Mai 68 : La Nuit des Barricades

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Mai 68 : La Nuit des Barricades est un jeu de stratégie pour deux joueurs créé, en 1980, par François Nedelec et Duccio Vitale. Il a été édité par l'association La Folie douce et s'inspire d'un événement réel très important de Mai 68[1] ,[2],[3], la "Nuit des Barricades de Mai 68", survenue du 10 au , qui a fait basculer les manifestations de Mai 68 de quelques milliers de manifestants à une grande manifestation le en réunissant des centaines de milliers à Paris, avec des déclinaisons dans la plupart des villes de France.


Trame historique du jeu

Les manifestations de la soirée

La mobilisation des lycéens, absens des manifestations précédentes, augmente rapidement le vendredi et revient à tripler l'importance de celle des étudiants le premier jour d'affrontements, complètements imprévus, avec la police devant la Sorbonne le . La jonction des lycéens avec les étudiants s'opère vers 18h30 forme et un cortège de 10 000 manifestants[4] qui part "à l'hôpital Saint-Antoine !" vérifier n’y a pas eu de morts lors des précédentes manifestations[4] puis scande "à l'ORTF !" pour protester contre la couverture média[4], mais apprend que la rive droite est bloquée par CRS pour protéger les Champs-Élysées.

La censure du reportage de Panorama

La première des deux chaînes de l'ORTF doit diffuser comme tous les vendredis à 20h30, l'émission de reportages Panorama et pour la première fois elle a préparé des images des précédentes manifestations[4], en donnant en plus la parole, pour la première fois aussi, aux protagonistes de la crise : côté leaders syndicaux Jacques Sauvageot (UNEF) et Alain Geismar (SNESup), côtés autorités le préfet de police Maurice Grimaud et le recteur d'académie Jean Roche[4]. Michel Honorin et Jean-Pierre Chapel ont réalisé pendant trois jours des interviews des intéressés[5]. L'équipe du magazine a appris trois-quart d'heures avant la diffusion que le gouvernement s'y oppose, par décision des ministres de l'Information et de l'Éducation nationale[5]. L'ORTF doit la remplacer au pied levé par un sujet sur les notaires. Près de 65 % des Français reçoivent à cette époque la première chaîne et 42 % la seconde, lancée en 1964 et qui a tout juste débuté sa diffusion en couleur en 1967[6]. Les producteurs de Panorama étaient passé outre les consignes de la direction de l’information[7] et craignaient que la censure remonte à l'échelle du gouvernement.

La réaction des journalistes de l'ORTF

Le lendemain, ils feront parvenir un communiqué de protestation à l’AFP[7], signé aussi par ceux d'une autre institution télévisée de l'époque, Zoom (émission de télévision), qui a également prévu un reportage avec Jacques Sauvageot (UNEF) et Alain Geismar (SNESup)[7]. Les signataires incluent également les équipes de de Caméra III et de Cinq colonnes à la une (Pierre Desgraupes, Pierre Dumayet, Igor Barrère, André Harris, Alain de Sédouy, Philippe Labro, etHenri de Turenne)[7]. L'ORTF accepte de diffuser le lendemain samedi le reportage de Panorama, mais sans la séquence sur les leaders étudiants[7] ce qui déclenche une large dénonciation de la censure[7].

La colère monte chez les manifestants

Dès la veille, la colère est montée aux alentours de 20 heures[4]. Le Monde l'évalue, à ce moment-là, « à plus de vingt mille personnes »[8]. Selon lui, le « service d'ordre de l'UNEF encadre très étroitement les manifestants et fait une haie » lorsqu'il passe devant des lignes de CRS casqués, qui « font, de leur côté, preuve de sang-froid » et « ne réagissent pas aux invectives », selon les strictes consignes « données de ne répondre à aucune provocation sous quelque forme que ce soit »[8].

