Mohamed Choukri

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Mohamed Choukri
Nom de naissance Choukri
Naissance
Beni Chiker, Nador, Drapeau du Maroc Maroc
Décès (à 68 ans)
Rabat, Drapeau du Maroc Maroc
Activité principale
instituteur, écrivain
Distinctions
prix de l'amitié franco-arabe (1995)
Auteur
Langue d’écriture langue arabe
Genres
roman initiatique

Œuvres principales

Mohamed Choukri (berbère: Muḥemmed Cikri, arabe: محمد شكري) né le à Beni Chiker, Nador, au Maroc, et mort le (à 68 ans) à Rabat, est un auteur marocain. Il écrivait ses romans principalement en arabe classique.

Biographie

Grandes lignes

Mohamed Choukri est né en 1935 à Ayt Chiker, un petit village berbérophone du Rif près de Nador au Maroc. Élevé dans une famille du quartier pauvre, il s'enfuit à l'âge de onze ans et devient un enfant des rues, à Tanger, où il vit dans les quartiers les plus pauvres de la ville, côtoyant la misère, la violence, la prostitution et la drogue. À l'âge de vingt ans, il fut arrêté et emprisonné par les espagnols qui occupaient le nord du Maroc. Durant son séjour en prison, il côtoya un partisan de l'indépendance qui lui apprit à lire et à écrire, avec succès puisqu'il deviendra instituteur.

Dans les années 1960, dans le Tanger cosmopolite, il fera la rencontre de Paul Bowles, Jean Genet et Tennessee Williams[1]. Il commence à être publié dès 1966 (dans Al-adab (La littérature), mensuel de Beyrouth, la nouvelle Al-Unf ʿala al-shati, c'est-à-dire Violence sur la plage). Son succès international viendra avec la traduction en anglais par Paul Bowles de Al-khoubz Al-Hafi (Le Pain nu, For Bread alone, Peter Owen editions) en 1973. Le livre sera traduit en français par Tahar Ben Jelloun en 1980 (éditions Maspero), publié en arabe en 1982 et interdit au Maroc de 1983 à 2000.

Ses principales œuvres seront la trilogie autobiographique commencée avec Le Pain nu, suivi de Zaman Al-Akhtaâ aw Al-Shouttar (Le Temps des erreurs ou la Sagesse de la rue, 1992) puis Visages. Il écrira aussi une série de nouvelles dans les années 1960-1970 (Majnoun Al-Ward, Le Fou des roses, 1980 ; Al-Khaima, La Tente, 1985), ainsi que des recueils de mémoires concernant ses rencontres avec les écrivains Paul Bowles, Jean Genet et Tennessee Williams (Jean Genet et Tennessee Williams à Tanger, 1992, Jean Genet à Tanger, 1993, Jean Genet, suite et fin, 1996, Paul Bowles, le reclus de Tanger, 1997).

Le , à l'hôpital militaire de Rabat, Mohamed Choukri succombe à un cancer. Il est inhumé au cimetière Marshan à Tanger le en présence du ministre de la culture, de hauts fonctionnaires, de personnalités du monde de la culture et du porte-parole du palais royal. Avant de mourir, il créa la fondation Mohamed Choukri (président, Mohamed Achaâri), possédant ses droits d'auteur, ses manuscrits et travaux personnels. Il fit bénéficier d'une pension à vie sa domestique, Fathia, qui passa près de 22 ans à travailler pour lui.

Enfance dans les rues de Tanger

Mohamed Choukri est né dans la région du Rif au milieu d'une famine, dans une famille pauvre, nombreuse, dont le père est très violent. Sa langue maternelle est le rifain (Tarifit). À cause de la misère, sa famille plie bagage et part pour Tétouan, puis enfin Tanger. Il survit à l'aide de petits métiers, guide pour marins arrivant à Tanger, il apprend l'espagnol et vit déjà dans un milieu peuplé de prostituées, de petits et grands voleurs et surtout dans une famille au père tyrannique. Un père violent envers ses enfants comme envers sa femme, Choukri l'accusera même d'avoir tué Abdel Kader, son jeune frère, après une dispute familiale, il quitte sa famille à l'âge de 11 ans pour survivre à Tanger. Là, il embrasse une vie de sans domicile, voleur, contrebandier d'occasion et prostitué. À l'âge de 20 ans, analphabète, il fait une rencontre qui change le cours de sa vie.

Apprentissage de la lecture et de l'écriture

C'est à l'âge de vingt ans qu'il rencontre une personne qui l'aidera à apprendre à lire et à écrire l'arabe, langue quelque peu différente du darija (arabe dialectal marocain) et du rifain desquelles il était familier. Il quitte Tanger en 1956 (année de l'indépendance du Maroc) et part à Larache, s'inscrit à 21 ans dans une école primaire pour apprendre à lire et écrire. Il persévère et poursuit ses études (école normale) jusqu'à devenir instituteur. De retour à Tanger dans les années 60, il continue à fréquenter les bars et maisons closes. Il se met à écrire sur sa vie en arabe standard, avec une franchise absolue, qui ne sera pas appréciée par tout le monde.

Censure du Pain nu

Le livre Le Pain nu, fera en même temps qu'un succès international après la traduction en anglais de Paul Bowles un scandale dans les pays arabes. Après l'édition en arabe en 1982, le livre sera interdit en 1983 sur décision du ministre de l'intérieur Driss Basri, suivant les recommandations des oulémas, scandalisés par les références aux expériences sexuelles du jeune adolescent et les références répétées aux drogues. La censure prendra fin en 2000, Le Pain nu paraît au Maroc. En 2005, Le Pain nu sera retiré du syllabus d'un cours de littérature arabe moderne à l'Université américaine du Caire car il contiendrait des passages sexuellement explicites.

Œuvres

Bibliographie

  • Salim Jay, Dictionnaire des écrivains marocains, Paris Méditerranée - Eddif, 2005, ad vocem

Adaptations cinématographiques

D'une certaine façon, Ali Zaoua prince de la rue, le film de Nabil Ayouch, racontant l'histoire d'un enfant de la rue, emboîte le pas à Mohamed Choukri bien que dans une version un peu plus lissée. Le livre Le Pain nu a été adapté au cinéma par Rachid Benhadj, dans une production italo-franco-algérienne de 2004.

Notes et références

  1. Anne-Laure Walter, « Les trois indispensables pour s’initier à la littérature marocaine », sur Livres Hebdo, (consulté le )
  2. « Revue de "Visages" par Mohammed Chokri », sur magharebia.com, (consulté le )

Liens externes