Mizuko kuyō
Le mizuko kuyō (水子供養 ) ou « cérémonie à la mémoire de fœtus », est une cérémonie japonaise destinée aux femmes qui ont eu une fausse couche, un avortement ou une mortinaissance. Cette pratique s’est fortement développée depuis les années 1970 avec la création de temples spécifiquement destinés à ce rituel.
Description
[modifier | modifier le code]Ces rites se sont développés pour faire face au chagrin des parents, pour assurer le repos de l’âme de fœtus, ou pour éviter la vengeance de son esprit.
Le terme japonais mizuko (水子 ), prononcé suiji en sino-japonais et qui signifie mot-à-mot « enfant de l’eau », est utilisé en japonais pour désigner le fœtus sans vie. En japonais ancien, il signifiait également le très jeune enfant décédé et était à l’origine un kaimyō (戒名 ), nom posthume[1] Le terme bouddhiste kuyō (供養 ), qui signifiait à l’origine l’offrande de don à un bonze signifie aujourd’hui une cérémonie mortuaire[2].
La cérémonie mizuko kuyō est l’occasion de faire des offrandes à Jizō un bodhisattva protecteur des enfants. Pendant l’époque d'Edo la cérémonie se pratiquait également par les familles incapables de nourrir leurs enfants et qui étaient poussées par la famine à l’avortement et à l’infanticide.
De nos jours, la pratique du mizuko kuyō continue au Japon, mais sa relation avec la doctrine bouddhiste est devenue plus ténue. On trouve également des cérémonies mizuko kuyō en Corée[3] et dans les communautés japonaises des États-Unis[4].
Le détail des cérémonies varie d’un temple à l’autre et d’une école bouddhique à l’autre. Dans certains temples, des statues de Jizō sont mises en vente. Celles-ci sont habillées de vêtements et de chapeaux rouges et exposées dans la cour du temple. Des analystes critiquent le comportement de certains temples, jouant sur la peur de beaucoup de Japonais que les esprits des morts ne viennent les tourmenter. D’autres considèrent que les temples ne font que satisfaire les besoins exprimés par les fidèles[2],[5].
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Richard W Anderson, Elaine Martin, Rethinking the Practice of Mizuko Kuyo in Contemporary Japan: Interviews with Practitioners at a Buddhist Temple in Tokyo, Japanese Journal of Religious Studies, Vol. 24, no 1-2, 1997, p. 121-143.
- Elaine Martin, Version antérieure, Annual meeting of the Association for Asian Studies, Honolulu, 11-
- Jan Chosen Bays, Jizo Bodhisattva: Guardian of Children, Travelers, and Other Voyagers, Shambhala, 2003, 320 pp. (ISBN 978-1590300800)
- Joffrey Becker, « Lectures croisées de la transformation du corps : Thomas Csordas, le rituel de soin charismatique, la philosophie du désordre et les limites corporelles de la théorie de l'embodiment ».
- Betty Stafford, After the Abortion, mizuko kuyo, National Catholic Reporter, .
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- Kyoto Fuchigami, Mizuko kuyo in Korean Buddhism: Understanding Buddhist scriptures and the concept of life in popular Buddhism [Le Mizuko kuyo dans le bouddhisme coréen : comprendre les écrits bouddhistes et le concept de la vie dans le bouddhisme populaire], Shūkyō kenkyū, Vol. 76, no 333, 2002.
- Ronald M. Green, Damien Keown, Comparative Ethics and Mizuko kuyō: A Response to Ronald M. Green. Authors' Reply, Journal of the American Academy of Religion, Vol. 69, no 2, 2001, p. 465-474.
- Helen Hardacre, Marketing the Menacing Fetus in Japan (Twentieth Century Japan: the Emergence of a World Power), University of California Press, 1997, xx + 210 pp.; 1999, 332 pp. (ISBN 978-0520216549).
- Helen Hardacre, Japanese Religion and Culture: Mizuko kuyo and Women’s Health, Echoes of Peace, Vol. 58, 2000, p. 11–14.
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- Elizabeth Harrison, Strands of Complexity: The Emergence of Mizuko Kuy in Postwar Japan, Journal of the American Academy of Religion, Vol. 67, no 4, 1999, p. 769-796.
- Elizabeth G. Harrison, Midori Igeta, Women’s Response to Child Loss in Japan : The Case of mizuko kuyō, Journal of Feminist Studies in Religion, Vol. 11, no 2, Rhetorics, Rituals and Conflicts over Women's Reproductive Power, 1995, p. 67-100.
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- Eiki Hoshino, Dōshō Takeda, Mizuko kuyō and Abortion in Contemporary Japan, p. 171–190 In Mullins, Mark R.; Susumu Shimazono et Swanson, Paul L., eds. Religion and Society in Modern Japan, Asian Humanities Press, Berkeley, 1993 (Hoshino & Takeda (1987)).
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- William R Lafleur, Liquid Life: Abortion and Buddhism in Japan, Princeton University Press, 1992, 280 pp. (ISBN 978-0691074054)
- J. Shawn Langres, Symbolic Subject, Subjected Symbol: Mizuko Kuyō, Gender and the Social Order in Japan, Journal of Contemporary Religion, Volume 11, Issue 1, , p. 57–67.
- Elaine Martin, Rethinking the Practice of Mizuko Kuyo in Contemporary Japan: Interviews with Practitioners at a Buddhist Temple in Tokyo, 1996.
- Mark R. Mullins, Japanese Pentecostalism and the World of the Dead: A Study of Cultural Adaptation in Iesu no Mitama Kyōkai, Japanese Journal of Religious Studies, Vol. 17, no 4, 1990, p. 353–374.
- Attila Nagy, Buddhism and Bioethics. Jizo and the mizuko kuyō, University of Szeged, 2006, 7 pp.
- Bardwell Smith, Buddhism and Abortion in contemporary Japan: Mizuko kuyō and the Confrontation with Death, Japanese Journal of Religious Studies 15, 1988, p. 3–24.
- Bardwell Smith, Mizuko kuyō ni okeru shi to no chokumen (traduction japonaise de l'ouvrage de 1988), ed. Paul L. Swanson and Hayashi Makoto, p. 34–71. Hõzõkan, Tokyo, 2000.
- R. J. Zwi Werblowsky, Mizuko kuyō - Notulae on the Most Important New Religion of Japan, Japanese Journal of Religious Studies, Vol. 18, no 4, 1991, p. 295–354.
- R. J. Zwi Werblowsky, Mizuko kuyō: Mottomo jōyō na Nihon no Shin shðkyõ ni kansuru oboegaki, N–S. Kokugakuin daigaku Nihon bunka, 1993.
- Jeff Wilson, Mourning the Unborn Dead: A Buddhist Ritual Comes to America, Oxford University Press, États-Unis, , 272 pp. (ISBN 978-0195371932)
- Richard Fox Young, Abortion, Grief and Consolation: Prolegomena to a Christian Response to mizuko kuyo, Japan Christian Quarterly, no 5511, 1989, p. 31-39.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- (ja) Ikurō Anzai, Rei wa aru ka (霊はあるか ), Kodansha, le 20 septembre 2002
- Brookes (1981) p. 119
- Fuchigami (2002).
- Wilson (2009).
- Martin (1996).