À 20 h 20, le cortège arrive au carrefour des boulevards Saint-Germain et Saint-Michel et remonte ce dernier[8], le seul où « aucun barrage n'est disposé »[8]. Des manifestants s'arrangent alors pour « que dans chaque rue tenue par les policiers un groupe vienne prendre place »[8]. Personne ne parle encore de barricades[8]. Des petits groupes arrachent grilles d'arbres et panneaux de signalisation, ou dépavent[8], s'opposant à d'autres manifestants attachés au pacifisme, souvent en prétextant des « mesures défensives » en cas d'attaque[8]. Plus tard, 2 cars de police foncent dans la foule, place Edmond-Rostand, pour échapper à des pavés[8], mais des membres du service d'ordre apaisent les autres étudiants[8].

Les radios périphériques détaillent le déroulement de la nuit minute par minute, la censure de Panorama s'ajoute à leur présence remarquée, pour entraîner une focalisation de la foule sur la nécessaire impartialité télévisée, ce qui fait surgir une "hypertrophie" de la colère contre la "censure", sur laquelle va titrer Le Monde, dès son prochainbnuméro, jugeant "scandaleux" que 25 millions de téléspectateurs soient privés du reportage attendu[5]. À 20h40, Jacques Sauvageot (UNEF) et Alain Geismar (SNESup) demandent sur les radios privées que l’on occupe le Quartier latin "coûte que coûte".

À 21h15, la première barricade est déjà dressée à Paris au Quartier latin, à travers la rue Le Goff[4]. Les habitants passent de l'eau aux étudiants asphyxiés par les lacrymogènes[9], pour nettoyer leurs yeux[9]. Les barricades se succèdent : rue Royer-Collard, rue Saint-Jacques, rue des Irlandais, rue de l'Estrapade, angle des rues Claude-Bernard et Gay-Lussac, puis celui des rues Saint-Jacques et des Fossés-Saint-Jacques[8].

Le vice-recteur Claude Chalin n'a pas d'instruction de la part du gouvernement. Il tente un dialogue avec Alain Geismar en direct à la radio, sur les ondes de RTL: il est prêt à le rencontrer. Dans la voiture de RTL, Geismar répond que l'amnistie des étudiants incarcérés est la condition préalable à tout dialogue[8]. Jacques Sauvageot, vice-président de l'UNEF dit la même chose au même moment sur les ondes d'Europe 1[8]. Sur RTL, le rédacteur en chef, Jean-Pierre Farkas doit interrompre Geismar, car il sait déjà qu'il sera accusé d'avoir servi de relais à l'information des manifestants durant la soirée[9]: « RTL doit reprendre ses responsabilités »[10] et « nous ne sommes pas des négociateurs »[11], dit-il.

Notes et références

  1. "10 mai 68 au Quartier latin : la nuit des barricades" par Frédéric Lewino et Pauline Tissot dans Le Point du 10/05/2018 [1]
  2. "Mai-68: retour sur la nuit des barricades à Paris", Récit avec le concours de l'Institut national de l'audiovisuel dans RFI Savoirs [2]
  3. 10 MAI 1968 : LA "NUIT DES BARRICADES" FAIT BASCULER LA FRANCE DANS LA GRÈVE GÉNÉRALE, France Info, mai 2018 [3]
  4. a b c d e f et g "RECIT. 10 MAI 1968 : LA "NUIT DES BARRICADES" , PAR ILAN CARRO SUR FRANCE INFO [4]
  5. a b et c "La légende de l'écran noir : l'information à la télévision, en mai-juin 1968" par Marie-Françoise Lévy et Michelle Zancarini-Fournel, dans la revue Réseaux. Communication - Technologie - Société en 1998 [5]
  6. "Mai 68, un entre deux dans l’histoire des médias et de la radio en France" par Jean-Jacques Cheval Professeur à l’Université de Bordeaux, membre du Groupe de recherches et d'études sur la radio en janvier 2009 [6]
  7. a b c d e et f "L'ORTF SOUS SURVEILLANCE" sur le site officiel de Radio France [7]
  8. a b c d e f g h i j k l et m « Une soixantaine de barricades », sur le site du Monde,
  9. a b et c "1968 - De grands soirs en petits matins" par Ludivine Bantigny, aux Editions Le Seuil, 2018 [8]
  10. selon Nicolas Berrod DANS Le Parisien du 5 avril 2019 [9]
  11. Nebia Bendjebbour dans L'Obs du 26 avril 2018[10]

Sources

Articles connexes