Fards

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Amphores, de l'huile corporelle parfumée, des flacons de parfum (unguentarium), des pétales de rose et une figurine, tous issus de la Rome antique.

Medicamina Faciei Femineae (Les Fards ou Soins du visage) est un poème didactique écrit en distiques élégiaques par le poète romain Ovide. Dans la centaine de vers connus, Ovide défend l'utilisation des produits cosmétiques par les femmes romaines et propose cinq recettes de soins du visage. D’autres auteurs condamnaient à l’époque l’usage des cosmétiques par les femmes.

Contexte[modifier | modifier le code]

Le titre et la date approximative du poème sont connus grâce à une brève mention dans une autre œuvre d'Ovide, Ars Amatoria ; dans le troisième livre le poète déclare avoir déjà écrit « un petit ouvrage, un petit livre » sur la médecine, ou produits de beauté[1]. La Medicamina doit donc être antérieure au troisième livre d'Ars Amatoria, ouvrage dont la composition a été placée entre et , année de l'exil d'Ovide[2]. Seuls cent vers sont connus sur une estimation de cinq à huit cents vers originaux[3]. Ceux-ci se répartissent parfaitement en sections, chacune longue de cinquante vers exactement. La première section est une introduction élaborée dans laquelle Ovide présente et défend son sujet ; la seconde comprend cinq recettes de soins cosmétiques qui incluent des ingrédients communs et des mesures précises.

Forme[modifier | modifier le code]

Le poème est la première tentative d'élégie didactique d'Ovide[4]. Ce genre poétique, perfectionné par Ovide dans son Ars Amatoria, est un curieux amalgame du ton moralisateur et pédagogique de la poésie didactique et du sujet frivole commun à l'élégiaque latin. Dans le premier exemple connu de poésie didactique, Les Travaux et les Jours, le poète grec Hésiode exhorte un frère dissolu à mener une vie de travail honnête. Des siècles plus tard, en , le poète romain Virgile, écrivant en latin tout en s'inspirant en partie d'Hésiode, publie les Géorgiques, un ouvrage dont le but apparent est de fournir des conseils sur l'agriculture. Ovide, écrivant une génération plus tard pour un public pour lequel les Géorgiques étaient bien connus, utilise le langage sobre de Virgile pour expliquer aux femmes « quels soins peuvent améliorer votre apparence et comment votre beauté peut être préservée »[5]. Plutôt que d'utiliser les hexamètres dactyliques d'Hésiode et de Virgile, Ovide formule ses conseils dans des distiques élégiaques, le mètre traditionnel de la poésie amoureuse. Le contraste du ton sérieux et de la mesure légère transforme la Medicamina Faciei Femineae en une parodie des Géorgiques de Virgile[6].

Contenu[modifier | modifier le code]

Avant d’entrer dans les détails de la cosmétique romaine antique, Ovide met l’accent sur les manières comme un élément intemporel de la beauté et de l’attractivité[7].

Dans la seconde moitié de la Medicamina Faciei Femineae, Ovide montre sa maîtrise de l'art du poète en prenant un manuel pratique rempli de détails techniques et en le transformant en vers efficaces[8]. Malgré le caractère facétieux de l'introduction, les cinq recettes incluses dans les cinquante dernières lignes semblent être de véritables traitements cosmétiques, ou du moins plausibles. Un exemple représentatif est un mélange d'orge, de vicia, d'œuf, de hartshorn (en), de bulbe de narcisse, de gomme, d'épeautre toscan et de miel[9]. Ovide promet que toute femme qui utilise cette concoction sur son visage « brillera et sera plus lisse que son propre miroir »[10].

La majorité des ingrédients prescrits par Ovide sont effectivement des traitements efficaces pour la peau, et plusieurs, comme la farine d'avoine, le germe de blé et le blanc d'œuf, sont encore utilisés aujourd'hui dans la fabrication de cosmétiques et de produits pharmaceutiques[11]. Sur ce point, Ovide contraste favorablement avec le naturaliste romain Pline l'Ancien, dont le traitement succinct des remèdes pour le visage comprend souvent des ingrédients exotiques, toxiques ou dégoûtants[12].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  • (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Medicamina Faciei Femineae » (voir la liste des auteurs).
  • Dimitri Mézière, Science et artifice dans l’œuvre érotodidactique d’Ovide. Enjeux épistémologiques, éthiques et esthétiques de la réévaluation du concept d’ars dans l’Ars amatoria, les Remedia amoris et les Medicamina faciei femineae, Sorbonne université, (lire en ligne)
  • (en) Watson, « Parody and Subversion in Ovid's Medicamina Faciei Femineae », Mnemosyne, Brill, vol. 54, no Fasc. 4,‎ , p. 457–471 (ISSN 0026-7074, DOI 10.1163/15685250152902973, JSTOR 4433241).
  1. Ovide, Ars Amatoria 3.205–6
  2. (en) Murgia, « The Date of Ovid's Ars Amatoria 3 », American Journal of Philology, Baltimore, Johns Hopkins University Press, vol. 107, no 1,‎ , p. 74–86 (ISSN 0002-9475, DOI 10.2307/294856, JSTOR 294856)
  3. Watson, p. 457–471
  4. Watson, p. 457
  5. Medicamina Faciei Femineae, 1–2
  6. Watson, p. 471
  7. "Medic"
  8. Watson, p. 470–1
  9. Medic. 53–66
  10. Medic. 67–8
  11. (en) Green, « Ars Gratia Cultus: Ovid as Beautician », American Journal of Philology, Baltimore, Johns Hopkins University Press, vol. 100, no 3,‎ , p. 383 (ISSN 0002-9475, PMID 11620116, DOI 10.2307/293934, JSTOR 293934, hdl 2152/31029, lire en ligne)
  12. Green, pp. 390–1

Liens externes[modifier | modifier le code]

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