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Louis Jérôme Charles François de Bernier de Pierrevert

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Louis Jérôme Charles François de Bernier de Pierrevert
Naissance
Pierrevert (Alpes de Haute-Provence)
Décès (à 50 ans)
Puerto de Santa Maria, (Andalousie)
Mort au combat
Origine Drapeau du royaume de France Royaume de France
Arme Pavillon de la marine royale française Marine royale française
Grade Major de vaisseau
Années de service 1764 – 1789
Distinctions Chevalier de Saint-Louis
Chevalier de l'Ordre de Cincinnatus
Autres fonctions Syndic d'épée de la noblesse des États de Provence
Famille Famille de Bernier de Pierrevert

Louis Jérôme Charles François de Bernier de Pierrevert né le à Pierrevert (Alpes de Haute-Provence) et mort le à Puerto de Santa Maria (Espagne) est un navigateur et major de vaisseau français.

Origines familiale

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Issu d'une famille originaire du Piémont italien, passée en France à la fin du XVe siècle, Louis Jérôme Charles François Bernier de Pierrevert est le fils aîné de Paul Auguste de Bernier de Pierrevert, lieutenant des maréchaux de France, et de son épouse Euphrosine Madeleine de Suffren de Saint-Tropez, sœur du bailli de Suffren. Né le au château de Pierrevert. Il a cinq frères et sœurs[1]

Il épouse à Moriez le Marie Madeleine Françoise Cécile de Chailans Moriez (née en 1768), fille de Pierre Chailans, chef d'escadre, et de Cécile de Glandèves[2].

Carrière dans la Marine royale

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Louis Jérôme Charles François Bernier de Pierrevert entre dans les Gardes de la Marine à Toulon le . La même année, il embarque à bord du Caméléon sous le commandement de Suffren. Le Caméléon, dont Suffren prend le commandement le , est une unité toute neuve, lancée en 1762, de 37 mètres de long pour 9 mètres de large, portant 20 canons et comptant 180 hommes d’équipage, ce qui lui permet d’armer une forte artillerie et de combattre à l’abordage. La mission du navire est dans le prolongement de celle confiée à la Pléiade l’année précédente. Une division forte de deux frégates, la Pléiade et la Gracieuse, et de trois chebecs, le Renard, le Singe et le Caméléon, doit patrouiller en Méditerranée occidentale contre les corsaires de Salé, une escale étant prévue à Alger dans le contexte du traité de paix qui vient d’être récemment signé avec le Dey. Peu d'informations restent de ce premier commandement, si ce n’est un grave incident où Pierre-André de Suffren manque de perdre la vie. La Pléiade et le Caméléon, qui ont quitté Malaga de conserve, rencontrent des vents très frais dans les parages de Formentera et décident de faire relâche dans cette île en attendant une accalmie. Suffren, qui ne supporte pas l’inaction, décide d’aller vérifier la praticabilité d’un petit passage entre la pointe sud d’Ibiza et des îlots qui jalonnent le détroit séparant cette île de Formentera. Le , il s’embarque avec 11 hommes sur son canot pour aller sonder le passage. Mais lorsqu’il s’y engage, l’embarcation est submergée par deux lames de fond. On repêche péniblement, en fin d’après midi et dans la nuit, les naufragés qui s’accrochent à un morceau de bois pour certains, ou qui ont dérivé sur un îlot — dont Suffren — pour d’autres. Trois hommes se sont noyés. Le Caméléon a failli perdre son commandant mais cet épisode sera porté à son crédit, bien des années après, dans les provisions accordées par le roi pour son élévation à la dignité de vice-amiral. Le document mentionne que lorsqu’il commandait le Caméléon, Suffren « se sauva d’un naufrage par sa vigueur et son courage[3] ».

Louis Charles du Chaffault de Besné (1708-1794) est promu au grade de chef d'escadre le . En 1765, le roi confie à Chaffault une expédition contre les pirates salétiens. Le , il mouille devant Salé à bord de l'Utile, accompagné de six frégates[4], deux bombardes et une barque, l'Hirondelle. Le , les bombardes s'approchent de terre et font tirer leurs mortiers, qui envoient leurs bombes sur la ville mais sans succès. Cependant, le lendemain, la mer est énorme ; l'escadre dérade en filant les câbles d'ancres, par le bout sur des bouées, et croise au large. Le , les vigies annoncent l'arrivée d'un renfort, deux chebecs de Toulon : le Caméléon et le Singe[5], ce dernier commandé par une recrue : le bailli Pierre-André de Suffren. Il dirige alors sa flotte contre Larache, qu'il atteint le , bombarde le port, en détruit les batteries et brûle quelques navires marocains, du 25 au . Les troupes françaises perdront 300 hommes dont 30 ou 40 officiers et gardes de la Marine après avoir été encerclées par les troupes marocaines. La France devra payer un lourd tribut pour que le Maroc relâche les prisonniers.

