Kéré (famine)

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Photographie couleur d'un groupe de Malgaches comprenant des enfants devant un paysage aride.
Villageois en attente d'aide alimentaire internationale.

Le kéré est la famine fréquente dans le Sud de Madagascar, du fait de la sécheresse. Entre 1896 et 2021, elle a été particulièrement marquée à seize reprises[1].

Étymologie[modifier | modifier le code]

Le kéré signifie dans le dialecte antandroy , « famine » ou « être affamé ». Suivant les sources, le mot est orthographié kéré ou kere[2],[3].

Causes[modifier | modifier le code]

Photographie couleur d'une forêt incendiée dont les seuls restes sont des troncs noircis
Forêt incendiée dans le but de pratiquer l'agriculture sur brûlis.

Les causes de la famine sont diversement analysées. Plusieurs observateurs lient l'augmentation des épisodes de kéré à la sécheresse, et cette dernière à la déforestation. Mais le changement climatique est également mis en cause[4],[2],[3].

L'introduction d’espèces invasives ayant modifié l'écosystème, et notamment du cactus opuntia dillenii, est également dénoncée[5].

Épisodes et récurrence[modifier | modifier le code]

En 2021, la partie méridionale de l'île affronte le seizième épisode de kéré depuis 1896. Dans le cas de cette famine particulière, la sécheresse l'expliquant sévit depuis 2017, et constitue le pire épisode climatologique de ce type en quarante années. Le phénomène touche entre 1,14 et 1,5 million de personnes, et est largement expliqué par le réchauffement climatique, mais aussi par l'incapacité des pouvoirs publics à endiguer les inégalités, à combattre la pauvreté et le chômage, et à fournir des infrastructures de base, notamment pour l'aide humanitaire. La pandémie de Covid-19 a également contribué à affaiblir la capacité des populations à réagir, en limitant leurs déplacements et donc leurs revenus ; elle a également fermé les écoles, souvent le seul lieu où les enfants étaient assurés d'un repas quotidien[1],[6],[3].

Lors de cet épisode de famine de 2021, la prévalence de la famine touche 27% des enfants de moins de cinq ans. Les populations en sont réduites à déterrer des racines ou à cueillir des cactus pour les faire cuire. David Beasley, directeur exécutif du Programme alimentaire mondial, estime que Madagascar est le premier exemple d'une famine due au réchauffement climatique[7],[3].

En 2023, on estimerait que 460 000 enfants seraient affectés.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Jacques Deveaux, « Le “Kere”, famine endémique du sud de Madagascar », France TV info,‎ (lire en ligne).
  2. a et b Laure Verneau, « Pour éradiquer la famine dans le sud de Madagascar, il faut d’abord s’attaquer à la sécheresse », Le Monde,‎ (ISSN 0395-2037, lire en ligne).
  3. a b c et d Pierre Cochez, « La famine frappe au sud de Madagascar », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne).
  4. Emre Sari, « Famine à Madagascar : le cuir de la discorde », Jeune Afrique,‎ (ISSN 1950-1285, lire en ligne).
  5. Jeannot Ramambazafy, « Madagascar. Kéré : la vraie problématique d’un mal qui s’aggrave au fil du temps », La Gazette de la Grande île,‎ (lire en ligne).
  6. Pierre-Louis Caron, « Famine à Madagascar : les organisations humanitaires craignent une situation “catastrophique” dans le sud pour les mois à venir », France TV info,‎ (lire en ligne).
  7. Marie-Noëlle Bertrand, « Madagascar, un pays rongé par la sécheresse et affamé par la pauvreté », L'Humanité,‎ (ISSN 0242-6870, lire en ligne).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Tsiorinantenaina René Rakotoarison, Aimé Richard Hajalalaina, Andrianianja Raonivelo, Angelo Raherinirina et Reziky Tantely Zojaona, « Spatial Analysis of Risks and Vulnerabilities to Major Hazards in Madagascar Using the Multi-Criteria Method Based on the Analytical Hierarchy Process (AHP) », Scientific Research Publishing (en), vol. 9, no 5,‎ (lire en ligne)