Liste des unités de mesure de radioactivité

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La radioactivité a conduit les scientifiques à inventer de nombreuses unités de mesure pour la mesurer d'une part et pour mesurer ses effets d'autre part :

  • l'activité, mesurée en becquerels (Bq), représente une propriété intrinsèque des sources radioactives (le nombre de désintégrations par seconde) ;
  • la dose, mesurée en grays (Gy), représente la concentration massique d'énergie reçue lorsqu'on est exposé à une source radioactive ;
  • la dose efficace, mesurée en sieverts (Sv), représente (indirectement) le risque pour la santé à la suite d'une exposition à une source radioactive.

Outre ces mesures principales, il existe de nombreuses mesures annexes ou dérivées.

Mesures d'activité[modifier | modifier le code]

L'activité d'une source radioactive représente le nombre de désintégrations par seconde à l'intérieur de cette source. C'est une propriété intrinsèque de la source — même si elle varie au cours du temps — tout autant que son poids ou sa taille. On la mesure en becquerels (le curie est une unité historique, encore très utilisée) :

Unités d'activité radioactive
Unité Symbole Définition Historique Équivalence entre unités
ou dimension pour l'unité SI
Nommé en
l'hommage de
becquerel (USI) Bq 1 Bq = une désintégration par seconde T -1 Henri Becquerel
curie Ci 1 Ci = activité de 1 g de 226Ra 1 Ci = 3,7 × 1010 Bq Pierre et Marie Curie

Outre les unités scientifiques présentés ci-dessus, il y a également deux unités conventionnelles, d'usage courant en pratique :

Activité radioactive : unités d'usage
Unité Symbole Equivalence entre unités
désintégration par seconde dps 1 dps = 1 Bq
désintégration par minute dpm 1 dpm = 160 Bq

L'activité est notamment une mesure d'inventaire, très utilisée pour caractériser un stock de sources radioactives ou de combustible nucléaires, un volume de rejets, etc.

Mesures d'activité massique[modifier | modifier le code]

L'activité massique caractérise la concentration en éléments radioactifs dans un matériau, un aliment ou un objet :

Unités d'activité massique
Unité Symbole Définition Equivalence entre unités
ou dimension pour l'unité SI
becquerel par kilogramme
(USI)
Bq/kg 1 Bq/kg = une désintégration par seconde
par kilogramme de matériau
T-1 M-1
becquerel par gramme Bq/g Bq/g = une désintégration par seconde
par gramme de matériau
Bq/g = 1 000 Bq/kg

En radioprotection, l'activité massique est une mesure fondamentale pour caractériser la dangerosité d'une susbstance. Elle intervient notamment dans différentes réglementations, que ce soit pour la protection des travailleurs ou du public : seuils d'exemptions, au-dessus desquels il faut une autorisation pour utiliser des sources radioactives[1]; limites sur la contamination des aliments destinés à l'homme ou au bétail[2].

Mesures d'activité volumique[modifier | modifier le code]

L'activité volumique caractérise la concentration en éléments radioactifs dans un liquide ou un gaz :

Unités dactivité volumique
Unité Symbole Définition Equivalence entre unités
ou dimension pour l'unité SI
becquerel par mètre cube
(USI)
Bq/m3 Bq/m3 = une désintégration par seconde
par mètre cube de gaz
T-1 L-3
becquerel par litre Bq/l Bq/l = une désintégration par seconde
par litre de liquide
Bq/l = 1 000 Bq/m3
becquerel par centimètre cube Bq/cm3 Bq/cm3 = une désintégration par seconde
par centimètre cube de liquide
Bq/cm3 = 1 000 Bq/l

En radioprotection, l'activité volumique est l'équivalent pour les liquides et les gaz de l'activité massique pour les solides : on l'utilise notamment pour mesurer et spécifier les limites de contamination pour l'eau, le lait ou l'air[2].

Mesures d'activité surfacique[modifier | modifier le code]

L'activité surfacique caractérise la concentration en éléments radioactifs déposés sur une surface :

Unités d'activité surfacique
Unité Symbole Définition Equivalence entre unités
ou dimension pour l'unité SI
becquerel par mètre carré
(USI)
Bq/m2 Bq/m2 = une désintégration par seconde
par mètre carré de surface
T-1 L-2
becquerel par kilomètre carré Bq/km2 Bq/km2 = une désintégration par seconde
par kilomètre carré de surface
Bq/km2 = 11 000 000 Bq/m2

L'activité surfacique est notamment utilisée pour représenter la contamination des sols, et apparaît beaucoup dans la presse en cas d'accident nucléaire.

