Magister officiorum
Le magister officiorum ou maître des offices est un haut fonctionnaire romain de l’époque du Bas-Empire. Sous l'Empire byzantin, il devient une dignité, le magistros (en grec μάγιστρος ; dérivé : prōtomagistros, πρωτομάγιστρος, « premier magistros »), avant de disparaître au XIIe siècle.
Empire romain tardif
[modifier | modifier le code]Créé sous Constantin Ier vers 320, ce fonctionnaire est à un poste clé et est membre du consistoire sacré, ou conseil de l’empereur, et dirige la majeure partie de l’administration centrale[1].
Il remplace le préfet du prétoire comme commandant de la nouvelle garde impériale, les scholæ palatinæ, et à la direction des fabriques d’armes[2]. Il contrôle l’ensemble de l’administration impériale par l’intermédiaire du corps des agentes in rebus, chargés de mission qui acheminent les courriers et les ordres officiels, et qui enquêtent dans les provinces, surveillant les gouverneurs locaux, au point qu’on les surnomme les curiosi[1],[2]. Enfin, il reçoit les ambassadeurs, et par extension, surveille les réceptions et les cérémonies officielles à la cour, et a une autorité disciplinaire sur le personnel du cubiculum, domesticité personnelle de l’empereur[1],[2].
Pierre le Patrice, qui occupa le poste sous Justinien pendant vingt-six ans (539-565), en avait écrit une histoire depuis Constantin jusqu'à son époque, dont des extraits sont conservés dans le De ceremoniis de Constantin Porphyrogénète (I, 84-95). La fonction subsiste après la fin de l'Empire romain d'Occident, en Italie où Théodoric le Grand conserve les titres, avec par exemple Cassiodore, magister militum de 523 à 527[3].
Empire byzantin
[modifier | modifier le code]La fonction survit comme fonction bureaucratique dans la partie orientale de l'empire, mais elle perd la plupart de ses compétences administratives à la fin du VIIe ou au VIIIe siècle (elles passent principalement au logothetēs tou dromou[4],[5]), et est convertie en une dignité, celle de magistros (μάγιστρος, féminin magistrissa, μαγίστρισσα)[6],[7]. Le titre est conservé en entier au moins jusqu'au règne de Léon VI le Sage (r. 886-912) : son beau-père, Stylianos Tzaoutzès, est mentionné comme « maître des divins offices » (μάγιστρος τῶν θείων ὀφφικίων)[8],[9].
Jusqu'à Michel III (r. 842-867), il semble n'y avoir que deux magistroi, dont le plus important est appelé prōtomagistros (πρωτομάγιστρος, « premier magistros »), et est un des principaux ministres de l'empire (sans attribution spécifique) et président du Sénat. Mais à partir de Michel III, le titre est conféré à plusieurs personnes, devenant dans les faits une dignité aulique, la plus haute dans la hiérarchie de la cour jusqu'à l'introduction du proedros au milieu du Xe siècle[10]. Le Klētorologion de Philothée (899) laisse entrevoir un maximum de douze magistroi, mais sous Nicéphore II Phocas (r. 963-969), Liutprand de Crémone rapporte la présence de vingt-quatre d'entre eux[11],[4]. Le titre perd ensuite de plus en plus en importance[11]. À la fin du Xe et au XIe siècle, il est souvent combiné à celui de vestēs[12]. Il disparaît vraisemblablement au milieu du XIIe siècle[11].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Magister officiorum » (voir la liste des auteurs).
- Petit 1974, p. 586.
- Remondon 1970, p. 138.
- Musset 1969, p. 96-97.
- Bury 1911, p. 32.
- Ostrogorsky 1977, p. 128.
- Kazhdan 1991, vol. 2, « Magister officiorum », p. 1267.
- Bury 1911, p. 29-32.
- Bury 1911, p. 30.
- Tougher 1997, p. 99.
- Bury 1911, p. 32-33.
- Kazhdan 1991, vol. 2, « Magistros », p. 1267.
- Kazhdan 1991, vol. 3, « Vestes », p. 2162.
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- (en) John Bagnell Bury, The Imperial Administrative System of the Ninth Century : With a Revised Text of the Kletorologion of Philotheos, Londres, Oxford University Press, .
- Albert Failler, « Manfred Clauss, Der magister officiorum in der Spätantike (4.-6. Jahrhundert). Das Amt und sein Einfluss auf die kaiserliche Politik (Vestigia. Beiträge zur alten Geschichte 32). – Verlag C. H. Beck, Munich, 1980 », Revue des études byzantines, vol. 40, no 1, , p. 249 (lire en ligne, consulté le ).
- (en) Alexander Kazhdan (dir.), Oxford Dictionary of Byzantium, New York et Oxford, Oxford University Press, , 1re éd., 3 tom. (ISBN 978-0-19-504652-6 et 0-19-504652-8, LCCN 90023208).
- Lucien Musset, Les invasions, les vagues germaniques, Paris, PUF, coll. « Nouvelle Clio – L’histoire et ses problèmes », (1re éd. 1965).
- Georges Ostrogorsky (trad. de l'allemand par J. Gouillard), Histoire de l’État byzantin, Paris, Payot, , 649 p. (ISBN 2-228-07061-0).
- Paul Petit, Histoire générale de l’Empire romain, Paris, Seuil, , 799 p. (ISBN 2-02-002677-5).
- Roger Remondon, La crise de l’Empire romain, Paris, PUF, coll. « Nouvelle Clio – L’histoire et ses problèmes », (1re éd. 1964).
- (en) Shaun Tougher, The Reign of Leo VI (886-912) : Politics and People, Brill, , 262 p. (ISBN 978-90-04-10811-0, lire en ligne).