python, Dario Argento et bien évidemment Andrzej Żuławski. L’émission s’achève par la diffusion du film The Blade de Tsui Hark.

Premiers films

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Nicolas Boukhrief décroche son premier crédit de coscénariste sur Tout le monde n’a pas eu la chance d’avoir des parents communistes de Jean-Jacques Zilbermann. Il fait ses débuts derrière la caméra avec Va mourire, tourné en 1994, sorti l’année suivante. Le réalisateur filme ce qu’il connaît, la glande et la débrouille sur la Côte d’Azur, sous l’influence du Accattone de Pier Paolo Pasolini[3]. Le second long-métrage de Nicolas Boukhrief, Le Plaisir (et ses petits tracas), prend la forme d’un film à sketchs, en hommage à La Ronde d’Arthur Schnitzler. Le réalisateur aborde le projet comme un exercice de style, un terrain d’expérimentation pour parfaire son bagage technique[1]. L’accueil glacial réservé à son film n’a pas la virulence de la fronde critique contre Assassin(s) de Mathieu Kassovitz, dont il a coécrit le scénario, mais la presse ne retient pas ses coups contre le “monsieur cinéma de Canal+”[1]. Nicolas Boukhrief quitte la chaîne cryptée et Eskwad pour se consacrer totalement à l’écriture et à la réalisation.

Sur les conseils d’Andrzej Żuławski, Nicolas Boukhrief s’attelle à l’écriture d’un polar intitulé Le Convoyeur[4]. En l’absence d’un budget conséquent, il évacue l’exposition du personnage principal, interprété par Albert Dupontel, et renforce l’aura de mystère autour de ses motivations[3]. La série B intègre son dénuement financier à son sujet. Nicolas Boukhrief insiste pour caster un jeune Jean Dujardin à contre-emploi, contre l’avis général[3]. Si le Convoyeur frise les 500 000 entrées et bénéficie d’un accueil critique beaucoup plus magnanime que ses films précédents[6], son auteur n’arrive pas, cependant, à monter son projet suivant, une comédie intitulée L’Italien. Le script sera racheté et entièrement réécrit quelques années plus tard par Olivier Baroux, qui n’en gardera que l’idée de départ[3]. Nicolas Boukhrief coécrit le traitement de l’adaptation du jeu vidéo Silent Hill avec Christophe Gans, mais disparaît du générique sous l’impulsion du producteur Samuel Hadida[1]. En 2008 et 2009, il tourne coup sur coup deux polars produits par Sylvie Pialat, Cortex et Gardiens de l’ordre, deux exercices de style contraints par les circonstances. Le premier voit sa post-production précipitée pour une éventuelle sélection cannoise qui n’arrivera pas, le second souffre d’un budget ramené à peau de chagrin[3].

Made in France

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Profondément marqué par l’affaire Mohammed Merah, Nicolas Boukhrief se lance dans une enquête sur les processus de radicalisation[1]. En résulte un scénario sur l’infiltration d’une cellule djihadiste parisienne par un journaliste. Le sujet effraie certains producteurs, d’autres trouvent son postulat exagérément alarmiste. Il s’en faudra de deux années de recherche de financement avant qu’un contact providentiel, Clément Miserez de Radar Films, n’en saisisse l’esprit[3]. Le film se tourne en pleine émergence de Daech au premier plan médiatique. Made in France en est au stade du mixage quand survient l’attentat contre la rédaction de Charlie Hebdo. Le distributeur ne veut plus du film. La société Pretty Pictures prend le relais, pour une sortie annoncée le 18 novembre 2015. Les attentats du 13 novembre repoussent une nouvelle fois l’arrivée du film sur les écrans. A l’approche de la date prévue, en janvier 2016, seuls quelques festivals et des exploitants du circuit art et essai souhaitent le programmer, alors que Nicolas Boukhrief visait des salles plus populaires pour coller à l’essence même du projet. « Au départ, ce film, je l’avais fait comme un contrepoison à la propagande qu’il pouvait y avoir dans les banlieues, pour dire que c’était un cul-de-sac idéologique. L’idée de le sortir dans des salles où le public allait déjà être convaincu de ce que j’allais dire, ça ne m’intéressait pas du tout. Et donc, pourquoi ne pas le sortir en VOD[1]? » Le film finit par rencontrer son public en e-cinema. Il marque, en outre, la première collaboration du réalisateur avec le compositeur Rob.