Mesures de taux de comptage[modifier | modifier le code]

Quand on mesure une source avec un détecteur (notamment un détecteur portable comme le Compteur Geiger), on ne mesure pas une activité mais un taux de comptage, c'est-à-dire le nombre de désintégrations détectées par unité de temps[3],[4] :

Unités de taux de comptage
Unité Symbole Définition Equivalence entre unités
ou dimension
coup par seconde cps 1 cps = une détection par seconde T-1
coup par minute cpm cpm = une détection par minute cpm = 160 cps

Pour une activité donnée, on ne détectera qu'une fraction plus ou moins grande des désintégrations qui ont eu lieu. Pour cette raison (entre autres), on ne peut pas passer du taux de comptage à l'activité si on n'a pas été formé à ce type de conversion, qui fait appel à différents formules de conversion et valeurs de calibration[5]. Les détecteurs portables sont par contre le plus souvent étalonnés pour permettre de passer facilement du taux de comptage au débit de dose.

Mesures de dose[modifier | modifier le code]

Pour définir la dose, il vaut mieux s'y prendre en plusieurs étapes :

  • considérons un sujet exposé à une source de rayonnements ionisants ;
  • considérons un petit élément de ce sujet pris en un point quelconque (par exemple 1 cm3 au-dessus du coude gauche) ;
  • considérons enfin la masse de ce petit élément (environ 1 g si on est dans les tissus mous).

Alors la dose en ce point représente le rapport entre l'énergie déposée dans ce petit élément divisée par la masse de cet élément[6]. La dose est donc avant tout une valeur locale : c'est la concentration massique du dépôt d'énergie, qui varie (plus ou moins selon les cas) d'un point à l'autre. La dose globale au sujet est la moyenne des doses en chaque point.

Dans le Système international, on mesure la dose en grays, mais le rad est encore très utilisé aux États-Unis :

Unités de dose
Unité Symbole Définition Historique Equivalence avec l'unité SI
ou dimension pour l'unité SI
Nommé en
l'hommage de :
gray
(USI)
Gy 1 Gy = 1 J / kg
= un joule déposé pour chaque kilogramme de matériau du sujet
L2 T-2 Louis Harold Gray
rad
(États-Unis)
rd 1 rd = 100 erg / g 1 rd = 10−2 Gy

Le gray correspond à une dose élevée : c'est l'ordre de grandeur des doses délivrées durant les séances de radiothérapie. Les doses délivrées en radiologie sont plutôt de l'ordre des milligrays.

Mesures de dose efficace[modifier | modifier le code]

Plusieurs grandeurs distinctes utilisent la même unité (ce qui peut être source de confusion)[6] :

  • la dose équivalente représente le produit de la dose par un facteur de qualité qui dépend du type de rayonnement ionisant : 1 pour les rayons X, rayons Gamma et les Béta, de 5 à 20 pour les neutrons en fonctions de leur vitesse, et 20 pour les Alpha. Cette mesure incorpore donc le fait que pour une même dose, certains rayonnement sont plus dangereux que d'autres ;
  • la dose efficace à l'organe représente pour chaque organe le produit de la dose équivalente par un facteur de pondération qui dépend du tissu irradié, allant de 0,01 pour le cerveau à 0,12 pour la moelle osseuse. Cette mesure incorpore donc le fait que pour une même dose équivalente, le risque est plus grand dans certains tissus très radiosensibles ;
  • la dose efficace corps-entier est la somme des doses efficaces reçues par chaque organe: elle représente (indirectement) le risque pour la santé (dit risque stochastique) lié à la dose reçue.

La dose équivalente et les doses efficaces se mesurent en sieverts :

Unités de dose équivalente et de dose efficace
Unité Symbole Définition Equivalence avec l'unité SI
ou dimension pour l'unité SI
Nommé en
l'hommage de :
sievert Sv 1 Sv = 1 Gy pour du rayonnement Gamma L2 T-2 Rolf Sievert
rem
(röntgen equivalent man, USA)
rem 1 rem = 1 rd 1 rem = 0,01 Sv. Wilhelm Röntgen

Les facteurs de pondération tissulaires ont été choisis de manière que leur somme fasse 1. Ainsi, si un sujet est soumis à une irradiation uniforme par un rayonnement dont le facteur de qualité vaut 1, la dose efficace en sieverts est égale à la dose en grays. Si l'irradiation n'est pas uniforme, cette règle ne s'applique plus, mais elle donne au moins un bon ordre de grandeur.