Rentré sain et sauf, Bernier embarque sur le chébec de guerre français le Séduisant[6] en 1766 et 1768-1769, que commandait monsieur Gravier[7] l'année suivante sur la frégate la Mignonne[8], commandée par Suffren et en 1771-1772 à bord de la frégate la Chimère en 1771-1772[9].

Le , il est nommé sous-brigadier des gardes au régiment de Marseille, puis embarque à nouveau sur La Mignonne, que commande Lacroix de Gaujac en partance pour la Crête, Cérigo, puis est de retour à Toulon[10]. La Mignonne passe sous le commandement de Suffren et il embarque pour Malte, Souda, et l'Argentière[11]. Le , il arrive à La Sude[12].

Il passe la campagne de 1773-1774 à bord de l'Engageante, sous le commandement du chevalier Antoine Guiran de La Brillanne (1725-1779)[13]. Il avait été promu à Brest comme enseigne de vaisseau le .

En 1775, il embarque sur la flûte la Pourvoyeuse[14] commandée par Potier de Courcy de Groix jusqu'à la Martinique et Sainte-Lucie, puis par monsieur d'Estelle à partir de la Guadeloupe, Madère et Rochefort[15].

Le , il est promu Lieutenant de vaisseau et navigue sur la Consolante, puis il est embarqué pour la campagne de 1778-1779 sur le Sagittaire[16], de 50 canons, sous le commandement de François Hector d'Albert de Rions (1728-1802) qui concourt à l'expédition de Newport, à l'attaque de Sainte-Lucie et se trouva en au combat de la Grenade, où le comte d’Estaing bat l’escadre de l’amiral Byron. Le de la même année, au siège de Savannah, il capture le HMS Experiment, vaisseau anglais de 50 canons, de la même force que le sien, et portant 650 000 francs d’argent monnayé. Suffren, qui combat avec lui à Newport, ne cesse plus par la suite de faire son éloge.

De 1779 à 1781, de Bernier de Pierrevert, assure le commandement de la corvette le Tigre, armée de 22 canons[17] ayant pour mission la protection des navires marchands en Méditerranée. Le , il est nommé capitaine de fusiliers et le , il est nommé chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis.

De 1781 à 1782, il est chargé à bord de la Sardine dont il est le commandant d'intercepter les bâtiments qui tenteraient d'apporter des vivres à Mahon assiégée[18].

De 1783 à 1784, il assure le commandement de la corvette de 20 canons la Blonde[19].

En 1785, il embarque sur le Séduisant, puis sur la corvette La Poulette armée de 20 canons[20]. Le , il est nommé major de vaisseau dans la 6e escadre, 3e division, et commande l'Espoir en 1788 et sur le Tartelon en 1789, brick prit aux Anglais en 1782[21].

Il touche une pension de 400 livres sur Saint-Louis en 1789.

Syndic d'épée de la noblesse des États de Provence, il émigre en 1792.

  • « D'azur à trois pals d'argent, et un écusson de gueules brochant posé en cœur chargé d'un lion d'argent armé et lampassé de gueules »[22].
  • Devise : « Hostium terror tutarur amicos ».

