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Laure (modèle)

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Laure
Laure dans l'Olympia d'Édouard Manet.
Biographie
Naissance
Date inconnueVoir et modifier les données sur Wikidata
Décès
Date inconnueVoir et modifier les données sur Wikidata
Domicile
Activité
Période d'activité
XIXe siècleVoir et modifier les données sur Wikidata

Laure est une femme noire qui a vécu pendant la deuxième moitié du XIXe siècle et qui a travaillé, entre autres, en tant que modèle vivant pour des artistes contemporains de son époque. Laure est au centre du tableau Olympia qui est considérée comme une œuvre fondatrice de l'art moderne[1],[2],[3]. Elle est portraiturée par Manet dans Portrait de Laure et elle apparaît sur Enfants dans les Tuileries. Certains historiens de l'art pensent que Laure a servi de modèle vivant pour le tableau Le Baiser enfantin de Jacques-Eugène Feyen.

Représentations de Laure au 19e siècle

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Laure peinte par Édouard Manet

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Laure a été représentée à trois reprises dans des tableaux de Manet, dont le fameux tableau Olympia, qui est considéré comme une œuvre fondatrice de l'art moderne.

Olympia

Auteur : Édouard Manet
Date : 1863
Technique : huile sur toile
Dimensions : 130x190cm
Propriétaire : Musée d'Orsay
Commentaire :

Portrait de Laure

Auteur : Édouard Manet
Date : 1862
Technique : huile sur toile
Dimensions : 61x50cm
Propriétaire : Pinacothèque Giovanni et Marella Agnelli
Commentaire :

Enfants dans les Tuileries

Auteur : Édouard Manet
Date : 1861-1862
Technique : huile sur toile
Dimensions : 37,8x46cm
Propriétaire : Musée d'art de l'École de design de Rhode Island
Commentaire :

Laure peinte par Jacques-Eugène Feyen

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Denise Murrell reconnaît Laure dans les traits de la personne noire du Baiser enfantin. Selon elle, la ressemblance est frappante.

Le baiser enfantin

Auteur : Jacques-Eugène Feyen
Date : 1865
Technique : huile sur toile
Dimensions : 107x150cm
Propriétaire : Palais des Beaux-Arts de Lille
Commentaire :

Page du calepin de Manet avec le contact de la modèle

Peu d'éléments biographiques de Laure sont connus. Elle a laissé peu de traces et les historiens ont longtemps omis l'importance de son existence. Dans le cadre de l'exposition Le Modèle noir, de Géricault à Matisse, l'équipe scientifique a sorti Laure de son anonymat et de son invisibilisation. Un carnet de notes d'Édouard Manet fait notamment partie des documents exposés, il nous apprend que Laure vivait au troisième étage du 11, rue de Vintimille à Paris.

« Laure très belle négresse 11 rue de Vintimille 3e »

— Manet, Calepin de l'artiste

Situé au sud de la place de Clichy, c'est un quartier prisé par les artistes, multiethnique et socialement mixte[4]. Elle est probablement lingère ou couturière, comme la plupart des habitants de son immeuble, et modèle occasionnelle[1]. La représentation picturale de Laure est le témoignage de son environnement contemporain où figure une mixité sociale et ethnique en opposition à l'art académique de son temps, qui mêlait alors classicisme et exotisme romantique[5].

Thèse doctorale de Denise Murrell

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L'historienne de l'art africaine américaine Denise Murrell a dédié sa thèse de doctorat en Histoire de l'Art à Laure, la modèle. La thèse s'intitule Seeing Laure: Race and Modernity from Manet's Olympia to Matisse, Bearden, and Beyond et a été soutenue à l'Université Columbia sous la direction de Anne Higonnet[6],[7]. L'argument défendu par Denise Murrell est que l'étendue et l'influence de la modernité radicale de Manet peuvent être comprises uniquement si l'on analyse la signification des deux figures présentes dans l’œuvre Olympia. Elle soutient que le discours de l'histoire de l'art a posé un silence historique sur la représentation et l'héritage de Laure. Selon Denise Murrell, l'histoire de l'art n'aurait pas pris en compte la signification que la muse féminine noire aurait pour la formation du modernisme. Denise Murrell affirme que la figure de la femme noire est à la base de l'évolution de l'esthétique de l'art moderne[8]. C'est également le constat de l'historien Pap Ndiaye qui affirme que Laure est quasi inexistante des livres analysant l'Olympia de Manet. Selon Pap Ndiaye, ils traitent davantage du chat noir de l’œuvre que de Laure[9],[10].

La thèse de Denise Murrell est à l'origine de l'exposition Le Modèle noir, de Géricault à Matisse au Musée du Quai d'Orsay en 2019.

Postérité

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L'artiste française Elizabeth Colomba a fait une réinterprétation de Laure en 2018 sur une toile qui a fait partie de l'exposition Posing Modernity: The Black Model From Manet and Matisse to Today[11].

Bibliographie

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Références

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  1. a et b Norine Raja et Condé Nast Digital France, « Qui était Laure, le modèle noir oublié de l'« Olympia » de Manet ? », sur Vanity Fair, (consulté le )
  2. « Le modèle noir, signe des temps », sur France Culture (consulté le )
  3. « La scandaleuse histoire de l'Olympia de Manet », sur France Culture, (consulté le )
  4. Lorraine Rossignol, « Seuls les artistes les ont vus », Télérama,‎ , page 24
  5. Musée d'Orsay, et Mémorial ACTe (Cultural center),, Le modèle noir : de Géricault à Matisse. (ISBN 978-2-08-148096-4, 2-08-148096-4 et 978-2-35433-281-5, OCLC 1096351496, lire en ligne)
  6. Valérie Marin la Meslée, « Denise Murrell : « Manet montre une femme noire libre » », sur Le Point, (consulté le )
  7. « «Le Modèle noir» : Denise Murrell éclaire l’ombre au tableau », sur Libération.fr, (consulté le )
  8. (en) Denise M. Murrell, Seeing Laure : : Race and Modernity from Manet's Olympia to Matisse, Bearden and Beyond (thèse de doctorat en histoire de l'art), Université Columbia, (DOI 10.7916/d8mk69vp, lire en ligne)
  9. «Le Modèle noir» : «Un pan de l’histoire de l’art qui n’était pas dissimulé, mais comme invisible», sur Libération.fr, (consulté le )
  10. « De Géricault à Matisse : rendre leur identité aux modèles noirs – Jeune Afrique », sur JeuneAfrique.com, (consulté le )
  11. (en) Dodie Kazanjian, « Painter Elizabeth Colomba Is Giving Art’s Hidden Figures Their Close-Up », sur Vogue (consulté le )

Liens externes

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