La dose efficace est une des mesures les plus utilisées en radioprotection : de nombreux seuils sont définis en termes de dose efficace (limite maximale autorisée pour le public, limite maximale autorisée pour les travailleurs), et c'est à partir de ces seuils fondamentaux qu'on dérive presque tous les autres[7],[8].

Mesures de débit de dose[modifier | modifier le code]

Quand un sujet est exposé à une source de rayonnements ionisants, le débit de dose représente le rapport entre la dose radiative et la durée d'exposition. On distingue notamment le débit de dose radioactive, mesuré dans le Système international en grays par seconde (Gy/s), et le débit de dose efficace, mesuré en sieverts par seconde (Sv/s) :

Unités de débit de dose efficace
Unité Symbole Définition Equivalence avec l'unité SI
ou dimension pour l'unité SI
sievert par seconde Sv/s 1 Sv/s = dose de 1 sievert absorbée en 1 seconde L2 T-3
sievert par heure Sv/h Sv/h = dose de 1 sievert absorbée en h Sv/h = 13 600 × 1 Sv/s

En radioprotection, le débit de dose efficace est le (vrai) nom de ce qu'on appelle dans le langage courant « niveau de radioactivité » : c'est la vitesse à laquelle on va absorber de la dose si on est à un endroit donné par rapport à une source radioactive ou à un environnement contaminé. C'est une notion fondamentale, qui sert de base au zonage, c'est-à-dire à la distinction entre des zones plus ou moins radioactives, et donc d'accès plus ou moins restreint.

Mesures d'exposition[modifier | modifier le code]

La dose mesure le rapport entre l'énergie déposée dans un petit élément et la masse de cet élément. C'est une mesure précise, mais il a fallu attendre des moyens modernes pour pouvoir faire ce type de mesure. Auparavant, on utilisait une grandeur différente, beaucoup plus facile à mesurer (proxy) avec les moyens de l'époque, l'exposition, qui a été formellement définie dès 1928, comme le rapport entre la charge déposée dans un centimètre cube d'air et la masse de ce volume d'air (0,001 293 g)[9].

Dans le Système international d'unités, elle se mesure maintenant en coulombs par kilogramme :

Unités de mesure de l'exposition
Unité Symbole Définition Historique Équivalence avec l'unité SI
ou dimension pour l'unité SI
Nommé en
l'hommage de
coulomb par kilogramme
(USI)
C/kg C/kg = induction d'une charge de 1 coulomb dans 1 kilogramme d'air dans les CNTP I.T.M-1
röntgen
(unité historique)
R 1 R = induction d'une unité électrostatique de charge (1/3 nanocoulomb) dans une masse d'air de volume 1 cm3 dans les CNTP 1 R = 0,258 mC/kg Wilhelm Röntgen

L'exposition est donc avant tout une mesure historique, mais elle est encore parfois utilisée (notamment aux États-Unis).

Références et notes[modifier | modifier le code]

  1. Annexe de la premiere partie Seuils d'exemption pour l'application de l'article R. 1333-18 et niveaux d'activité définissant une source scellée de haute activité pour l'application de l'article R. 1333-33, Code de la santé publique, Légifrance"", consulté le
  2. a et b [PDF]Les Limites et Niveaux d’Exposition Réglementaires, Autorité de sûreté nucléaire, 2009
  3. (en) Nuclear Medicine Instrumentation and Quality Control: A Review, eRadImaging, 2007.
  4. (en)[G. F. Knoll, Radiation Detection and Measurements], John Wiley and Sons, 1989.
  5. [PDF]Guide de Radioprotection, université de Sherbrooke, 2005.
  6. a et b [PDF]Y.-S. Cordoliani, Grandeurs et unités en radioprotection, Feuillets de Radiologie 42:248-252, 2002
  7. [PDF]Réglementation de la Radioprotection, Autorité de sûreté nucléaire.
  8. Comparaison des Réglementations Européenne et Suisse en Radioprotection, Commission Fédérale suisse de Protection contre les Radiations et de Surveillance de la Radioactivité.
  9. M. E. J. Young, Radiological Physics, 2e édition, H. K. Lewis & Co, 1967.

Articles connexes[modifier | modifier le code]