Notes et références

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  1. Dont :
    • Alexandre de Bernier de Pierrevert (1787-1789) ;
    • Cécile Euxadie de Bernier de Pierrevert (née en 1788), épouse à Aix-en-Provence le , Augustin Anne Surléon Ignace de Montaigu (1769-1833), qui auront cinq enfants tous héritiers mineurs de leur grand-père paternel dans la remise des indemnités données aux familles émigrées en 1837, dont :
      • Joseph Surléon Eugène Ernest de Montaigu (1809-1864) ;
      • Louis Eugène Casimir de Montaigu ;
      • Achille Louis Joseph de Montaigu ;
      • Albéric Eugène de Montaigu ;
      • Alexandrine Marie Félicité Mathilde de Montaigu (cf. Geneanet[réf. incomplète]).
  2. Cité par (Monaque 2009, p. 87).
  3. Il s'agit de trois frégates de Brest : la Terpsichore, la Licorne et l'Héroïne, que commande le comte de Grasse, et de trois frégates de Toulon : la Chimère, la Gracieuse et la Pléiade.
  4. Archives nationales de France : Singe (le) – Frégate de Salé, 1780. –AE/B/I/288, fol. 33-37v.
  5. Archives nationales de France : Séduisant (le) – Chébec de guerre français, construit à Toulon à partir de mars 1762 ; mis à flot le 14juillet 1762 ; mis en service en août 1762 ; retiré du service en 1779. Jean-Michel Roche, pp. 408-409. – AE/B/I/278, fol. 130 ; AE/B/I/278, fol. 353-354.
  6. Archives nationales de France : MAR/B/410 1764-1768 F°26-1767.
  7. Archives nationales de France : Bizarre (le) – Frégate de guerre française, 36 canons, d’abord nommé la Mignonne (1770-1771), en service jusqu’en 1794. Pierre Le Conte, p. 40, 113 ; Jean Michel Roche, p. 75. – AE/B/I/213, fol.75-76v ; AE/B/I/213, fol.77-78v ; AE/B/I/213, fol.81-83 ; AE/B/I/213, fol.84-85v ; AE/B/I/213, fol.104-105.
  8. Archives nationales de France : Chimère (la) – Frégate de guerre française de 32 canons, construite à Toulon à partir de janvier 1757, mise à flot le , en service en juillet 1758 ; prêtée au commerce en 1780 ; vendue, étant hors d’usage en . Jean-Michel Roche, p. 115. – AE/B/I/277, fol. 329-329v ; AE/B/I/278, fol. 90-90v ; AE/B/I/278, fol. 113-114v.
  9. Archives nationales de France 1972-MAR/B/4/119-F°65.
  10. F°131. - 1772. Lettres de Suffren, commandant la Mignonne, de Toulon, Malte, Souda,et L'Argentière - Déposition d'un capitaine vénitien sur des désordres survenus à La Canée.
  11. Archives nationales de France : AE/B/1/340 - 1394.
  12. Archives nationales de France : MAR/B/4/119? F°239-1773.
  13. Archives nationales de France : Pourvoyeuse (la) – Frégate de guerre française de 40 canons, construite à Lorient à partir de mars 1772 ; mise à flot le et en service en 1773 ; armée en flûte de 1280 tonneaux et 20 canons, puis rayée à Brest en 1794. Jean-Michel Roche, p. 360. – AE/B/I/286,fol. 231-235v ; AE/B/I/286, fol. 242-243.
  14. Archives nationales de France : MAR/B/4/125 - F°143.
  15. Sagittaire (le) – Vaisseau de guerre français de 50canons, construit à Toulon à partir de , mis à flot le et en service en  ; retiré du service en 1787, transformé en ponton à caréner à Lorient en  ; cédé au commerce en 1790. Jean-Michel Roche, p. 392. – AE/B/I/287, fol. 263-266 ; AE/B/I/287, fol. 273-275v ; AE/B/I/288, fol. 6-9v ; AE/B/I/288, fol. 20-21v ; AE/B/I/288, fol.150-153v ; AE/B/I/288, fol. 285-286 ; AE/B/I/290, fol. 62-63.
  16. Tigre (le) – Corvette de 22 canons, construite en Grande-Bretagne, prise par l’Amazone le  ; armée en flûte en 1783 et condamnée à Toulon en 1784. Jean-Michel Roche, p. 438. – AE/B/I/287, fol. 263-266 ; AE/B/I/288, fol. 6-9v; AE/B/I/288, fol. 20-21v.T.
  17. Archives nationales de France : MAR/B/4/190-1781- F°156. - Ordre donné à M. de Pierrevert, commandant la Sardine après René de Grasse-Briançon (1752-1810) de croiser à l'entrée du Détroit - Lettres du même, de Malaga, d'Algésiras et du cap Carnero, avec des remarques sur Ceuta et Gibraltar.
  18. Archives nationales de France : Anne Mézin, Correspondances des consuls de France, inventaire analytique des articles AE/B/1/211 à AE/B/1/300, index des noms de navire : Blonde (la) – Corvette de guerre française, 20 canons, construite à Toulon à partir d’, mise à flot le et en service en  ; prise par les Anglais au large d’Ouessant le . Jean-Michel Roche, p. 77. – AE/B/I/289,fol.97-98 ; AE/B/I/289, fol. 112-113 ; AE/B/I/289, fol. 117-117v ; AE/B/I/289, fol. 123-123v ; AE/B/I/289, fol. 140-141 ; AE/B/I/289, fol. 193-193v ; AE/B/I/290, fol. 84-86v.
  19. Poulette (la) – Corvette de guerre française, 20 canons, construite à Toulon à partir de , mise à flot le et en service le  ; ralliée aux Anglais à Toulon en . Jean-Michel Roche, p. 359. – AE/B/I/290, fol. 84-86v.
  20. Mézin, op. cit., Tarleton (le) – Brick anglais de 14 canons, construit en Grande-Bretagne et mis à flot en 1780 ; pris par les Français en 1782 ; rallié aux Anglais lors de la prise de Toulon en 1793, puis servant de brûlot dans la marine britannique. Jean-Michel Roche, p. 431. – AE/B/I/291, fol.162-163v ; AE/B/I/291, fol. 164-164v.
  21. Jean Gallian [1]. Scipion Du Roure (1858-1924) (baron), Les maintenus dans la noblesse en Provence par Belleguise (1667-1669), Imprimerie générale du Sud-Ouest,Bergerac, 1923, t.I., p. 342 [2]

Bibliographie

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  • Artefeuille (Ernest de Rozière), Histoire héroïque de la noblesse de Provence, 1786, pp. 45-47.
  • États détaillés des liquidations faites par la commission d'indemnités, imprimerie royale, 1828, p. 4 — Liste de ses petits-enfants, tous mineurs.
  • Archives nationales de France, MAR/C/7/2 dossier 15 (en ligne).

Liens externes

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