Adaptations

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L’année suivante, Nicolas Boukhrief réalise un projet qu’il mûrit depuis une vingtaine d’années[3]: La Confession, une nouvelle adaptation du roman Léon Morin, prêtre de Béatrix Beck, transposé sur le grand écran par Jean-Pierre Melville en 1961 et sur le petit écran par Pierre Boutron en 1991. Une partie de la critique ne peut s’empêcher de jouer le jeu des comparaisons avec ces versions ; la majorité des retours presse loue néanmoins sa singularité et sa beauté, les compositions de Marine Vacth et de Romain Duris comme la photographie de Manuel Dacosse[7]. L’année suivante, Nicolas Boukhrief découvre avec Un ciel radieux l'œuvre du mangaka Jirō Taniguchi, dans le cadre d’une commande pour la chaîne Arte[3]. Il ne change pas ses méthodes de production et tourne pour la télévision comme pour le cinéma[3]. Cette première incursion du réalisateur dans le fantastique repart avec deux prix au Festival de la fiction TV de la Rochelle et recueille des échos enthousiastes. Selon Le Monde, « Un ciel radieux tient sur ce fil – traitement réaliste de l’histoire et étrangeté de la forme –, en équilibre fragile, une fragilité capable de nourrir la poésie, la délicatesse et la mélancolie d’un propos qui conduit à une réflexion sur la mort, le deuil, la croyance.[8]» En 2018, Nicolas Boukhrief est approché par Pierre Lemaître pour l’adaptation de son roman Trois Jours et une vie, dont l’auteur a déjà écrit le scénario. Le romancier a arrêté son choix à la vision de La Confession[9]. Le tournage se déroule dans l’Ardenne belge, avec le concours chaleureux des populations locales[3]. Pour Première, Nicolas Boukhrief « signe, derrière une série B redoutable, un beau portrait d’enfance brisée[10]. » Le Parisien, de son côté, évoque un « marathon émotionnel, tenu par une mise en scène d’une redoutable efficacité et des par des acteurs impeccables[11] »

Années 2020

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En 2021, Nicolas Boukhrief coécrit le film Délicieux d’Eric Besnard, son coscénariste sur Le Convoyeur, Made in France et Comme un fils. Ce dernier film, sorti en 2024, part de la volonté de rendre hommage au corps enseignant après l’assassinat de Samuel Paty, et du souhait de représenter dignement la communauté des Roms[12]. Vincent Lindon y interprète un professeur veuf, en rupture de l’Education Nationale, prenant sous son aile un jeune délinquant (Stefan Virgil Stoica).

En 2016, Nicolas Boukhrief participe au recueil Le Cinéma de Starfix - Souvenirs du Futur, regroupant de nombreux articles de la revue et se concluant par un numéro 91, pour lequel tous les membres historiques de la rédaction écrivent sur un sujet de leur choix. Dans un texte intitulé “Sensei”, Nicolas Boukhrief revient sur sa relation avec Andrzej Żuławski.

En 2019, il signe 100 grands films pour les petits[13] avec Lydia Boukhrief, son épouse, la monteuse de tous ses films depuis Cortex. L’idée vient de cette dernière, suite à l’effroi de son mari devant les sorties successives des dessins animés Capitaine Superslip et Le Monde secret des emojis[1]. Le livre propose un panel de découvertes cinématographiques de toutes époques et de toutes origines, pour transmettre et forger la cinéphilie dès le plus jeune âge.

Filmographie

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Réalisateur et scénariste

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Scénariste

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Notes et références

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  1. a b c d e f g et h [vidéo] « Nicolas Boukhrief », Microciné Revue de cinéma et de télévision, , 166:7 min (consulté le )
  2. Romain Jobez, « La double séquence du spectateur », Critique, vol. 699-700, no 8,‎ , p. 572–583 (ISSN 0011-1600, DOI 10.3917/criti.699.0572, lire en ligne, consulté le )
  3. a b c d e f g h i j k et l « PIFFFcast 69 - Nicolas Boukhrief, Le Convoyeur (de Films) », sur www.pifff.fr (consulté le )
  4. a b c et d Le Cinéma de Starfix - Souvenirs du Futur, Editions Hors Collection,
  5. [vidéo] « Andrzej Żuławski feat. Nicolas Boukhrief », Microciné Revue de cinéma et de télévision, , 154:12 min (consulté le )
  6. [vidéo] « Le Convoyeur: Les critiques presse », AlloCine (consulté le )
  7. [vidéo] « La Confession: Les critiques presse », AlloCine (consulté le )
  8. « TV : « Un ciel radieux », récit d’une réincarnation », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  9. Par Catherine Balle Le 18 septembre 2019 à 08h12, «Trois jours et une vie» : Pierre Lemaître et Nicolas Boukhrief ont travaillé «main dans la main», sur leparisien.fr, (consulté le )
  10. « Trois jours et une vie : Un drame impressionnant [Critique] », sur Premiere.fr, (consulté le )
  11. Par Catherine Balle et Renaud Baronian, « Sorties cinéma du 18 septembre : «Ad Astra», «Trois jours et une vie»… nos coups de cœur », sur leparisien.fr, (consulté le )
  12. « Dossier de presse de Comme un fils, Le Pacte »
  13. Nicolas et Lydia Boukhrief, 100 grands films pour les petits, Editions Gründ,

Liens externes

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