Laure (modèle)
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XIXe siècle |
Laure est une femme noire qui a vécu pendant la deuxième moitié du XIXe siècle et qui a travaillé, entre autres, en tant que modèle vivant pour des artistes contemporains de son époque. Laure est au centre du tableau Olympia qui est considérée comme une œuvre fondatrice de l'art moderne[1],[2],[3]. Elle est portraiturée par Manet dans Portrait de Laure et elle apparaît sur Enfants dans les Tuileries. Certains historiens de l'art pensent que Laure a servi de modèle vivant pour le tableau Le Baiser enfantin de Jacques-Eugène Feyen.
Représentations de Laure au 19e siècle
[modifier | modifier le code]Laure peinte par Édouard Manet
[modifier | modifier le code]Laure a été représentée à trois reprises dans des tableaux de Manet, dont le fameux tableau Olympia, qui est considéré comme une œuvre fondatrice de l'art moderne.
Olympia Auteur : Édouard Manet |
Portrait de Laure Auteur : Édouard Manet |
Enfants dans les Tuileries Auteur : Édouard Manet |
Laure peinte par Jacques-Eugène Feyen
[modifier | modifier le code]Denise Murrell reconnaît Laure dans les traits de la personne noire du Baiser enfantin. Selon elle, la ressemblance est frappante.
Le baiser enfantin Auteur : Jacques-Eugène Feyen |
Biographie
[modifier | modifier le code]Peu d'éléments biographiques de Laure sont connus. Elle a laissé peu de traces et les historiens ont longtemps omis l'importance de son existence. Dans le cadre de l'exposition Le Modèle noir, de Géricault à Matisse, l'équipe scientifique a sorti Laure de son anonymat et de son invisibilisation. Un carnet de notes d'Édouard Manet fait notamment partie des documents exposés, il nous apprend que Laure vivait au troisième étage du 11, rue de Vintimille à Paris.
Situé au sud de la place de Clichy, c'est un quartier prisé par les artistes, multiethnique et socialement mixte[4]. Elle est probablement lingère ou couturière, comme la plupart des habitants de son immeuble, et modèle occasionnelle[1]. La représentation picturale de Laure est le témoignage de son environnement contemporain où figure une mixité sociale et ethnique en opposition à l'art académique de son temps, qui mêlait alors classicisme et exotisme romantique[5].
Thèse doctorale de Denise Murrell
[modifier | modifier le code]L'historienne de l'art africaine américaine Denise Murrell a dédié sa thèse de doctorat en Histoire de l'Art à Laure, la modèle. La thèse s'intitule Seeing Laure: Race and Modernity from Manet's Olympia to Matisse, Bearden, and Beyond et a été soutenue à l'Université Columbia sous la direction de Anne Higonnet[6],[7]. L'argument défendu par Denise Murrell est que l'étendue et l'influence de la modernité radicale de Manet peuvent être comprises uniquement si l'on analyse la signification des deux figures présentes dans l’œuvre Olympia. Elle soutient que le discours de l'histoire de l'art a posé un silence historique sur la représentation et l'héritage de Laure. Selon Denise Murrell, l'histoire de l'art n'aurait pas pris en compte la signification que la muse féminine noire aurait pour la formation du modernisme. Denise Murrell affirme que la figure de la femme noire est à la base de l'évolution de l'esthétique de l'art moderne[8]. C'est également le constat de l'historien Pap Ndiaye qui affirme que Laure est quasi inexistante des livres analysant l'Olympia de Manet. Selon Pap Ndiaye, ils traitent davantage du chat noir de l’œuvre que de Laure[9],[10].
La thèse de Denise Murrell est à l'origine de l'exposition Le Modèle noir, de Géricault à Matisse au Musée du Quai d'Orsay en 2019.
Postérité
[modifier | modifier le code]L'artiste française Elizabeth Colomba a fait une réinterprétation de Laure en 2018 sur une toile qui a fait partie de l'exposition Posing Modernity: The Black Model From Manet and Matisse to Today[11].
Bibliographie
[modifier | modifier le code]: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- Cécile Debray, Stéphane Guégan, Denise Murrell et Isolde Pludermacher, Le modèle noir, Flammarion, , 381 p. (ISBN 978-2-08-148096-4). .
- Denise Murrell, Seeing Laure: Race and Modernity from Manet's Olympia to Matisse, Bearden and Beyond (thèse de doctorat), .
Références
[modifier | modifier le code]- Norine Raja et Condé Nast Digital France, « Qui était Laure, le modèle noir oublié de l'« Olympia » de Manet ? », sur Vanity Fair, (consulté le )
- « Le modèle noir, signe des temps », sur France Culture (consulté le )
- « La scandaleuse histoire de l'Olympia de Manet », sur France Culture, (consulté le )
- Lorraine Rossignol, « Seuls les artistes les ont vus », Télérama, , page 24
- Musée d'Orsay, et Mémorial ACTe (Cultural center),, Le modèle noir : de Géricault à Matisse. (ISBN 978-2-08-148096-4, 2-08-148096-4 et 978-2-35433-281-5, OCLC 1096351496, lire en ligne)
- Valérie Marin la Meslée, « Denise Murrell : « Manet montre une femme noire libre » », sur Le Point, (consulté le )
- « «Le Modèle noir» : Denise Murrell éclaire l’ombre au tableau », sur Libération.fr, (consulté le )
- (en) Denise M. Murrell, Seeing Laure : : Race and Modernity from Manet's Olympia to Matisse, Bearden and Beyond (thèse de doctorat en histoire de l'art), Université Columbia, (DOI 10.7916/d8mk69vp, lire en ligne)
- «Le Modèle noir» : «Un pan de l’histoire de l’art qui n’était pas dissimulé, mais comme invisible», sur Libération.fr, (consulté le )
- « De Géricault à Matisse : rendre leur identité aux modèles noirs – Jeune Afrique », sur JeuneAfrique.com, (consulté le )
- (en) Dodie Kazanjian, « Painter Elizabeth Colomba Is Giving Art’s Hidden Figures Their Close-Up », sur Vogue (consulté le )
Liens externes
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