Neolecta

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Neolecta est un genre de champignons ascomycètes, unique représentant de la classe des Neolectomycetes. Il comprend des espèces appelées « mitrules » en français, bien qu'elles n'aient aucun lien de parenté avec celles du genre Mitrula.

Les caractéristiques particulières du genre l'isolent des autres macromycètes de la division des Ascomycota. L'analyse moléculaire a montré qu'il appartient à un clade basal, dont les lointains parents sont des levures à fission. Neolecta est ainsi un exemple de fossile vivant, dernier représentant d'un groupe disparu depuis longtemps. Sa position phylogénétique indique aussi que les champignons ascomycètes unicellulaires, comme les levures, ont vraisemblablement évolué à partir d'ancêtres multicellulaires.

Description[modifier | modifier le code]

Ces champignons forment des sporophores clavés (en forme de petites massues) et stipités (munis d'un pied) généralement de couleur jaune, qui peuvent faire penser à certaines clavaires comme Clavulinopsis helvola[1].

Taxinomie[modifier | modifier le code]

Le genre Neolecta est décrit pour la première fois en 1881 par le mycologue argentin Carlos Luis Spegazzini à partir de l'espèce type Neolecta flavovirescens. Par leur morphologie, ces champignons ont longtemps été considérés comme des membres de la famille des Geoglossaceae. Ils s'en différencient néanmoins par un certain nombre de caractéristiques, la plus remarquable étant l'absence de paraphyses[1].

En 1977, Neolecta est isolé dans sa propre famille monotypique Neolectaceae et classé dans l'ordre des Lecanorales[2]. Une étude moléculaire effectuée en 1993 découvre que Neolecta occupe une position basale parmi les Ascomycètes « supérieurs », à mi-chemin entre les levures du genre Saccharomyces et les champignons macroscopiques des Pezizales et des Leotiales. On lui attribue sur cette base un ordre dédié, les Neolectales[1]. Enfin, la révision supraordinale des Ascomycètes de 1997 crée la classe de Neolectomyces, dont Neolecta est le seul représentant[3].

Liste des espèces[modifier | modifier le code]

Quatre espèces de Neolecta ont été décrites[4] :

Phylogénie et histoire évolutive[modifier | modifier le code]

Ascomycota 

Pezizomycotina 

Tuber melanosporum (macromycète)



Aspergillus nidulans (moisissure)



Saccharomycotina 

Saccharomyces cerevisiae (levure)



Candida albicans (levure)




Taphrinomycotina 

Schizosaccharomyces pombe (levure)



Neolecta irregularis (macromycète)




Cladogramme simplifié des Ascomycètes[7].

Neolecta est une énigme dans la phylogénie et l'évolution des Ascomycètes : en effet, la multicellularité complexe (sous forme d'hyphes) est apparue dans la sous-division des Pezizomycotina, un groupe qui contient des « champignons imparfaits » de type moisissure (Aspergillus, Penicillium) et des macromycètes (truffes, morilles, etc.) Or Neolecta, qui forme des fructifications multicellulaires, est isolé dans un clade basal et rattaché à un groupe (Taphrinomycotina) qui contient principalement des champignons unicellulaires de type levure[7].

Ceci en fait non seulement l'un des plus anciens ascomycètes, mais aussi le tout premier groupe à avoir développé des sporophores multicellulaires complexes. Ce statut de fossile vivant leur vaut le surnom de « dinosaures fongiques[8] ». Ces découvertes indiquent aussi que les levures bourgeonnantes (comme Saccharomyces) et les levures à fission (comme Schizosaccharomyces) ont probablement évolué indépendamment à partir d'un ancêtre multicellulaire[7].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e et f (en) Sara Landvik, Ove Erik Eriksson, Andrea Gargas et Petter Gustafsson, « Relationships of the genus Neolecta (Neolectales ordo nov., Ascomycotina) inferred from 18S rDNA sequences », Systema Ascomycetum, vol. 11,‎ , p. 114 (lire en ligne).
  2. (en) Scott A. Redhead, « The genus Neolecta (Neolectaceae fam. nov., Lecanorales, Ascomycetes) in Canada », Canadian Journal of Botany, vol. 55, no 3,‎ , p. 301–306 (ISSN 0008-4026, DOI 10.1139/b77-041, lire en ligne, consulté le ).
  3. (en) Ove Erik Eriksson et Katarina Winka, « Supraordinal taxa of Ascomycota », Myconet, vol. 1,‎ , p. 1–16.
  4. Index Fungorum, consulté le 7 mai 2020
  5. (en) H. C. Dube, An Introduction to Fungi, Jodhpur, Scientific Publishers, , 4e éd., 603 p. (ISBN 978-93-86347-39-8 et 93-86347-39-3, OCLC 973113881, lire en ligne), p. 155-156.
  6. a et b « Index des noms français », sur Mycoquebec.org (consulté le ).
  7. a b et c (en) Tu Anh Nguyen, Ousmane H. Cissé, Jie Yun Wong, Peng Zheng, David Hewitt, Minou Nowrousian, Jason E. Stajich et Gregory Jeddb, « Innovation and constraint leading to complex multicellularity in the Ascomycota », Nature Communications, vol. 8, no 1,‎ , p. 14444 (ISSN 2041-1723, PMID 28176784, PMCID PMC5309816, DOI 10.1038/ncomms14444, lire en ligne, consulté le ).
  8. (en) Sara Landvik, Ove E. Eriksson et Mary L. Berbee, « Neolecta: A Fungal Dinosaur? Evidence from β-Tubulin Amino Acid Sequences », Mycologia, vol. 93, no 6,‎ , p. 1151 (DOI 10.2307/3761675, lire en ligne, consulté le ).

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